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MNEDC (1/4) : Chat, peau, claque et callypige du lendemain

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Nath
bertrand-môgendre
kazar
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MNEDC (1/4) : Chat, peau, claque et callypige du lendemain Empty MNEDC (1/4) : Chat, peau, claque et callypige du lendemain

Message  kazar Mer 17 Sep 2008 - 17:56

Réveil-matin, 15 heures, j’me réveille comme un fleur. Marguerite, dans le macadam, a besoin d’un doliprane…

Tryo, Désolé pour hier soir.




J’émerge. Mon crâne est une enclume, un sac à patates rempli à ras, un appendice congestionné que le moindre mouvement rend douloureux. Et au milieu de tout ça, luttant contre vents et marées, radeau défoncé s’accrochant à la surface, il y a cette phrase anonyme qui ressemble à « On ne peut oublier certains trucs. »
J’aimerais être d’accord mais, malgré tous les efforts physiquement possibles à cet instant précis, la blonde qui pionce à ma gauche reste une blonde sans nom.
Je me redresse avec difficulté et réveille, juste sous mon épaule gauche, une cicatrice qui se venge aussitôt et me mord les chairs. Susceptible, la bête.
Aller pisser serait salvateur mais le sol me paraît encore un peu trop instable. J’attendrai.

Mais c'est qui, celle-là ?

J'ai horreur de me réveiller à côté d’une greluche. La plupart du temps, quand je récapitule toutes les filouteries dont je me suis rendu coupable pour l’étendre dans mon lit, je me dis que je suis un gros cochon de mâle têtu. Idée qui se renforce toujours au moment où elle baille pour la première fois : qu'elle se casse, et vite.
Je cherche un bout d'hier, histoire de me mettre sur la voie, n’importe quoi, mais j’ai la gueule en bois massif.
Voyons.
Rien. Sauf que je suis pas peu fier ; faut bien l’avouer, elle est sacrément bien balancée la pépette !
J’ai froid et tire les draps à moi. Je me couvre et ai donc, de façon tout à fait innocente, un bon prétexte pour la découvrir, elle.
Mais des souvenirs… Oualou !
Pourtant, c’est pas le genre de corps qu’on oublie ; sans parler du tatouage — dans le genre estampe japonaise revisité sauce Kama-sutra— qui court des épaules aux fesses. Enfin, lorsque je dis Kama-sutra, c’est façon de parler ; parce que si un couple s’emmêle effectivement dans le creux des reins endormis, il est aussi entouré d’une foule mateuse et… oui, c’est bien ça : d’un gros chat.
Un chat qui, posé sur le galbe d’une fesse, se frise les moustaches.
Tourne le dos à la scène.
Me regarde, obscène.
Par réflexe, j’appelle le mien à voix basse :

« Pouêt » , je dis. « Pouêt », je répète. « Viens, ma fille ! »

Mais rien.
Et pour cause, je le réalise : je ne suis pas chez moi. Jamais vu cet endroit-là.
Me bouger. Il faut que je me bouge.
Faire le tour du lit, histoire de voir si le visage de la poule endormie se rapporte à son plumage.

Bordel, t’es belle toi !

Je ne peux m’empêcher :
— Et belle, c’est rien de le dire.
— C’est rien de le dire, répète le chat.
Je l’ignore.
Je lève les yeux pour qu’il comprenne que je me fous de ses remarques. J’ai les paupières ginifusées et pas toniques pour un sou. Le plafond danse mais, comme il est blanc, ça n’a rien de bouleversant.
— Et c’est qui Pouêt ?
Le fait qu’il prononce le nom de ma chatte me fout les boules.
— Je t’interdis de parler d’elle, gros moche.
— Jaloux ? miaule t-il dans un sourire en vol d’oiseau renversé.
Je fais la sourde oreille. C’est mieux pour ses dents et son museau.
Le silence s’installe, à peine dérangé par un murmure de coton sur peau soyeuse :
— Bonjour.
La voix est différente ; douce et claire, à peine voilée de nuit ; une berceuse qui me caresse l’émotion :
— On les avait déjà sifflées mes fesses, mais c’est la première fois qu’on leur parle.
Gêne…
Je réponds comme un idiot (ou un enfant qui vient de faire une connerie) :
— Je parlais au chat.
— De mieux en mieux, elle sourit.
— Non ! Non, c’est pas…
Je ne sais pas comment finir ma phrase, bloque sur les justifications.
— Quel chat ? elle demande.
La situation est ridicule.
Mais je gère : habitude, karma, tout ça.
— Le chat du tatouage.
— Quel tatouage ?
Tout en parlant, elle se lève, amusée, traverse la chambre.
Blonde et nue.
J’ai la tête dans le cul. Le sien. Je note que sa fesse droite est plus jolie que l’autre —de si peu. Je note aussi qu’elle n’a plus de tatouage.
Rien…
Elle tire les rideaux et découvre un immense poster exotique : palmiers, plage et lagon bleu s’affrontent à qui mieux-mieux.
Putain…
C’est pas un poster.
C’est le paradis, en vrai. Qui coule d’une baie vitrée grande comme un mur.
— On va prendre un petit déjeuner ? elle me demande.


Pas plus loin qu’un peu plus tard, on se retrouve assis à la terrasse de l’hôtel. Nos assiettes sont pleines de fruits, d’œufs et de saucisses grasses cueillis au buffet. Dans les tasses, le café fume. Moi aussi, et comme un pompier. Nos voisins, touristes chapeautés et appareillés, grimacent ; ils ont raison mais je m’en fous. Le jus d’orange vient d’une brique infâme, les enceintes distillent une musique locale qui irait à un ascenseur comme ma cicatrice me va, rythmant la cadence des serveuses autochtones, dodues, souriantes et lumineuses. Tout est vert-bleu-jaune, tout est grosses taches écarlates. Au loin, des nuages ventrus éclaboussent de noir le ciel azur, et l’océan s’écorche sur la barrière de corail.
On me sert des clichés avec mes œufs brouillés et j’adore ça.
J’ai encore la gueule de bois mais avec un cœur de miel et j’entends de joyeuses abeilles chanter.
Ma blonde est face à moi, silencieuse, le menton dans sa paume, les doigts posés comme des libellules sur sa joue ; l’ourlet de ses lèvres abrite une ombre d’une grâce profonde. Et ses yeux sont juste parfaits, comme ça, sans fard.
Je plonge les yeux dans son décolleté —qui n’en est pas vraiment un— et suis ému par le relâchement d’un vêtement trop porté, trop souvent tendu par une poitrine faite pour moi, avec des boutons inutiles mais terriblement sexy, petits boutons d’amour frémissants, appel au stupre. A chacun des gestes de mon inconnue, j’entends presque le tissu cacher sa joie. Pervers.

J’aperçois le chat du tatouage, plus loin, planqué dans des palmiers nains ; il m’observe.
Qu’est-ce qu’il fout là ?
Il fait un geste.
Si je n’étais pas diplômé ès anatomie féline, je jurerais qu’il pointe son pouce en l’air, comme pour dire, complice : « Génial !».

Elle me demande gentiment :
— T'as faim ?
Et j'ai du mal à comprendre. Deux syllabes, c’est déjà deux de trop pour moi.
Je la regarde. La dernière fois que j'ai fait ces yeux-là, ça devait être en ouvrant la boîte de mon premier ordi. Avril 99. Mes 32 ans.
Je ne me rappelle pas m'être jamais senti aussi bien qu’aujourd’hui.
Difficile à expliquer ? Pas vraiment. Ma blonde est là.
Elle mange.
Je regarde.
Elle boit.
Je la regarde dire :
— T'en veux ?
— Heu…
Les dialogues sont pas terribles ; c'est pas avec ça que j'aurai le Goncourt mais je m'en fous. Les prix, c’est surfait.
Elle s’essuie la bouche. J'envie la serviette. Une miette m'agace sur sa peau. Je voudrais lui enlever, lui caresser le bras, goûter encore une fois ce gros bonbon tout blond.
Soudain, le nuage qui mijotait au ras de la mer bouffe le soleil, le chat traverse la terrasse, siffle le pont de la rivière Kwai en passant à côté de ma chaise et s'esbigne en ricanant.
Sorti de nulle part, un mec se dirige vers nous. Ma blonde agite la main et me glisse :
— Voilà Dormieux.
La douleur s’est réveillée dans mon crâne et j'ai subitement envie de faire la gueule :
— C'est qui Dormieux ?
Elle me foudroie :
— Arrête tes conneries ! Il risque de ne pas apprécier ! Voilà la clef.
Et elle pose dans ma serviette un truc plastique-noir-et-ferraille, qui ressemble à s’y méprendre à une clef de bagnole. Comme je regarde le bidule sans ciller, la belle me presse :
— Vite !
Sans savoir pourquoi, je fais vite. Je mets la clef dans ma poche.
Le fameux Dormieux est à notre table à présent. Il sourit. Ses lunettes de soleil cachent, j’en suis certain, des yeux froids comme des cailloux.
— Laure, Monsieur Charles.
Il a dit nos noms en hochant la tête, comme un oiseau qui picore. Il enchaîne :
— Bien dormi ?
— Pas assez, Monsieur, répond la Laure en question.
Elle sourit, me lance un regard complice, et je m’en veux d’avoir été assez con pour me murger et oublier tout ce que son air coquin me suggère.
Dormieux :
— Monsieur Charles, nous comptons tous sur vous.
Je m’attire un déluge de silences estomaqués quand je réponds :
— Merci, Monsieur.
Il sourit sans être amusé. Il a l’air un peu raide, un peu balais-brosse dans le…bah dans le range-balais, pour être poli. Il voudrait paraître dur et méchant mais ce n’est qu’un sous-fifre angoissé. Mon hésitation lui fait peur.
— J’espère que vous avez la clef, Monsieur Charles.
Alors je dis oui et la lui donne.
Il répète qu’il compte sur moi, me glisse une enveloppe à bulles et tourne les talons. Sans la belle tonsure qui me sourit sur le haut de son crâne, je l’aurais trouvé classe, le Dormieux. Un costard pareil, ça doit pas être à ma portée. Je pourrais tout juste me payer ses boutons de manchette ; et encore, ils brillaient rageusement.
— Mais qu’est-ce qu’il t’a pris ? souffle Laure.
— Ben quoi ? Je sais pas qui c’est, ce type ! Je me souviens de rien ! Même pas de ton nom !
— Normal, je ne te l’ai jamais donné.
— C’est quoi, ça ? dis-je en soupesant l’enveloppe.
— Ton taf. Le mien s’arrête là.
— Mais toi et moi…
— Et ta cicatrice ? coupe-t-elle.
Ouais, ma cicatrice. J’y pense et elle me fait mal.
— C’est vrai, ça, je l’avais pas hier…Attends. Avant-hier. Euh, on est quel jour ?
— Jeudi.
Et là, j’essaye de remonter le temps. Jeudi. Je me souviens de lundi soir. Sûr. Mardi matin, peut-être. Guadeloupe. Depuis une semaine. Pour affaires.
Ma blonde, éberluée :
— T’as oublié comment tu te l’es faite ?
— Ouais.
— Viens.
Elle se lève et me prend la main ; que la sienne est douce ! Elle m’emmène ensuite dans le local à poubelles, au fond du parking de l’hôtel. Il y fait froid et la lumière n’ose pas y entrer.
La lourde porte claque derrière nous, laissant la puanteur nous dévorer en silence.
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Message  Invité Ven 19 Sep 2008 - 7:44

Ah, tu l'as mis à ta main ! Ca sent bien bon le Kasar tout ça !
La fille a perdu un peu de classe en cours de route, c'est devenu "une poule", ça, je regrette un peu, mais j'aime bien tes filouteries de mâle têtu !
Pas d'accord avec le "qu'est-ce qu'il t'a pris ?" sauf si la réponse est "une clef"....

T'aime Tryo ? C'est le fils de ma copine Armelle ( enfin, Cyrille, les autres sont de mère inconnue de moi !) et j'aime beaucoup aussi.

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Message  bertrand-môgendre Ven 19 Sep 2008 - 13:41

L'aventure continue, quoique enfumées dans un local poubelles nos deux complices vont avoir du mal à se tirer de ce mauvais pas.
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Message  kazar Ven 19 Sep 2008 - 13:57

coline Dé a écrit:
T'aime Tryo ? C'est le fils de ma copine Armelle ( enfin, Cyrille, les autres sont de mère inconnue de moi !) et j'aime beaucoup aussi.

Oui c'est sympa. Ca tourne un peu en rond (encore que, à priori, leur dernier album est assez varié) mais c'est de la bonne musique. Avec un bon fond.

bertrand-môgendre a écrit:L'aventure continue, quoique enfumées dans un local poubelles nos deux complices vont avoir du mal à se tirer de ce mauvais pas.

C'est corsé ! Mais c'est ça qui est bon, non ? ;-)
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Message  Nath Lun 22 Sep 2008 - 21:08

LA suite a été postée pour Mentor mais a disparu!
J'espère que le message va reparaitre sinon on repostera!
Désolée!

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Message  Yali Lun 22 Sep 2008 - 21:43

je sais pas. C'est récupéré oui, mais l'élagage laisse les arbres un peu sans vie, avec beaucoup plus de trottoir que de poésie. Je préfère sommeilleuse à poule, ici plus de complicité entre les deux, juste un jeu, et, c'est plus simple à produire que le contraire.

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Message  Lucy Mar 23 Sep 2008 - 8:33

Puisqu'on peut recommenter : je choisis.
J'ai apprécié cette réécriture, voilà.
Lucy
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Message  Kilis Mar 23 Sep 2008 - 8:43

Bon qu'avais-je dit dans mon com... Oui, je déplorais que le texte perde en nuances, en ambiance avec ce ton de polar facile que tu lui injectes. Que ton écriture, Kazar, ne manque certes pas de qualités mais que tu as tendance à avancer comme un bulldozer et que du coup, la route est plus plate même si elle roule bien.

(eh bien, j'ai encore de la mémoire, moi)
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Message  grieg Mar 23 Sep 2008 - 8:47

( je n'ai pas de mémoire, mais mon ordi en a)

Alors !

Sur la manière :

Bravo ! Tu t’es approprié le texte et l’a réécrit à la hussarde, à la kazar.
Je trouve ça super.
J’aurais, cependant, bien aimé que tu critiques les autres textes, pour nous expliquer les raisons de tes changements… c’eût été plus drôle.

Sur le texte :

C’est devenu du kazar, et c’est sympa, et ce n’est pas évident à faire.

Mais comme pour « la brosse à dent », tu en fais un peu trop.
Pour ne pas reprendre la métaphore du brossage, je vais en trouver une autre :
Personnellement, j’ai souvent l’impression d’écrire comme un pied chaussé de gros sabots.
Là, tu as emprunté les gros sabots et tu les as rendus, au retour du jardin, tout crottés.

J’espère que les suivants feront comme toi
(mieux que toi :-)))

grieg

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