REECRITURE PASTIOR : Table rase

[Arielle]

Tipol voit la Terre comme une orange. Il la voit bleue sur un nuage. Il demande à son père ce que c'est comme oiseau. Le père dit c'est une colombe et le père plume la colombe. Tipol lui trouve un goût de guerre. Le père dit la Terre c'est la Terre. Les grenades ont le ventre rond. Tipol préfère son ballon. Son ballon bleu dans les nuages. Le père voit courir des enfants vers un champ clos. Un champ de ruines. Tipol voit luire un arc en ciel. Son père demande où va le monde. Pourquoi cette pluie noire de clous. Au pied du mur la Terre se fend. Tipol boit le jus de la Terre avec une paille plantée dedans. Il a les dents bleues maintenant et crache au ciel un gros glaçon.

« Musique de table »

Tino est dans le jardin et voit une orange. Il dit qu'est-ce que c'est comme fleur. Il demande ce que c'est comme nuage. Le père dit qu'une fleur est une fleur. Tino prend l'orange et dit papa pèle-moi le nuage. Le père pèle la fleur et donne six tranches à Tino. Le père mange une tranche et dit qu'une tranche est une tranche. Tino mange. Il dit c'est une tranche de nuage elle a un goût de fleur. Il demande ce que c'est comme fleur. Le père dit qu'un nuage est un nuage et qu'une orange est une orange. Tino voit une limace. Le père voit un petit chien de Calabre. Le père dit qu'est-ce que c'est que cette pluie dans le jardin. Il demande qu'est-ce que c'est que cette comète dans le jardin. Tino dit ce n'est pas une queue de comète dans le jardin c'est une orange avec deux cornes. Le père pèle l'orange et dit voici une tranche de pluie voici une tranche de neige et voici une tranche de patatras. Chouette dit Tino et il donne l'orange au ramoneur.

(Extrait de Après l'est et l'ouest, Textuel, collection L'œil du poète, 2001, traduction Alain Jadot, version originale dans Höricht, Klaus Ramm, 1975)

[Invité]

Wouff, Arielle, ce que j'ai compris de ce texte, me glace en regard de la joliesse, de la poésie de l'écriture...

[Invité]

Brrr ! Aglagla. Effrayant, mais très, très réussi. Chapeau bas !

[claude]

Mince alors, surréaliste ! faudrait quand même que les dieux autant que les hommes apprennent à leurs mômes à ne pas jouer avec la bouffe.

[Arielle]

Je ne suis pas sûre d'avoir très bien compris l'esprit de ce jeu en lisant les productions des autres participants... Je ne suis pas arrivée à me débarrasser de l'envie de glisser ma propre petite histoire dans ce texte ce qui ne me paraît pas être le but recherché.

[pierre-henri]

Arielle, où l'art de noircir, en loucedé, en douceur, jusqu'au bleu...

[Invité]

Une sombre vision du monde où se glissent quand même de la couleur et des rondeurs ...

[Invité]

Arielle, c'est une fraise Tagada fourrée à l'explosif!

[Sahkti]

glisser ma propre petite histoire dans ce texte ce qui ne me paraît pas être le but recherché.

Hmmmm à voir!
C'est justement ça qui est intéressant et confronter les diverses histoires qui peuvent naître d'un même récit m'intéresse, souvent plus qu'une simple contrainte "administrative" scrupuleusement respectée.
Tu as fait ressortir le penchant cruel du récit et de manière élégante, je trouve.

[mentor]

Je ne suis pas sûre d'avoir très bien compris l'esprit de ce jeu en lisant les productions des autres participants... Je ne suis pas arrivée à me débarrasser de l'envie de glisser ma propre petite histoire dans ce texte ce qui ne me paraît pas être le but recherché.

ha si, tu as bien compris ! mais bon, chacun peut en fait créer ou re-créer à sa guise en se fixant soi-même ses contraintes
toi tu as largement extrapolé en instillant un autre univers, et c'est très réussi, je trouve

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