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Message  Squall46 Ven 19 Sep 2008 - 18:49

Salut à tous, voilà mon premier texte sur ce forum.
C'est une nouvelle d'environ 50 000 carractères, déjà terminée, à classer dans le genre fantastique. Voici la première partie...

------------------

_‘Il vaut parfois mieux être endormi d’une éternité parmi les plus profonds cauchemars, qu’être réveillé dans l’abjection d’un monde défait qui n’est plus le notre. Si ce message vous parvient, alors nous ne nous reverrons sans doute plus jamais.
Mes propos doivent vous sembler bien noirs et bien disproportionnés mon ami, et en effet moi-même je ne saurais dire si j’ai définitivement perdu la raison ou bien si les quelques notes qui me sont parvenues dernièrement sont les promesses d’un futur effroyable. En réalité, mes récentes découvertes et quelques unes de nos relations communes m’ont porté sur les traces de votre père. Vous êtes un homme de confiance, chanceusement étranger à la sphère scientifique, jeune, lucide et dans la force de l’âge, je suis sûr que vous ne me ferez pas défaut et c’est pourquoi je vous implique dans ces évènements malgré mon intime conviction.
Pour l’heure, je ne peux malheureusement vous en dire plus. Si vous êtes assez rapide, vous trouverez chez moi les pièces du puzzle qui mèneront, je l’espère, à nos retrouvailles. En d’autres cas, il faudra s’en remettre à Dieu…’


Tels étaient les mots du professeur Isidore Burakh tandis qu’il sollicitait ma venue à son domicile. Une grande demeure isolée à l’extrémité du désert Mohave, un endroit audacieux car aux aplombs fragiles et situé tout près de la faille de San Andréas. J’arrivai en fin d’après-midi après de longues heures passées au cœur des méandres d’un paysage déprimé, effondré, presque lunaire, et mon unique inquiétude allait pour cet érudit que je n’avais pas revu depuis les funérailles de mon père disparu. La justice n’avait jamais pu clarifier les conditions mystérieuses dans lesquelles Albert Monroe, mon père, s’était évanoui dans la nature un 9 août 1981 aux alentours de sa résidence secondaire d’Albuquerque, au Nouveau-Mexique. Et rien en moi, jusqu’à cette lettre, ne m’avait jamais persuadé de réunir mes forces pour faire la lumière sur la terrible disparition de ce si cher inconnu.
Je ne fus pas tout à fait surpris de ne trouver personne à mon arrivée, à la fois prévenu par la lettre et car Burakh était un homme énigmatique, l’un de ceux qui prend un malin plaisir à se jouer de ses invités. Pourtant, quelque chose n’allait pas, je le sentais bien et les dernières rumeurs qui couraient à son sujet n’étaient pas faites pour me rassurer. Certains membres de son ordre établirent récemment que Burakh vivait probablement sous la pression d’une société secrète. Ils avaient accidentellement reçu de nombreuses lettres anonymes à sa destination, et l’évidence frappait que la brusque interruption de ses projets de voyage en Amérique latine ne résultait pas de sa propre volonté. Aussi le vieux savant s’était comporté drôlement depuis plusieurs semaines, reclus sur lui-même il ne profitait plus de ses rares apparitions en ville que pour gaspiller son argent dans des ouvrages d’astrologie surannés.
Je poussai la poignée chancelante de la porte de son bureau, à la fois étonné et chanceux de ne pas avoir croisé son domestique dans le hall, un asiatique déplaisant, curieux, et fasciné d’antiquités bizarrement humaine. La pièce ne figurait plus qu’un espace jonché de papiers sans mots, de parchemins aux inscriptions absentes et d’ouvrages vierges. Comme seul intérêt de l’endroit, reposaient depuis de longues heures sur son bureau une fiole vide et deux manuscrits vieillis par le temps, les derniers volumes réchappés du fléau de l’encre absente. Je décidai de les parcourir pour patienter, et pressentant par une intuition malsaine que Burakh ne les avaient pas déposés ici par inadvertance mais comme une invitation à leur étude, peut-être même étaient-ils l’un des motifs de ma venue.
Après avoir sommairement examiné le premier tome qui n’était rien de plus que l’histoire à dormir debout d’un thaumaturge, il me fallut poursuivre plus avant ma lecture et mes recherches. Cela m’étonnait fort que le professeur ait forcé ma venue pour de simples romans, la noirceur de ses mots trahissait un grand désespoir. Pourtant, au fil des pages et au gré des invraisemblances, mon scepticisme ne cessait de grandir. Troublé par les affres de la lassitude, je me surpris même à préférer écouter la clameur maladive d’un loup égaré dans la plaine, quelque part aux alentours de la maison. Mais il n’y avait de telle bête en ces lieux reculés, mon imagination devait me jouer des tours, elle-même bien aidée par le vent agité de ce territoire ombrageux et menaçant. Je repris ma lecture, les narines encensées par une mystérieuse odeur d’aubépine sauvage…

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Message  Invité Ven 19 Sep 2008 - 19:13

Un début intrigant, intéressant, au ton très lovecraftien, avec quelques maladresses qui à mon avis brisent l'ambiance :
"un endroit audacieux car aux aplombs fragiles" (je ne crios pas qu'"aplomb" existe dans cette acception)
"à la fois prévenu par la lettre et car" (la suite des deux conjonctions de coordination)
"Certains membres de son ordre" (quel genre d'ordre ? religieux)
"lettres anonymes à sa destination"
"La pièce ne figurait plus qu’un espace" (je pense que le verbe est employé à mauvais escient)
"les derniers volumes réchappés du fléau de l’encre absente" (je n'ai pas bien compris, ça me paraît peu clair)
"les narines encensées par une mystérieuse odeur" (l'emploi d'"encensées" me paraît bizarre ici)

Voilà, et il y a quelques erreurs de langue, mais j'ai envie de connaître la suite !

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Message  Invité Sam 20 Sep 2008 - 14:09

En effet, ce début assez classique est truffé de maladresses et d'impropriétés
Par exemple : "et mon unique inquiétude allait pour cet érudit "
soit allait à, soit était pour, mais pas allait pour
Autre genre d'erreurs : tu parles de l'encrier ou la fiole qui " reposaient depuis de longues heures ..." or ton texte est du point de vue d'un personnage-narrateur qui vient d'arriver : il ne peut donc savoir depuis combien de temps ces objets reposent là !
"Le vieux savant s'était comporté drôlement" : tu veux dire bizarrement, je pense.
Quel sens donnes-tu à "ombrageux" ?
A part ces différentes bricoles à revoir, la construction est bonne, tu réussis à nous donner envie de continuer, malgré un début bien classique, l'exposition, (qui souvent est abominablement laborieuse chez les débutants) coule ici assez agréablement.
J'espère que la suite va me surprendre...

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Message  Lucy Dim 21 Sep 2008 - 0:28

Très impatiente de connaître la suite de cette nouvelle qui commence très bien.
Et bienvenue à toi !
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Message  Squall46 Mar 23 Sep 2008 - 12:04

Bon, apparement certains messages et la suite que j'avais posté ont disparus. Donc revoilà la partie disparue, et sa suite directe.

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Tome II




« N’est pas mort ce qui semble à jamais dormir,
En d’étranges éternités, la mort même peut mourir. »

H.P Lovecraft


Il faut concevoir l’existence d’êtres pour lesquels la réalité ne possède aucun carcan, se résoudre à accepter la présence dissimulée d’une confrérie d’hommes prête à renier l’image acquise des forces de l’univers. Admettre une corrélation entre le ravissement d’ouvrages interdits et les disparitions chroniques d’érudits. Que les esprits cartésiens s’ouvrent devant le flot montant de l’imagination humaine, que le peuple gouverné par des ombres d’hommes prenne conscience de sa véritable disposition naturelle. Les champs telluriques et les grands astres du ciel seront nos guides vers l’éternité la plus parfaite. Délivré de sa chair, l’homme s’engouffrera vers les abysses du cosmos, là où la folie guette. Ce n’est qu’alors que les tout-puissants éons ensommeillés de la race humaine sublimeront nos éveillés et mettront fin à cette interminable ère de ténèbres. Ce n’est qu’alors que l’homme accèdera à la véritable connaissance du soi.


«
Le soleil est déjà haut dans le ciel à cette heure-ci ; par ses rayons il fait pleinement profiter la colline et la région de son éminente présence. Entre les herbes dorées et sur le sommet de la bosse, une immense croix tordue au fer abimé regarde vers l’ouest. Un bouquet d’aubépine cercle son sommet avec grâce, ainsi vêtue elle apparait comme le vigilant seigneur des environs, l’impérieuse maîtresse des alentours. Celle-là même que la foudre n’atteindra jamais en ce pays souvent grondé par les flots, la fleur aux épines étant sa puissante protectrice. Quelques corbeaux sillonnent le ciel, ils sont les tâches obscures d’une peinture illuminée. Leurs courageux croassements brisent la tranquillité de l’endroit, mais pourtant, aucun, pas même le plus vaillant d’entre eux, n’ose approcher la croix, et tous finissent tôt ou tard par redescendre vers la vallée.


« Noah, je sais bien que tu ne dois pas t’attendre à recevoir une lettre de ma part. Mon existence n’est certainement plus qu’un lointain souvenir dans ta mémoire. Mais les circonstances l’exigent, et elles l’exigeront tout autant à l’heure où tu recevras ce papier, je ne peux faire autrement. Après mon départ précipité, j’ai fini par mettre un terme à mon voyage, je suis arrivé jusqu’à Noire-Epine. C’est très isolé, loin, à l’écart du monde. Tout allait très bien les premiers jours, mais les choses ont changé subitement. Quelque chose est arrivé, je ne me sens plus en sécurité. Tu sais très bien que je ne m’inquiète pas d’un rien. Je prie pour que ces mots te parviennent. Tu dois venir… »

Edward, ton frère


L’homme relit le papier une dernière fois à l’ombre d’un vieux chêne, l’endroit idéal pour examiner avec précision la carte des environs jointe à la lettre. Il n’y a pas de doute possible, même si la route fut longue, il touche au but.
C’est sur la gauche, au pied d’un talus recouvert de fougères et de champignons, que le premier signe de civilisation apparaît. Il s’agit d’une maison en ruine. Des murs fissurés, craquelés, mangés par le lierre, des briques noires et consumées sans pourtant qu’il n’y ait la moindre présence de cendre. Cette ancienne demeure possède quelque chose de sinistre, d’anormal, elle figure presque l’un des vestiges d’une antique société oubliée. Noah peut ressentir cette puissance corruptrice qui survit dans la pierre dégradée, celle-là même qu’il devinait entre les mots posés à la hâte par son frère. Il n’a pas le temps de s’inquiéter d’une mauvaise intuition et doit poursuivre ; il poursuit. Ce n’est qu’au loin qu’érigées vers les nuages, apparaissent les premières habitations et leurs cheminées. Noire-Epine.

Les rues sont désertes. Une girouette grince sous la volonté du vent. L’odeur d’un feu de bois émane d’une droite incertaine. Des monceaux de paille sont entassés au beau milieu du chemin, contre et sur les toits des maisons. On croirait une ville fantôme, pourtant une lointaine musique de fête résonne et plane sur l’endroit ; elle anime, caresse l’oreille de l’attentif, puis s’éteint par moment, s’évanouit dans le silence pour mieux renaître comme seule preuve de vie. D’un revers de la main Noah fait disparaître la sueur de son front. Son cœur bat vite, trop vite. Il commence à ressentir les conséquences du voyage.

Les mêmes ondes négatives que dans le bois, il les retrouve ici, à l’intérieur même des cloisons de la taverne. Sur la droite, le soleil pénètre sereinement par les carreaux d’une fenêtre close, il vient percer à jour la saleté du planché, la détresse des tables solitaires. Sur la gauche, près de l’âtre, là où l’on devine la réunion de voyageurs affamés par de trop longues nuits d’hiver, Noah distingue un sol infecté en plusieurs endroits par une étrange pâte ambrée, une substance que l’on affirmerait engendrée de toute pièce des sombres détours d’un cerveau malade. Un frisson lui parcourt l’échine à l’idée de respirer l’odeur de sang de cette souillure visqueuse dont il ne peut concevoir l’origine.
Deux hommes sont au comptoir, l’un, fort et chauve, vêtu d’un tablier ; l’autre, le corps famélique, échevelé, le dos tourné. Aucun ne s’est aperçu de l’entrée du nouvel arrivant, tous deux trop captivés par l’éminent sujet de leur conversation.
« Comme je te dis, faut aller le déloger et vite ! explique le tenancier, l’air sévère, au petit homme sale qui lui fait la conversation.
- Ouais, ça fait son nid, ça fait sa merde, et puis c’est trop tard, s’emporte ce dernier, convaincu, tandis qu’il se passe la main encore pleine de bibine dans les cheveux.
- Allez ! Ne perds pas plus de temps. Il finira par se m…
- Bonjour, excusez-moi, les interrompt timidement Noah, en venant jusqu’à eux. »
Les deux hommes l’observent dans sa démarche un peu claudicante, de la même manière que s’ils avaient découvert l’existence d’une entité surnaturelle prête à les maudire devant l’éternel. Il le sent et le perçoit dans toute sa chair ; agressé du regard, parmi eux, il ne sera qu’un paria.
« Je peux vous aider ? lance le gérant d’un ton acerbe, son air sévère toujours figé sur les traits. L’autre homme se lève et quitte la pièce par une petite porte derrière le comptoir sans même prendre le temps de terminer sa chope.
- Je l’espère, explique Noah, un peu troublé, je viens d’arriver en ville et le voyage a été long. Je meurs de faim.
- Et alors ?
- Vous ne servez pas de nourriture ? s’étonne le voyageur, une forte appréhension tout aussi bien logée en son esprit qu’à l’intérieur de son estomac grondant.
- Pas aujourd’hui. Tous les vivres sont réquisitionnées pour la cérémonie, lui répond sèchement l’homme de bonne corpulence en posant fermement ses deux poings serrés sur le comptoir, l’incontestable signe de sa nervosité grandissante.
- Oh, je vois… acquiesce doucement Noah, mal à l’aise. Alors, vous pourrez peut-être m’aider d’une autre manière, poursuit-il en fouillant l’une des poches de son pardessus.
- Etranger, vous ne trouverez pas ce que vous cherchez par ici. »
Malgré les impolitesses du tenancier, Noah persiste et lui présente enfin une photographie de son frère disparu. Une barbe fournie, des cheveux clairsemés, la trentaine ; ces orbites bien installées accentuent un regard sombre, impavide. La détresse qui se dégage du personnage impressionne d’abord, puis l’on ressent la nostalgie d’un sourire déformé par une cicatrice, il sourit, il aurait pu pleurer.
« Je recherche cet homme. Il doit être en ville, explique le récent quadragénaire tandis qu’il jette un œil derrière son dos. Une précaution commandée par la présence de cette inquiétante gélatine flavescente qui hante les lieux.
- C’est un ami ? interroge le tavernier en se saisissant du cliché.
- Je suis son frère. Vous le connaissez ?
- Ah, je me disais bien qu’il y avait quelque chose…Un air de famille, ment-il, faisant comme s’il avait depuis longtemps percé à jour l’identité de son interlocuteur.
- Alors ? Où puis-je le trouver ?
- C’est malheureux, mais on ne peut pas depuis quelques jours. Il a bêtement disparu.
- Hum… réfléchit Noah, avant de reprendre. Se pourrait-il qu’il ait déjà quitté la ville ?
- Pas possible, on l’aurait su.
- Comment ? Il peut très bien avoir plié bagage sans vous en avoir averti.
- Ecoutez ! Renseignez-vous du côté de la fête, sur la place du village. Vous en apprendrez surement plus qu’ici, s’emporte un peu le grand chauve, agacé par la présence de cet étranger chargé de questions. »
Noah comprend bien qu’il ne pourra obtenir que du mépris de la part de ce triste individu, alors il extirpe la photographie d’entre ses mains épaisses. L’homme met quelques secondes avant de la lui rendre, comme s’il avait espéré garder le document en sa possession. Noah glisse le cliché dans sa poche avec assurance, content d’avoir irrité un personnage si désagréable. Il tourne les talons et s’en va gagner la sortie, lorsqu’une image se rappelle à lui et son esprit fourmillant d’interrogations.
« Dites-moi…En venant jusqu’ici, j’ai aperçu une grande croix sur la colline. De quoi s’agit-il ?
- Ici, la mort pleure, rêve et se repent. Elle se repose sous la glaise, endormie par notre bienfaiteur et ses colosses d’argiles… récite t-il, cette formule inscrite au creux de sa mémoire depuis longtemps. Ne vous en approchez pas !
- Hum…Très bien, je comprends. »

Un pauvre homme, c’est tout ce qu’il semble…
»



(Cette partie du texte est manquante…)



«
Ils dansent. Derrière lui jouent les masques, s’agitent les déguisements. Corbeaux et bonhommes de pailles. Derrière elle, tressaille et se gondole un avaleur d’épée tandis qu’il exécute son art et amuse les badauds en liesse. C’est la ferveur et la joie, rien que les récitals d’une procession locale.
Noah a levé son pardessus mais cela ne suffit pas ; enragée est aujourd’hui la chaleur qui pèse sur les corps flottants que la musique porte. De la sueur recommence à perler sur son front brulant, et ce contact avec cette belle femme pour le temps d’une valse ne l’aidera pas à réprimer ce feu intérieur.
Les ondulations noires qui embellissent son visage de cœur, glissent et s’envolent au contact du vent ; à chaque pas, à chacun des contacts de leurs peaux, elle ne peut plus cacher cette froideur enfouie aux confins de son être. Ce sourire si gracieux disparaît et ne renait qu’un artifice travaillé. Elle le regarde parfois, mais détourne bien vite ses beaux yeux pers, portée par un chagrin intérieur qu’elle ne peut toujours réprimer. Lui sait qu’il n’aura sans doute plus l’occasion d’accrocher la vigilance de ces prunelles qui le font roi du monde en ces instants. Alors il comble les espaces et caresse des formes que seul un dément renierait, il ne ressent plus que cette ferveur irriguée par ses veines ; mais malgré lui, bien vite et bien tôt la musique se perd entre les bavardages et les ronflements de consternation de la foule.

Quels sont ces regards qui en disent long ? Qu’ont-ils ? Qu’ont-ils tous à le dévisager ? Qu’ont-ils tous à le juger, le haïr et le renier ? Pourquoi de si noirs desseins envers un homme dont ils ne connaissent rien ?
La femme lui attrape le bras et le tire loin de ce tribunal. Son cœur s’échauffe, il agrippe son pardessus et la considère tandis qu’elle l’éloigne. Non, il ne la connait pas, et pourtant qu’il aime la voir prendre son parti. Leurs identités pareillement ignorées, à ses yeux l’entreprise n’en est que magnifiée.
Cheminant sur un sentier du bord de la ville, ils pénètrent bientôt le seuil d’une petite cabane de chasse à l’abandon. L’extérieur, entièrement dissimulé par de nombreuses branches et gros feuillages, n’accepte que peu les rayons du seigneur jaune. La pénombre ainsi maitresse des lieux, Noah ne peut plus que deviner les traits fascinants de la jeune femme, que fantasmer son visage expressif façonné par les caractères changeants de la peur et de l’empressement.
« Êtes-vous fou ? Vous ne pouvez pas vous présenter ici comme ça !
- Mais enfin, c’est vous qui êtes venue me tirer pour danser… se défend-il timidement alors qu’il enfile son pardessus et en replie les pans.
- J’ai voulu vous sauver la mise, mais vous en avez profité, explique-t-elle, un brin mal à l’aise.
- Je n’avais pas compris les choses comme ça…
- Laissez, c’est trop tard, poursuit la jeune femme. Vous cherchez votre frère n’est-ce pas ?
- Comment le savez-vous ? interroge-t-il, un peu soupçonneux mais agréablement surpris que quelqu’un daigne enfin lui parler de son frère.
- Je le connais bien. Je sais où le trouver !
- Vraiment ? Où ça ?
- On ne peut pas parler ici. Les habitants ne tarderont pas à nous trouver, lui apprend-elle, amplifiant un peu plus son appréhension d’une mauvaise rencontre à l’extérieur.
- Et alors ? Qu’ont-ils donc après moi ? Je n’ai rien fait de mal.
- Ils n’acceptent pas les étrangers. Les étrangers sont mauvais pour la ville, pour nous…
- Mauvais ?
- Retrouvons-nous ici à la nuit tombée. Je vous mènerai à Edward, affirme la belle jeune femme, tandis qu’elle fait mine de sortir.
- Entendu. Je vous fais confiance, explique t-il pour lui-même, avant de poursuivre dans ses pensées. Ce n’est pas comme si j’avais le choix. »
Quelque chose remue dans un coin, Noah jette un œil par ici, il n’aperçoit rien, la pénombre est trop épaisse. Désorienté, oppressé par cette atmosphère qui n’est que trop menaçante, effrayé par la haine vouée à son égard, il sort à tâtons, le pas hésitant, l’air hagard. Comme ayant pressenti les troubles éloquents gravés au fond de son cœur, la jeune femme ne l’a pas laissé. Elle est là, au dehors, à l’attendre. Elle l’agrippe sur le seuil et le tire jusqu’à elle, alors, Noah n’a pas même le temps de respirer qu’il se retrouve déjà instrument, sous son charme et ses lèvres suaves.
Quel est donc ce personnage évadé d’un conte ? Il reconnaît en lui l’envouté, et en elle ce souffle chaud de la passion, celui-là qui lui emplit le cœur, ce cher habitat du sentiment qui jadis fut brisé par le charme d’une femme à l’amour ravi. Elle lui glisse un dernier mot à l’oreille : « Conrad, le frère du tavernier, il vous cachera. », puis s’en va, son ultime caresse une main douce entre ses cheveux braises. Une seconde que le sablier du temps n’a fait que trop vite écouler. L’instant d’après elle est une ombre parmi les ombres de la forêt, plus rien qu’une image évanouie et un gout sucré.
»



(Cette partie du texte est manquante…)

Squall46

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Message  Invité Mar 23 Sep 2008 - 14:20

Une ambiance toujours prenante... J'attends la suite.

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Message  Lucy Mar 23 Sep 2008 - 14:45

Bonne suite en attendant l'autre suite ! ^^

Parfois, des tournures étranges :
cet étranger chargé de questions.
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Message  Squall46 Jeu 25 Sep 2008 - 11:09

Okay, voilà la suite, un peu plus longue.

----------------------

«
Dans les rues et jusqu’à l’orée du bois, Noah s’est caché, dissimulé, faufilé tel un serpent debout, le sentiment d’être épié ne l’ayant plus quitté depuis ses premiers pas dans la région. Alors, dès l’instant où dans son attente de la nuit tombée il pénètre le refuge de Conrad, c’est un long soupir de soulagement qui lui déplie les lèvres, un apaisement commandé par la bonne figure de son nouvel interlocuteur. Pourtant, ce visage ridé, privé par un âge avancé de sa vigueur d’antan, pourrait être celui du patriarche de la ville. Comment cet homme peut-il être le frère du tavernier ? Lui qui ne semblait pas dépasser la quarantaine. Peu importe, cela ne le regarde pas et Noah décide de se taire devant l’individu et son sourire accueillant.
« Alors vous l’avez bien reçue… s’enthousiasme le vieil homme, tandis qu’il referme péniblement la porte chahutée par une bourrasque.
- Reçu ? Reçu quoi ?
- La lettre pardi ! s’exclame t-il, plongé dans un trouble état de joie peu compréhensible. La lettre ! Vous l’avez toujours ? Ce sont mes braves bêtes qui vous l’ont portée. »
L’homme se courbe et s’en va montrer quelques oiseaux dans un coin de la pièce. Les volatiles enfermés dans une cage de bonne taille, il en ouvre la petite grille et verse quelques graines à l’intérieur d’un récipient. Les bêtes s’agitent et viennent piquer la nourriture sous l’œil fier de leur maitre. Noah décide de fouiller son imperméable à la recherche du papier, mais rien ne vient. Il s’étonne et redouble d’intension. Des débris, des miettes de feuilles passent entre ses doigts, mais toujours rien. Il capture finalement un petit morceau de papier chiffonné par le temps, dernier rescapé de la lettre d’Edward. Noah ne comprend plus, il tenait encore bien fermement cette lettre une heure auparavant, et même si le papier avait semblé abimé dès le premier jour, on ne pouvait soupçonner qu’il s’évanouisse en lambeau de cette manière. La gaité quitte aussitôt les traits de Conrad.
« Ne vous fatiguez pas. L’Avatar a encore frappé.
- J’ai bien peur de ne pas vous suivre Conrad, explique Noah, confondu par les évènements anormaux qui décident de s’accumuler depuis l’heure de sa venue en ces lieux.
- Hum. Ecoutez plutôt… »

Le feu brûle dans l’âtre, une gorge qui déploie sa chaleur dans la pièce et restaure les peaux glacées des deux hommes, les protège du froid qui s’est tout d’un coup mis en marche à l’extérieur. Le vent fait rage et le bois craque, dix-neuf heures déjà. Depuis de longues minutes et au cours d’un maigre repas, le chauve raconte une histoire à Noah, une légende des environs. À en juger par sa verve, il n’a que trop rarement à son goût l’occasion d’enfiler ce costume de conteur.
« Rien ne peut sortir de cet endroit sans en subir les conséquences, explique t-il gravement, la voix ébranlée par le réveil d’un souvenir funeste.
- La lettre ? Pourquoi s’est-elle décomposée ainsi ? cherche à comprendre Noah, dépassé par les dires invraisemblables de son interlocuteur.
- Elle a subit les lois pernicieuses de cet endroit unique, de ce lieu régi par des forces que beaucoup diraient venues d’ailleurs.
- De quoi parlez-vous ? Vous essayez de me faire croire que cette région n’appartient pas au même monde que le mien ?
- Elle est de ce monde, mais nous ne connaissons pas notre monde comme ils le connaissent eux, révèle t-il tandis qu’il porte un œil attentif sur chaque recoin de la pièce, n’évitant pas ainsi les mécanismes de la paranoïa.
- Eux ? Vous parlez encore de cette confrérie secrète ? De cette secte ?
- Evidemment, l’Avatar et les siens ont passé leur vie entière à déchiffrer les secrets de l’existence. Ce travail, cette recherche, c’est leur raison d’être.
- Une recherche. Et qu’ont-ils trouvés ici, à Noire-Epine ? s’intéresse Noah, captif du flot ambiant et grandissant de la déraison.
- Une effroyable vérité à n’en pas douter mon ami. Je ne sais pas exactement de quoi il s’agit. En réalité, personne ne le sait vraiment ici. Mais j’ai vu, j’ai vu des choses…dans ce manoir.
- Un manoir ?
- Le manoir du cœur de la forêt, l’Avatar y a élu domicile depuis bien longtemps.
- Eh bien ? Parlez ! Qu’avez-vous vu ?! l’interroge Noah avec virulence, son cœur définitivement conquête des troubles de la curiosité.
- J’ai vu cette…cette substance maudite en des quantités terrifiantes. J’ai…j’ai découvert sa bibliothèque. Une enceinte de manuscrits désuets, d’œuvres étiquetées en latin et couvertes de notes concernant la lointaine venue d’êtres secrets. Hélas, avec ses démons d’argile à mes trousses, je n’ai pas eu le temps d’examen nécessaire. J’ai dû renoncer et m’enfuir, confie t-il péniblement, comme s’il pouvait encore ressentir cette angoisse qui ne l’a plus quitté depuis ce jour d’effroi.
- Des démons d’argile ?
-Vous savez mon ami, les gens d’ici prennent pour miracle la présence de l’Avatar, et le fait de ne plus être sensible au temps qui passe. Mais en réalité, c’est une véritable malédiction, et nous tous sommes prisonniers de son règne maléfique. Il est partout ! Il est omniscient ! Et le seul à savoir comment quitter la région. Oui, lorsque l’aubépine n’est plus posée sur la croix… »
Comme pris d’une trouble folie contagieuse, l’homme hanté ne peut plus s’empêcher de porter plus avant la confession de ses maux. Mais Noah grimace et ses yeux bleus cherchent une autre marque d’attention, de toute évidence il n’a plus cœur à écouter une si nébuleuse histoire. Il relance pourtant.
« L’aubépine ?
- Oui, je suis sûr que c’est çà ! On dit que les couronnes d’aubépine éloignent la mort ! Parfois elle n’est plus autour de la croix, c’est qu’il doit s’en servir… raisonne t-il pour lui-même, accrochant le bras de son interlocuteur, les yeux fous.
- Et cette sensibilité au temps ? De quoi s’agit-il ?
- Oui… souffle longuement Conrad, l’Avatar a étudié cette substance, ce liquide nous laisse jeune et beau, mais maintenant nous ne pouvons plus quitter la région sans que les effets ne s’inversent. J’en sais quelque chose, voyez mon expérience, fait-il, affichant une mine triste et présentant de plus près son visage déconfit, ridé, abîmé par l’âge.
- Ecoutez, votre histoire est très intéressante, mais je vais devoir partir Conrad. Je dois retrouver mon frère ce soir, raconte Noah, bien décidé à couper court à ce qu’il prend pour de noires affabulations extirpées des méandres d’un cerveau malade.
- Attendez ! Quoi que vous en pensiez, vous devez savoir certaines choses même si vous n’en mesurez pas l’ampleur avec justesse, précise l’autre tout en lui agrippant le poignet avec une vigueur insoupçonnée.
- Très bien, mais faites-vite, concède le quadragénaire aux cheveux braises et fous, se rasseyant.
- Hum…Votre frère ! Oui, c’est bien là l’une des choses que vous devez savoir. Il est menacé tout autant que vous. Vos présences étrangères bouleversent l’équilibre instable de la région. Les habitants le traquent depuis plusieurs jours déjà.
- Ils le traquent ? Comment cela ? interroge t-il, croyant le mystérieux personnage de nouveau dressé sur la voie de la raison.
- Je vous l’ai dit, nous autres ne connaissons plus la délivrance de la mort, regrette Conrad qui, emporté par le flot de ses pensées, marque un court silence. L’équilibre des forces investies par l’Avatar dans la région, vous l’avez modifié par votre simple présence. Depuis, la maladie se répand et les habitants vieillissent à nouveau, certains sont même déjà morts depuis la venue de votre frère. C’est pour ça qu’ils lui courent après !
- Mais, sortez de cette fantaisie mon ami ! Revenez donc sur terre ! Il n’y a pas plus de démons ici qu’ailleurs, et mon frère n’est en rien la source de vos maladies. Soyez raisonnable, voulez-vous ? fulmine presque Noah tandis qu’il se lève brutalement, sa peau tachetée piégée dans la sombreure des caractères de la colère.
- Chut ! s’exclame brusquement le vieil homme, joignant le geste de mise à la parole. »
C’est un grincement qui intervient le premier, à l’instant où le vent se tait, là-bas, derrière le seuil, quelques pas coulissés se chuchotent. Le chauve observe, les lignes grasses de sa face s’étirent en des longueurs jamais atteintes auparavant, il blêmit d’un éclair et ravale un sanglot pour ne pas faire échapper le moindre son. Noah capte la tension cosmique qui s’est emparée du faible corps de son hôte, pourtant, s’il doit prêter l’oreille et la raison aux paroles qu’il vient d’entendre depuis des heures, c’est bien lui et lui seul qu’ils sont venus chercher, emporter peut-être. ‘Qui est là ?’ croit-il avoir interrogé, mais non, il n’a rien dit, aucun son ne se plait sortir de sa bouche close, la prison de sa langue pétrifiée. Le loquet a tourné, une fois, deux fois, mais rien, la porte refuse de bouger.
Les deux hommes se dévisagent une dernière fois. L’instant d’après une balle de chiffon embrasée brise le carreau et percute en plein dos le vieil homme qui s’écroule sur le sol, il se tord bientôt et se traine sans but dans des attitudes affligeantes où la douleur et la folie se confondent. Les bêtes s’agitent et débutent un concert morbide du fond de la pièce, tandis que les flammes grandissent et gagnent du terrain sur le bois. Dans un dernier soupir, Conrad essaye d’anticiper le pire et il prévient Noah de l’existence d’un souterrain, sous la maison, d’un dernier refuge. Mais bien vite les ténèbres lui couvrent les yeux et sa face dévorée par les flammes ne figure plus qu’un amas de cartilages décharnés. ‘Sous le lit de la chambre’, c’est là, là que se trouve sa seule échappatoire, la trappe. Noah saisit son imperméable par le col et s’enfonce dans la pièce, au milieu des flammes, lui, seul, rien qu’une silhouette fragile.
Par-dessus l’intense crépitement des flammes, des excitations malignes et quelques grognements sauvages s’élèvent et se mêlent depuis l’extérieur ; bientôt, une bouteille de verre traverse le carreau à son tour, se brisant à moitié elle finit sa course contre la cage à oiseaux, l’ouvrant avec fracas. La porte d’entrée se tord de chaleur et le bois grignoté se meurt bientôt en un espace béant. Ils surgissent sur le seuil. Noah le sait, ces figures de la mort ne l’abandonneront plus que devant la sentence de son costume de bois. Les oiseaux s’échappent et s’affolent, leurs ailes enflammées de la peur et du feu. Tous s’écrasent alors contre les murs dans une répétition malsaine, il n’y en a bien qu’un seul qui parvient à s’extirper de la fournaise par une chance improbable et un carreau brisé.
Noah atteint la chambre à l’aide de son pardessus, rien qu’un pont de tissu jeté sur les flammes de l’enfer. Il peut désormais dire adieu à la photographie, si tant est qu’elle n’ait pas disparu auparavant, happée par les noires abimes de l’absence sinon les quelques forces inconnues qui régissent cet endroit de pure folie. Ce côté-ci de la maison semble épargné pour l’instant, alors Noah se précipite vers le lit et le tire de toutes ses forces jusqu’à l’étendre contre l’embouchure de la porte. L’instant d’après, il découvre le passage secret du parterre et s’y infiltre aussitôt, n’omettant pas de refermer la plaque de métal après son passage.

Ici la pénombre est intense. Totale. Elle étouffe la vue mais offre l’authentique perception du sensible. Noah comprend au plus profond de ses entrailles l’invitation secrète : son esprit réfléchit les couleurs. Les ténèbres conversent et leurs paroles raisonnent en des songes qui s’inventent doucement dans la noirceur. Des hallucinations se caressent, des formes chétives et pantelantes se tracent au-delà de ses yeux clos, dans les espaces fermés de la déraison. Il est le géniteur et l’engeance. Son corps amolli embrasse les murs et se tord en des géométries improbables. L’horreur d’imaginer son sang sucé par une substance grasse, humide, presque fangeuse, lui emplit le crane. Il se surprend à respirer l’odeur de sang de la folie, à dévisager le cheval qui boit la lune.
Ses poils devenus fourrure, il va hurler. Les contours de sa face le démangent. Frotte et gratte, gémit et griffe. C’est un museau qui s’étire et pousse, délivrant bientôt une rangée de crocs aiguisés. Il va hurler, le loup. Il se prend pour la bête, prédateur dans la lande morte, au pied du monstre rocheux, loin de tout. Il voit la jeune femme, bouleversée, écrire d’après la motivation d’un cauchemar, lui écrire cette lettre à la place de son frère. Il sent la fièvre se saisir d’elle, la promesse de son arrivée. Embarrassée par une science qu’elle se contente de catalyser, elle aussi se tord et réfléchit les couleurs.
L’horreur souterraine l’épie et le renifle dans la noirceur…
»



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Message  Lucy Jeu 25 Sep 2008 - 13:28

Une ambiance. Des tournures un peu bizarre, toujours.
Je lirai la suite. Parfois, je me perds un peu, quand même.
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Message  Invité Jeu 25 Sep 2008 - 13:31

C'est beaucoup plus captivant que le début !! le rythme est haletant, les évènements " irrationnels" coulent sans qu'on y trouve quoi que ce soit à redire, on est très au-dela de la vraisemblance : elle n'a tout bonnement plus d'objet tellement on est pris.
Côté écriture, j'ai accroché (dur) sur certaines formulations : la sombreur, ""
le coeur, ce cher habitat du sentiment
cette froideur enfouie aux confins de son être ( outre la lourdeur, je pense que confins, qui signifie frontières, limites, est ici mal employé) ton idée étant plutôt celle de profondeur, me semble-t-il.)
Bref, si tu débarrassais ce texte de ces tournures un peu lourdes et alambiquées, il y gagnerait je pense , sans rien perdre de son côté mystérieux et passionnant, au contraire.

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Message  Invité Jeu 25 Sep 2008 - 13:38

La suite tient ses promesses ! J'aime cette ambiance onirique, sombre et violente.

Très belle phrase, à mon avis :
"Les ténèbres conversent et leurs paroles raisonnent en des songes qui s’inventent doucement dans la noirceur."

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Message  Squall46 Ven 26 Sep 2008 - 18:28

Merci de vos commentaires, content que l'atsmophère fonctionne. Merci à coline dé aussi pour le mot Confins, j'ai toujours était persuadé, à tord, que ça impliquait la profondeur. Je vais changer ça.

Et voilà la suite.

--------------------

«
Elle n’a pas menti et s’en tient au rendez-vous : à la nuit tombée, près de la cabane du chasseur. Ils se retrouvent tous les deux, lui, défait de fatigue et empreint d’angoisse, elle, inquiète mais disposée à chasser ses démons. Il est malheureusement trop tard, l’esprit de Noah étant à jamais balafré par les visions souterraines d’êtres difformes, de ceux-là même qui resteront enfouis au plus profond de ses souvenirs jusqu’à la fin des temps et le tortureront devant l’éternité par une multitude de cauchemars incessants. Il efface une contorsion de ses lèvres violacées, lève les yeux pour elle, rassuré de trouver une présence qu’il dirait, aujourd’hui, familière. La jeune femme cherche son regard inquisiteur, celui de l’après-midi, elle ne le trouvera plus.
« Enfin vous voilà…Je m’inquiétais. Vous avez trouvé Conrad ?
- Oui, murmure t-il, en se frottant les yeux d’une main terriblement sale.
- Qu’est-il arrivé ? Tout va bien ?
- Ça ira. Menez-moi à mon frère maintenant, s’il vous plait, se contente t-il de lui répondre, repoussant le récit du drame à un moment plus propice.
- Très bien, nous sommes là pour ça après tout, accorde la jeune femme, tout de même chagrinée. Venez… Ce n’est pas très loin, mais nous devons faire attention. »

Par là le chemin ne se dessine plus que comme un mince lacet boueux, les conséquences d’un ciel acquis du déluge. Pour seul éclat, trône là-haut l’astre mort à demi-fâché, l’autre spectateur des évènements révélés ici-bas. Le disque de cuivre flatte les cimes d’une lueur hallucinée et n’éclaire finalement que peu la route à suivre au travers de la forêt. Pour trouver la vraie direction, il faut se perdre confie la jeune femme. Ils se perdront donc, chacune des longues minutes de cette marche égrenant leur fuite vers la conception narrative, l’impensable.
Ils ne parleront pas de l’après midi, de ce baiser volé, la situation ne s’y prêtant guère, et car Noah, soucieux des troubles obsédants qui lui comblent le crane, n’ose pas un son, ni plus rien d’autre que respirer. Pourtant, au détour d’un chemin, le dernier, elle se livre.
« Ecoutez… Je dois vous avouer quelque chose, annonce la jeune femme tandis qu’elle baisse les yeux et se tait durant de longues secondes, soustraite à la réalité, empruntée par une force supérieure. Edward est très malade. C’est moi qui ai écrit la lettre… »
Plus rien ne l’apaisera ni n’empirera son mal, Noah demeure impassible, les yeux rivés vers le sol et continuant sa marche sous l’afflux céleste, absent. Se frayant un chemin sur la gauche, il découvre bientôt la petite tour en ruine, au-dessous d’une grande arche avalée par le lierre, c’est là que se terre son frère, il le sait, il peut le sentir.

La pierre est suintante, dégoulinante à la fois de l’eau et de la maladie. La mort a élu résidence. Depuis les blocs trempés son aura s’infiltre, se faufile, jusqu’à étreindre par ses serres glaciales le cœur de l’homme qui s’avance. Noah, l’air grave, abattu, les cheveux collés sur le front, la bouche ouverte, pénètre l’abri. La jeune femme reste sur le seuil, laissant les deux hommes à leurs retrouvailles, guettant l’éventuelle venue d’êtres indésirables.
Edward est là, avachi contre un mur, enveloppé dans une couverture sale. Ses yeux profondément enfoncés dans leurs orbites ne reflètent plus que de la noirceur, il fixe le néant entre deux toux rauques, crache du sang. Une barbe fournie lui dévore les joues, l’une des preuves éloquentes de sa fugue prolongée. À voir son teint blafard, on devine aisément qu’il n’a pas dormi depuis des lunes.
Noah s’approche. Il l’entend, jette un regard dans sa direction, rien. Consumé par la fatigue, le désespoir et la faim, sinon car il ne pense plus jamais apercevoir pareil silhouette familière en ces lieux d’abandons, Edward n’ose pas le reconnaître.
« C’est moi, Noah, ton frère, fait-il en s’agenouillant près de l’homme épuisé.
- Non ! Tu ne devais pas venir ! Pas toi ! Pas ici ! peste t-il dans sa barbe, avant de crier bientôt, si bien et si fort que la guetteuse s’approche afin de connaître les raisons d’un tel vacarme.
- Chut ! Edward… Tu sais qu’il faut se taire par ici. La mort pleure, rêve et se repent, endormie pas notre bienfaiteur et ses colosses d’argile, récite doucement la jeune femme, ces paroles marquantes inscrites en sa mémoire depuis l’aube de son existence.
- Encore ces mots… C’est ridicule, pense Noah, tout haut, et avec un soupçon d’aversion dans le regard.
- C’est une malédiction ! Ils me cherchent, ils…ils me traquent. Depuis des nuits entières je ne dors plus, et…et ces choses…dans la forêt, dans l’ombre. Elles ont rampé jusqu’ici tout a l’heure. Elles me sentent! Oui, la maladie, elles peuvent la sentir! Oh, mon frère, tu ferais mieux de t’en aller ! Il n’est peut-être pas trop tard pour toi. »
Est-ce bien là Edward ce frère lunatique que Noah a toujours protégé ? Cet incroyable chevelu a le regard fou et l’esprit glacé de cauchemars incessants, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Et lorsque Noah examine cette figure défaite par la fatigue, il perçoit toute la sombreure d’une âme dévorée par un mal extérieur. Malgré les apparences, malgré les circonstances, ce personnage au visage brouillon fait partie des siens. Il doit l’aider.
« Elles vont revenir, tu m’entends ? Est-ce que tu…
- Ne t’inquiète pas, on va quitter cet endroit, tranche Noah, bien décidé à remettre Edward sur le droit chemin.
- Vous ne pouvez pas partir ! intervient la jeune femme, un air sévère l’enlaidissant pour la toute première fois. Il ne vous laissera pas faire.
- Il ? Qui ça ? Ce l’Avatar dont votre…ami…m’a tant parlé ? questionne Noah, incertain.
- Oui. Il est ici conscience et corps, aussi bien animé qu’inanimé, à la fois matière et poussière.
- Cela ne fait pas très longtemps que je vous connais, mais je ne vous imaginais pas tenir un tel discours vide de sens, lui fait-il remarqué, un peu cinglant.
- Noah, elle a raison. Je…je l’ai vu. À la fenêtre de son manoir…il n’est pas comme nous, affirme son frère après avoir craché une gerbe de sang sur le sol.
- Pas comme nous ? Explique-toi.
- Il…
- Chut ! fait la jeune femme, alerte, les sens en éveil. »
Les villageois à leur poursuite ? Non, le soleil couché ils n’osent plus pénétrer la forêt. Elle le sait, il s’agit d’une présence viciée, corruptrice. Le vent s’éteint et laisse place à des aspects du bruit encore ignorés de l’oreille des hommes, ils suspectent, devinent des foulées gigantesques sinon des bruissements inhumains. Tapies, les animaux tremblent. Sous la pluie de jais les sentinelles d’argile se sont éveillées. Malgré l’indéniable discordance de leurs convictions, Noah et la jeune femme s’accordent d’un simple regard : il faut fuir, et vite. Son frère muet, pétrifié de peur, Noah l’aide à se lever, lui enserre la taille et le soutien, le bras droit de l’absent autour de son cou. Ils se taisent et sortent en silence, la jeune femme guidera…

»



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Message  Invité Ven 26 Sep 2008 - 23:31

Toujours flippant, toujours une ambiance à la Lovecraft, soutenue...

J'ai aimé "La pierre est suintante, dégoulinante à la fois de l’eau et de la maladie. La mort a élu résidence."

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Message  Squall46 Lun 29 Sep 2008 - 10:14

Allez, j'ai décidé de mettre tout le reste d'un coup. Voilà donc la suite et fin de la nouvelle.

-------------------

«
La bouche inondée de mensonges, Edward s’enfonce dans la brume épaisse, ambulant comme un chien vagabond et malade. À nouveau séparé de son frère par le bourdonnement épouvantable des golems, il se réfugie au creux d’un arbre concave, à l’abri. Là, il chuchote et chuchotera les abominables formules que les formes rampantes lui ont apprises durant ses nuits de solitude, son esprit irrémédiablement déréglé par la peur et l’isolement : ‘Calcium Equum, Calcium Equum, Calcium Equum…’
Les nuages s’estompent et la pluie s’affaiblit. Le brouillard demeure impénétrable, et si son œil ne lui est ici d’aucun secours, Edward peut à nouveau discerner les cris de son frère inquiet. Malgré le danger d’éveiller plus encore la férocité des gardiens de la forêt, Noah n’abandonne pas et ses appels redoublent d’intensité. Edward, lui, ne peut s’empêcher de prononcer la formule : ‘Calcium Equum, Calcium Equum, Calcium Equum…’ Il la prononce et la prononcera jusque dans sa fin, jusqu’à ce qu’il soit comme elles, ces figures rampantes immortelles.

Au-delà de l’épais brouillard, Noah découvre quelques blancheurs éthérées dansant au-dessus de l’eau agitée de la rivière. Il jurerait apercevoir quelques succubes évadés de l’enfer se baignant dans une gelée luminescente et malsaine qu’aurait vomie le diable en personne. Cette substance maudite le hante, aussi bien qu’elle hante la région. Aucune seconde ne daigne s’écouler sans qu’il ne respire encore et toujours son odeur de sang, sa couleur jaunie, poisseuse et liquide. Depuis son incursion sous la ville, cet homme ne s’étonne plus de rien, et alors qu’il discernait auparavant avec certitude les frontières du réel, désormais celles-ci n’évoquent plus pour lui qu’un vague sentiment d’effroi, car il le sait, ces frontières n’existent plus.
»


(Cette partie du texte est manquante…)



«
Il a vu le portail du ciel, le cosmos étendu derrière lui, les alternatives renfermées en son sein : l’aube et la nuit, l’apogée de l’homme, l’heure de son déclin, le chemin et sa fin. Il a foulé les dalles immaculées d’un sanctuaire d’ivoire, sa vue suffoquée par les effroyables sculptures d’airain aux formes absurdes et déraisonnées, les reflets d’une autre époque, les gloires d’une civilisation oubliée. Il a frissonné sous l’œil d’une voute habillée d’opales, ses yeux se baignant dans une harmonie achevée, son esprit englouti dans des rêveries communicantes que l’homme ordinaire n’oserait approcher.

Noah pénètre la bibliothèque. Il inspecte et dérange les colonnes une à une : Astronomie, Astrologie, Thaumaturgie, Mesmérisme, Alchimie, Démonologie, Physique, Théologie ; autant d’œuvres de science aujourd’hui présentées à la face morne d’un ignorant. Il revoit l’image fugace de son frère mourant sur un amas de terre sèche, les yeux révulsés, écarlates, la démence l’ayant cruellement happé au sein des abysses rédempteurs de l’au-delà. À l’abri des regards, il découvre le coffret ceinturé de rameaux d’aubépine, l’ouvre et bannit aussitôt quelques œuvres qu’il jugera romanesques: ‘Vir Mutatus’, ‘Crataegus macracantha’, ‘Calcium Equum : Tome 1’. Les acculant brusquement sur le sol, il s’en retourne, à la recherche du maître des lieux, le regard animé des flammes du courroux.

Une étoile brille de mille feux quelque part dans le cosmos, elle s’est éteinte à son tour. La maison céleste du serpentaire ne la reniera pas, Ophiucus la chérira désormais comme l’une des étincelles de sa propre descendance. Elle est sienne, à jamais dans la noirceur infinie. Il n’avait pas même su son nom, Noah, l’abandonné. À tant scruter, rêver et vénérer cette image, cette beauté toujours chaste, à tant lire sur les traits de cette femme la possible renaissance d’un amour qui jadis lui fut ravi, il n’avait pas même su son nom : Aurora.

Il pénètre l’observatoire et découvre des télescopes tels qu’il n’en avait jamais vus auparavant, des monstres de technologies orientés vers un ciel enfin débarrassé de ses humeurs. Il s’étonne d’abord de l’architecture singulière de la pièce et de ses verticalités imparfaites qui coordonnent et régissent l’espace depuis les fondations de l’endroit jusqu’à son sommet. Puis, sur la droite, au beau milieu d’instruments dont il ne conçoit pas même l’usage, Noah remarque le grand tableau noir, celui qui lui fait découvrir une liste de noms écrits à la cire : « Elberth Kernel, Algernon Blackwood, Gordon Kimchaek, Isidore Burakh, Haruspex Dankovskyi, Edward D. Belasco. »
»

Je butais machinalement sur cette liste. Il s’agissait là des noms de quelques savants plus ou moins reconnus de par le monde. Gordon Kimchaek était décédé le mois dernier dans un bête incendie domestique, et avec lui partit en fumée la moitié de ses recherches dans sa demeure de Rhodes Island tandis qu’on ne retrouva pas la moindre trace de son majordome. Je ne saisissais pas la référence morbide du manuscrit, mais je ne pouvais m’empêcher de remarquer, non sans un soupçon d’inquiétude, que le docteur Elberth Kernel et le professeur Algernon Blackwood étaient quant à eux portés disparus depuis plusieurs semaines. En revoyant ce nom, je me souvins d’un article parut le mois dernier qui soulignait le comportement ambigu du linguiste Blackwood et traitait notamment de ses relations secrètes envers l’une des dernières sectes gnostiques de la Nouvelle-Orléans. Blackwood, pourtant grand écrivain, disparut sans laisser de trace et on ne retrouva rien de ses affaires, ni aucun de ses textes personnels, son bureau ne contenant qu’une masse abondante de feuilles vierges.
Burakh complétait la liste et, à moins que cette œuvre ne fût qu’une vaste machination de sa part, cela n’annonçait rien de bon. Il ne restait plus que quelques lignes jusqu’au terme de cette étrange histoire, et aussi préférai-je en terminer la lecture, désormais rompu à ce genre de surprise…

«
Noah pénètre la salle d’expérimentation ; là, il découvre enfin les raisons de son état. L’idiot n’avait pas menti, la substance est là. En des quantités démesurées, elle est renfermée à l’intérieur de plusieurs cuves immenses. Parfois pourpre, parfois ocre, Noah convient de lui-même qu’il en existe plusieurs variantes liquides dont l’usage diffère. La substance est à la fois éprouvée sur du papier, du bois, de la pierre, et sur de nombreux cadavres humanoïdes, les effets variant de la disparition de l’encre à la raréfaction graduelle de la matière, aussi bien du papier que de la chair. Après quelques secondes, Noah se doit de sortir, les émanations excessives du laboratoire, semblables à celles d’un charnier gorgée de cadavres, l’asphyxiant littéralement.
Il gagne le corridor principal, et là ses oreilles découvrent le véritable entendement, ses yeux perçoivent les couleurs au-delà des murs, sa chair correspond aux vibrations venues du sous-sol. Il le sent dans chacun de ses membres trépidants, quelque chose rôde sous le manoir, comme une trainée continue et sifflante, une nuée d’insectes ou la régularité d’une nappe souterraine, quelque chose gicle sous les fondations de la bâtisse.
Noah désespère d’entendre à nouveau des sons familiers et humains, il se griffe la figure, se lacère la peau et s’arrache bientôt quelques poignées de cheveux par ses ongles trop longs et trop sales. Son cœur se serre, ses yeux vacillent, il s’écroule, là, dans les espaces où la folie guette. Son esprit veut se souvenir vaguement des paroles de la jeune femme, une couronne d’aubépine sera peut-être sa seule chance de quitter la région. Il décide de filer vers la croix, sur la colline, et de s’éloigner de cet endroit maudit pour mettre à jour le reste du monde sur les évènements cauchemardesques qu’il vient d’endurer. Il n’en sera rien.
Il jette un dernier regard par ici, me découvre pour la première fois. À cet instant il devine que je l’observais depuis ses premiers pas dans la région, il n’est pas totalement fou et conçoit bientôt toute la manigance autour de sa venue. Trop tard, son histoire se terminera sur un rictus d’effroi, je le pique au flanc et le traine dans les souterrains du manoir de mon maître. Alors, tandis qu’il rêvait le visage de son frère éteint, un insondable gargouillis monta des origines de la terre et quelques peuplades d’êtres sans visage jaillirent parmi les plus profondes résurgences du sous-sol. Là, ils s’emparèrent du corps mou de l’étranger, et le dénommé Noah disparut à jamais dans les gorges labyrinthiques du dessous, son sacrifice assurant l’avenir de nos recherches.

Au cours de ce siècle, la science a réalisé des progrès formidables, mais l’homme ne s’est que trop souvent retranché derrière son ignorance pour sectionner le monde en deux sphères distinctes, celle de la connaissance rejetant sa sœur du paranormal. Le Calcium Equum est le fruit de leur réunion en certaines contingences. Et si nous apparaissions encore hier comme un infime grain de sable dans l’agencement démesuré de l’univers, demain notre race renaîtra et s’élèvera jusqu’au firmament. Les ombres d’hommes laisseront leur place au renouveau, l’évolution ne s’arrêtant pas, et l’homme accèdera enfin à la véritable connaissance du soi. Alors installés dans les espaces du cosmos, nos éveillés règneront en maître absolu.



A. Monroe
»

Albert Monroe… Je ne compris pas, ou ne voulut pas comprendre. Mes yeux ne mentaient pourtant pas. Ce nom ressurgissait à nouveau, accompagné de quelques vagues sentiments d’une solitude infecte. Je restais bête et scrutais longuement le papier, m’attendant à ne plus trouver ces quelques lettres de signature. Il n’en fut malheureusement rien.
Tout à coup, à l’instant où le vent se tut, un terrible claquement survint derrière la vitre. Ce qui avait pu frapper la fenêtre de l’étage à cette heure-ci et dans cette place isolée ne m’apparut d’abord que pure coïncidence. Trompé par un reflet, un oiseau s’était brisé les ailes contre le carreau. Sans plus de plainte, la bête chuta mollement sur le rebord, inerte. Il n’y avait rien d’extraordinaire jusqu’ici, sauf le fait qu’il s’agissait d’un pigeon voyageur porteur d’un message imbibé de cenelle. Je m’empressais de délivrer le mot, transi d’angoisse car cette évènement me rappelait vivement celui de l’ouvrage. Comme je le redoutais, il s’agissait d’une carte relative à un site des alentours d’Albuquerque, au Nouveau-Mexique. Ce lieu où, jadis, mon père disparut dans des circonstances étrangement similaires à celles des érudits mentionnés dans l’ouvrage. Je venais seulement de faire le rapprochement entre ces disparitions et toutes ces années de recherches évaporées dans la nature. Comme Burakh l’avait certainement escompté avant de disparaître, l’ouvrage m’avait mit sur la piste, et malgré l’ampleur que prenait cette affaire, je gardais bon espoir de découvrir la vérité, car depuis cet endroit secret du Nouveau-Mexique, sa voix familière appelait ma venue.
Avant mon départ, je pris soin de fouiller rapidement la demeure, mais il n’y avait entre ces murs qu’un écho silencieux prompt à glacer le sang. Oppressé par ce terrible calme, je regagnai mon véhicule et mis le contact, m’engageant ainsi pour un long voyage jusqu’à Albuquerque. Quelles que furent mes intentions à cet instant précis, à peine avais-je allumé les phares de la Pontiac qu’ils vinrent éblouirent fugacement la gueule salivante d’une masse informe. Et encore aujourd’hui, je revois l’apparence fugitive de cette chose varier au gré des derniers rayons du soleil couchant, tandis que ses yeux de topazes hantent mes nuits, non pas par leur monstruosité, mais car j’y discernais une intelligence terriblement humaine.



FIN

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Message  Invité Lun 29 Sep 2008 - 11:49

Oui, la fin correspond bien à ce qu'on attend... Je dirais que dans l'ensemble l'histoire m'a plu, avec son ton lovecraftien, mais qu'à mon avis elle demande à être relue pour y corriger quelques maladresses et erreurs de langue.

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Message  kazar Lun 29 Sep 2008 - 15:39

Salut Squall !
Voilà le premier de tes textes que je lis et commente.
Tout ça n'est que mon avis, hein ! ;-)
J'ai lu les deux premiers chapitres.

Sur le fond, le premier chapitre ressemble à de littérature jeunesse, un peu comme un "Chair de poule". L'intrigue est facile.
Le deuxième chapitre est beaucoup plus noir, malsain. Il y a là quelque chose de Silent Hill.
Mais j'ai assez peu envie de lire la suite. Je m'explique : la forme , l'écriture, est très lourde. Des adjectifs, des propositions, des virgules, une tripotée de mots inutiles...M'est arrivé de lire un paragraphe en diagonale, comme l'éclair, pour en finir.
Je lirai quand même, pour avoir une vision globale.

Je finis par quelques petits détails :

_‘Il vaut parfois mieux être endormi d’une éternité parmi les plus profonds cauchemars, qu’être réveillé dans l’abjection d’un monde défait qui n’est plus le notre.
Difficile à suivre, cette phrase.

un endroit audacieux car aux aplombs fragiles et situé tout près de la faille de San Andréas
Le car est un peu bancal, avant le et.

J’arrivai en fin d’après-midi après de longues heures passées
Après-après

et car Burakh était un homme énigmatique
Aussi le vieux savant s’était comporté drôlement depuis plusieurs semaines, reclus sur lui-même il ne profitait plus de ses rares apparitions en ville que pour gaspiller son argent dans des ouvrages d’astrologie surannés.
La virgule après semaines serait mieux en point-virgule, qu'en penses-tu ?

et fasciné d’antiquités bizarrement humaine
ce sont les antiquités qui sont bizarrement humaines ? Comprends pas.

La pièce ne figurait plus qu’un espace jonché
et pressentant par une intuition malsaine
On pressent forcément, quand on a une intuition. Non ?

Il faut concevoir l’existence d’êtres pour lesquels la réalité ne possède aucun carcan,
Là, je suis moyennement d'accord sur le fond. Sur laquelle NOTRE réalité ne possède aucun carcan. Une existence (d'êtres) possède forcément UNE réalité.

Des murs fissurés, craquelés, mangés par le lierre, des briques noires et consumées sans pourtant qu’il n’y ait la moindre présence de cendre.
Jusqu'à "sans pour autant" la phrase est belle. Après, cette tournure l'alourdit.

elle figure presque l’un des vestiges d’une antique société oubliée
Encore figurer.

Ce n’est qu’au loin qu’érigées vers les nuages
qu'qu'

Voilou :-)
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Message  Lucy Mer 1 Oct 2008 - 23:14

la sombreure
?
Parfois, j'ai grincé des dents en lisant certaines tournures de phrases ou quelques horreurs que la relecture, conseillée par Socque, devrait te permettre d'effacer.
Pas mal, cette histoire. L'intrigue est solide, tu ne te perds pas dans ton récit et transmets l'angoisse nécessaire à ce type de texte.
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Message  Sahkti Mar 14 Oct 2008 - 12:06

Je commente avec pas mal de retard, désolée.

Ce début ne m'a pas vraiment permis d'accrocher à quelque chose. Pas d'ambiance installée ni d'univers créé, juste quelques esquisses mais un rythme par moments brouillon qui n'aide pas à pénétrer l'histoire.
Et puis il y a la suite, qui me paraît plus aboutie et me plaît davantage. Tu réussis à placer une atmosphère particulière au coeur du récit et tu donnes envie d'en savoir plus. La noirceur gagne peu à peu en densité, je préfère ça. L'action se dessine clairement, les personnages s'affirment; il y a une nette amélioration au fil du récit, qui est prenant et bien mené.

Un bémol tout de même sur certaines phrases un peu longues ou trop chargées, ça serait pas mal d'alléger tout ça, mais ce n'est qu'un point de vue perso. Idem pour des maladresses de grammaire ou de vocabulaire mais ça se corrige facilement ça, il y a des correcteurs "mordus" sur le site :-)
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Message  Squall46 Jeu 16 Oct 2008 - 23:27

Merci pour vos lectures à tous. Le style assez "lourd", chargé, est volontaire bien sûr, disons que je le vois comme une partie importante de l'ambiance.
Pour le fond, j'espère que vous avez recoupé les élements de l'histoire, pour bien comprendre tous les élements qui s'enclenchent, je dis ça parce que tous les lecteurs ne l'ont pas fait sur d'autres forums :).

Sinon, je posterais trés bientôt d'autres textes, dans d'autres genre aussi. Et sans doute aussi mon "texte principale", qui sera bientôt terminé et qui fait déjà une bonne taille. (300 000 carractères environ)

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