Bloc notes

[roro]

Ce n'est pas une nouvelle, c'est un simple texte que j'ai écrit pour exprimer une certaine situation. Je ne sais pas s'il est intéressant ou compréhensible... Je vous le laisse en m'excusant d'avance s'il vous déçoit.

Bloc notes, crayon mine et gomme. Cadeau inespéré. Nous noircirons ces feuilles d’une encre légère. Intemporelle. Nous ne parlerons ni des histoires, ni des mémoires, ni des espoirs. Lorsque deux plumes se rencontrent, le présent est suffisant pour peupler leurs univers et pour satisfaire leur bohème. Nous écrirons. Jusqu’à l’aube. Des mots pas forcément doux, ni forcément beaux. Sur la première feuille je te tracerai ce nuage. Tu continueras par surprise, à ta manière.

Je m’en réjouis d’avance, tellement je bois ces mots. Les seuls pour lesquels il vaille de vivre et de mourir. J’exagère certainement, mais n’est-ce pas là la beauté du geste ? Écrire, écrire, rêver encore et encore. Sur un même espace de fange, déblayer un peu la poussière et inscrire des lettres noires. J’y dormirai, j’y passerai ma vie. Je m’en délecte déjà. Comme ils sonnent vrai, comme ils sont enflammés !

Ciel qui se joue, ciel qui octroie, marée qui se retire, mer qui se donne… Voilà ma main qui te trace ces quelques lignes, pour toi seulement. Toi seul qui comprends et qui accordes de l’importance à ces douces futilités. Dans la cour des enfants permanents, deux mains se rencontrent encore, se retrouvent pour tracer en lettres d’or un présent recomposé. Un mirage? Un présage? Une fée et un dé s’amusent à se rire de la morale, à défier le temps et la rhétorique dépassée. Une fée et un dé s’accordent le temps d’écrire une ligne : et c’est une éternité.

Une fée et un dé... S'accordent à dessiner des vérités.

[Invité]

Très réussi pour moi ! Un texte ferme, assuré, qui dit sans fioritures inutiles ce qu'il a à dire, mais ne dédaigne pas l'ampleur.

J'ai adoré :
"Sur un même espace de fange, déblayer un peu la poussière et inscrire des lettres noires."
"Une fée et un dé s’amusent à se rire de la morale"

[Invité]

C'est très joli, avec des mots, des images qui font rêver (ma préférée, parmi plusieurs autres : Sur la première feuille je te tracerai ce nuage. ). J'aime beaucoup, ça fait du bien de tomber sur ce texte pour commencer la journée.

[muzzo]

J'apprécie car c'est exactement ce que je ne sais pas faire: dire des choses jolies,dans un langage recherché, sans un trame "dramatique", sans une histoire, pour le plaisir des mots: phrases courtes, sans verbes qui alternent avec des phrases au contraire bien développées, des trouvailles ("ciel qui se joue, ciel qui octroie, marée qui se retire, mer qui se donne."..)

[Anne Veillac]

Posté à une heure cinquante huit du matin. Es-tu insomniaque ? Si oui, est-ce que ce sont tes insomnies qui te font écrire des textes aussi beaux ?
J'ai pensé à Baudelaire et à ses poèmes en prose. Non pas que ton écriture ressemble à du Baudelaire, mais parce que, pour moi, ton texte est de la poésie pure, une poésie bien plus belle que lorsqu'il y a des vers.

[Invité]

Un très beau texte, Roro, celui que je préfère.
J'aime "dans la cour des enfants permanents, deux mains..." , "ciel qui se joue, ciel qui octroie..." Un texte tendre.

[roro]

Merci à vous tous pour vos commentaires. Je ne pensais pas que ce texte vous plairait (vu qu'il n'y a pas vraiment d'histoire). Des fois on est surpris...

Pour répondre à Anne : j'ai des périodes insomniaques et en général je suis plus concentrée tard le soir que tôt le matin. Je ne suis pas du tout une personne matinale.

[Oeildenuit]

Un très beau texte, effectivemment.
De belles images et des trouvailles très interessantes.

"Sur un même espace de fange, déblayer un peu la poussière et inscrire des lettres noires"

Ca c'est super, ca aussi :

"ciel qui se joue, ciel qui octroie, marée qui se retire, mer qui se donne"

Pour ce type de " texte " j'apprécie la forme que tu as employée, trois paragraphes court, ne pas trop en faire, c'est très bien.

[Invité]

Pour ce type de " texte " j'apprécie la forme que tu as employée, trois paragraphes court, ne pas trop en faire, c'est très bien.

Oui ! Tout est dit, c'est sobre et percutant.

[Evanescent]

Un beau texte, bravo, j'aime beaucoup.

Par contre l'alitération en 'é' de la fin, j'ai un peu du mal. (un petit détail quand même ^^)

[Lucy]

Joli !

[roro]

Triste et déplorable condition… L’absurdité de ma vie me permet de sonder la profondeur de la bêtise humaine. Je trempe dans des eaux obscures et je vis là mes dernières heures. Je le sais bien. On s’est bien joué de moi tout à l’heure. Jeté comme un malpropre. Pourtant j’avais toutes les qualités pour plaire… « C’est une bonne pâte », disaient mes concepteurs. Ils se sont bien servis de moi tout à l’heure : sucé jusqu’à la moelle et puis viré de la pire des manières. Sans un mot d’excuse. Comme un chiffon délavé. Je le suis à présent, délavé, veuillez bien le croire.

Si les autres apprenaient ça ! Comme ils se gausseraient de moi ! J’étais si fier d’exhiber mon appartenance à cette boîte, tellement décriée par la publicité… Finir ainsi, de cette manière, et ici ! Quelle honte ! Je donnerais tout pour que cela ne se sache pas : j’ai ma réputation à tenir. Je patauge, je m’égare dans la boue, je me noie. Ce n’est pas possible, il faut que quelqu’un me repêche, il faut que quelqu’un – enfin- me voie ! Et pourtant… Je sais que je finirai dans la section des objets inutiles. Il ne peut en être autrement. Ca je ne le conteste pas. Mais devoir en passer par là ! Quelle misère… Je n’aurais même pas droit à une fin « normale ».

Ils mélangent vraiment tout ! A trop remuer la cuillère, on finit par créer du brouillard de légumes ! Il faut dire que je vois plus rien là-dedans moi ! Cette situation commence à me peser, et je risque à chaque fois de me prendre un coup de bâton. Tout ça à cause de cette maudite peste. Pourtant on l’avait bien prévenue : Julie, ne crache pas sur la soupe ! Mais il faut que jeunesse se fasse. Alors eux ils en rigolent et moi j’en pleure. Dans ma potée lorraine je souffre de mille douleurs cuisantes. Pitié, j’ai envie de m’en sortir. Et de reprendre mon activité habituelle.

Mais ce n’est qu’un rêve : ils ont craché le morceau. Je le sais, c’était inévitable. Mais pourquoi si tôt ? C’est ainsi me dira-t-on. Ton suc est parti. Il ne te reste presque plus rien. On prendra des plus jeunes que toi, plus frais et plus prometteurs. Ce n’est pas la même chose que toi : personne ne voudra te reprendre, c’est certain. C’est cette fichue société de consommation : plus rien n’a de la valeur ici. Tout est rapidement mâché et puis refoulé. On ne garde plus rien. C’est fini, j’ai atteint le fond, il n’y a plus d’espoir… Ils viendront me ramasser à la petite cuillère s’ils le désirent, moi j’abandonne.

« Alors, les enfants, vous n’avez toujours pas fini votre soupe ? Normal, depuis tout à l’heure vous n’arrêtez pas de rire. Je me demande bien ce qui peut autant vous amuser ! Elle n’est pas si risible que ça ma soupe, non ? Regarde Julie, il y a un objet bizarre dans ton assiette, on dirait une boule bleue ! Julie… Tu n’as quand même pas craché ton chewing-gum dans ta soupe ? Si? Pas de dessert pour toi ce soir. Max pareil puisque ça te fait tellement rire. Et je confisque votre provision de sucreries ! »

[Invité]

Amusant ! Je cherchais de quoi on parlait... Vous avez un style très naturel, je trouve.

[Sahkti]

Premier texte:beaucoup de jolies choses, de la poésie, de belles images et une langue qui s'écoule lentement, sûrement.

Second texte: sympathique mais je suis plus réservée sur la forme, que je ne trouve pas assez spontanée par rapport au sujet abordé.

[muzzo]

Les mémoires d'un bubble gomme, en somme! L'idée st originale. L'ensemble gagnerait à être plus concis, mais j'apprécie l'idée, le "suspense".

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