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Errances

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Message  Loreena Ruin Lun 6 Oct 2008 - 16:22

A l'origine du premier texte, mes interrogations sur l'écriture de mon roman, Chimères, dont certains ont déjà parcouru le début. Je ne sais pas trop quoi en faire, j'avais envie de l'intégrer au début de l'histoire, tout en gardant le mystère sur le narrateur..puis je me suis dis que mon style de récit dépareillait vraiment de trop par rapport à ce qui suit (et que je ne sais pas comment définir: dialogue intérieur?). Je précise que s'il vous paraît obscur, c'est normal..d'ailleurs je l'ai écrit presque entièrement dans un état proche de l'"écriture automatique"...les textes qui suivent sont une sorte de suite à ce texte d'introduction, j'ai mis entre parenthèse des indications pour que vous vous y retrouviez un minimum. Il n'y a pas de fin pour l'instant, vu que j'ai renoncé au projet de l'intégrer à mon livre. Si vous voyez ce que je pourrais en faire, n'hésitez pas à me le dire! J'espère que vous ne vous perdrez pas ;-)!




Je marche seul dans les collines. L’herbe sèche, brûlée par le froid, craque sous mes pieds. Lorsque je regarde au loin, le même paysage se répète à l’infini – et chaque pas semble me faire reculer. Le soleil embrumé me dévisage de ses yeux de cendre. Le vent souffle.

Je n’ai jamais aimé cet endroit. Je m’y sens comme un peintre devant une toile blanche, comme si tout restait à construire.

« Tu es enfin de retour »

Tiens, tu es là…fis-je, à peine surpris.

« Tu as été long »

Peut-être. Je dois achever notre histoire.

« Je sais »

Tu sais ce que cela signifie ?

Silence.

Du plus loin que je me souvienne, cet endroit, c’est mon passé et mon futur – l’avant et l’après. S’il existe un « présent », il n’est rien d’autre que l’instant qui transforme l’avenir en passé.
J’ai cherché toute ma vie à échapper à cet endroit, à son immensité terrifiante – miroir du vide inconscient de ma vie, nuage sombre d’une existence faite d’éternelle errance.
Dans ce monde – qui reflète autant ce que je suis que ce que je ne veux pas être – mon seul réconfort c’est « Elle ».
« Elle » est toujours là. Je ne l’aime pas vraiment, je sais juste qu’elle m’est indispensable. Je ne me suis jamais senti moi-même autant qu’avec elle.

« Veux-tu voyager avec moi ? »

J’hésitais. C’était tentant. Cela l’a toujours été. Combien de fois avais-je accepté de me donner tout entier à Elle, de me laisser tomber en son pouvoir, de me faire emporter par sa créativité et malmener par sa perfection ?
Je n’ai eu de cesse de vouloir l’imiter sans jamais l’égaler. L’accompagner – une fois de plus – ne ferait que m’enfoncer davantage dans ma médiocrité…

Je ne sais pas.

« Allons, courage. Il le faut. Tu es là pour ça. Si tu n’achèves rien, rien ne pourra commencer. Et tout cela aura été vain »

C’est ma vie. Je décide. Je n’ai pas besoin de toi pour finir.

« Pourtant tu es là »

J’ignore pourquoi.

« Au commencement »

Je veux que tout cela se termine.

« Si tu ne viens pas avec moi, tu n’y arriveras pas. Tu ne le feras pas. Tu as oublié. »

Je n’ai rien oublié.

L’air devint soudain frai – le ciel gris, lumineux. Un temps idéal pour s’évader.
Elle avait raison. J’avais renoncé. Je n’avais pas l’intention de finir. Je ne finirais jamais.
Qui s’en soucierait ?

« Tu as peur ? »

Ce n’était pas une question. Bien sûr que j’avais peur. Peur d’aller avec elle. Peur de ne pas y aller.
J’ai toujours détesté les fins tragiques. Les débuts, les découvertes magiques et les départs à l’aventure, voilà ce qui me plaît. On m’a toujours dit que je ne vais pas jusqu’au bout, que je ne termine pas ce que je commence. C’est ça, d’adorer la perfection au point de ne pas finir ce qui n’en vaut pas la peine…

«Viens »

Je fermais les yeux. Lorsque je les rouvrais, le paysage avait changé. Mais je sus immédiatement où j’étais.
Une petite chaumière de pierre, à la porte en bois qui fermait mal, trônait devant moi. Tout était recouvert de neige. C’était le matin.

« Tu te souviens ? »

Bien sûr.

Quelques secondes s’écoulèrent. Les oiseaux chantaient.

J’avais oublié que le torrent gelé était si beau.

« C’est pourtant ainsi que tu l’as décrit. »

Pourquoi m’as-tu amené ici ?

« Pour que tu voies le chemin que tu as parcouru. »

Et maintenant ?

« Assieds toi et observes ; quand la fin est proche, il faut revenir en arrière et se souvenir. »


(fin de la première partie du livre, dans la salle de réception d'un château médiéval)


« Te souviens-tu ? »

Les murs de la grande salle du château s’estompent ; les voix se font murmures. Le sol sablonneux s’agite en tourbillons autour de moi. Quelques pierres, ça et là, se dressent.
Peut-on à la fin oublier le début ? Tout cela coule en moi comme ma propre vie.

« Es-tu décidé maintenant ? »

Ici, je respire, je vibre, je suis, partout – et nulle part. Si je mets un terme à ce monde, ne me condamnerai-je pas au même sort ?

Je n’ai rien décidé. Continuons.

...
(fin de la seconde partie du roman, près d'une montagne appelée la Montagne de Glace. L'héroïne vient de subir une dure épreuve)


Cela suffit.

« Au contraire »

Nous sommes allés trop loin. Je n’ai plus envie de continuer.

La Montagne de Glace se fait lointaine. Les nuages grondent au-dessus de ma tête. Une goutte d’eau tombe. Lentement, les rochers se recouvrent de flaques, et bientôt, il pleut.
L’air est lourd, pesant sur mes épaules – j’avance entre des miroirs vitreux, qui ne reflètent rien.

Tout est sombre et chaotique.

« La lumière renaîtra. N’oublie pas qui Ils sont. N’oublie pas que tu n’es rien sans… »

Je ne veux pas revivre ça.

« Ils ont besoin de toi. Nous avons tous besoin de toi » insista t-elle.

Répétitif, tout ça.

Je retourne à la vie, déclarai-je sans en être convaincu.

« En les privant de leur souffle ! »

L’orage est proche. A travers le rideau de pluie, je vois les pierres qui claquent, avant de se perdre en ruisseau.

Pourquoi je marche.
Pourquoi j’avance.
Sont-ce des questions ou des affirmations ?

Au loin, la Montagne appelle le tonnerre.

Vivent-Ils par moi ou est-ce moi qui vit par eux ? Leur chemin s’écarte du mien – je les suis sans les suivre. Je ne les ai pas abandonnés : Ils ont continué le voyage sans moi, depuis longtemps.

Je ne suis rien.

« Je ne suis rien » répéta t-elle en échos.

Tu es toute seule, nul besoin de moi.

Il pleut. Marche marche – Marche marche, fait la grève mouillée sous mes pieds.


Où vas-tu ?

Marche marche – Marche marche.


Je me suis arrêté. L’orage est derrière moi maintenant. Un trou dans le ciel laisse rayonner le soleil. Sa lumière m’éblouit – je baisse les yeux.

A mes pieds, une fleur a poussé. C’est étrange – une fleur au milieu du désert.

« Tu les aimes, n’est-ce pas ? »

Pourquoi une fleur a t-elle poussé à cet endroit ? Qui voudrait vivre ici ? Tant de temps passé à se tirer des entrailles de la terre – pour ne rencontrer que ce soleil gris et son royaume d’illusions. Pourtant, on dirait qu’elle ne se porte pas si mal. Et moi ?

Oui, je les aime…

« Alors, tu restes ? »

Il ne sert à rien de répondre. Elle a toujours vu ce qu’Elle voulais là où il n’y a rien. J’ai aimé son élan – je l’ai haït aussi. Cela m’est bien égal aujourd’hui. Je vais regarder la fleur pousser.

...

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Message  Invité Lun 6 Oct 2008 - 17:17

Honnêtement, je n'ai pas pu lire jusqu'au bout : j'ai l'impression que ces textes auraient besoin de s'intégrer à un contexte, qu'ils ne "tiennent" pas tout seuls... Si maintenant vous trouvez qu'ils alourdissent votre récit, il ne faut pas hésiter, à mon avis, à les écarter... A vous de voir. Je peux seulement dire qu'en fragments isolés, ils ne m'ont pas intéressée.

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Message  Loreena Ruin Lun 6 Oct 2008 - 17:33

Merci! Je me doutais un peu que cela ne passerait pas "seul", mais j'attends d'avoir d'autres réactions. j'ai recherché ici un style épuré, qui ne repose sur rien, sinon des images et un dialogue qui peut apparaître insensé (dans le contexte comme hors du contexte ;-))...l'important étant le mystère et la poésie: pas ce qui ce dit. Je joins deux poèmes à cette réponse, qui sont directement liés à ces "errances solitaires".

Amicalement,
Ruin.


Néant

Allongé sur un lit d’ombres apprivoisées,
L’esprit s’échappe vers de lointaines contrées
Etendues sans vie de collines dénudées.
Le vent souffle - il porte le chant désespéré
De ceux dont le sourire, un jour, s’est effacé.

Le Monde réduit à une feuille vierge,
Et le Présent à un caillou sur la berge
D’un océan de souvenirs, futurs à venir –
Qui du passé a fait son dernier soupir.

Ici, le temps est un enfant qui joue aux dés,
Un enfant qui s'enfuit et n’est jamais rattrapé.
Aujourd’hui et demain, quelle fatalité
Ici, il n’y a que la nuit, qui pour la clarté
Sans hésiter, est prête à se sacrifier.

Infime espoir de la flamme du dernier cierge,
Les cauchemars viennent et me submergent
Enfin, le moment est venu de souffrir
Et dans le noir, rayonne mon dernier sourire.


L’Aube de la nuit

Son cœur, fleur fanée, est comme l’eau gelée.
Prisonnier d’un temps passé, oublié
Il vit dans un torrent de rêves souillés.

« Vois cette plaine balayée de mil’regrets
Le vent souffle
Il porte le chant désespéré
De ceux que la mort a exilé.
Vois ces êtres qui ont péri pour vivre
Le sacrifice
Sans les rendre plus libres,
Les a rendus, de sang plus ivres. »


« L’Histoire se souvient et nous emprisonne. »
Tel un souvenir effacé, il erre dans la brume
Sa mémoire est hantée des cris d’horreur,
De cette lointaine rumeur, qui le consume.
Le sang innocent sèche sur ses mains sans couleurs,
Dans son regard absent, les remords résonnent.

« Marchez, chevaliers du silence,
Le temps vous fuit.
Comme de noirs fantômes parmi les ruines,
Vous n’êtes qu’ombres et absences
Des jours de pluie.
Marchez, âmes perdues, par-delà les collines
A jamais la souffrance
Sera votre vie. »


Courage, honneur et fraternité…
Ici le règne des illusions s’achève.
Et si jamais il y a une éternité,
Elle ne laisse en nous qu’un vide immense,
Car au-delà de toute cette existence,
Rien n’a plus de sens, quand se lève
L’aube de la nuit.


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Message  Sahkti Sam 11 Oct 2008 - 12:49

Il y a de bonnes choses dans ces lignes, mais j'ai le sentiment que le fait de distiller à outrance l'idée maitresse ne permet pas de les mettre en valeur. Au bout d'une vingtaine de lignes, j'ai eu l'impression de lire et relire la même chose.
Peut-être devrais-tu présenter cela autrement, regrouper certains éléments et puis glisser ci et là une action, un autre personnage, bref quelque chose qui briserait cette monotonie.
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Message  Invité Sam 11 Oct 2008 - 13:18

Je marche seul dans les collines. L’herbe sèche, brûlée par le froid, craque sous mes pieds. Lorsque je regarde au loin, le même paysage se répète à l’infini .
Il faudrait changer dans les collines pour sur les collines, se qui écarte l'hypothèse qu'en face, au bas, au flanc d'une colline, aucun paysage ne se répète au loin mais seulement la-dite colline. Ou alors modifier subtilement la suite:
Lorsque je regarde autour,...]
J'espère que tu as saisi ce que j'essaye avec peine de t'expliquer.

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Message  Loreena Ruin Sam 11 Oct 2008 - 13:58

Merci de ta remarque Sahki! Comme je l'ai dit, j'ignore vraiment ce que représente se texte et je comprend que ça soit rébarbatif: je n'attend pas qu'on aime. Mais la répétition est voulue: le texte, la forme et les mots traduisent ce que ça dit.

Pandaworks, je suis désolée mais je ne t'ai peut-être pas compris. Toujours est-il que certaines phrase peuvent être belles sans avoir de sens: il ne faut pas toujours chercher la logique.
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Message  Evanescent Mer 10 Déc 2008 - 14:50

Il y a des phrases que j'aime beaucoup mais en effet au bout d'un certain temps je trouve que tu tournes un peu en rond. peut-être aussi du fait que tu nous donnes ces "bouts de textes" les uns après les autres. Insérés dans ton roman ils le paraîtraient sans doute moins.
Et plusieurs fois tu accumules les lieux communs. C'est dommage.

J'aime beaucoup :
Le soleil embrumé me dévisage de ses yeux de cendre. Le vent souffle.
S’il existe un « présent », il n’est rien d’autre que l’instant qui transforme l’avenir en passé.
J’avais oublié que le torrent gelé était si beau.

« C’est pourtant ainsi que tu l’as décrit. »
Les murs de la grande salle du château s’estompent ; les voix se font murmures. Le sol sablonneux s’agite en tourbillons autour de moi. Quelques pierres, ça et là, se dressent.
Peut-on à la fin oublier le début ?
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Message  Loreena Ruin Mer 10 Déc 2008 - 15:06

Oui tu as raison...à l'origine c'était en effet situé à la fin de chaque partie du texte et les paroles du narrateur ("je") étaient en italiques, ce qui rendait tout ça plus clair (mais j'ai oublié de le faire quand j'ai posté). Le côté répétitif est voulu: ce sont des idées que le narrateur ressasse sans cesse, qui le travaillent...mais il y a une évolution progressive dans le questionnement (qui va de pair avec le paysage, de plus en plus présent) qu'il faudrait sans doute mettre en valeur...peut-être que je vais réfléchir pour en faire une histoire indépendante de Chimère, sur le travail d'écrivain. Mais là, tout reste à faire.

En tout cas, merci d'avoir lu, c'est ton texte qui m'a fait penser à ce que j'avais pondu il y a quelques mois (et que tu as du sortir des oubliettes pour commenter^^), je ne sais pas trop pourquoi...peut-être à cause de la prose "poético-absurde" dont tu as parlé (je sais pas si c'est le terme exact) car c'était un peu la même démarche que j'avais ici.

A bientôt,
Ruin.
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Message  lilicub Mer 10 Déc 2008 - 17:49

il faut que je relise au calme plus tard, mais voici quelle est ma première impression :
ceci n'a rien à faire dans ton roman (dont j'ai lu quelques bribes), pas sous cette forme en tous cas, car ton roman est très classique et linéaire dans sa forme alors que ces textes là flottent sans autre logique que le fil de la pensée quasi automatique.

ou alors cela serait la transcription du rêve d'un protagoniste qui serait inséré , comme une ouverture vers des pensées inconscientes ? peut être alors...

j'aime énormément le premier : cela pourrait être un texte qui se suffit à lui même

les autres me "parlent" moins.

lilicub

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