Géodésie des fleurs à étendre (textes adultes)

Invité Ven 10 Oct 2008 - 17:07

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As the crows flies
(à vol d'oiseau)

C'était la première femme à m'avoir cuisiné quelque chose au petit-déjeuner, du pain perdu, oui: des “french toasts” comme on dit en anglo-saxon. Je ne sais pas pourquoi une seule et une seule seulement y a pensé. Qu'a force de servir les autres j'aurais peut-être quelquefois le désir d'une chouette soubrette qui me dore du pain le cul en arrière, comme ça mise sur la tranche.

Nous avions parlé géographie, de quel coté frappe la mousson de Novembre, parce que je ne le savais pas. On fumait des clopes à la menthe par dessus un café léger et vraiment je bouffais de ce pain sans déplaisir. C'était bien, les pieds sur le marbre frais et son sourire orienté Sud-Ouest, juste en face de ma gueule. Il n'y avait ni télé ni musique mais nos voix et ce parfum dans l'air béton-jasmin: nous avions ouvert la fenêtre pour qu'un torrent d'air baigne le living avant la canicule d'après. L'équateur vous cajole jusqu'à 8AM et vous gondole à 9AM, c'est comme ça depuis le soleil.

En reposant ma cuillère je lui ai demandé si ça la dérangerait si nous baisions encore une fois.
Avec plaisir, elle m'avait dit, en voyage dans mes bras. Porter une femme avec des muscles c'est encore chouette comme geste et la poser délicatement sur le lit, y enfouir sa langue sans discussion. J'ai bien peur que la suite ne vous laisse à-part , sauf peut-être l'image de son visage si beau la bouche pleine de vie.

Dehors, un corbeau s'en branlait comme de l'An-Quarante.

Si d'aventure je regrette une aventure, c'est celle-ci. Son visage, le pain et ses sourcils. Des mille et une nuits qui ne durent qu'une quinzaine et s'achèvent un baiser sur le front et un pas sur le coté. C'est à ce moment que vous comprenez que vous perdez.

Quand le bus se barre, il reste encore un peu de la douceur sur les doigts et le goût du front un peu. Faire coucou de la main dépasse l'entendement. L'homme en général déglutit à ce moment précis. N'importe lequel.
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Invité Ven 10 Oct 2008 - 17:11

Chapeau ! J'adore cette ambiance d'érotisme désabusé. J'ai trouvé le tout très bien écrit, avec des notations par-ci par-là qui font complètement entrer dans le texte (à défaut d'enfouir sa langue dans la dame).

Toute la fin, à partir de :
"Dehors, un corbeau s'en branlait comme de l'An-Quarante.", est à tomber par terre !

Sahkti Ven 10 Oct 2008 - 17:55

Censure, je ne vois point où il devrait y en avoir.
Sensuel et poétique, élégant aussi. Panda en forme, quoi :-)
Il y a des petites merveilles dans ce texte!

AdamReith Ven 10 Oct 2008 - 18:42

A partir du moment ou il repose sa cuillère, j'ai adoré. L'onanisme du corbeau m'a pas mal surpris, y'a eu relecture de la phrase sur le coup. J'espère que panda a écrit plein d'autres trucs car je file à la recherche de ces précédents textes.

Invité Ven 10 Oct 2008 - 18:53

J'aime cette sobriété, on est soi sans apprêt, les choses se disent simplement, les mots portent et l'émotion est réelle. Tout me plaît, du début à la fin.

mentor Ven 10 Oct 2008 - 19:16

Panda t'es vraiment pandable !
comment on peut écrire comme ça ?
c'est à rendre jaloux Clézio soi-même
;-)

Invité Ven 10 Oct 2008 - 19:31

Ce que je trouve extraordinaire dans tes textes, Panda, c'est cette impression ( je ne sais pas si je vais arriver à l'exprimer): tes mots sont denses mais ils tiennent ensemble dans une construction "aérée", pleine de trous (non, c'est "pas fermée" que je veux dire), un peu de guingois, une architecture à l'équilibre improbable; un truc qui donne le vertige. Il y a tout le temps du jeu, rien n'est bloqué, c'est fabuleux d'écrire comme ça !

Invité Sam 11 Oct 2008 - 11:51

Coline, je ressens quelque chose de semblable : ça pourrait se casser la figure et ça tient bellement debout. Et puis il y a cette densité qui sait cependant laisser respirer ; le lecteur n'étouffe pas, il muse, il grapille des émotions, des images.

Evanescent Sam 11 Oct 2008 - 17:03

Je ne vais pas essayer de répéter ce que coline a dit, j'arriverai pas à le dire aussi bien ^^ mais je m'allie à l'avis de coline et island.

Chapeau, l'ambiance est magnifiquement exprimée.

J'aime beaucoup :

En reposant ma cuillère je lui ai demandé si ça la dérangerait si nous baisions encore une fois.
Avec plaisir, elle m'avait dit, en voyage dans mes bras. Porter une femme avec des muscles c'est encore chouette comme geste et la poser délicatement sur le lit, y enfouir sa langue sans discussion. J'ai bien peur que la suite ne vous laisse à-part , sauf peut-être l'image de son visage si beau la bouche pleine de vie.

Bunje Sam 11 Oct 2008 - 18:35

J'ai aimé, vraiment.

J'ai pensé à du Henry Miller, mais t'a pas continué sur quoi tu nous invitais. La séance au déjeuner est là avec les détails qui la rende intéressante. Après tu as changé pour nous faire sentir comme cet oiseau, un spectateur qui doit sans doute s’en foutre. Une caméra subjective placée en voyeur comme dans la sensualité des films wong kar-wai.

C'est un choix de ne pas avoir voulu développer ce côté?

Bunje Sam 11 Oct 2008 - 18:39

Invité Sam 11 Oct 2008 - 18:54

Bunje a écrit:s

Merci pour vos commentaires. Je vais bosser un deuxième rédigé de cet- après midi. Bunje, il n'y a pas vraiment d'intention dimensionnelle dans mes textes, je veux juste raconter des histoires avec le langage dont je dispose,
qu'il est très prétentieux de vouloir détailler ici sur Ve. Je continue ce boulot avec patience.

panasonic Sam 11 Oct 2008 - 20:09

pandaworks a écrit:En reposant ma cuillère je lui ai demandé si ça la dérangerait si nous baisions encore une fois.
Avec plaisir, elle m'avait dit

Bon, franchement, il faut être sacrément coincé pour tenir un dialogue pareil avant de passer à l'acte ( surtout la réponse de la nana- aïe! ) Ca a un certain charme, c'est courtois; expression de la pudeur voire de l'admiration que voue le narrateur pour cette femme, certes. Mais n'a t-on pas trop parlé? Je pensais que le silence d'un regard ou d'un geste était bien plus aphrodisiaque. Mais bon, après, chacun son truc, hein.

Chapeau circonflexe à "coté".
Un, deux soucis avec la ponctuation.
Une, deux phrases sonnent bizarrement.

Sinon, j'ai aimé cet instantané sensible en gros plans. L'image de la déglutition est une jolie trouvaille.
Effectivement, une suite ne serait pas de trop.

A+

Yali Sam 11 Oct 2008 - 20:26

Je comprends le texte et j'aime
Je comprends rien aux commentaires…
Pas ceux de pana qui, mal aiguillés, me semble < et ré-aiguillés par la modération ! >

panasonic Sam 11 Oct 2008 - 20:34

Merci Yali.

Mais "mal aiguillés", mes commentaires? Ah bon? Pourquoi?

Invité Sam 11 Oct 2008 - 21:07

Yali a écrit:Je comprends le texte et j'aime
Je comprends rien aux commentaires…

OH ?

Kilis Dim 12 Oct 2008 - 8:22

Je tourne autour de ton texte depuis que tu l'as posté. Je le lis et le relis toujours avec le même plaisir. J'adore ton art de dégager des images si particulières et infiniment poétiques. Ça me rend dingue pare que je n'arrive pas à capter comment tu arrives à ça, à cette "matière dense" qui me ravit.
Tu es une énigme, cher Panda, tu es le sourire de la Joconde.

milo Lun 13 Oct 2008 - 17:29

c'est vraiment superbe...

milo Lun 13 Oct 2008 - 17:29

j'en perds mes mots

Bluewitch Lun 13 Oct 2008 - 18:35

Je suis passée par ici, justement parce qu'il y avait la parenthèse au titre, fausse mise en garde plutôt mise en bouche, on entre, curieux(se), et on se délecte absolument.
Ton sens de l'image poétise sans que la présomption lui élargisse le col.
Beaucoup aimé. Vrai.
Et c'est évident: le pain perdu est un délice.

Rebecca Ven 18 Sep 2009 - 22:41

Je ne sais pas pour le pain perdu mais le temps perdu dans le catalogue à y chercher des prétextes à lire , des vrais textes ,délires ou pas, est aussi délicieux au p'tit déj qu'au souper .
Parfois , trempé dans le café du matin ,ou dans le velouté du soir , le gain perdure et on se retrouve à déguster des histoires de corps beaux que tout le monde a déjà lues ou presque!
Ce presque mérite qu'on s'y attarde, non ?
Bon appétit.

CROISIC Sam 19 Sep 2009 - 9:13

Merci Rebecca d'avoir fait remonter cette "perle asiatique" qui m'avait échappé. Le catalogue est copieux et je pense avoir encore d'autres belles découvertes à faire. Ce très beau texte a illuminé mon samedi pluvieux.

Chako Noir Sam 19 Sep 2009 - 11:44

Wah, je la connaissais pas celle-ci grand frère! Croisic a raison de parler de perle, je ne vois pas d'autre mot. A tomber par terre, tellement que c'est beau, tellement que c'est vrai, tellement que ça fait chier que ce soit vraiment beau et bellement vrai.

Sahkti Sam 19 Sep 2009 - 12:48

Rebecca a écrit:le temps perdu dans le catalogue à y chercher des prétextes à lire

passé plutôt que perdu, non ?

Sahkti Sam 19 Sep 2009 - 12:49

Et vrai que ça fait du bien de le (re)lire, ce texte !

mentor Sam 19 Sep 2009 - 13:03

Sahkti a écrit:
Rebecca a écrit:le temps perdu dans le catalogue à y chercher des prétextes à lire
passé plutôt que perdu, non ?

le temps passé à chercher est perdu
le temps passé à lire est passé et gagné
bon, ça va, j'arrête de te contredire
:-)))

Oui, du très grand Panda

Sahkti Sam 19 Sep 2009 - 13:07

mentor a écrit:bon, ça va, j'arrête de te contredire

ça, c'est juste parce t'es encore en train de chercher les cent balles de l'hôtelier au fond de ta poche qu'est pleine d'oursins et que tu les retrouves pas et t'enrages parce qu'il va te les falloir pour aller t'allonger sur le divan du psy !

silene82 Sam 19 Sep 2009 - 16:01

Mon vieux pingouin des bruyères du cap Chèvre, j'ai lu quelque part, sous ta plume, que tu serais mauvais écrivain mais bon lecteur.
Ce qui revient à dire que tu cherche l'embrouille et que plein de véliens vont se demander à quoi joue ce funambule, avec ses petits mots de rien du tout, même pas savants même pas du Littré, avec lesquels il bricole quelque chose qui fait penser au mime Marceau, du temps qu'il parlait encore par battements d'aile.
Je préfère d'autres tableaux de toi, mais si concis et si évocateur, celui-là n'est vraiment pas mal. Comme un lavis bien torché.

Invité Dim 20 Sep 2009 - 11:43

La vie bien torchée, t'as raison Silène, même si cette orthographe me parle davantage.

Invité Dim 20 Sep 2009 - 12:14

Z'en voulez encore ?

Chako Noir Dim 20 Sep 2009 - 12:19

Ouiiiiiiii !!!!!!!!!!

Rebecca Dim 20 Sep 2009 - 12:36

Bon chako noir et moi ça fait pas encore une foule en délire , mais ça y ressemble !

silene82 Dim 20 Sep 2009 - 13:23

pandaworks a écrit:Z'en voulez encore ?

Envoie toujours, on te dira après...

Invité Mer 22 Mai 2013 - 16:13

ça ne peut pas faire de mal : tout est là
panda il y a certains textes de toi, certaines expressions, tonalités qui me poursuivent

Invité Mer 22 Mai 2013 - 16:38

pandaworks a écrit:Z'en voulez encore ?

des comme ça,
alors là, oui
carrément!

et dire que j'étais passée à côté...

c'est très fort
très
pfiew!
la joie que c'est après lecture...

je n'isolerai rien pour commenter
je n'y arriverai pas
ne pas bouger le bloc, surtout
même pas je commente
je n'y arriverai pas non plus

Panda...comment dire
non, rien.

obi Jeu 23 Mai 2013 - 7:33

Panda, c'est magnifique!!! Je ne t'avais pas lu encore je crois. C'est suspendu, c'est un monde parallèle, c'est...Yap(and)admots. Fort, très fort en émotions et pudique.

Invité Jeu 23 Mai 2013 - 20:00

Ah quel plaisir de relire ça ! Merci, Obi, de l'avoir remonté !

Anne Veillac Sam 25 Mai 2013 - 6:48

Tout a été dit. Je ne copierai pas sur les autres. J'aime beaucoup.

Anne Veillac Sam 25 Mai 2013 - 6:53

Si, je fais quand même un commentaire...
Ce qui me plaît c'est qu'il n'y a pas de fioriture. C'est simple et très fort à la fois. Quand on lit, on est dans le texte et on ne voit pas l'auteur en train d'écrire.
Et puis, ce qui est important, c'est le début. Sinon, on décroche. Et là, cette histoire de pain perdu...

bertrand-môgendre Mar 11 Juin 2013 - 18:46

silene82 a écrit:
pandaworks a écrit:Z'en voulez encore ?

Envoie toujours, on te dira après...

Depuis le temps que j'attends, il est vraiment l'heure de te pencher sur ton pupitre, gars.

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