Jérémi ou de l'inconscience d'être un rat au XXème siècle

[Ole Touroque]

Jérémi fût long à naître
Une tête de deux pieds
Et un corps d'un mètre
Le docteur eut l'air effrayé
Mais rien n'y fît.
Dans une basse zone
Belge Jérémi naquît
Dans la main grasse d'une bonne.

Il a tâché ses premiers draps
De continents de sang noir
Et les léchait pour ne pas voir
Sa parenté avec les rats
Ses poils poussèrent si longs
Le long de ses côtes
Aimèrent sa face sotte
Et lui rongèrent le front

A l'age de douze ans alors qu'il savourait
Dans sa chambre une lune de fromage
Feu locataire du frigidaire débrayé

Son père, artisan dans la force de l'âge
Adepte des rongeurs dans la cheminée
L'étouffa d'un fil bleu sans le moindre tapage.

[Invité]

Ouah, chapeau ! Ça arrache, c'est puissant, j'adore ce goût âpre de rage et d'angoisse.

Bravo notamment pour :
"Jérémi naquît
Dans la main grasse d'une bonne.

Il a tâché ses premiers draps
De continents de sang noir
Et les léchait pour ne pas voir
Sa parenté avec les rats"

Je vous signale les quelques fautes :
"Jérémi fut long" (pas d'accent sur "fut" au passé simple)
"Mais rien n'y fit" (même remarque, pas d'accent circonflexe sur "fit" au passé simple)
"Jérémi naquit" (idem pour "naquit")
"Il a taché ses premiers draps" ("tâcher", c'est "s'efforcer de", par exemple d'accomplir une tâche, un travail ; mais quand on fait une tache sur un vêtement, on le tache)
"A l'âge de douze ans "

[Yali]

Je rejoins socque, j'ajoute que qui plus est, ça ferait une bonne nouvelle.

[mentor]

ouark ! c'est quasiment aussi dégueulasse que le cloporte de Kafka
en plus court
;-)

[Evanescent]

oO chapeau, là !

[Tristan]

J'ai lu et relu, mais, désolé, je n'ai pas saisi l'intérêt du texte. Les rimes donnent un côté un peu trop "précieux" au propos. Enfin, je trouve... (c'est vraiment un avis personnel, vu que je ne suis pas fan des rimes en général :-) )

sinon, ça, j'ai aimé :

De continents de sang noir

et ça aussi :

Jérémi fût long à naître
Une tête de deux pieds
Et un corps d'un mètre

sinon, à part la "lune de fromage", je trouve que ça manque cruellement d'images

[Invité]

L'expression me paraît forcée par endroits et maladroite :
Ses poils poussèrent si longs
Le long de ses côtes
Aimèrent sa face sotte

Dans sa chambre une lune de fromage
Feu locataire du frigidaire débrayé

et je crois qu'il y a un problème de temps ici :

Il a tâché ses premiers draps
De continents de sang noir
Et les léchait pour ne pas voir

Mais l'ensemble est plaisant, cruel à souhait.

[Sahkti]

Ton texte m'a fait penser au symbolisme d'Ensor, à cette manière de croquer la non-normalité dans ce qu'elle peut avoir d'humain et aussi de glauque.

[Invité]

Ou à l'univers de Claude Verlinde
http://www.galerie-boulet.com/fr/Detail_serie.lasso?-token.langue=fr&ref=VERtirCONSEIL
http://www.galerie-boulet.com/fr/Detail_serie.lasso?-token.langue=fr&ref=VERLtirARBRE

[pierre-henri]

ça commence joliment... mais ensuite, un peu comme Tristan, je n'ai rien trouvé d'étonnant, de palpitant, d'émouvant. Bref, j'ai fait chou blanc.

[DK]

Joli ;o) Je trouve ça pas mal du tout!

La bassesse de la fin est à la hauteur de la triste bizarrerie de l'énoncé de cette courte vie...

[Ba]

Aux premières chaleurs les " rats " s'en reviennent et celui-là mieux qu'un autre mérite une bouffée de lectures nouvelles.

[Invité]

Un univers à la Kaspar Hauser. J'aime bien aussi.

[loic]

je trouverai cet adjectif :

ce texte déborde de "vaillance..."

il marche décidé, l'oeil vague sur une mer de sillons

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