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bruissement d'ailes

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Message  desaparecer Lun 27 Oct 2008 - 23:28

Bruissement d’ailes


C’était Noël, alors que je terminais avec succès de me persuader que Noël était un jour comme les autres et que rien ne m’obligeait à faire quelquechose de « spécial ». Dans un sens, ce Noël ci était quand même assez « spécial ». J’avais battu une sorte de record personnel cette année. Cela faisait quatre mois que je n’étais pas sorti de chez moi. Derrière ma fenêtre, je regardais le jour se lever, puis se coucher. Sur le mur de ma chambre j’avais tracé des petites barres, elles même traversées d’un trait bien droit dès que j’en atteignais cinq. Vingt huit jours passés sans adresser la parole à qui que ce soit, cinq jours allongés à ne rien faire si ce n’était regarder le soleil se lever, s’éloigner de ma fenêtre, le jour tomber, la nuit avancer, ou encore dix huit jours sans me laver. Internet comblait tous mes besoins, je me nourrissais grâce aux supermarchés en ligne.
Il y avait cependant toujours quelqu’un pour me tirer finalement de ma léthargie. Et ce jour là Orlane a toqué à ma porte
- C’est quand que tu viendras plus ?
- J’sais pas, quand tu seras plus mon frère ?
- Si c’est pour faire un test ADN je sortirai peut être…

Elle a posé par terre quelques paquets préparés par ma mère, s’est assise sur le matelas et m’a regardé
- Tu pourrais quand même mettre un pantalon
- C’est con, ils sont tous au sale.
- Faudra bien que tu te décides à revenir parmi nous
- Considère que je suis en voyage, je peux t’envoyer des cartes postales si ça te décide à me foutre la paix.
- Colin… qu’est ce qu’on t’a fait ?
- On m’a fait bli… Ca te fait rire ? bon, sur ce ma petite sœur…
- Salut et heu… Joyeux Noël

Je l’ai regardé partir par la fenêtre, sa silhouette disparaissait lentement, un petit regard vers ma fenêtre et elle s’est engouffrée dans une bouche de métro. Elle était assez de mon sang pour savoir que je la guettais jusqu’à ce qu’elle disparaisse. Je me suis assis par terre, allongé, puis j’ai plus pensé à rien.
En émergeant du vide, j’ai observé les paquets que ma sœur avait posé sur le sol. Environ deux heures après, j’ai réussi à me lever pour les ouvrir. Y avait une enveloppe et de l’argent. Au début mes parents, exaspérés avaient essayé de me couper les vivres. Puis quand on m’avait retrouvé considérablement amaigri et incapable de me mouvoir, je veux dire physiquement, ils avaient abandonné et m’envoyaient régulièrement de l’argent. Je sais pas comment ma sœur avait réussi à soudoyer le facteur, mais il me glissait les lettres sous la porte. Ils ont vite compris que ne plus sortir impliquait aussi ne plus descendre chercher mon courrier.
J’étais donc tranquillement réfugié dans ma grotte depuis quatre mois. En réalité ça faisait presque un an que je ne sortais plus, mais je m’étais endurci peu à peu. D’abord je m’étais laissé convaincre par des potes et on m’avait entraîné dehors, boire des coups, sortir au ciné, draguer des filles… Ereinté par ces actes pris contre mon plein gré, j’avais passé une petite, mais bienheureuse période à refuser de prendre les appels, d’ouvrir la porte… Finalement on m’avait interné. L’objectif recherché n’étant pas vraiment celui là, quand je suis sorti quelques semaines après, j’ai lâché un peu de lest. Je tolérais les visites d’Orlane et je répondais au téléphone très consciencieusement, une fois sur trois et seulement après la cinquième sonnerie. Ce sont des petites maniaqueries qui me maintenaient en vie, comme les petits traits tracés à la règle près de mon lit.
Au bout d’un certain temps je ne savais plus vraiment moi-même pourquoi je m’étais enfermé.

Au début il y avait eu un banal trajet en métro. J’attendais depuis une dizaine de minutes, il était environ minuit, quand une rame a déboulé avec le bruit de tonnerre habituel. Elle a ralenti devant nous, presque à s’arrêter, mais elle a continué. J’étais bouleversé par ce que je voyais, ce métro était bondé, bondé d’oiseaux. Il y avait de nombreuses races différentes mais pour la majorité c’était des oiseaux de ville, des pigeons, des moineaux, des pies, quelques hirondelles. Le métro était silencieux parce qu’ils ne chantaient pas. On n’entendait que des drôles de bruits d’ailes. On aurait dit une espèce de masse compacte. Je me suis mis à trembler. Un horrible vieux clochard édenté m’a pris l’épaule et l’a secouée « ben alors mon gars ça va ? C’est la migration ah ah ! ». J’ai beau me concentrer de toutes mes forces je sais plus du tout ce qui s’est passé ensuite, je pense que rien d’extraordinaire n’est arrivé, j’ai juste attendu le métro suivant.
Bien entendu les choses n’en sont pas restées là. Je me suis mis à voir des gazelles, fouillant dans les ordures, dans les poubelles, des bandes de chien envahir pesamment les Champs Elysées, comme mus par la certitude de leur bon droit… Je crois que je n’étais pas le seul, les clochards m’adressaient des petits signes, de reconnaissance et essayaient de plaisanter avec moi « ben oui garçon, les choses changent faut t’habituer ! c’est la crise faut croire ».
Pour finir il y avait eu le soir de la mort de Victor, et les éphémères qui l’ont suivi jusqu’au tombeau. Personne n’avait l’air de réaliser. J’ai pris Orlane par la main, je l’ai serrée très fort et j’ai commencé à trembler comme une feuille…
« tu vois bien qu’il pleut des cordes, s’est-elle exclamé, allez on rentre, tu vas prendre froid, je préfère que tu passes l’hiver si tu vois ce que je veux dire.
- Orlane ! les papillons… tu entends les ailes ? »

Elle n’a rien dit, elle m’a juste regardé d’un air incroyablement sévère… Son œil obscurci par la menace m’a fixé sans indulgence ni raillerie. J’ai préféré me taire, je me suis laissé entraîner.

Alors j’ai voulu me cacher. A l’hôpital, ils essayaient que tout ça était normal, qu’il fallait juste que je m’habitue et que ces foutues bestioles étaient dans leur droit. A dire vrai, c’est plutôt les patients qui trouvaient parfois les bons morts que les docteurs, qui se contentaient des litanies habituelles « et votre mère ? » « je vais vous prescrire un petit quelque chose ».
C’est à l’hôpital que j’ai rencontré Nancy, internée pour anorexie, comme presque toutes les jeunes filles de cet hôpital. Evidemment elle n’était pas là que pour sa maigreur, une sévère dépression la contraignait fréquemment à cligner des yeux, qu’elle avait d’ailleurs un peu fous. Je ne dis pas qu’elle avait un charmant petit air fantaisiste. Par exemple je l’ai vue dodeliner de la tête pendant des heures comme le font les chevaux quand ils s’ennuient… Mais c’était peut être les médicaments…Par-dessus ça, elle avait des petites tendances pyromanes et avait incendié le salon de coiffure où elle travaillait. Pour l’instant, son plaisir défendu consistait en se cacher dans un coin, tard dans la nuit pour regarder une allumette prendre du large. Je crois qu’elle-même ressemblait assez au résidu noir qui reste d’une allumette éteinte. On est rapidement devenu assez proches, et, abruti par les médicaments, j’aimais bien rester prêt d’elle à jouer aux cartes ou au scrabble, ou simplement à me taire. On parlait un peu du problème des animaux, elle aussi avait vu certaines choses qui collaient pas vraiment avec notre vie quotidienne. Mais apparemment elle n’était pas vraiment inquiète.
- ils peuvent rien te faire… On les voit pas mal dans les transports, Sylvain m’a dit que de plus en plus d’oiseaux se planquaient dans les soutes d’avions. Peut être qu’ils essaient juste de s’en aller, qu’est ce que t’en dis ?
- j’en dis juste qu’ils me foutent la trouille… Ca me semble pas net tout ça… Je crois pas qu’ils veulent juste s’en aller, et si les oiseaux veulent s’en aller, ils ont pas des ailes ?
- Oui, mais ils nous voient nous enfermer dans de grosses machines et nous revoient plus, alors il s’imaginent peut être…
- Non… c’est pas la délicate manière des bestioles de nous montrer qu’il faut raisonner notre développement et envisager la simplicité volontaire… Je crois qu’ils nous veulent du mal…
- t’es mignon mais t’es pas tellement courageux dit-elle en m’embrassant.
Elle avait ses bons jours.

Quand je suis sorti de l’hôpital j’avais pris une résolution. Je suis retourné passer quelques temps chez mes parents. Je réfléchissais beaucoup, j’ai pensé à une arme à feu mais j’hésitais, je craignais les dégâts. Un grand couteau serait tout aussi difficile à transporter, après l’hôpital je ne tenais pas à me retrouver en prison. Et puis j’avais beau être courageux, l’idée du contact me faisait frissonner J’espérais tomber sur un arsenal et ne plus avoir qu’à me servir et effectivement, il y avait pas mal d’armes dans la cave mais ça n’allait pas… Finalement je suis parti dans la campagne et j’ai trouvé une lourde pierre que j’ai mise dans mon sac à dos. Ce serait lourd et compliqué mais tant pis. En revenant sur la route près de la voiture je suis tombé sur ma sœur, qui me fixait d’un œil inquisiteur. Je me demande encore comment elle avait pu me suivre. Elle aussi commençait à me foutre la trouille.
« - qu’est ce que tu fabriques ? a-t-elle demandé
- Je te retourne la question. Rentre à la maison, j’ai un plan. »

J’ai roulé toute la nuit et je suis rentré à Paris juste après, très décidé et très satisfait de moi-même. J’étais très impatient. Ca tombait bien, il était cinq heures. L’heure des premiers métros. Je suis rentré dans une bouche et j’ai attendu que quelques rames passent. Ca n’a pas tardé, au bout de quelques minutes, une rame est passée remplie de ces infectes bestioles. Les voyageurs semblaient aussi placides que d’habitude. Je suis rentré dans une rame aussi calmement que possible, et, sortant l’énorme caillou, j’ai réussi à blesser un pigeon, qui continuait à battre faiblement de l’aile, produisant l’un de ces bruits que je détestais par dessus tout.
Les gens m’ont regardé, interloqués
« Mais c’est quoi ce taré, a hurlé une femme ! qu’est ce qui va pas chez toi ? »

(à suivre)

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Message  ekue Mar 28 Oct 2008 - 1:46

Voilà un texte qui me parle. Je le trouve magnifique. Le ton est juste, tu n'en fais pas trop et çà sonne très vrai.
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Message  Invité Mar 28 Oct 2008 - 6:45

Un texte très intéressant, je suis d'accord. Le ton m'en paraît vraiment juste, d'un narrateur dépassé, qui se raccroche comme il peut dans une réalité démente.

Je n'ai pas compris cette phrase :
"Je ne dis pas qu’elle avait un charmant petit air fantaisiste.", est-ce que ce n'est pas plutôt "qu'elle n'avait pas un peit air" ?

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Message  pierre-henri Mar 28 Oct 2008 - 6:57

Pas mal du tout, en dépit de petites erreurs stylistiques.
J'ai pensé (fort) à un texte de Sternberg, issu d'un recueil de nouvelles des années 7O... mais pour le retrouver, peau de balle!
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Message  mille-visages Mar 28 Oct 2008 - 8:34

L'exercice n'est pas toujours facile, faire entrer le fantastique dans la banalité du quotidien.
Le début est déjà pas mal avec l'enfermement du héros dans sa chambre où sa vie se déroule au rythme des levers de soleil.
Mais avec ceci on commence à basculer de l'autre côté:

Elle a ralenti devant nous, presque à s’arrêter, mais elle a continué. J’étais bouleversé par ce que je voyais, ce métro était bondé, bondé d’oiseaux. Il y avait de nombreuses races différentes mais pour la majorité c’était des oiseaux de ville, des pigeons, des moineaux, des pies, quelques hirondelles. Le métro était silencieux parce qu’ils ne chantaient pas. On n’entendait que des drôles de bruits d’ailes. On aurait dit une espèce de masse compacte. Je me suis mis à trembler. Un horrible vieux clochard édenté m’a pris l’épaule et l’a secouée « ben alors mon gars ça va ? C’est la migration ah ah ! »
Réalité ou folie, j'attends la suite avec impatience !
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Message  Invité Mar 28 Oct 2008 - 8:39

pierre-henri a écrit:Pas mal du tout, en dépit de petites erreurs stylistiques.
J'ai pensé (fort) à un texte de Sternberg, issu d'un recueil de nouvelles des années 7O... mais pour le retrouver, peau de balle!
Et moi, toutes proportions gardées, à Auster, Moon Palace je crois.

Des maladresses en effet, par exemple ici, je ne comprends pas du tout la phrase :
A dire vrai, c’est plutôt les patients qui trouvaient parfois les bons morts que les docteurs, qui se contentaient des litanies habituelles

Il y en a d'autres que je n'ai pas relevées.

Un bon début, qui donne envie d'en savoir plus.

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Message  grieg Mar 28 Oct 2008 - 8:48

original et bien traité...
d'accord avec mes camarades.
Mais dès l'incipit, je trébuche sur les maladresses, et elles sont nombreuses tout au long de l'histoire.

ce texte est un voyage sympa sur une jolie route, pleine de nids de poule

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Message  Arielle Mar 28 Oct 2008 - 9:30

Besoin sans doute d'une petite relecture de la part de l'auteur:
A l’hôpital, ils essayaient que tout ça était normal,
il manque quelque chose là (de me convaincre?) les bons morts ne seraient-ils pas les bons mots (joli lapsus!)
L'ensemble est convainquant, on éprouve beaucoup de sympathie pour ce personnage, son entrée dans la folie qui semble presque... naturelle

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Message  desaparecer Mar 28 Oct 2008 - 21:31

Merci pour tous vos commentaires!
J'ai corrigé pas mal de coquilles, si c'est possible j'aimerais bien remplacer le texte par sa version corrigée mais je ne sais pas comment m'y prendre.

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Message  bertrand-môgendre Jeu 30 Oct 2008 - 15:55

Je l’ai regardé partir par la fenêtre... pardon, j'ai ri
A dire vrai, c’est plutôt les patients qui trouvaient parfois les bons morts que les docteurs pas compris

Dans ce texte je n'aime pas le rôle des clochards et celui des sentiments exprimés sous tranquillisant.
Évidemment tu construis ton histoire invraisemblable en terminant par (à suivre) C'est pas humain ça ! Tu nous prends pour des pigeons ou quoi ? Alors vite la suite.
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Message  Sahkti Mer 12 Nov 2008 - 13:22

desaparecer a écrit:J'ai corrigé pas mal de coquilles, si c'est possible j'aimerais bien remplacer le texte par sa version corrigée mais je ne sais pas comment m'y prendre.
Tu peux poster ta version corrigée dans ce fil. Remplacer la première version par la seconde, corrigée, risque de rendre certains commentaires incompréhensibles mais rien ne t'interdit de poster à la suite dans tout cela dans le même fil.
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Message  Sahkti Mer 12 Nov 2008 - 13:23

Quelques maladresses, oui, des fautes et des mots manquants.
A part cela, ton texte se lit avec une certaine facilité, j'ai rapidement accroché au personnage (pas vraiment attachant mais il dégage un truc) et ai eu envie d'en apprendre plus sur lui. Son histoire, chaotique et un brin bizarre, donne envie de connaître la suite.
Petit bémol toutefois sur une certaine densité, par moments, qui pourraient tourner à la confusion si tu maintiens ce rythme-là.
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Message  Marie D Mer 12 Nov 2008 - 18:13

Je suis très intriguée par cette histoire, et comme tu t'en doutes, je suis restée sur ma faim.
J'ai vraiment envie de connaître la suite, car je me pose beaucoup de questions: folie ou pas?
Il est vrai qu'il y a quelques fautes d'inattention, mais sinon ça se lit bien.
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Message  desaparecer Sam 7 Fév 2009 - 22:10

Bruissement d’ailes (2)

II Nancy



En sortant du métro sous les vociférations des gens je m’étais mis à courir longtemps, encore bien longtemps après que je n’entende plus leurs cris, peut être même longtemps encore après qu’ils m’aient oublié… J’ai commencé à courir par angoisse, je longeais les rues le cœur battant, l’Hôtel de Ville, la Seine… la sueur dégoulinait le long de mon dos. J’ai continué à courir pour sentir encore un peu la douleur s’insinuer en moi et battre mes tempes. C’est seulement quand j’ai cru m’évanouir que je me suis arrêté, fourbu, un peu soulagé quand même que l’épuisement ait diverti un moment mes obsessions… Près du Quai de la Rapée, je suis tombé nez à nez avec plusieurs biches, qui fouillaient des poubelles de leur nez. L’un de leurs petits me scrutait d’un air interrogatif. Plusieurs passants évitaient soigneusement de les regarder et se tenaient à distance respectueuse. J’étais encore trempé de sueur, et je me sentais une proie facile, affaibli par la longue course. Qu’est-ce qu’ils veulent ? Pourquoi ne nous laissent-ils pas tranquilles, et puis enfin, pourquoi personne n’en parle ? Des centaines d’oiseaux dans le métro, des troupeaux de biches faisant les poubelles à Paris… Il y avait là quelque chose d’inexplicable qui me glaçait… Et depuis que j’avais assommé l’oiseau (était-il mort ?) je craignais d’être devenu un ennemi. Le faon me regardait toujours, bientôt, ce fut tout le troupeau qui me fixait en silence… Le vacarme habituel de la ville, les voitures, les pots d’échappement, les cris des jeunes filles, comment la ville pouvait-elle être à ce point et si soudainement silencieuse ? Pour la première fois je me suis demandé si j’étais encore le seul être lucide de cette ville ou si au contraire…

Je n’avais plus chaud maintenant, dans le froid de janvier, la sueur s’était transformée en une sorte de pluie gelée qui ruisselait dans mon dos. Je me suis remis à courir, je pense que je ne pouvais rien faire d’autre…
Mais cette fois j’ai simplement couru jusqu’au café le plus proche.

Les clients se sont arrêtés de parler à mon entrée. Ils me regardaient, exactement comme le troupeau cinq minutes auparavant. Une type très maigre derrière le comptoir, avec de petites moustaches fines, laissait en suspend le verre sale et le torchon pour le nettoyer. Une jeune fille blonde, le regard oscillant entre le romantisme et la franche provocation me regardait de bas en haut, une autre très maquillée, un peu vulgaire, la main posée sur la cuisse d’un jeune gars à l’arcade percée, l’air de chercher les ennuis; tous les deux plissant un peu les yeux. Une fille très fine, qui ressemblait à une poupée de porcelaine, les doigts posés sur son verre de menthe à l’eau, une autre encore, sapée comme une baby rock star qui venait je crois d’interrompre le tintement rythmé qui jaillissait de son ongle et de son verre de bière. Le bar avait l’air de s’être figé et ressemblait davantage à un tableau qu’à une scène de la vie réelle. Sans la musique, les Eagles je crois, on aurait pu entendre une mouche voler… Dans un flash j’ai revu les biches, il y avait le même air dans leurs yeux que dans ceux des clients du bar. Une sorte de défi interrogatif « que vas-tu faire ? » ou plutôt « que peux-tu faire ?

Un grand homme presque chauve, entre deux âges, portant beau encore, m’a adressé un sourire et a levé son verre en me regardant. Du vin rouge. Les conversations ont repris d’un seul coup. Qu’est ce qui n’allait plus ici ? J’ai composé le numéro de Nancy par réflexe de survie, je ne l’avais pas vue depuis l’hôpital, je souhaitais vraiment qu’elle en fut sortie… Une demi heure après elle m’a retrouvé, recroquevillé sur une banquette, m’a pris par la main et m’a emmenée jusqu’à chez elle… Nous avons pris un taxi, je ne supportais pas l’idée de reprendre le métro.

Elle a posé un bol de thé très chaud devant moi et a caressé mon front. Je me sentais enfin en sécurité.
« Tu sais ce que disait Balzac, Nancy ?
- Je ne connais pas mon chéri.
- « la femme a ceci de commun avec les anges que les êtres qui souffrent lui appartiennent »
- Alors tu m’appartiens ?
- Je ne sais pas, mais j’ai peur, tu crois que c’est souffrir d’avoir peur ?
- Tu me poses trop de questions et je sais jamais quoi répondre ! »

Elle me souriait, mi tendre mi moqueuse… Son appartement était minuscule et tiède, autour de moi je voyais des produits de beauté, des coussins, des tissus chauds, ça sentait bon chez elle, le thé ou les huiles essentielles… J’ai un instant souhaité me fondre dans cet univers féminin, me muter en un de ses accessoires doux et chauds, un coussin en peluche, une écharpe soyeuse, une bougie parfumée… J’imaginais ses pensées à l’image de son appartement, fleuries, douces et sucrées… J’ai avancé ma main vers ses cheveux qui formaient une masse blonde veloutée… J’ai eu peur que mon corps d’homme, mes mains osseuses, mes poils, mon sexe d’homme ne détruisent un peu cette harmonie… Mais on s’est embrassé, et le flou de mes pensées s’est peu à peu évanoui au contact de sa peau de jeune femme … Tout devenait simple…

Ce fut une parenthèse. Elle était soudain la seule femme que j’ai jamais tenu dans mes bras. Elle était celle qui était venue me chercher. Je la serrais contre moi mais délicatement car je craignais que la porcelaine de sa taille ne se brise… J’oubliais un instant qu’en définitive je l’avais jugée irrémédiablement folle, bien que touchante, j’oubliais que je l’avais connue dans un hôpital psychiatrique, j’oubliais qu’elle était anorexique et pyromane, et que cela ne collait pas vraiment avec mon idéal forgé une minute auparavant de jeune fille soyeuse et immobile… J’oubliais même que je ne lui trouvais pas beaucoup d’intelligence… Je l’ai simplement tenue contre moi quelque temps, j’ai respiré l’odeur de ses cheveux, j’ai touché son poignet chaud, j’ai senti battre ses veines contre mon pouce… Elle se laissait faire, sans m’accueillir ni me repousser. J’écoutais sa respiration un peu fébrile. Elle avait cette odeur de thé, la même odeur que le liquide bouillant et sucré qui m’avait permis de reprendre mes esprits et un peu de force quelques minutes auparavant. Et puis, vaille que vaille, j’ai eu envie de la déshabiller, quitte à rompre le charme.

C’est en la regardant dormir et en empoisonnant la tendre atmosphère de son nid avec ma cigarette que j’ai finalement repris conscience de la réalité dans laquelle je me trouvais. J’étais désormais lié à elle, non par l’amour qu’on venait de faire mais par l’instant qu’elle avait su m’offrir, par l’angoisse disparue un instant… Il s’agissait plus de reconnaissance que d’affection mais je me suis promis de ne pas l’abandonner… Enfin, pas définitivement… Pour l’heure il fallait pourtant que je parte et que je trouve enfin une clé au mystère des animaux…

« - Nancy tu m’entends ? Il faut que je parte…
- Reste encore un peu, me dit-elle d’une voix endormie
- Non, je pars, mais merci Nancy… heu… je te revaudrai ça… »

En descendant son escalier, je me sentais particulièrement stupide, je n’avais pas su témoigner ma gratitude autrement que par un « je te revaudrai ça »… J’avais pourtant en tête tous les mots qui m’avaient échappé… Ma petite étoile errante, presque éteinte… Ma petite fille, entre ses névroses et sa candeur… Je n’aurais vraiment pas voulu lui faire de peine… S’il n’y avait pas eu les animaux peut-être… Mais dans le fond je n’étais même pas sûr. J’ai décidé de l’appeler plus tard, je penser bien trouver quelque chose.

Je suis rentré chez moi sans encombre et à pied, en songeant toujours au problème des animaux. Ce qui me rongeait le plus était de songer que finalement personne ne semblait avoir pris conscience du phénomène, exception faite de quelques SDF et des aliénés de l’hôpital, et ça ne faisait pas lourd. J’espérais que sur Internet il y aurait quelques groupes de personnes un peu plus conscientes que les autres. Mais en arrivant devant le porche de mon immeuble, Orlane m’attendait.

« Bon dieu, mais qu’est ce que tu fous là ? Tu m’espionnes ?
- Salut ! Moi aussi ça je suis contente de te voir ! Oh oui, je prendrai bien un café, c’est avec plaisir
- pff allez, monte, mais reste pas, j’ai des trucs à faire ! »

On a vaguement discuté de choses et d’autres, Jérôme, son mec, que je trouvais insupportable, les parents, qui s’en faisaient pour moi, ses cours, qui à mon avis ne servaient à rien. Elle n’est pas restée longtemps, à mon soulagement. Je me suis installé devant mon ordinateur pour essayer enfin de trouver une solution. Il y avait un journal gratuit posé sur la table, daté du jour même, je ne me souvenais pourtant pas d’en avoir tenu un entre les mains ce jour là… Orlane certainement… On avait entouré une petite annonce qui disait certainement « la KAS recrute des volontaires, la lutte continue » avec un numéro de téléphone.

(À suivre)

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Message  lol47 Dim 8 Fév 2009 - 4:58

J'ai trouvé cela agréable à lire, vraiment plaisant. Une écriture talentueuse.
Superbe !
Et merci.
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Message  Invité Dim 8 Fév 2009 - 8:30

Moi aussi j'aime cette histoire étrange, l'écriture dit les choses simplement et avec efficacité, sans chichis, et sait épouser les différents moments du récit (cf. l'instant de douceur avec la jeune fille).

Une remarque :
"après qu’ils m’aient oublié" ; "après que" est suivi de l'indicatif, parce que, contrairement à "avant que", qui lui est bien suivi du subjonctif, il parle d'un événement qui a eu lieu et ne présente donc pas de caractète hypothétique. Il faudrait écrire : "après qu'ils m'avaient oublié".

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Message  Anne Veillac Dim 8 Fév 2009 - 18:05

Pour le moment, je n’ai lu que la première partie (mais j’irai très vite lire la deuxième).

J’ai été prise par ma lecture, dès le début, et je n’ai pas vu les maladresses éventuelles du texte. Dans la première partie, quand il est enfermé chez lui, j’ai juste pensé que c’était l’histoire d’un dingue. J’ai trouvé ça vraiment intéressant, avoir son point de vue, mais en même temps je trouvais que son discours était trop « normal ».

Et puis, quand il y a l’histoire des oiseaux, j’ai moins accroché. J’ai trouvé qu’il y avait une rupture. En général, lorsque l’on lit une histoire fantastique, on sait tout de suite dans quel registre on est. Là, c’était comme si je sortais d’un texte pour en lire un autre. Il faudrait peut-être nous indiquer, dès le début, qu’il s’agit de fantastique. Ou alors que le glissement soit progressif.

Et puis, de deux choses l’une. Soit il voit des oiseaux parce qu’il est complètement barge. Il faudrait alors que son discours le soit dès le début. Mais, ce n’est pas comme cela que j’ai lu le texte. Je crois qu’il a vraiment vu des oiseaux.
Soit, il a vu les oiseaux et c’est ce qui l’a rendu fou. Mais je n’arrive vraiment à comprendre pourquoi. Je crois qu’il faudrait détailler un peu.

Bon… je m’en vais lire la deuxième partie.
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Message  Anne Veillac Dim 8 Fév 2009 - 18:17

Voilà, j’ai lu la deuxième partie. Je retire ce que j’ai dit sur le fait que tu devais détailler. On l’a maintenant le détail. Et ça va continuer. Et on va comprendre.
Par contre, j’ai été perdue dans la suite des événements. Je croyais que le narrateur était devenu fou, avait été interné et c’était enfermé chez lui à la suite de ce qui c’est passé avec les animaux.
Je suis d’accord avec Lol. Tu as une écriture très agréable.
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