Soliloques d'errances

[loic]

Soliloques d’errances en futailles de rouge
Au sang des barbelés aux fonds de joyaux bouges
Et que dire du roulement des tambours majorés
Sans reculs ni prestances aux surfaces du bourbier

Je suis devenu fou à gober la mitraille
A m’emplir le ventre de kilos de ferraille
Saccagé en brillances par d’argentés éclats
Je rumine en mon for l’amour que j’ai là bas

Un triste sire m’apprête sans penser aux enfants
Que nous avons perdus faute de cailloux blancs
Et des clairons d’azur sans tourments ni misères
C’est au son du canon que se font les affaires

Je suis devenu fou à gober la mitraille
A m’emplir le ventre de kilos de ferraille
Saccagé en brillances par d’argentés éclats
Je rumine en mon for l’amour que j’ai là bas

Et pourtant rien ne change dans un azur qui tourne
Un soleil toujours ocre tirebouchonne et enfourne
Nos cœurs bien trop rassis à force d’espérances
Dévorés par des poux et mille autres engeances

Je suis devenu fou à gober la mitraille
A m’emplir le ventre de kilos de ferraille
Saccagé en brillances par d’argentés éclats
Je rumine en mon for l’amour que j’ai là bas

[Flaneuse]

"Je suis devenu fou à gober la mitraille
A m’emplir le ventre de kilos de ferraille
Saccagé en brillances par d’argentés éclats
Je rumine en mon for l’amour que j’ai là bas"

La répétition de cette strophe me gêne un peu. Mais j'imagine que cela vise à souligner le fait de ruminer...
Sinon, j'aime bien ces vers et tout particulièrement : "Soliloques d’errances en futailles de rouge"

[Invité]

Et moi qui redoutais au départ de la poésie de terroir !
Toujours actuel le thème, même si l'uranium appauvri a remplacé la mitraille.
Beaucoup aimé :

Je rumine en mon for l’amour que j’ai là bas

qui éloigne un instant de la sombre réalité.
Aimé également le son du :

roulement des tambours majorés

(D'ailleurs, le vers entier est-il bien un alexandrin ?)

L'ensemble est puissant et magnifique. Voilà.

[Invité]

Je pense que, dans ce poème, la forme trop sage, les mots trop policés, trop "jolis", ne conviennent pas au sujet et peinent à convoyer l'horreur. Le texte est à la première personne, et il ne me semble pas plausible qu'un Poilu pense à des "Soliloques d'errance", par exemple. Ce décalage entre la forme et le fond m'a empêchée d'entrer dans le poème...

[loic]

en fait dans ce texte je ne cherche pas forcément a "convoyer l'horreur" mais plutôt à "évoquer l'absurde",

il est vrai que la répétition d'une strophe que je n'avais pas prévue au départ est lourde par contre je ne sais ou la placer au début milieu ou fin ?

pour les mots policés , j'ai tellemnent écrit de textes sombre avec le champ lexical convenu que j'ai un peu éclairci ce vin mauvais et noir...

[Sahkti]

Je suis partagée face à ce texte et en particulier à cause d'une rime qui emprisonne tout. Je sais que c'est une remarque que je formule souvent dans les poèmes rimés et à force, on va penser que je suis anti-rimes. Pas du tout mais je déplore qu'hélas trop souvent, ce besoin de rimer à tout prix donne lieu à l'utilisation de mots scolaires et d'un rythme figé qui doit à tout prix entrer dans un moule.
C'est ce que je ressens ici et c'est dommage parce que tu avais réussi à évacuer le côté horrible de cette guerre meurtrière en mettant l'accent sur des aspects plus humains ou sur l'absurdité qui teinte tout conflit du genre.

[loic]

en fait Sahkti en réalité j'écris très peu en rimes, je me fais la même reflexion concernant l'effet scolaire, en réalité la métrique m'emmerde..
c'est un pensum que je m'inflige de temps en temps..

[loic]

si je comprends bien on peut ajouter des poèmes sur le même fil

voyons voir:

Olga

Et le vent des kolkhozes fait claquer les barrières
Saccageant des isbas aux planches délavées
Brinquebalant en misères de vaines babouchki
Aux pommettes saillantes et courbes comme Dniestr

Leurs yeux en accents graves à force de pleurer
Pour de grands paradis promis par Saint joseph
Elles entonnaient cantiques, étendards soviétiques
De moujiks éduqués sous le knout de plans
Quinquennaux d’opérette qu’on donnait en Bolchoïs

Tu rêvais d’Odessa pour y boire l’amer
Courant en Bucarest en antique Dacia


Et te voilà.

[Sahkti]

si je comprends bien on peut ajouter des poèmes sur le même fil

Procédé qu'on utilise si on poste des textes courts (ceci dit, il existe un fil dédié spécialement aux textes courts) ou si on poste plus de deux textes par semaine.
Mais cela présente tout de même un inconvénient: le fait que des personnes ayant déjà lu le premier texte ne reviendront pas forcément lire le second parce qu'ils penseront que le fil remonte à cause d'un nouveau commentaire et pas d'un nouveau texte. On ne lit pas tous les commentaires de tout le monde, donc parfois on passe à côté d'un nouveau texte ou d'une suite.
A toi de voir, donc! :-)

[Sahkti]

Pour ce qui est de ce poème "à la russe", la première strophe me paraît plus réussie que la seconde, notamment en raison de ses sonorités, plus agréables à l'oreille. Les deux dernières lignes sont également belles, si je fais abstraction de Dacia.
Ce qui me gêne un peu dans la deuxième, c'est le "ique" répété de cantique et soviétique.

[Invité]

si je comprends bien on peut ajouter des poèmes sur le même fil

voyons voir:

Olga

Et le vent des kolkhozes fait claquer les barrières
Saccageant des isbas aux planches délavées
Brinquebalant en misères de vaines babouchki
Aux pommettes saillantes et courbes comme Dniestr

Leurs yeux en accents graves à force de pleurer
Pour de grands paradis promis par Saint joseph
Elles entonnaient cantiques, étendards soviétiques
De moujiks éduqués sous le knout de plans
Quinquennaux d’opérette qu’on donnait en Bolchoïs

Tu rêvais d’Odessa pour y boire l’amer
Courant en Bucarest en antique Dacia


Et te voilà.

J'aime beaucoup la première strophe (le quatrième vers est à tomber !), et la fin à partir de "Tu rêvais d'Odessa". La deuxième strophe ne m'a pas du tout touchée...

[mitsouko]

la strophe répétée est belle, mais 4 vers c'est long pour revenir aussi souvent dans le texte
cela pourrait donner une impression de remplissage, de panne d'inspiration
alors que ce n'est certainement pas le cas quand on a ta plume

une force indéniable dans les mots et la puissance de l'évocation
j'aurai plaisir à te lire d'autrefois

[loic]

essayons ceci:

Olga

Et le vent des kolkhozes fait claquer les barrières
Saccageant des isbas aux planches délavées
Brinquebalant en misères de vaines babouchki
Aux pommettes saillantes et courbes comme Dniestr

Et leurs yeux accents graves à force de pleurer
Ratiocinent la plaine, mornes Bessararbies
Tu rêvais d’Odessa pour y boire l’amer
Courant en Bucarest en antique Dacia


Et te voilà.


j'ai laissé dacia car il y à une évocation personnelle dans ce texte

[Invité]

Je préfère comme ça, j'aime bien "Ratiocinent la plaine"...

[Mano]

Olga

Et le vent des kolkhozes fait claquer les barrières
Saccageant des isbas aux planches délavées
Brinquebalant en misères de vaines babouchki
Aux pommettes saillantes et courbes comme Dniestr

Leurs yeux en accents graves à force de pleurer
Pour de grands paradis promis par Saint joseph
Elles entonnaient cantiques, étendards soviétiques
De moujiks éduqués sous le knout de plans
Quinquennaux d’opérette qu’on donnait en Bolchoïs

Tu rêvais d’Odessa pour y boire l’amer
Courant en Bucarest en antique Dacia


Et te voilà.

L'usage systématique du "en" me gène.

accents graves ne me convainc pas. Un peu facile pour moi.

cantiques et sociétique

"y boire l'amer" reste trop près de "y voir la mer" et trop mystérieux de signification (trop personnel ?) pour que je puisse en faire quelque chose.

Mais je préfère cette version là et je ne suis pas gêné par la Dacia, au contraire. Et puis je suis content d'avoir eu le temps de prendre 5 minutes pour réfléchir à ces images là.

[loic]

Olga

Et le vent des kolkhozes fait claquer les barrières
Saccageant des isbas aux planches délavées
Brinquebalant les misères de vaines babouchki
Aux pommettes saillantes et courbes comme Dniestr

Et leurs yeux accents graves à force de pleurer
Ratiocinent la plaine, mornes Bessararbies
Tu rêvais d’Odessa pour y boire l’amer
Courant à Bucarest en antique Dacia


Et te voilà.




vous aurez votre part de droits d'auteurs....

merci à vous, c'est un régal

[Invité]

Quel voyage je fais en lisant ces vers ! J'y suis, complètement immergée, enveloppée par le vent sauvage. La première strophe est particulièrement évocatrice. Je ne me remets pas des "vaines babouchki". Tout est dit en 2 mots, presqu'en un.

[Sahkti]

Ha oui, je préfère nettement comme ça!

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