bretagnes pariétales
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Anne Veillac
Roz-gingembre
Ole Touroque
loic
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bretagnes pariétales
Carnacs
Les bruines monotones
Enfument Kermario
Les gouttes s’y condensent
Aux pointes de l’ajonc
Assourdissantes automnes
Vaporisant la terre
Les bagads de pierre
Sonnent une suite immobile
S’en allant en cortège
Sous les arcs du temps
Et l’Armorique les porte
En dérive terrestres
Aux failles de Lanvaux
Où ils s’engloutiront
Des averses infinies
Délitent Crucuno
En ces fonds de Novembre
Où les jours fatigués
S’ankylosent de torpeurs
Tandis que sous ces tables
Digérés par la terre
Des fémurs s’amoncellent
En forêts de misères
Sur de mornes lisières
Et l’Armorique les porte
En dérive terrestres
Aux failles de Lanvaux
Où ils s’engloutiront
Viennent enfin les bannières
Des ciels dévastés
En dépressions d’hivers
Qui peignent sans couleurs
Ces mégalithes atones
Que des hommes élevaient
Pour éteindre la rage
De leurs envie de guerre
Pour étaler leur force
Aux villages d’entours
Et l’Armorique les porte
En dérive terrestres
Aux failles de Lanvaux
Où ils s’engloutiront
* Kermario: alignements de Carnac
* Crucuno : dolmen situé à côté de Carnac
Gwin ru
Dans ces vallons humides ennoyés de tristesses
Il pleure éternellement sur les vieilles écluses
Poussières qui crachinent en dissolvant les âmes
Ajoncs qui s’y délavent en de ternes brillances
Les schistes en Gouarec grisaillent la misère
Et ces gens dérivent là ployés de solitudes
Ils s’en vont sans histoires sous le joug de l’hiver
Noyant dans ce canal leurs voyages immobiles
Sous l’œil des mariniers qui vont en Guerlédan
Embarquer des ardoises que carient les hommes gris
Assombris de tristesses qu’ils enflamment d’alcools
Beuglant dans des bistros tenus par de vieilles folles
Ainsi vont leur vies crasses qui les rident déjà
Lors qu’aux bals ils s’en vont en quête de compagne
Qui rêvent d’un béguin et pas d’un « pokes dén »
Un de ces « pauvres types » qui la fera pleurer
Enserrant ses enfants contre une robe sale
Lorsque gonflé de vin il s’en retourne enfin
De tous ces petits verres de mauvaises vendanges
Que de grands pinardiers dépotent à Corniguel
Ce poison qui s’en vient des Afriques du Nord
De ces vieilles colonies qui égaient leurs masures
Quand un lointain cousin d’infanterie coloniale
Leur postait une carte qui chez eux fait gravure
Loïc le Meur 2008
Notes :
Gouarec est situé dans les côtes d’Armor entre Rostrenen et Loudéac, dans cette région défavorisée et pluvieuse il y avait au début du siècle de nombreuses exploitations d’ardoise
Dont une partie du transport était assuré par des péniches naviguant sur la canal de Nantes à Brest
Gwin ru est la traduction en Breton de Vin Rouge (gwin gwen : vin blanc)
Pokes den : pauvre homme, par extension pauvre type
Corniguel : le port de quimper situé au fond de la rivière de l’Odet, c’est là que débarquait le vin de mauvaise qualité mais fort en alcool en provenance d’Algérie Ce vin était transporté sur des navires spécialisés dans ce genre de fret appartenant à la compagnie Nader
Gavrinis
J'aime tes traits néolithiques
Et la rudesse de tes lèvres
Ton regard aux verdeurs magiques
Qui m'entraîne vers un long rêve
Et je retrouve ceux d'où tu viens
Il y a quarante fois cent ans
Sur ces terres au milieu de rien
Que la mer battait de grands vents
Ils se tenaient sur les grandes pierres
Pantois et le regard tremblant
Avec ces menhirs comme amers
Espérant le soleil levant
A l’heure où dans ces froids solstices
La nuit cesse de dévorer
Sur le cairn de Gavrinis
Leur triste et sombre humanité
Ah qu’elle est belle ma Bretagne
Un l’enclos paroissial où fleurissent les tombes
Gageures de richesses accomplies sur ces terres
S’estompe sous le ciel dur en froids matins d’automnes
Où de mornes bruyères flétrissent ces Novembres
Car ici « tout a trac » ils s’en iront bientôt s’entasser dans l’ossuaire :
Ces fémurs graciles de petits enfants morts
Avant d’avoir été
Ces vertèbres percluses à force de sarcler en jardins de misères
Et ces hanches luxées par troubles cousinages
Où l’on cédait les filles pour gagner des arpents
Ah qu’elle est belle ma Bretagne sous son ciel gris
Elle est plus belle que l’Espagne enfin celle des Asturies..
Les bruines monotones
Enfument Kermario
Les gouttes s’y condensent
Aux pointes de l’ajonc
Assourdissantes automnes
Vaporisant la terre
Les bagads de pierre
Sonnent une suite immobile
S’en allant en cortège
Sous les arcs du temps
Et l’Armorique les porte
En dérive terrestres
Aux failles de Lanvaux
Où ils s’engloutiront
Des averses infinies
Délitent Crucuno
En ces fonds de Novembre
Où les jours fatigués
S’ankylosent de torpeurs
Tandis que sous ces tables
Digérés par la terre
Des fémurs s’amoncellent
En forêts de misères
Sur de mornes lisières
Et l’Armorique les porte
En dérive terrestres
Aux failles de Lanvaux
Où ils s’engloutiront
Viennent enfin les bannières
Des ciels dévastés
En dépressions d’hivers
Qui peignent sans couleurs
Ces mégalithes atones
Que des hommes élevaient
Pour éteindre la rage
De leurs envie de guerre
Pour étaler leur force
Aux villages d’entours
Et l’Armorique les porte
En dérive terrestres
Aux failles de Lanvaux
Où ils s’engloutiront
* Kermario: alignements de Carnac
* Crucuno : dolmen situé à côté de Carnac
Gwin ru
Dans ces vallons humides ennoyés de tristesses
Il pleure éternellement sur les vieilles écluses
Poussières qui crachinent en dissolvant les âmes
Ajoncs qui s’y délavent en de ternes brillances
Les schistes en Gouarec grisaillent la misère
Et ces gens dérivent là ployés de solitudes
Ils s’en vont sans histoires sous le joug de l’hiver
Noyant dans ce canal leurs voyages immobiles
Sous l’œil des mariniers qui vont en Guerlédan
Embarquer des ardoises que carient les hommes gris
Assombris de tristesses qu’ils enflamment d’alcools
Beuglant dans des bistros tenus par de vieilles folles
Ainsi vont leur vies crasses qui les rident déjà
Lors qu’aux bals ils s’en vont en quête de compagne
Qui rêvent d’un béguin et pas d’un « pokes dén »
Un de ces « pauvres types » qui la fera pleurer
Enserrant ses enfants contre une robe sale
Lorsque gonflé de vin il s’en retourne enfin
De tous ces petits verres de mauvaises vendanges
Que de grands pinardiers dépotent à Corniguel
Ce poison qui s’en vient des Afriques du Nord
De ces vieilles colonies qui égaient leurs masures
Quand un lointain cousin d’infanterie coloniale
Leur postait une carte qui chez eux fait gravure
Loïc le Meur 2008
Notes :
Gouarec est situé dans les côtes d’Armor entre Rostrenen et Loudéac, dans cette région défavorisée et pluvieuse il y avait au début du siècle de nombreuses exploitations d’ardoise
Dont une partie du transport était assuré par des péniches naviguant sur la canal de Nantes à Brest
Gwin ru est la traduction en Breton de Vin Rouge (gwin gwen : vin blanc)
Pokes den : pauvre homme, par extension pauvre type
Corniguel : le port de quimper situé au fond de la rivière de l’Odet, c’est là que débarquait le vin de mauvaise qualité mais fort en alcool en provenance d’Algérie Ce vin était transporté sur des navires spécialisés dans ce genre de fret appartenant à la compagnie Nader
Gavrinis
J'aime tes traits néolithiques
Et la rudesse de tes lèvres
Ton regard aux verdeurs magiques
Qui m'entraîne vers un long rêve
Et je retrouve ceux d'où tu viens
Il y a quarante fois cent ans
Sur ces terres au milieu de rien
Que la mer battait de grands vents
Ils se tenaient sur les grandes pierres
Pantois et le regard tremblant
Avec ces menhirs comme amers
Espérant le soleil levant
A l’heure où dans ces froids solstices
La nuit cesse de dévorer
Sur le cairn de Gavrinis
Leur triste et sombre humanité
Ah qu’elle est belle ma Bretagne
Un l’enclos paroissial où fleurissent les tombes
Gageures de richesses accomplies sur ces terres
S’estompe sous le ciel dur en froids matins d’automnes
Où de mornes bruyères flétrissent ces Novembres
Car ici « tout a trac » ils s’en iront bientôt s’entasser dans l’ossuaire :
Ces fémurs graciles de petits enfants morts
Avant d’avoir été
Ces vertèbres percluses à force de sarcler en jardins de misères
Et ces hanches luxées par troubles cousinages
Où l’on cédait les filles pour gagner des arpents
Ah qu’elle est belle ma Bretagne sous son ciel gris
Elle est plus belle que l’Espagne enfin celle des Asturies..
Re: bretagnes pariétales
Arrête Loic, tu me donnes envie d'aller te voir là-bas, j'ai toujours eu envie (enfin, pas de venir te voir mais d'aller vivre la Bretagne).
Belle référence aux Asturies, la région la plus mouillé qui me fut donnéde connaître.
Belle référence aux Asturies, la région la plus mouillé qui me fut donnéde connaître.
Re: bretagnes pariétales
J'aime beaucoup Gwin ru et Gavrinis, amples et beaux (le premier m'a fait penser à Amsterdam), mais je trouve le rythme de Carnacs beaucoup trop haché, avec ces retours à la ligne toutes les six syllabes parlées...
J'aime aussi Ah qu'elle est belle ma Bretagne, sec, cruel, évocateur.
J'aime aussi Ah qu'elle est belle ma Bretagne, sec, cruel, évocateur.
Invité- Invité
Re: bretagnes pariétales
On est bien loin de la Bretagne touristique, et pourtant que d'images riches, quel luxe de vocabulaire.
J'ai frémi à :
Cependant, je ne comprends pas le pourquoi cette comparaison avec les Asturies. Est-ce une histoire de pluviosité, comme l'indique Ole ?
Par ailleurs, je ne mettrais pas "pauvres types" entre guillemets (en italiques peut-être ?), et sans doute pas non plus "tout à trac".
J'ai frémi à :
et surtout àCes fémurs graciles de petits enfants morts
Avant d’avoir été
Ces vertèbres percluses à force de sarcler en jardins de misères
cette façon de dénoncer en pointant mine de rien un énorme détail.Et ces hanches luxées par troubles cousinages
Où l’on cédait les filles pour gagner des arpents
Cependant, je ne comprends pas le pourquoi cette comparaison avec les Asturies. Est-ce une histoire de pluviosité, comme l'indique Ole ?
Par ailleurs, je ne mettrais pas "pauvres types" entre guillemets (en italiques peut-être ?), et sans doute pas non plus "tout à trac".
Invité- Invité
Re: bretagnes pariétales
mais je trouve le rythme de Carnacs beaucoup trop haché, avec ces retours à la ligne toutes les six syllabes parlées...
socques peut tu éclairer ma lanterne? je ne comprends pas ce que tu veux dire
j'aime la définition amples et beaux merci
island faire frémir, c'est ce que je cherche ici, pour les asturies disons que:
Bretagnes Iberiques
Loin des oranges et des grenades
Des arènes et des manades
Au ventre des vallées en pleurs
On lampe à longs traits le malheur
Asturias Asturies
Contrées aux mortes vies
Bretagnes ibériques
Titubantes alcooliques
Rivières sanglotant vers la mer
Hauts fourneaux brûlant le fer
Le ciel et les roches sont ardoises
La misère se décline en toises
Asturias Asturies
Contrées aux mortes vies
Bretagnes ibériques
Titubantes alcooliques
Ces deux contrées sont sœurs
Des vieilles filles en labeur
Aux silhouettes brisées
A la grâce méprisée
Asturias Asturies
Contrées aux mortes vies
Bretagnes ibériques
Titubantes alcooliques
De loin elles se font face
Le ventre de même race
Survolant des Gascognes
Sous des mats en besogne
Asturias Asturies
Contrées aux mortes vies
Bretagnes ibériques
Titubantes alcooliques
Putains des républiques
Offrant ses fantassins
En odes hystériques
Aux destins assassins
Ole touroque, c'est vrai que cette contrée fascine et pourtant ici dans ces textes, je casse un peu le mythe des celtes et consorts (ca m'amuse d'ailleurs beaucoup)
socques peut tu éclairer ma lanterne? je ne comprends pas ce que tu veux dire
j'aime la définition amples et beaux merci
island faire frémir, c'est ce que je cherche ici, pour les asturies disons que:
Bretagnes Iberiques
Loin des oranges et des grenades
Des arènes et des manades
Au ventre des vallées en pleurs
On lampe à longs traits le malheur
Asturias Asturies
Contrées aux mortes vies
Bretagnes ibériques
Titubantes alcooliques
Rivières sanglotant vers la mer
Hauts fourneaux brûlant le fer
Le ciel et les roches sont ardoises
La misère se décline en toises
Asturias Asturies
Contrées aux mortes vies
Bretagnes ibériques
Titubantes alcooliques
Ces deux contrées sont sœurs
Des vieilles filles en labeur
Aux silhouettes brisées
A la grâce méprisée
Asturias Asturies
Contrées aux mortes vies
Bretagnes ibériques
Titubantes alcooliques
De loin elles se font face
Le ventre de même race
Survolant des Gascognes
Sous des mats en besogne
Asturias Asturies
Contrées aux mortes vies
Bretagnes ibériques
Titubantes alcooliques
Putains des républiques
Offrant ses fantassins
En odes hystériques
Aux destins assassins
Ole touroque, c'est vrai que cette contrée fascine et pourtant ici dans ces textes, je casse un peu le mythe des celtes et consorts (ca m'amuse d'ailleurs beaucoup)
Re: bretagnes pariétales
ça bout là-dedans, l'amertume est à chaque coin de mot.
M'en vais faire des recherches, combler les lacunes... Merci Loïc.
M'en vais faire des recherches, combler les lacunes... Merci Loïc.
Invité- Invité
Re: bretagnes pariétales
Je dois avouer qu'il y a là des sensations connues et j'ai un petit faible pour le gwin ru (ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit...) écrit sur ce pays que je qualifie de Toull du (trou noir) et où le vin rouge coule à flot (plus de bars que de boutiques dans les patelins) même maintenant.
Un pays de labeur, d'honneur et de picoles.
Pour en revenir au texte, je retrouve pas mal de choses: le crachin , la grisaille qui s'affiche même sur les toits, et la misère qui pendant longtemps s'est accrochée aux hommes.
Scoop : parfois il fait beau!
Le premier texte mériterait de trouver sa mélodie, j'aime beaucoup. Toujours ces images de la Bretagne traditionnelle. Car l'ensemble reste quand même très traditionnel et tes textes chantent une bretagne surannée, devenue l'apanage de quelques prismes.
Pourquoi pas d'ailleurs?
Un pays de labeur, d'honneur et de picoles.
Pour en revenir au texte, je retrouve pas mal de choses: le crachin , la grisaille qui s'affiche même sur les toits, et la misère qui pendant longtemps s'est accrochée aux hommes.
Scoop : parfois il fait beau!
Le premier texte mériterait de trouver sa mélodie, j'aime beaucoup. Toujours ces images de la Bretagne traditionnelle. Car l'ensemble reste quand même très traditionnel et tes textes chantent une bretagne surannée, devenue l'apanage de quelques prismes.
Pourquoi pas d'ailleurs?
Roz-gingembre- Nombre de messages : 1044
Age : 61
Date d'inscription : 14/11/2008
Re: bretagnes pariétales
loic a écrit:mais je trouve le rythme de Carnacs beaucoup trop haché, avec ces retours à la ligne toutes les six syllabes parlées...
socques peut tu éclairer ma lanterne? je ne comprends pas ce que tu veux dire
(...)
Eh bien, dans ce poème, les vers comportent chacun six syllabes (parfois cinq), et je trouve que c'est trop peu pour l'ambiance qui, je crois, affleure dans le texte. L'hexasyllabe, à mon avis, convient pour des sujets plus légers, pour un rythme saccadé ; il brise l'ampleur je trouve.
Sur le fait que j'écris six syllabes "parlées", eh bien c'est parce que, si on suit les règles de la prosodie classique qui se base davantage sur le vers écrit que parlé, on n'a pas systématiquement des hexasyllabes dans le texte :
"A-ssour-di-ssan-tes-au-tomnes" (7 syllabes)
"So-nnent-u-ne-suite i-mmo-bile" (8)
"Et-l’Ar-mo-ri-que-les-porte" (7)
par exemple.
Enfin, et s'il vous plaît ne voyez pas cette demande comme une agression, mais comme une requête formelle correspondant à l'option par défaut entre personnes qui ne se connaissent que très peu : je vous vouvoie et vous prie de faire de même.
Invité- Invité
Re: bretagnes pariétales
Soques:
le voissoiement ne me gêne ni ne m'agresse, je lui trouve même quelque chose de délicieusement surranné
la remarque sur la construction de ce texte me semble judicieuse en fait je ne connais pas les règles de la métrique et de la prosodie..
mais il faut avouer que:
Les bruines monotones enfument Kermario
Les gouttes s’y condensent aux pointes de l’ajonc
Assourdissantes automnes vaporisant la terre
Les bagads de pierre sonnent une suite immobile
S’en allant en cortège sous les arcs du temps
"sonne mieux"
le voissoiement ne me gêne ni ne m'agresse, je lui trouve même quelque chose de délicieusement surranné
la remarque sur la construction de ce texte me semble judicieuse en fait je ne connais pas les règles de la métrique et de la prosodie..
mais il faut avouer que:
Les bruines monotones enfument Kermario
Les gouttes s’y condensent aux pointes de l’ajonc
Assourdissantes automnes vaporisant la terre
Les bagads de pierre sonnent une suite immobile
S’en allant en cortège sous les arcs du temps
"sonne mieux"
Re: bretagnes pariétales
Ces poèmes sont très différents les uns des autres. J'ai envie de te parler d'abord des deux premiers. J'ai des frissons à les relire aujourd'hui (je les avais déjà lus hier mais pas assez de temps pour faire un commentaire). J'ai vraiment l'impression d'y être, dans cette humidité. L'expérience que j'ai de la Bretagne est différente, même en dehors de l'été. Tes poèmes en présentent un autre aspect, mais avec beaucoup de "présence".
Re: bretagnes pariétales
Le texte du Vin Rouge m'a spécialement plu. J'ai beau être jeune, con et peu cultivé en ce qui a trait à cette étonnante région de Bretagne, mais je dois dire que j'adore tout simplement le portrait que tu en fais. Tu as vraiment, Loic, un tel vocabulaire que c'en est à me faire péter les plombs tellement c'est beau et bien ficelé.
Décidément 'faudra que je m'aventure Outre-Mer (chez vous, dans ce cas-ci).
Décidément 'faudra que je m'aventure Outre-Mer (chez vous, dans ce cas-ci).
Charly_Owl- Nombre de messages : 66
Age : 34
Localisation : Montréal, Québec (au Canada, bande de moules)
Date d'inscription : 31/08/2008
Re: bretagnes pariétales
J'ai toujours un peu de mal avec le rythme de tes vers, Loïc. Le e tantôt muet, tantôt prononcé à l'intérieur du vers m'oblige souvent à reprendre ma lecture pour trouver le bon rythme et cela me gâche le plaisir de me laisser emporter par tes images si justes et souvent très belles. Je n'ai absolument rien contre une façon moderne de traiter ce fameux e mais je crois qu'il faut choisir, pour un texte donné, entre le style-chanson et celui, plus classique de la poésie traditionnelle. Cela dit je suis touchée par la tendresse que tu portes et que tu exprimes si bien à cette province bretonne dont je suis amoureuse, moi aussi.
Re: bretagnes pariétales
J'ai été très sensible à Gwin ru et je trouve que globalement, c'est une belle ballade en Bretagne que tu nous proposes...Et aussi une belle entrée dans Novembre et la saison hivernale.
Cependant, une remarque: dans le premier, ce n'est pas tellement le rythme haché qui m'ennuie, plutôt les références trop nombreuses à des lieux connus qui nuisent, selon moi, à la poésie, peut-être parce qu'elles ne permettent pas de 'sentir' vraiment les lieux, les noms tombent donc à plat...
Mais sinon les autres ont de belles images et montrent une diversité qui est toute à ton honneur.
A bientôt sous tes lignes,
Ruin.
Cependant, une remarque: dans le premier, ce n'est pas tellement le rythme haché qui m'ennuie, plutôt les références trop nombreuses à des lieux connus qui nuisent, selon moi, à la poésie, peut-être parce qu'elles ne permettent pas de 'sentir' vraiment les lieux, les noms tombent donc à plat...
Mais sinon les autres ont de belles images et montrent une diversité qui est toute à ton honneur.
A bientôt sous tes lignes,
Ruin.
Loreena Ruin- Nombre de messages : 1071
Age : 34
Localisation : Nancy
Date d'inscription : 05/10/2008
Re: bretagnes pariétales
Les bruines monotones enfument Kermario
Les gouttes s’y condensent aux pointes de l’ajonc
Assourdissantes automnes vaporisant la terre
Les bagads de pierre sonnent une suite immobile
S’en allant en cortège sous les arcs du temps
"sonne mieux"
en effet! Je crois même que si tout le poème était écrit comme ça, je n'aurais pas fait ma remarque précédente! Il semble que ce soit véritablement un problème de rythme donc.
Loreena Ruin- Nombre de messages : 1071
Age : 34
Localisation : Nancy
Date d'inscription : 05/10/2008
Re: bretagnes pariétales
loreena je l'ai modifié et ce fût salavateur,
je ne peux m'empêcher de référer mes textes, car ces "terroirs" sont très marqués, en Bretagne quelques dizaines de kilomètres peuvent te faire changer de pays
du doux Morbihan sud ou je vis et de l'austère centre bretagne il n'y a qu'une soixantaine de kilomètres et l'on change de planète...et c'est ce que je fais tout les jours, ça rend un peu "dingo" parfois..
les noms que j'évoque en fait sont ce que je ressens qu'en j'y passe, pour Guerlédan c'est un malaise diffus qui m'évoque ces images littérées (je ne sais pas si "littérées" existe, mais je trouve ce mot agréable) disons que ce sont des couleurs..
je ne peux m'empêcher de référer mes textes, car ces "terroirs" sont très marqués, en Bretagne quelques dizaines de kilomètres peuvent te faire changer de pays
du doux Morbihan sud ou je vis et de l'austère centre bretagne il n'y a qu'une soixantaine de kilomètres et l'on change de planète...et c'est ce que je fais tout les jours, ça rend un peu "dingo" parfois..
les noms que j'évoque en fait sont ce que je ressens qu'en j'y passe, pour Guerlédan c'est un malaise diffus qui m'évoque ces images littérées (je ne sais pas si "littérées" existe, mais je trouve ce mot agréable) disons que ce sont des couleurs..
Re: bretagnes pariétales
Je comprend bien ce que tu veux dire Loïc (d'autant que je connais certains lieux que tu évoques) et crois-moi, je suis sensible à la mention des noms lorsqu'ils ont une symbolique forte en eux-même (comme Carnac, Babylone ou autre^^) et je pense que, usés modérément et de façon significative cela est tout a fait pertinent.les noms que j'évoque en fait sont ce que je ressens qu'en j'y passe
Mais plus généralement (je sors du cadre des tes poèmes), je pense qu'il faut faire attention à ne pas perdre son lecteur avec des références qu'il ne connaît pas, au risque de lui mettre sous le nez un catalogue de nom qui ne représentent rien pour lui. Sinon cela reviendrait à écrire uniquement pour ceux qui connaissent les lieux (y attachent des émotions et des souvenirs particuliers) démarche qui a, certes, son charme, mais réduit considérablement la sphère du lectorat!
Amicalement,
Ruin.
Loreena Ruin- Nombre de messages : 1071
Age : 34
Localisation : Nancy
Date d'inscription : 05/10/2008
Re: bretagnes pariétales
loic a écrit:arielle peux tu me donner des exemples, j'ai faim de m'améliorer..
Prenons par exemple Gavrinis : J'ai souligné les e prononcés et mis entre parenthèses ceux que je lis comme muets, sans tenir compte, bien entendu des e précédant une voyelle ou un h muet comme dans Leur triste et sombre humanité
J'aime tes traits néolithiques
Et la rudesse de tes lèvres
Ton regard aux verdeurs magiques
Qui m'entraîne vers un long rêve
Et je retrouv(e) ceux d'où tu viens
Il y a quarant(e) fois cent ans
Sur ces terr(es) au milieu de rien
Que la mer battait de grands vents
Ils se tenaient sur les grand(es) pierres
Pantois et le regard tremblant
Avec ces menhirs comme amers
Espérant le soleil levant
A l’heure où dans ces froids solstices
La nuit cesse de dévorer
Sur le cairn de Gavrinis
Leur triste et sombre humanité
Cela peut paraître un détail. Mais c'est gênant quand on a l'habitude de lire à mi-voix comme je le fais toujours quand il s'agit de poésie.
Re: bretagnes pariétales
arielle c'est mieux comme ça ?
Gavrinis
J'aime tes traits néolithiques
Et de tes lèvres la rudesse
Ton regard aux verdeurs magiques
Qui sur un long rêve me laisse
Et je retrouve là ceux d'où tu viens
Il y a quarante fois cent ans
Sur ces terres au milieu de rien
Que la mer battait de grands vents
Ils se tenaient sur les grandes pierres
Pantois et le regard tremblant
Avec ces menhirs comme amers
Espérant le soleil levant
A l’heure où dans ces froids solstices
La nuit se blesse à dévorer
Sur le cairn de Gavrinis
Leur triste et sombre humanité
Gavrinis
J'aime tes traits néolithiques
Et de tes lèvres la rudesse
Ton regard aux verdeurs magiques
Qui sur un long rêve me laisse
Et je retrouve là ceux d'où tu viens
Il y a quarante fois cent ans
Sur ces terres au milieu de rien
Que la mer battait de grands vents
Ils se tenaient sur les grandes pierres
Pantois et le regard tremblant
Avec ces menhirs comme amers
Espérant le soleil levant
A l’heure où dans ces froids solstices
La nuit se blesse à dévorer
Sur le cairn de Gavrinis
Leur triste et sombre humanité
Re: bretagnes pariétales
J'ai toujours un peu de mal avec la seconde stophe:
Et je retrouve là ceux d'où tu viens (10 syllabes)
Il y a quarante fois cent ans ( 9)
Sur ces terres au milieu de rien ( 9)
Que la mer battait de grands vents (
ainsi qu'avec :
Ils se tenaient sur les grandes pierres (9)
et:
Sur le cairn de Gavrinis (7)
Si j'insiste sur ce poème c'est parce j'ai l'impression que, t'appuyant sur les rimes, tu as voulu en faire un poème classique dans sa forme et son rythme. Mais d'autres te diront que ces inégalités ne les gênent pas du tout et peut-être auront-ils raison ;-)
Et je retrouve là ceux d'où tu viens (10 syllabes)
Il y a quarante fois cent ans ( 9)
Sur ces terres au milieu de rien ( 9)
Que la mer battait de grands vents (
ainsi qu'avec :
Ils se tenaient sur les grandes pierres (9)
et:
Sur le cairn de Gavrinis (7)
Si j'insiste sur ce poème c'est parce j'ai l'impression que, t'appuyant sur les rimes, tu as voulu en faire un poème classique dans sa forme et son rythme. Mais d'autres te diront que ces inégalités ne les gênent pas du tout et peut-être auront-ils raison ;-)
Re: bretagnes pariétales
Et l’Armorique les porte
Ce vers m'a séduite. Sans que je puisse dire pourquoi avec précision mais c'est son emplacement, sa tournure, tout cela qui me plaît.
Tu rends un bel hommage à la Bretagne, il n'y a pas à dire.
Attention toutefois de ne pas vouloir en faire trop, avec le risque que ça finisse à tout prix par se sentir. Le poème "régionaliste" est intéressant à condition de rester plus ou moins sobre, d'évoquer la région plutôt que la décrire et la raconter par le menu. Par moments, tu tends vers cela, mais très peu, pas de soucis, nous ne sommes pas dans un guide touristique mis en vers :-)
Sinon, il y a de très belles images et des sensations qui traversent les mots, comme la pluie, le vent et la grisaille mais aussi la chaleur d'un endroit et sa beauté.
Ce vers m'a séduite. Sans que je puisse dire pourquoi avec précision mais c'est son emplacement, sa tournure, tout cela qui me plaît.
Tu rends un bel hommage à la Bretagne, il n'y a pas à dire.
Attention toutefois de ne pas vouloir en faire trop, avec le risque que ça finisse à tout prix par se sentir. Le poème "régionaliste" est intéressant à condition de rester plus ou moins sobre, d'évoquer la région plutôt que la décrire et la raconter par le menu. Par moments, tu tends vers cela, mais très peu, pas de soucis, nous ne sommes pas dans un guide touristique mis en vers :-)
Sinon, il y a de très belles images et des sensations qui traversent les mots, comme la pluie, le vent et la grisaille mais aussi la chaleur d'un endroit et sa beauté.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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