Pour ton prochain voyage

[mitsouko]

De la pose figée de ces statues de marbre
J’ai appris à aimer
Le mouvement des corps
Et la beauté du geste par la grâce accomplie

Du silence envoûtant de ces lieux de prière
J’ai appris à aimer
Ces tempêtes soufflées à vos cuivres vengeurs
Aux murs de Jéricho

De ces eaux endormies dans un lit de raison
J’ai appris à aimer
Ces torrents tumultueux dévastant les icônes
De vos cités trop fières

De ces corps bien trop sages pétris de convenances
J’ai appris à aimer
Ces plaisirs enivrants dérobés à l’extase
Dérèglements des sens, perché au bord du vide

De ces ombres oubliées, sacrifiés exemplaires
J’ai appris à aimer
Ces révoltes superbes aux soirs de fulgurances
Quand l’idée plie le monde aux rêves imaginés

De ces chiens bienveillants couchés au pied des maîtres
J’ai appris à aimer
L’âpreté du combat à revenir sauvage
Choisissant l’éphémère pour écarter la laisse

Au crépuscule d’une vie que j’eus voulu plus belle
Je te laisse ces mots comme seul héritage
Qu’ils te donnent la force, l’espérance et l’envie
Et éclairent la voie de ton prochain voyage

[Invité]

Un texte ample, solennel... Je l'apprécie, mais me dis que le refrain systématique lui donne une allure un peu facile, un peu commune.

J'aime particulièrement la première strophe.

[loic]

la dernière strophe arrive comme la dernière vague, celle qui emporte les jetées qu'on croyait éternelles

merci HHL

[Invité]

Rien à redire sur ce texte humble et fort, fort parce que humble, majestueux aussi dans l'expression. Sensible à la référence à Jéricho, j'ai toutefois préféré :

De ces ombres oubliées, sacrifiés exemplaires
J’ai appris à aimer
Ces révoltes superbes aux soirs de fulgurances
Quand l’idée plie le monde aux rêves imaginés

pour l'espoir que ces mots véhiculent.

[Arielle]

J'aime bien la forme de ce poème qui, dans chaque strophe, part du figé, du silencieux pour exploser dans le mouvement, l'effervescence.
J'aime aussi ce " J'ai appris à aimer " que je ressens comme une invitation réitérée à aller au fond des choses vers leur vie profonde. L'emphase, ici, ne me gêne pas, elle convient parfaitement au sujet.

[Sahkti]

La reprise de "J'ai appris à aimer" tout au long du texte impose de donner en parallèle naissance à des images et un mouvement qui feront progresser le récit. Des notions de mobilité qu'on peut retrouver dans des termes tels mouvement des corps, tempêtes soufflées, torrents tumultueux, bord du vide, fulgurances, sauvage ou encore voyage.
L'idée se répète, donc, et s'écoule tel un fil conducteur qui guiderait ce poème en le maintenant, un peu trop sagement à mon goût, dans les rails. C'est soigné, net, élégant, mais il me manque un petit brin de folie au milieu de tant de sagesse.

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