Vague alarme

[Arielle]

La vague aux mains gantées d'ailleurs
Roule sous l'aile des oiseaux
Et sous le ventre des bateaux
Les bois flottés de ses naufrages

Contre la digue dans le port
A coups de crocs blanchis d'écume
Cognent l'aigreur et l'amertume
D'une diva au pied du mur

Plus loin sur le lit d'une plage
Où les galets froissés sanglotent
Coiffée de goémon clapote
En sourdine une agonie lente

Mais la vague a le goût des orgues
Et des grands levers de rideau
Bien que blême au bout du rouleau
Elle tient aux feux de la rampe

-Un tsunami ma chère ou rien
Puisqu'il faut que je m'agenouille
J'exige contre ma dépouille
Quelques tuiles quelques pavés
Quelques cadavres démembrés
Afin d'asseoir ma renommée !

[Invité]

Une vague aux exigences de diva, rien que ça ! Une vague à facettes aussi, paradoxalement et adroitement concentrée en quelques vers. C'est très bien rendu, j'ai même des photos qui y ressemblent :

Contre la digue dans le port
A coups de crocs blanchis d'écume
Cognent l'aigreur et l'amertume
D'une diva au pied du mur

[loic]

elle tient au feu de la rampe laisse une petite rupture, je le relirais à tête reposée au moment de l'étale

[Invité]

Je trouve le ton plus ample que d'ordinaire dans vos textes, moins intimiste, et cela me plaît beaucoup.

J'adore toute la fin à partir de "Mais la vague a le goût des orgues".

[pierre-henri]

Superbe et puissant.
(Vieux grincheux, que vous ne connaissez que trop, ajoute: "En sourdine une agonie lente", musicalement, me gêne.)

[lilicub]

J'ai aimé cette vague multiple, exigeante : presque une personne d'eau et de sentiments.
Très belle ambiance. En particulier la troisième strophe :

Plus loin sur le lit d'une plage
Où les galets froissés sanglotent
Coiffée de goémon clapote
En sourdine une agonie lente

[Roz-gingembre]

Cette poésie me plait, et pourtant concernant les vagues je ne manque pas d'expérience, mais celle ci (peut-être devrais-je dire celles-ci ) me plait. Il y a de la musicalité mais aussi des cassures, de l'originalité dans le choix des mots et même parfois, du culot, comme ces galets froissés.

[Sahkti]

J'adore cette strophe:
- Un tsunami ma chère ou rien
Puisqu'il faut que je m'agenouille
J'exige contre ma dépouille
Quelques tuiles quelques pavés
Quelques cadavres démembrés
Afin d'asseoir ma renommée !

Elégance et puis aussi une certaine dose de préciosité dans la voix de la narratrice, ça donne bien, ça ajoute une touche de grandiloquence qui n'est pas pour me déplaire dans le cas présent.

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