Ulises

[Ole Touroque]

L'expression la plus grave le traversa
De part en part Je vis le ciel à travers son cou
Une branche montée sur des murs glauques
Il s'éveillait doucement en regardant en bas
Halluciné apprivoisé
Par la largeur du vide
Depuis sa couverture de chaussures usées
Gisait un fil de chair bon à marcher
Rien de plus
Je voyais dans ses livres
L'ingratitude de l'encre qu'il versait
Avant le drame d'une escapade secrète
Remparts de Varsovie
Musical piano de vent
La chute dans un Dublin épinglée riche
Les marges encore remplies
Vers long
Comme un cheveu d'indienne
Sans accroc
Nourri au soleil Recherche d'art
au fond de la rue des eaux
Recherche d'argent aux docks fermentés
En Nouvelle-Amsterdam
Une plaie à l'air

L'expression la plus grave le traversa
Une chaleur lui boursoufla la peau
Vers court
Du riz sous une toile
Tendue par l'alcool En suivant la mésange
Voilà qu'arrive original et mauvais
Le prince
Sous une douche
Assis devant les cinémas
Mémoire d'un poète éclairé
Jailli d'une armoire en feu

L'expression la plus grave le traversa
Sur le pont Il regardait acide
La messe des péniches
Vers l'ouest
Une femme ratée
Un modèle bouleversé
Atelier où pleurent vingt toiles
A la peinture d'encre

[Invité]

Je ne comprends pas tout mais j'aime certains vers, des images qui titillent l'imagination :

L'expression la plus grave le traversa
De part en part

la largeur du vide

Depuis sa couverture de chaussures usées
Gisait un fil de chair bon à marcher

Musical piano de vent

Vers long
Comme un cheveu d'indienne
Sans accroc

La messe des péniches
Vers l'ouest

Atelier où pleurent vingt toiles
A la peinture d'encre

[Invité]

Moi je n'ai pas compris grand-chose mais ça ne me gêne pas ici, une ambiance se dégage, sombre et violente, et j'aime ça.

Chapeau notamment pour
"L'expression la plus grave le traversa
De part en part Je vis le ciel à travers son cou"

[Flaneuse]

Plus je vous lis, plus je pense que vous devez aimer René Char. Aimez-vous René Char ? J’apprécie beaucoup ses poèmes quoique n’en comprenant pas toujours le sens. Juste ce qui s’en dégage. Et la magie de certains mots. Comme ici, les vôtres.

[Ole Touroque]

Je ne connais de René Char que "Le marteau sans maître" que j'ai lu il y a quelques temps mais il est vrai que ce livre m'accompagne un peu partout et a changé ma perception de l'écriture que je ne voyais qu'en vers et en propos articulés autour d'un sujet défini. A noter également, Tzara...

[loic]

je ne me sens pas encore prêt (et le serai-je un jour) a me laisser emporter par l'imaginaire des mots et leur chanson, j'ai besoin d'une trame sinon je décroche vite

[Sahkti]

La chute dans un Dublin épinglée riche
Un ou une Dublin?

Ce poème ne me convainc pas vraiment. Il s'en dégage certes de jolies images et des sonorités plaisantes mais je le trouve inachevé et n'explorant pas assez les frontières de la langue. Tu tentes bien quelque chose, mais ça ne va pas très loin, tout demeure dans un moule connu et assez banal somme toute, c'est dommage, car tu tentes pourtant par le propos de créer un univers particulier. Dommage que la structure ne s'y prête pas.

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