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Itinéraires ordinaires : Huit heures trente-deux

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Itinéraires ordinaires : Huit heures trente-deux Empty Itinéraires ordinaires : Huit heures trente-deux

Message  kazar Ven 21 Nov 2008 - 6:08

Le matin faisait grise mine. Ses nuages, gras et paresseux, crachotaient sur le béton. Dans les petites flaques, sur les trottoirs, on voyait le monde à l’envers ; et le monde, comme ça, tout retourné, paraissait un peu plus beau.
Monsieur Thibaud regardait par la fenêtre, une tasse de café au bout des lèvres. Il se dit : « Fait chier » ; Monsieur Thibaud n’était pas un poète. Il n’aimait pas l’hiver, et encore moins le matin. Surtout quand il pleuvait.
La nuit n’avait pas encore déserté. Tout était orange et gris, tout était lampadaires et phares bruyants. Au chaud dans son petit appartement, Monsieur Thibaud avait pourtant déjà froid. Il pouvait presque sentir la pluie glisser dans sa nuque et moucheter ses lunettes.
Vraiment, vraiment, il n’avait aucune envie d’aller travailler aujourd’hui.

Le réveil braille. Léa s’enfouit sous son oreiller ; elle aimerait tendre le bras et éclater la boîte à crincrin mais un cinquième retard ce trimestre — et donc, deux heures de colle — pointe le bout de son nez. Son père, son con de père dit-elle si souvent, ne rigole pas avec ça. Et puis deux heures coincée au bahut, c’est deux heures de moins avec son copain.
Encore dix minutes, elle se dit.
Encore dix minutes qui s’évaporent sans bruit. Puis se transforment en quinze, à la fin d’une chanson pop, à la fin d’une chanson plate et sans saveur bien loin de tout ce qu’elle joue avec son groupe. Quand elle ouvre enfin les yeux, Léa sait qu’il va falloir sauter une étape pour arriver à l’heure. Quand l’eau de la douche la réveille pour de bon, la jeune fille a déjà tranché : ce matin, elle ne déjeunera pas. De toute façon, elle a un kilo en trop.

Voilà bien longtemps qu’il n’avait plus passé une nuit aussi difficile. La faute à la pleine lune, sans doute. Ils avaient été infernaux. Depuis qu’il travaillait au foyer, les gosses étaient devenus une partie de lui-même, comme autant de petits frères tordus, redressés à coups d’armures en ferraille et de lits écarteleurs. Au début, il avait été à deux doigts d’abandonner ; le handicap, c’est laid. Surtout quand ça touche des mômes. Et puis, au fil de ses gardes, Jim avait compris que les garçons du foyer étaient comme ceux au-dehors, pleins de vie, d’espoirs, de connerie aussi. Ils avaient juste un corps défectueux, une machine réformée au contrôle qualité, un paquet de chair disgracieux qui se prolongeait par des béquilles ou des roues couinantes.
Maigres, bossus, baveux, crochus, blafards. À la carte ou en menu.

Monsieur Thibaud avait encore le goût du dentifrice sur les dents. Il était très pointilleux sur l’hygiène ; pour lui, la bouche ne mentait jamais. Tartre et plaque dentaire ? Vous auriez été louche à ses yeux.
Il se passait la langue sur les incisives et les trouvait parfaitement lisses. Et il aimait ça. Ses chaussures claquaient sur le bitume d’un pas rafraîchi. Le crachin se déposait en silence sur son parapluie en une couche blanche et fine. Monsieur Thibaud n’était pas content.

Jim marchait vite, mains dans les poches et dos courbé. Les rues drainaient les premiers levés — ou les derniers couchés, c’est selon — vers les bouches de métro et une journée bien remplie. Le jeune homme avait enfoncé les écouteurs de son iPod aussi profond que possible dans ses oreilles, presque jusqu’au cerveau, comme deux perfusions de musique pour survivre au monde fatigué. Avec le temps, il acceptait de moins en moins que les gens, tous les gens qui n’avaient pas un lit au foyer, qui avaient deux jambes bien droites et dix doigts mobiles, se plaignent de leur sort. Il n’aimait pas les entendre bâiller, soupirer, pester, eux qui étaient encore libres d’aller où bon leur semblait, eux qui ne connaissaient pas les garçons du foyer Henri Mondor.

— Tu commences à quelle heure ? lui demande son père, de la cuisine où il boit son thé.
— Neuf heures, dit-elle tout bas.
Elle n’a pas peur de son père. Elle le cherche. Depuis que sa mère est partie, Léa ne le supporte plus. Son air de chien battu, ses discours, sa morale, son parfum, ses efforts ridicules pour tenir fille et maison propres, tout ça est à vomir. Pour bien le lui faire comprendre, elle a mis son jean tout déchiré en bas — celui qui filoche aux talons.
— Quelle heure ? Je n’ai pas entendu !
Mais elle ne répond pas. Elle décroche son manteau, met son bonnet, soupire et claque la porte. Elle ignore que la journée de son papa commence comme toutes les autres depuis six mois : sans couleurs. Qu’il s’assoit. Et qu’il pleure dans le silence de la maison vide.

Camille l’attend dans le froid au coin de la rue, clope au bec. Elle fume de partout, comme les voitures arrêtées au feu. Elle a un peu forcé sur le fard noir et les piercings ; de ses mitaines rouges éclosent des ongles multicolores. Rongés mais vernis. Elle dit que ça le fait, pour une guitariste.
— Putain, Lé, on va être en retard !
— Ouais, ‘scuse.
Une bise de circonstance. Et silence. Les adolescentes se mettent en route, un peu plus vite que d’habitude ; elles marchent, sœurs de révolte, jumelles de contestation, vers le lycée. Mains dans les poches et tête baissée.

La boulangerie s’était parfumée. On pouvait la sentir du bout de la rue. Jim y était entré ; il y faisait chaud comme dans une baguette sortie du four. Les pains au chocolat faisaient les yeux doux, les chouquettes scintillaient, la boulangère souriait ; elle était encore plus jolie que la veille. En vieil habitué, Jim connaissait bien la demoiselle. Elle le servait toujours avec douceur.
— Bonjour monsieur !
— Vous pouvez m’appeler Jimmy, depuis le temps.
Ce matin, le jeune homme avait décidé de vivre. Il n’avait pas envie de réfléchir au pourquoi du comment ; c’était venu, comme ça, et il ne fallait pas le laisser partir. Ça avait poussé en lui aussi discrètement qu’un petit bourgeon sur une branche endormie. Et ce matin, dans le ventre de l’infirmier, les premières fleurs chatouillaient.
Il osa :
— Vous finissez à quelle heure aujourd’hui ?
D’abord, elle ouvrit un peu plus ses yeux. Puis le rouge lui grimpa aux joues et y dessina deux tartelettes à la fraise.
Elle rit, et c’était doux comme un macaron.

Monsieur Thibaud, au moins, aimait conduire. Dans sa voiture, il écoutait la pluie — qui avait repris des forces — claquer sur le pare-brise, et il battait la mesure avec les essuie-glaces. Les lumières de la ville éclataient dans les gouttes écrasées, dressant un tableau éphémère et surréaliste. Monsieur Thibaud n’allumait jamais la radio. Il ne mettait jamais de musique non plus. Mauvaises nouvelles et tristes mélodies ne le mettaient pas d’assez bonne humeur pour supporter la journée. Elles le rendaient même nostalgique d’un temps dont il ne se souvenait plus très bien, comme un rêve lointain. Il lui était arrivé de pleurer pour rien, comme ça, en allant au travail. Il n’avait pas envie de recommencer.

— Je vais chez Max ce soir.
Léa ne savait pas comment le dire. Il fallait qu’elle s’en défasse ; c’était un peu lourd à porter seule, même soutenu par les grands airs des filles de son âge, ces fausses attitudes détachées qui dissimulent la peur panique.
— Sérieux ?
Camille a le visage figé, le ventre saisi. Elle arrête de tirer sur sa nouvelle clope, l’ôte de sa bouche et la secoue comme si elle l’encombrait.
— Ouais.
Léa avoue qu’elle flippe. L’enfance touche à sa fin et ce n’est pas rien.
— T’es sûre de toi ?
— C’est bon, je suis plus une gamine !
Pas sûre, se dit la fumeuse. Pas sûre du tout.
En attendant le bus, les jeunes filles pensent. L’une, qu’elle aura bien l’air con, demain, quand elle sera la seule des deux à être encore vierge. L’autre, qu’elle espère que ça emmerdera bien son père.

Monsieur Thibaud était arrivé. Il avait salué ses collègues qui parlaient fort dans la salle du personnel. Il évitait de trop rester avec eux : il les trouvait un peu bêtes. Pas méchants mais pas intéressants non plus. Dans ces petits attroupements matinaux, on débattait le plus souvent du film de la veille, de gonzesses et de nichons. Monsieur Thibaud, lui, aimait discuter fleurs et jardinage, rempotage et tuteurs. Personne ici ne partageait ses intérêts. Peu importe, il gardait ça pour lui.
Et pour ses fleurs, bien entendu.

Son bus l’attendait, propre et silencieux, dans le grand hangar, avec toutes les autres boîtes roulantes. Comme chaque matin, Monsieur Thibaud posa la main sur la carrosserie et dit :
— Bonjour.
Le géant ne répondait jamais mais, Monsieur Thibaud en était certain, n’en pensait pas moins. Monsieur Thibaud ouvrit les portes, grimpa dans sa cabine, passa en revue les commandes, les plans de route et les rétroviseurs. Tout était en place.
Conduire cette machine était plaisant ; l’insupportable, c’était les gens qui grimpaient dedans. Mal élevés, mal souriants, mal lavés, ils salissaient l’habitacle, abîmaient les fauteuils, rayaient les vitres et éternuaient sans mettre la main devant la bouche.
Monsieur Thibaud n’aimait pas qu’on éternue bruyamment.

Jim avait englouti son pain au chocolat et s’était léché les doigts. Il avait gardé son sourire depuis la boulangerie, où il retournerait le soir même pour prendre la fille par la main et lui montrer comment dorment les canards sur les bords de Marne. Il avait attendu le bus de huit heures trente-deux sous un porche peu profond ; les voitures roulaient dans l’eau qui débordait des caniveaux et éclaboussaient les passants ; et Jim détestait être trempé. Le 107 s’était arrêté dans un bruit de freins fatigués et le jeune homme, épuisé, soulagé à l’idée d’être bientôt chez lui après cette nuit interminable, y était monté.
Il avait montré sa carte au chauffeur en lui souriant. L’autre avait à peine cillé ; il avait l’air d’un automate mal remonté, dans sa veste trop serrée.
Sale con, pensa Jim.

Il va tout me saloper, pensa Monsieur Thibaud.

Le 107 a deux minutes de retard. Léa a faim et froid. Camille n’a pas dit grand-chose depuis tout à l’heure ; elle regarde aux alentours avec un air un peu perdu. Faut dire que demain, c’est le conseil de classe ; elle risque de redoubler. Et puis sa copine est plus courageuse qu’elle et ça, ça lui fout vraiment les boules.
— Il arrive, dit Léa.
Elles embarquent sans sortir leur abonnement. Sans sourire, sans rien dire.
Il ne reste pas beaucoup de places assises ; en fait, une seule, à côté d’un type qui dort et qui sent le pain, baladeur à fond et sourire idiot comme une Joconde à barbe. Léa laisse le siège à sa copine ; elle, elle veut rester debout.
Elles seront à l’heure.

La main sur la barre froide du bus, Léa essaye de ne pas pleurer. D’être une grande fille, comme elle le prétend, d’accepter les aléas de la vie. Mais son ventre lui fait mal. Il se moque de ce qu’elle peut bien avoir décidé toute seule.
Elle va avoir un jour d’avance.
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Itinéraires ordinaires : Huit heures trente-deux Empty Re: Itinéraires ordinaires : Huit heures trente-deux

Message  Invité Ven 21 Nov 2008 - 6:58

Eh bien, chapeau bas ! Le récit est très bien mené, les personnages convaincants, tout sonne juste pour moi. J'ai passé un moment très agréable à te lire, kazar...

D'emblée, j'ai pu m'installer avec : "et le monde, comme ça, tout retourné, paraissait un peu plus beau."

J'oserai dire, un texte qui te ressemble : intelligent et sensible.

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Message  Invité Ven 21 Nov 2008 - 7:35

N'est-ce pas qu'il est beau ce Kazar tout frais sorti de son monde désenchanté ? !

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Message  Tristan Ven 21 Nov 2008 - 9:30

Du grand Kazar, ça ! C'est très bien orchestré, il y a un ton qui me plaît.
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Message  Lucy Ven 21 Nov 2008 - 20:48

Du très bon boulot, Kazar !

Pas vraiment ordinaire, tout ça. J'ai pris plaisir à ma lecture. Merci !
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Message  Invité Ven 21 Nov 2008 - 21:17

Ah, chapeau, de vraies petites tranches de vies, bien fines,, bien fraîches, toutes justes..., super boulot, Kazar !

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Message  Invité Sam 22 Nov 2008 - 3:28

C'est bien conduit. Tout un petit monde qui retient son lecteur.
Je trouve le texte bien dosé, nous attirant dans le pathos pour nous recouvrir de tendresse. On va finir par les aimer tous. un récit intelligent, oui.

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Message  Sahkti Sam 22 Nov 2008 - 21:06

Tu le sais déjà que j'aime ton texte :-) Ces personnages, ces tranches de vie et ce petit monde exceptionnel dans son quotidien. Du bon Kazar!
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Message  Romane Dim 23 Nov 2008 - 0:08

A petites touches, à petites tranches, les personnages ciselés dans leur paysage, leur monde, comme autant de prises de vues zoomées. J'aime !!
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Message  loic Dim 23 Nov 2008 - 6:24

voilà ce qu'est pour moi l'écriture, une suite d'images communes magnifiées par la plume de l'écrivain, l'exercice est particulièrement réussi dans ce texte sans concession..c'est sociologique dans le fond et littéraire dans la forme, Félicitations

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Message  Blackats Dim 23 Nov 2008 - 19:21

J'ai beaucoup aimé ! J'ai pas eu l'occasion de voir énormément d'histoire entre-filées et celle est particulièrement plaisante . J'aime beaucoup le premier personnage (les deux autres un peu moins mais par goûts).
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Message  Mano Lun 24 Nov 2008 - 13:15

Ces intinéraires, les tines mais aussi les quelques autres que j'ai lu sont une réussite. Arriver à faire ressortir l'humain du quotidien, c'est chouette. Cela donne envie. Cool.
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Message  grieg Lun 24 Nov 2008 - 20:57

d'accord c'est bon ! :-))
même si, parfois, l'image à tout prix m'agace un peu (genre: " la boite à crincrin")
kazounet, à chaque texte tu t'améliores. d'ici peu (faute d'être musclé), tu seras Grand.

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Itinéraires ordinaires : Huit heures trente-deux Empty Re: Itinéraires ordinaires : Huit heures trente-deux

Message  Arielle Mar 25 Nov 2008 - 10:04

Bravo Kasar! Tu nous tricotes avec tendresse une écharpe de petites vies ordinaires pour réchauffer nos aubes grises et ça marche : On descend de ton bus avec le sourire, réconcilié avec le monde!

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Message  Loreena Ruin Mar 25 Nov 2008 - 16:22

J'ai vraiment adoré, d'autant que cette fois j'ai vraiment pu tout lire attentivement! ;-). Faire du beau avec de l'ordinaire, on dirait que tu commences à tenir le bon bout camarade !

Juste un petit détail au début:
Ses nuages, gras et paresseux, crachotaient sur le béton. Dans les petites flaques, sur les trottoirs, on voyait le monde à l’envers ; et le monde, comme ça, tout retourné, paraissait un peu plus beau.
J'aime beaucoup cette phrase et tout ce qu'elle a de poétique, mais elle ne "coule" peut-être pas assez, à cause du trop grand nombre de virgules...d'un autre côté je ne vois pas trop comment tu aurais pu tourner cela autrement.

Et un autre truc (mais c'est vraiment pas grand chose là, je chipotte):
Il se dit : « Fait chier » ; Monsieur Thibaud n’était pas un poète.
Si le ";" doit introduire une explication, j'aurais plutôt vu un tiret ou deux point, mais le point virgule...non décidément il me va pas! :-)

Voilà, c'est tout ce que je trouve à redire, c'est dire...

Bravo et à bientôt sous tes lignes (comme toujours),

Ruin.
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Message  Yali Mar 25 Nov 2008 - 17:22

Une belle réussite Kazar, suffisamment retenue pour qu'elle fonctionne et nous berce.
Mais alors l'emploi du point virgule c'est du n'importe quoi :-))))))

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Itinéraires ordinaires : Huit heures trente-deux Empty Re: Itinéraires ordinaires : Huit heures trente-deux

Message  Kilis Mar 25 Nov 2008 - 17:23

Kazar, j’ai trouvé ton écriture claire, sensible et poétique.
J’ai relevé quelques images qui me plaisent particulièrement.

« Dans les petites flaques, sur les trottoirs, on voyait le monde à l’envers; et le monde, comme ça, tout retourné, paraissait un peu plus beau. »

« de ses mitaines rouges éclosent des ongles multicolores. Rongés mais vernis. Elle dit que ça le fait, pour une guitariste.

« Ce matin, le jeune homme avait décidé de vivre. Il n’avait pas envie de réfléchir au pourquoi du comment ; c’était venu, comme ça, et il ne fallait pas le laisser partir. Ça avait poussé en lui aussi discrètement qu’un petit bourgeon sur une branche endormie. Et ce matin, dans le ventre de l’infirmier, les premières fleurs chatouillaient. »

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Message  bertrand-môgendre Mer 26 Nov 2008 - 14:07

...des roues couinantes...mouais...

... À la carte ou en menu... au menu ?

... ou les derniers couchés, c’est selon... c'était ?

...Elle le cherche... provoque ?

... Pour bien le lui faire comprendre... à reformuler.

...plus jolie que la veille. En vieil habitué,...

... Il ne mettait jamais de musique non plus. Mauvaises nouvelles et tristes mélodies ne le mettaient...

...elles marchent, sœurs de révolte, jumelles de contestation, vers le lycée. Mains dans les poches et tête baissée... l'idée est bonne ! Extirpe la de cette construction classique pour la mettre en valeur sous une forme originale.

... La boulangerie s’était parfumée. On pouvait la sentir du bout de la rue. Jim y était entré...les actions doivent être ordonnées soit dans le temps,soit dans le lieu.

...il y faisait chaud comme dans une baguette sortie du four. Les pains au chocolat faisaient les yeux doux,...


Très bonne construction de l'ensemble avec pourtant une faiblesse à la toute fin du récit.
Bel effet.
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Itinéraires ordinaires : Huit heures trente-deux Empty Re: Itinéraires ordinaires : Huit heures trente-deux

Message  Roz-gingembre Mer 26 Nov 2008 - 21:27

Un véritable plaisir de lecture.
Personnages attachants, histoires tellement ordinaires mises en valeur par le regard de celui qui écrit.
Belle observation "des autres".
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Message  Halicante Jeu 27 Nov 2008 - 15:37

J’ai eu du mal à identifier les personnages, parfois. Je crois que c’est parce que tu passes une ligne à chaque changement de personnage, sauf parfois où on continue avec le même (juste un problème de présentation, donc), et j’ai trouvé le passage de l’un à l’autre parfois un peu abrupt… J’ai mis un peu de temps aussi à comprendre les trois dernières phrases, mais j’ai bien aimé l’ensemble (Ah, ce « sourire idiot comme une Joconde à barbe » !), et j’ai lu avec plaisir ces quelques tranches de vies bien dépeintes !
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Message  Krystelle Dim 30 Nov 2008 - 11:07

Des itinéraires croqués tendrement, avec sensibilité et hardiesse, qui se recoupent dans le bus d'une façon logique, presque attendue.
J'aurais peut-être aimé que les choses soient à l'envers, à l'image du monde qui se reflète dans tes flaques.
Mais je chipote sans doute là, parce que au-delà du choix de cette construction un peu "confortable", le texte est réussi.
Bravo donc.

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Message  Chako Noir Dim 30 Nov 2008 - 11:08

Un vrai plaisir, les protagonistes et l'alternance de leurs histoires retiennent le lecteur scotché à tes mots... du début à la fin j'attendais la rencontre entre les personnages, et finalement, bien surprenante comme rencontre! La clé du texte: "sale con", "deux minutes de retard". Tout se rejoint dans les transports en commun, on n'y pense pas assez... bien joué!
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Message  Loupbleu Lun 1 Déc 2008 - 21:27

Kazar, moi je dis que tu es un futur (très) grand.
Tu as du style. Tu as des idées. C'est bien construit.
Tu as l'oeil, tu captes, tu rends les chose sensibles et humaines, et chose rare : ta façon d'écrire amène de la sympathie (peut-être juste parce que tes personnages sont ce qu'ils sont) .

Par ci, par là, tu en fais (encore) un tout petit peu trop dans l'image (même si elles sont souvent chouettes), dans la volonté de vouloir faire "quelque chose" de chaque détail.

Bref c'est vraiment bon, bravo, j'ai beaucoup aimé, (et continue !)
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Message  Charles Mar 2 Déc 2008 - 10:19

beaucoup aimé. comme le disais Grieg, je crois, on finit par aimer tous tes personnages.

l'ensemble est habilement entremelé et j'aime beaucoup le ton que tu utilises, le visuel de ton texte ... très bon.

tiens, j'ai pensé à Robert Altman, shortcuts avec plein de petits destins qui se croisent, se rejoignent, s'éloignent ...
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Message  mentor Ven 5 Déc 2008 - 17:18

J’aime beaucoup cette idée de "points de vies" indépendantes qui finissent par converger en un point précis avant de se re-séparer. C’est difficile à faire et tu y réussis parfaitement. Et avec humour.

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