Un jour d'un autre matin...

[Romane]

Un jour d'un autre matin

Je sais bien qu’un jour d’un autre matin
Les coutures de sa bouche sauteront sous la pression d’un cri de jeune accouchée
Même si ce jour-là elle a cent ans
Même fourbue même rouée des coups des claquements de ses verrous

Et son cœur en haillons des amours déchirantes
Finira bien par ne plus hoqueter d’incohérence
Sous la lune noire de ses nuits blanches à dépecer le temps
Quand ses ongles grinçaient
Agrippés à leurs propres barreaux limés sans jamais être mis à terre

On a bien que le visage qu’on veut montrer
Ou qu’on peut
Quand il ne reste de lui que les leurres convenables
Pour ne pas déranger, ne pas déranger
Ne pas déranger…

Ou pire
Protéger ce qu’on veut démolir
Par manque de hache ou de fusil ou bêtement d’idée
En triste carrousel dans les cernes d’un regard enfermé
Et qu’on se croit grosse de cet enfant-torture qu’on n’a pas voulu
Dont on ne sait comment le dégringoler sans en porter encore le poids

Et qu’on ne sait pas tuer

Je sais bien qu’un jour d’un autre matin
Une cavalcade de doigts emportera les siens dans une course échevelée
Vers ailleurs n’importe où droit devant
Sous un ciel apprivoiseur dont l’inconnu ne sera pas effrayant

Un jour d’un autre matin…


Romane

[loic]

romane ce texte est d'une force et d'un désespoir peu communs, rien n'est dit, tout se ressent... l'évocation est terrible voilà pour le fond.
pour la forme je laisse aux autres le travail, ce texte m'à trop parlé (bien que je ne sois pas concerné) pour que j'en dise quoique ce soit sur son architecture

merci

[Flaneuse]

romane ce texte est d'une force et d'un désespoir peu communs, rien n'est dit, tout se ressent... l'évocation est terrible voilà pour le fond.
pour la forme je laisse aux autres le travail, ce texte m'à trop parlé (bien que je ne sois pas concerné) pour que j'en dise quoique ce soit sur son architecture

merci

Fort certes :

"On a bien que le visage qu’on veut montrer
Ou qu’on peut
Quand il ne reste de lui que les leurres convenables
Pour ne pas déranger, ne pas déranger
Ne pas déranger…"

"Ou pire
Protéger ce qu’on veut démolir"
(...)

"Et qu’on ne sait pas tuer"

J'ajouterai que ce texte est beau.

[Invité]

Contrairement à mes camarades, je ne suis pas enthousiasmée, le texte ne m'a pas touchée. Mais je reconnais une écriture réfléchie.

Bienvenue en tous cas sur Vos Ecrits, Romane, à vous lire bientôt !

[Invité]

Tiens, coucou, Romane ! ( j'ai juste gagné un Dé !) Si ce forum arrive à s'occuper de nouveau de ses objectifs plus que de guéguerre, tu vas être comme un poisson dans l'eau ici : c'est le top pour la qualité des écrits !

[Invité]

Ce qui me frappe dans ce texte, c'est sa maturité (normal, tu me diras, Romane...). Maturité du ton, du sujet tel que tu l'appréhendes et l'exposes. Et une ampleur dans l'expression. C'est grave, ça me parle, bien sûr.
Bienvenue ici.

[Tristan]

On dit souvent que c'est la première impression qui compte, eh bien là, ce texte pose le personnage.
Bienvenue !

[Romane]

Wooh ! Génial tous ces retours, et déjà pour commencer, merci à tous ceux qui sont passés par là.

Pour la petite histoire ; je n'arrive à écrire ce genre de texte-tripes, comme je les appelle, qu'aux heures favorables de la nuit étrange, sous musique et très rapidement. La forme fixe de la poésie classique pure et dure ne m'attire pas, je dirais même que je la repousse comme toute idée d'enfermement de quelque nature que ce soit. Vieilles réminiscences...
J'ai donc opté pour la prose poétique.
Voilà pour la forme et les conditions d'écriture.

Après, pour le fond, libre cours à ce qui veut sortir. Je veux dire ; la forme que prennent les images, les sensations, les émotions. Le cerveau, la mémoire, l'imaginaire, demeurent de grands mystères...

@ coline : coucou toi ! Fi des bagarres ; mon grand âge (tss) me chuchote tant de belles choses à construire, tant de petits bonheurs, que je me suis détachée de beaucoup d'inutilités. Ces petits coups de gueule (dont je ne dirais pas qu'ils me laissent indifférente sur un plan philosophique) sont si loin de l'instant précieux à vivre !

J'ai mille choses à lire de vous, vous me pardonnerez si je suis lente ; je réapprends à lire, à écrire, à vivre. La rééducation réclame du temps. Le luxe, c'est de le prendre.

[Lucy]

Oui, ce texte prend aux tripes.

[Romane]

Merci les Vous !

Quand même, vous avez un train d'avance sur moi, vous arrivez à pondre des textes plus légers, une sorte d'aventure-ricochets entre mots et verbes plus joueuse. Je n'y parviens pas encore, l'impression d'écrire à la hache, voyez.

[lilicub]

J'aime beaucoup ça les mots tirés au cordeau, comme ceux-ci, avec ce rythme-là un truc assez viscéral.
Je n'ai pas envie de disséquer ce texte, j'aurais l'impression de le trahir sinon, juste de me laisser porter.

[bertrand-môgendre]

...Et son cœur en haillons des amours déchirantes... pourquoi pas : Et son cœur déchiré des amours en haillons

Serais-tu prête à écrire un petit livre pour y parler des petits mots ?

[Romane]

...Et son cœur en haillons des amours déchirantes... pourquoi pas : Et son cœur déchiré des amours en haillons

pourquoi pas, ce qui revient effectivement au même, question sens.

Serais-tu prête à écrire un petit livre pour y parler des petits mots ?

Tu veux dire un livre pour parler de mon livre ?
Un livre-tiroir, en quelque sorte ?

Tu peux préciser ?

[bertrand-môgendre]

Ah mais tu as déjà écris un livre ? . . .

[Romane]

Ah mais tu as déjà écris un livre ? . . .

Ben euh... oui, il a la forme et le poids d'un livre, avec sa couverture et ses 287 pages... "Les petits mots"... pardi !

[Sahkti]

Beaucoup de force, de rage et de désespoir dans ton texte Romane. Une forme plaisante, également, avec un mélange de classicisme et de musicalité. J'ai apprécié le fait que tu ne donnes pas la même structure et le même rythme à tous les vers, tu crées des ruptures bienvenues.

[Ole Touroque]

Mais je reconnais une écriture réfléchie.

Trop même, je trouve.
Je n'ai pas accroché non plus.

[Romane]

Intéressants, ton commentaire, il me rend perplexe parce que je ne parviens pas à réfléchir une écriture (j'espère y parvenir), et jette les mots en quelques minutes, la plupart du temps en écoutant une musique. Je me demande toujours comment font ceux qui planchent des heures pour élaborer quelque chose qui tienne la route, je n'y parviens pas encore, sinon je crois que je me serais lancée depuis belle lurette sur l'écriture d'un roman. J'ai les sujets, me manque... la réflexion pendant l'écriture.

D'où l'intérêt que je porte aux commentaires qui me prêtent... ce qui me fait défaut.

Merci de votre passage, amis plumitifs. Je me fais rare, overdosée en ce moment, mais je n'oublie pas VE !

[Sahkti]

la plupart du temps en écoutant une musique.

M'étonne pas, c'est quelque chose qui se sent, je trouve.

[Ole Touroque]

C'était juste une impression, et comme dit l'autre "l'habit ne fait pas le moine".
D'autant plus que je partage assez ta vision de l'écriture et l'incapacité d'écrire un roman.

De toute façon, les vers se font avec des mots pas avec des idées.

[Romane]

De toute façon, les vers se font avec des mots pas avec des idées.

Avec les deux, je dirais, plutôt. Sinon tu risques de verser dans la danse des mots sans les tripes, et ça me gêne.

M'étonne pas, c'est quelque chose qui se sent, je trouve.

Ça me fait plaisir ! J'ai toujours été infoutue de me rendre compte si oui ou non ça se laissait percevoir.

En fait, pour tout dire, dès que j'ai écrit un texte, je sors de cette plongée au fin fond, et c'est un peu comme si je m'en détachais. J'oublie vite, quand je relis, plus tard, je redécouvre. Alors oui, ils me sont familiers, je me souviens du pourquoi j'ai écrit cela, mais comme l'impression qu'en même temps ils me sont étrangers. La vie...

[Contenu sponsorisé]