La neige

[Arielle]

La neige est une attente une magie qui va
En une seule nuit
Glisser sa paume ronde
Sur les angles du monde
Et panser ses blessures
Puis poser sur ses lèvres
Un doigt pour étouffer l’écho de ses clameurs
Et bercer ses douleurs.

La neige seule invente
Des messes sans couleur des cérémonies lentes
La neige est la ferveur de l’hiver qui habille
En voûte-cathédrale
L’allée de réverbères
Aux échines sévères.

La neige est une entente
Lie le ciel à la terre effaçant leurs frontières.
Toute trace de pas s’enfuit sans horizon
Se perd à l’infini
Dans l’infinie candeur.

La neige est mon attente
Je ne la verrai pas et ma peine est profonde
Je l’ai laissée là-bas
Là-bas, en son royaume où je ne serai pas
La nuit où elle viendra
Pour magnifier le monde.

[Tristan]

Je trouve la première strophe un peu faiblarde. Mais le reste du poème est superbe, surtout :

La neige seule invente
Des messes sans couleur des cérémonies lentes
La neige est la ferveur de l’hiver qui habille
En voûte-cathédrale
L’allée de réverbères
Aux échines sévères.

C'est un très beau texte. J'aime quand tu y vas de ta petite ritournelle, Arielle !

[Invité]

Un poème élégant et tendre, très agréable...

Une remarque sur le rythme : dans les vers
"Sur les angles du monde
Et panser ses blessures
Puis poser sur ses lèvres", il me semble trop haché, j'aurais préféré davantage d'ampleur.

[Sahkti]

C'est dans l'air du temps (tu devrais d'ailleurs te mettre en situation d'avatar :-)

J'aime particulièrement ceci:
Je l’ai laissée là-bas
Là-bas, en son royaume où je ne serai pas
La nuit où elle viendra
Pour magnifier le monde.

Détail: perso, j'aurais préféré que ce vers soit coupé en deux
La neige est une attente une magie qui va
Question d'oreille subjective

[Halicante]

De très belles images (la "paume ronde" de la neige, "L’allée de réverbères / Aux échines sévères."). J'aime beaucoup la fin aussi, empreinte de tant de nostalgie...

[pierre-henri]

Je vous salue, Arielle.
On m'éjecte.
Continuez à illuminer les lieux de votre plume... que je jalouse souvent.

[loic]

La neige seule invente
Des messes sans couleur des cérémonies lentes

pour moi l'axe de ce poème est ici, cela résume pour moi ce qu'est un paysage enneigé (ce qui est assez rare par ici)..

[Roz-gingembre]

J'aime bien lire vos poèmes. Ils ont leur propre musique; je pense que c'est cela que l'on appelle avoir un style.
Et puis, ils en disent plus sur le dehors que sur le dedans.
Ce "grand dehors", comme le dit Nicolas Bouvier.
Aussi je les trouve apaisés, même si apaisé signifie un état qui fait suite à un autre, ce que je ne peux savoir bien sûr.
Cela fait de vous une poète originale et pas du tout dans l'air du temps.
Mais je vous rassure, il y a à dire sur l'air du temps ...

[Sahkti]

Ce "grand dehors", comme le dit Nicolas Bouvier.

Une merveille!

Et l'air du temps peut être quelque chose de très noble, tout n'est pas péjoratif :-)

[Invité]

Toujours très imagé. Je retiens surtout "la paume ronde sur les angles du monde".

[Roz-gingembre]

L'air du temps recèle de merveilleux poètes, j'en suis plus que convaincue. Mais je grogne un peu contre tous ceux qui triturent, travaillent, malaxent, supplicient les mots comme si se trouvait là le remède à leur propre souffrance. Je revendique une place à la légèreté et au beau dans la poésie d'aujourd'hui. Puissent nos poètes intellectuels et théoriciens m'entendre!
Je reconnais le talent de certains d'eux, mais à force de regarder leur centre de gravité (peut-être pour ne pas tomber, le chaos est palpable je n'en doute pas) ils en oublient un peu ce fameux dehors.
Je fais partie de ces optimistes qui pensent que dévier le regard peut simplement faire changer l'horizon.

Sais-tu Sahki que le thème du printemps des poétes de cette année est quelque chose comme "en rire" ou "pour rire" je ne sais plus.
Ca me plait, mais je me demande bien quels invités vont s'arracher les organisateurs!

[Romane]

Je lis "Suisse" dans le petit carré des trésors aux renseignements. Ceci expliquerait cela ? Il y neige, me dit-on, oui, déjà, comme au Québec où l'on me murmure à l'autre oreille que les lacs ont préparé leur robe d'hiver, et que les petits Suisses qui sont venus manger dans le creux de ma main cet été, se sont mis à l'abri dans la nature feutrée. Alors j'irai voir l'autre, la grande (Suisse) quand elle sera toute blanche, bientôt.

Voilà ce que m'évoque cette poésie toute douce, floconneuse, silencieuse presque. A "écouter" au chaud de la maison.

[Sahkti]

Sais-tu Sahki que le thème du printemps des poétes de cette année est quelque chose comme "en rire" ou "pour rire" je ne sais plus.
Ca me plait, mais je me demande bien quels invités vont s'arracher les organisateurs!

En allant y voir de plus près, je vois qu'il y aura le premier concours du poème chanté !

[Ole Touroque]

Dommage de transformer le premier matin de neige en un texte peu intéressant, sans image frappante et sans grande âme d'hiver avancé.

[Anne Veillac]

J'ai ouvert ce texte à cause du titre. La neige... il y a tellement de choses dans ce mot.
Je n'ai pas été déçue. J'ai relu deux fois ton poème. Il me parle, il me touche, je le trouve très beau. Merci Arielle.

[Anne Veillac]

Je rajoute quelque chose. Est-ce que tu as lu "Neige" de Orhan Pamuk ? La présence de la neige dans ce roman, c'est quelque chose.

[Anne Veillac]

Je vous salue, Arielle.
On m'éjecte.
Continuez à illuminer les lieux de votre plume... que je jalouse souvent.

Vraiment ? Pourquoi ?

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