Itinéraires ordinaires : La France a peur
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Itinéraires ordinaires : La France a peur
La France a peur
« La France a peur » dit le présentateur du JT. « La France a peur » il répète convaincu.
Un consommateur appuyé sur zinc jette un coup d’œil alentour, à lui il lui semble pas qu’elle ait si peur que ça la France, pas peur du tout même. Bon, en même temps la France tangue un chouia, donc tremble un peu, alors peut-être que… Alors peut-être en boire un autre.
Elle porte un débardeur, une petite jupe à fleurs, elle entre, demande l’heure, remercie d’un sourire. Elle n’est déjà plus là.
Reste son parfum : fragrances en suspens sur table bistrotière que j’inhale.
Reste l’idée d’un « peut-être… », le vague regret d’un « j’aurais dû ! »
Lui, il se fout un peu de tout alors il boit, boit jusqu’à ce qu’il se foute plus de rien, sauf que trop de lucidité nuit à son jugement, alors il boit pour flouter un peu les contours, mais comme souvent il perd le fil, il recommence tout du début, et tous les jours.
Il est consciencieux.
Le consciencieux dort sur table, la tête reposant dans ses mains ouvertes
Dès que tombe de la monnaie sur son carrelage, il dit : « Eh, ça pousse pas ! » et il rit pour la énième fois de sa blague, et pour la énième fois la clientèle rit avec lui. Et moi, toujours dans ces moments-là, je me demande pourquoi ce bistrot, je l’aime tant.
C’est un bouledogue français, mais attention pas n’importe lequel de bouledogue français, non, celui-ci est le champion d’Europe des bouledogues français, et champion d’un tas d’autres choses encore. Quantité de certificats accrochés au-dessus du zinc, un peu partout font étalage de sa condition de chien hors normes. Il a ses habitudes, grimpe sur la chaise haute du patron, puis sur le bar, slalome entre les verres, les tasses, gagne l’extrémité où il s’installe pour baver à son aise et toiser la clientèle d’un regard de clebs superdiplômé. Alors bien sûr, nul n’ose prendre le journal sur lequel il est assis.
Elle a peur de quoi la France ?
Ça le turlupine cette histoire, et il n’a de cesse de s’interroger sur les possibles raisons de la frayeur nationale, interroge aussi quelques clients, histoire de… Mais nul ne semble connaître la réponse. Merde, elle a peur de quoi, de qui la France ? Ça l’inquiète un peu quand même.
Ils se font face, jouent aux cartes, silencieux. Ils dégoulinent de tristesse. Pour eux le temps semble s’être suspendu, mélancolique, il y a longtemps.
Puis l’un des deux s’éveille, lève les yeux de son jeu, quitte ses lunettes et dit : « Pour un suicide, un flingue à six coups, c’est cinq fois trop cher ! »
Une horloge émaillée annonce l’heure, elle dit aussi : « L’apéritif Dubonnet, c’est bon pour ce que vous avez ! »
Je la regarde droit dans les aiguilles, c’est-à-dire droit dans le présent, puis je relis le message, c’est-à-dire que je relis le passé, et pense décalage ; message/horaire.
Faut dire qu’entre les deux est passée la génération « Fitness », celle du pas-boire-pas-fumer, celle du vivre-vieux-et-mourir-en-bonne-santé, celle de l’ennui, celle du quotidien-figé éternellement-recommencé, celle de la-folie-surtout-jamais-ou-alors-le-moins-souvent-possible.
Et pense aussi que cela fait bien longtemps que je n’ai pas écrit à Maman.
« La France a peur »
Merde, elle doit bien vouloir dire quelque chose de précis cette phrase, développer du sens, prendre racine dans une idée, un concept, résulter d’une analyse ?
Et s’il demandait à ce type assis là au fond, celui qui toujours vient ici pour s’attabler, commander un demi, ouvrir un carnet et jeter des phrases dedans. Les gens qui remuent les mots, ça sait ce genre de choses.
Installée sous une photo célèbre — photo sur laquelle discutent au milieu des bouteilles vides, des cendriers pleins, des micros de radio, de gauche à droite : Brel, Ferré et Brassens — une vieille dame consomme un thé. Sa peau est fripée, craquelée comme un jour de Sahel.
Ferré dit : « Avec le temps va tout s’en va », Brassens répond « Le temps aux plus belles choses se plaît à faire un affront », et Brel ajoute « Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux ». Elle ne les entend pas, les ignore comme si déjà elle vivait sa prochaine éternité, comme si déjà elle n’entendait plus ce monde.
Se pointe le garagiste d’en face. Il boite, est d’une blondeur qui tranche avec la crasse de ses ongles, il est baraqué, très, et en permanence trimballe un sourire sur une gueule d’ange qu’aurait pas oublié d’être plus belle que celles de ses frangins. Il vient prendre son café chaque jour à la même heure. Il aurait pu être rugbyman professionnel s’il n’y avait eu ce stupide accident. Mais qu’importe, parce que Lucille la serveuse lui plaît tellement. Si seulement…
Et « Non, il ne sait pas pourquoi la France a peur ! »
Lucille, bien sûr elle est flattée, seulement voilà, c’est pas les beaux gars qui l’intéressent Lucille. Non, elle préférerait que lui la regarde, lui assis là, stylo en bouche et qui rêve sans arrêt, et qui fait ça avec dans le regard une brillance qui gueule que le monde est pas si moche qu’il y paraît.
Quelquefois, par-dessus son épaule, elle lui vole quelques mots, et elle les trouve si beaux ses mots, si vrais, qu’à sa bière souvent elle mêle ses larmes.
Et « Non ! » elle non plus ne sait pas pourquoi la France a peur, mais comme à son écrivain on n’y touche pas, elle reconduit poliment mais fermement l’inopportun qui, au passage, bouscule la table d’une très vieille dame.
C’est l’heure à laquelle inéluctablement le bouledogue français superdiplômé descend de son perchoir, l’heure où il sort dans les pieds du garagiste qu’a failli être rugbyman.
Ces deux-là s’accompagnent quelques mètres, disparaissent de mon champ de vision, c’est-à-dire qu’il sortent de mon espace vitrine, et moi, une fois de plus j’hésite à me lever, à les suivre juste pour savoir non pas où ils vont, mais s’ils y vont ensemble ?
C’est idiot.
J’en suis conscient, le note, et puisque je suis plus à une bêtise près, je note aussi « Peut-être que je lui plais à Lucille ? »
C’est tout aussi idiot, d’autant que beaucoup de pages de mon carnet sont annotées de la même phrase et que des carnets comme ça, j’en ai plein.
Je trouve à la bière un goût de sel, c’est souvent.
N’empêche, je me demande où un bouledogue Français superdiplômé peut se rendre tous les jours à la même heure, et pour quelle raison au juste, il se fait accompagner d’un ange garagiste boiteux qu’a failli être rugbyman ?
Le consciencieux se réveille, se redresse soudain, Bacchus soi-même le tire par le col de sa chemise. Il adresse un signe à Lucille.
Elle sait de quoi il s’agit, le sert vite, très vite.
Il vide son verre cul sec, cligne des yeux comme pour savoir où ? Quand ? Jette un coup d’œil à l’horloge Dubonnet, réalise, se lève, paye, et payant laisse échapper quelques pièces qui roulent sur le carrelage.
Chacun retient son souffle, enfin : elle et moi, parce que c’est le seul moment où nos regards se cherchent franchement, se trouvent, où nos bouches complices arrondissent les mêmes mots, muettes, elles disent : « Eh, ça pousse pas ! » Elles le font toujours pile en même temps que le patron, alors nous rions, et bien sûr, lui croit que c’est de sa blague et rit davantage. Et toujours nos regards ont du mal à s’arracher l’un de l’autre.
— Eh patron, tu sais pourquoi elle a peur la France ?
— Tu m’emmerdes Émile avec tes questions à la con !
Émile hausse les épaules, pas plus vexé que ça, se faire rabrouer Émile en a l’habitude. Mais au fait :
— Et toi le Monsieur qu’écris tout le temps, t’aurais pas une idée des fois ?
J’aimerais bien en avoir une, voire une réponse, un truc intelligent avec statistiques à l’appui et synthèse dégoulinante de logique pure. Je m’imagine déjà étayer mon propos à l’aide de quelques courbes boursières pertinentes, courbes entrecoupées d’autres courbes toutes aussi pertinentes, genre chomdu, inflation, délinquance, et toute la panoplie du socio-économique. Sauf que j’y entrave que dalle à tout ça, et donc : je ne sais pas non plus de qui ou de quoi la France a peur. Aussi je me tais.
Une vieille dame éteinte quitte Brel, Brassens et Ferré, suivie par deux joueurs de cartes tristes.
Cortège presque déjà funèbre.
Émile se saisit du journal délaissé par le bouledogue superdiplômé, se plonge dans sa lecture, de temps en temps maugrée, de temps en temps commande un verre que lui sert un patron perdu dans ses pensées.
C’est son heure au patron pour se perdre dans l’ailleurs.
Elle, elle enfile son manteau, se roule dans son écharpe ; jette un dernier regard à la salle comme pour vérifier qu’elle n’oublie rien, ou vérifier que le monde est à sa place, je ne sais. S’attarde quelques instants sur moi, juste le temps qu’il me faudrait pour dire : « On déjeune ensemble ? » Mais jamais je n’ose.
Ensuite le temps s’étire en écriture que j’allonge Waterman/Moleskine, s’étire calligraphique comme si la cursive convenait aux jeux de l’esprit. S’étire horloge Dubonnet, s’étire et s’étire encore. Les mots sont les élastiques du temps.
Les mots.
Ceux-là mêmes qui vident et rincent l’âme.
Les mots.
Très souvent je m’imagine composé de leur chair à dire, un peu comme si chacun de ceux que j’emploie m’était organe, flux, muscles, tissu à vivre, derme à penser, épiderme à aimer.
Les mots…
Plus tard, j’ouvre la porte à un bouledogue superdiplômé revenu de je ne sais où, revenu de faire je ne sais quoi, plus tard je me jette dans le froid, un peu plus loin les mots toujours m’obsèdent, alors j’en écris deux trois en marchant sur un papier trouvé là, bout de prospectus. J’écris : Je ne suis fait que de mots.
Un consommateur appuyé sur zinc jette un coup d’œil alentour, à lui il lui semble pas qu’elle ait si peur que ça la France, pas peur du tout même. Bon, en même temps la France tangue un chouia, donc tremble un peu, alors peut-être que… Alors peut-être en boire un autre.
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Elle porte un débardeur, une petite jupe à fleurs, elle entre, demande l’heure, remercie d’un sourire. Elle n’est déjà plus là.
Reste son parfum : fragrances en suspens sur table bistrotière que j’inhale.
Reste l’idée d’un « peut-être… », le vague regret d’un « j’aurais dû ! »
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Lui, il se fout un peu de tout alors il boit, boit jusqu’à ce qu’il se foute plus de rien, sauf que trop de lucidité nuit à son jugement, alors il boit pour flouter un peu les contours, mais comme souvent il perd le fil, il recommence tout du début, et tous les jours.
Il est consciencieux.
Le consciencieux dort sur table, la tête reposant dans ses mains ouvertes
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Dès que tombe de la monnaie sur son carrelage, il dit : « Eh, ça pousse pas ! » et il rit pour la énième fois de sa blague, et pour la énième fois la clientèle rit avec lui. Et moi, toujours dans ces moments-là, je me demande pourquoi ce bistrot, je l’aime tant.
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C’est un bouledogue français, mais attention pas n’importe lequel de bouledogue français, non, celui-ci est le champion d’Europe des bouledogues français, et champion d’un tas d’autres choses encore. Quantité de certificats accrochés au-dessus du zinc, un peu partout font étalage de sa condition de chien hors normes. Il a ses habitudes, grimpe sur la chaise haute du patron, puis sur le bar, slalome entre les verres, les tasses, gagne l’extrémité où il s’installe pour baver à son aise et toiser la clientèle d’un regard de clebs superdiplômé. Alors bien sûr, nul n’ose prendre le journal sur lequel il est assis.
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Elle a peur de quoi la France ?
Ça le turlupine cette histoire, et il n’a de cesse de s’interroger sur les possibles raisons de la frayeur nationale, interroge aussi quelques clients, histoire de… Mais nul ne semble connaître la réponse. Merde, elle a peur de quoi, de qui la France ? Ça l’inquiète un peu quand même.
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Ils se font face, jouent aux cartes, silencieux. Ils dégoulinent de tristesse. Pour eux le temps semble s’être suspendu, mélancolique, il y a longtemps.
Puis l’un des deux s’éveille, lève les yeux de son jeu, quitte ses lunettes et dit : « Pour un suicide, un flingue à six coups, c’est cinq fois trop cher ! »
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Une horloge émaillée annonce l’heure, elle dit aussi : « L’apéritif Dubonnet, c’est bon pour ce que vous avez ! »
Je la regarde droit dans les aiguilles, c’est-à-dire droit dans le présent, puis je relis le message, c’est-à-dire que je relis le passé, et pense décalage ; message/horaire.
Faut dire qu’entre les deux est passée la génération « Fitness », celle du pas-boire-pas-fumer, celle du vivre-vieux-et-mourir-en-bonne-santé, celle de l’ennui, celle du quotidien-figé éternellement-recommencé, celle de la-folie-surtout-jamais-ou-alors-le-moins-souvent-possible.
Et pense aussi que cela fait bien longtemps que je n’ai pas écrit à Maman.
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« La France a peur »
Merde, elle doit bien vouloir dire quelque chose de précis cette phrase, développer du sens, prendre racine dans une idée, un concept, résulter d’une analyse ?
Et s’il demandait à ce type assis là au fond, celui qui toujours vient ici pour s’attabler, commander un demi, ouvrir un carnet et jeter des phrases dedans. Les gens qui remuent les mots, ça sait ce genre de choses.
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Installée sous une photo célèbre — photo sur laquelle discutent au milieu des bouteilles vides, des cendriers pleins, des micros de radio, de gauche à droite : Brel, Ferré et Brassens — une vieille dame consomme un thé. Sa peau est fripée, craquelée comme un jour de Sahel.
Ferré dit : « Avec le temps va tout s’en va », Brassens répond « Le temps aux plus belles choses se plaît à faire un affront », et Brel ajoute « Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux ». Elle ne les entend pas, les ignore comme si déjà elle vivait sa prochaine éternité, comme si déjà elle n’entendait plus ce monde.
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Se pointe le garagiste d’en face. Il boite, est d’une blondeur qui tranche avec la crasse de ses ongles, il est baraqué, très, et en permanence trimballe un sourire sur une gueule d’ange qu’aurait pas oublié d’être plus belle que celles de ses frangins. Il vient prendre son café chaque jour à la même heure. Il aurait pu être rugbyman professionnel s’il n’y avait eu ce stupide accident. Mais qu’importe, parce que Lucille la serveuse lui plaît tellement. Si seulement…
Et « Non, il ne sait pas pourquoi la France a peur ! »
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Lucille, bien sûr elle est flattée, seulement voilà, c’est pas les beaux gars qui l’intéressent Lucille. Non, elle préférerait que lui la regarde, lui assis là, stylo en bouche et qui rêve sans arrêt, et qui fait ça avec dans le regard une brillance qui gueule que le monde est pas si moche qu’il y paraît.
Quelquefois, par-dessus son épaule, elle lui vole quelques mots, et elle les trouve si beaux ses mots, si vrais, qu’à sa bière souvent elle mêle ses larmes.
Et « Non ! » elle non plus ne sait pas pourquoi la France a peur, mais comme à son écrivain on n’y touche pas, elle reconduit poliment mais fermement l’inopportun qui, au passage, bouscule la table d’une très vieille dame.
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C’est l’heure à laquelle inéluctablement le bouledogue français superdiplômé descend de son perchoir, l’heure où il sort dans les pieds du garagiste qu’a failli être rugbyman.
Ces deux-là s’accompagnent quelques mètres, disparaissent de mon champ de vision, c’est-à-dire qu’il sortent de mon espace vitrine, et moi, une fois de plus j’hésite à me lever, à les suivre juste pour savoir non pas où ils vont, mais s’ils y vont ensemble ?
C’est idiot.
J’en suis conscient, le note, et puisque je suis plus à une bêtise près, je note aussi « Peut-être que je lui plais à Lucille ? »
C’est tout aussi idiot, d’autant que beaucoup de pages de mon carnet sont annotées de la même phrase et que des carnets comme ça, j’en ai plein.
Je trouve à la bière un goût de sel, c’est souvent.
N’empêche, je me demande où un bouledogue Français superdiplômé peut se rendre tous les jours à la même heure, et pour quelle raison au juste, il se fait accompagner d’un ange garagiste boiteux qu’a failli être rugbyman ?
***
Le consciencieux se réveille, se redresse soudain, Bacchus soi-même le tire par le col de sa chemise. Il adresse un signe à Lucille.
Elle sait de quoi il s’agit, le sert vite, très vite.
Il vide son verre cul sec, cligne des yeux comme pour savoir où ? Quand ? Jette un coup d’œil à l’horloge Dubonnet, réalise, se lève, paye, et payant laisse échapper quelques pièces qui roulent sur le carrelage.
Chacun retient son souffle, enfin : elle et moi, parce que c’est le seul moment où nos regards se cherchent franchement, se trouvent, où nos bouches complices arrondissent les mêmes mots, muettes, elles disent : « Eh, ça pousse pas ! » Elles le font toujours pile en même temps que le patron, alors nous rions, et bien sûr, lui croit que c’est de sa blague et rit davantage. Et toujours nos regards ont du mal à s’arracher l’un de l’autre.
***
— Eh patron, tu sais pourquoi elle a peur la France ?
— Tu m’emmerdes Émile avec tes questions à la con !
Émile hausse les épaules, pas plus vexé que ça, se faire rabrouer Émile en a l’habitude. Mais au fait :
— Et toi le Monsieur qu’écris tout le temps, t’aurais pas une idée des fois ?
J’aimerais bien en avoir une, voire une réponse, un truc intelligent avec statistiques à l’appui et synthèse dégoulinante de logique pure. Je m’imagine déjà étayer mon propos à l’aide de quelques courbes boursières pertinentes, courbes entrecoupées d’autres courbes toutes aussi pertinentes, genre chomdu, inflation, délinquance, et toute la panoplie du socio-économique. Sauf que j’y entrave que dalle à tout ça, et donc : je ne sais pas non plus de qui ou de quoi la France a peur. Aussi je me tais.
***
Une vieille dame éteinte quitte Brel, Brassens et Ferré, suivie par deux joueurs de cartes tristes.
Cortège presque déjà funèbre.
***
Émile se saisit du journal délaissé par le bouledogue superdiplômé, se plonge dans sa lecture, de temps en temps maugrée, de temps en temps commande un verre que lui sert un patron perdu dans ses pensées.
C’est son heure au patron pour se perdre dans l’ailleurs.
***
Elle, elle enfile son manteau, se roule dans son écharpe ; jette un dernier regard à la salle comme pour vérifier qu’elle n’oublie rien, ou vérifier que le monde est à sa place, je ne sais. S’attarde quelques instants sur moi, juste le temps qu’il me faudrait pour dire : « On déjeune ensemble ? » Mais jamais je n’ose.
***
Ensuite le temps s’étire en écriture que j’allonge Waterman/Moleskine, s’étire calligraphique comme si la cursive convenait aux jeux de l’esprit. S’étire horloge Dubonnet, s’étire et s’étire encore. Les mots sont les élastiques du temps.
Les mots.
Ceux-là mêmes qui vident et rincent l’âme.
Les mots.
Très souvent je m’imagine composé de leur chair à dire, un peu comme si chacun de ceux que j’emploie m’était organe, flux, muscles, tissu à vivre, derme à penser, épiderme à aimer.
Les mots…
***
Plus tard, j’ouvre la porte à un bouledogue superdiplômé revenu de je ne sais où, revenu de faire je ne sais quoi, plus tard je me jette dans le froid, un peu plus loin les mots toujours m’obsèdent, alors j’en écris deux trois en marchant sur un papier trouvé là, bout de prospectus. J’écris : Je ne suis fait que de mots.
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 59
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Et tu es sûr de ne pas avoir un début de réponse ? :-)
Invité- Invité
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Alors tout d'abord j'aime beaucoup l'image de fin et la toute dernière petite (mais si belle) phrase...
ça se lit tout seul, ça glisse... quoi que des fois je sais plus de qui il parle ce brave monsieur...
il y a longtemps que je ne t'ai pas lu ma foi et j'aime beaucoup l'évolution qu'ont pris tes mots...
ça reste toi mais en plus peaufiné...
moi... j'adhère... heuuu on signe où ?
ça se lit tout seul, ça glisse... quoi que des fois je sais plus de qui il parle ce brave monsieur...
il y a longtemps que je ne t'ai pas lu ma foi et j'aime beaucoup l'évolution qu'ont pris tes mots...
ça reste toi mais en plus peaufiné...
moi... j'adhère... heuuu on signe où ?
evaetjean- Nombre de messages : 408
Age : 44
Localisation : Entre ici et nulle part...
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Je ne sais pas si " la France a peur " mais c'est un bel itinéraire que tu lui as fait suivre.
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 46
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Une histoire pleine de trous où chacun peut glisser son bout de "réalité"
Tu excelles à ça, Yali !
Tu excelles à ça, Yali !
Invité- Invité
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Dubo... Dubon... Dubonnet.
T'as du en passer des heures sur le zinc pour récupérer tout ça :-))
Fais quand même gaffe aux citation datées, parce que "la france a peur" c'est quand même Roger gicquel en 76 pour l'affaire patrick henri. Tout le monde va finir par penser que t'étais déjà alcolo à 11 ans.
que dire sinon que tout ça c'est la vie, que ce sont des moments que j'ai vu cent fois, mais que je n'aurais jamais su restranscrire comme ça.
du plaisir
T'as du en passer des heures sur le zinc pour récupérer tout ça :-))
Fais quand même gaffe aux citation datées, parce que "la france a peur" c'est quand même Roger gicquel en 76 pour l'affaire patrick henri. Tout le monde va finir par penser que t'étais déjà alcolo à 11 ans.
que dire sinon que tout ça c'est la vie, que ce sont des moments que j'ai vu cent fois, mais que je n'aurais jamais su restranscrire comme ça.
du plaisir
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
chuuuuutt :-)))grieg a écrit:Tout le monde va finir par penser que t'étais déjà alcolo à 11 ans
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 59
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Non, à onze ans, l'alcool, c'était pour tremper son doigt, c'est qu'après qu'il a bu. Quand ça a commencé à fondre.
je sors
je sors
Invité- Invité
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
T'es doué, ça on le sait. Mais je ne me lasse pas de le dire et le redire. T'es doué. T'es tout plein de talent. T'es tout plein d'ingéniosité. T'es tout plein de (ajoute le compliment de ton choix)...!
Je suis bouche bée. Bravo.
Je suis bouche bée. Bravo.
Jonjon- Nombre de messages : 2908
Age : 40
Date d'inscription : 21/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Les aspects parfois trop politiques m'ont un peu laissé de côté. Mais l'écriture vaut le coup oui, y'a comme un solo de trompette en sourdine
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
C'est très bon : des instantanés de vie qui racontent des histoires et la France qui continue d'avoir peur, enfin, il parait....
Roz-gingembre- Nombre de messages : 1044
Age : 61
Date d'inscription : 14/11/2008
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Poétique, observateur, oisif, visuel ... bref, tout ce que j'aime. J'adore le bouledogue qui se pose sur le journal, j'adore Lucille ... Un truc que j'aime en général dans tes textes (et je te l'avais dit aussi à propos de Babylone), c'est qu'à chaque fois, j'ai l'impression de tomber amoureux de tes personnages féminins ;-)
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 48
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Je n'ai pas changé d'avis depuis la première fois que j'ai lu "La France a peur" :
Une très belle idée que ces morceaux de textes qui s'offrent comme autant de regards sur des âmes de comptoir.
Elles respirent vraiment ces lignes et je crois bien que tu aurais pu en faire des dizaines d'autres.
Et je crois aussi que je les aurais lu avec le même plaisir...
Une très belle idée que ces morceaux de textes qui s'offrent comme autant de regards sur des âmes de comptoir.
Elles respirent vraiment ces lignes et je crois bien que tu aurais pu en faire des dizaines d'autres.
Et je crois aussi que je les aurais lu avec le même plaisir...
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Lucille... d'ailleurs, prénom fétiche ? Déjà rencontré dans un autre texte ... La même ? Et puis ce bouledogue qui monopolise l'information, je le trouve bien symbolique. Sans parler de la question de fond qui reste en suspens, et plane sur tout le texte, épée de Damoclès si utile à certains esprits alarmistes.
Invité- Invité
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Mais tout est vrai Easter, le bouledogue, je le connais et il fait vraiment ça, monté sur le bar, s'assoir sur le journal etc, et, les cimaises du café n'émaillent bien de ses diplômes.Easter(Island) a écrit:Lucille... d'ailleurs, prénom fétiche ? Déjà rencontré dans un autre texte ... La même ? Et puis ce bouledogue qui monopolise l'information, je le trouve bien symbolique. Sans parler de la question de fond qui reste en suspens, et plane sur tout le texte, épée de Damoclès si utile à certains esprits alarmistes.
Le garagiste qu'a failli être rugbyman, lui, vient d'un autre bistrot, un bistrot des Landes.
En réalité, tous les protagonistes existent, mais pas dans les mêmes rades.
Quant à Lucille…
Et encore, j'aurais aimé intégrer un dialogue entre le patron, nommé Léon et une vieille poivrote vêtue de loques courtes et habituée du bistrot mais j'ai pas eu le temps.
Juré que c'est vrai, ça faisait :
Le patron
"Putain Simone, t'en as pas marre de claquer ton RMI en Pastis ?"
Simone
"Je suis une vieille pute qui se rince la gueule au comptoir de la sentence sociale, et je t'emmerde Léon"
:-)
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 59
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Oui, Yali, tout cela est vrai. Je te crois.
Mais c'est bien ta façon magique d'emballer de tes mots ce réel pour nous l'offrir qui nous réjouit.
Mais c'est bien ta façon magique d'emballer de tes mots ce réel pour nous l'offrir qui nous réjouit.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
J’aime beaucoup l’humour (« Bon, en même temps la France tangue un chouia », le « regard de clebs superdiplômé »), et puis cette visite panoramique du bar où la question flotte, où on passe tour à tour à chacun des gens attablés, ou le « je » se mêle aux autres, mais où on l’aperçoit dans la description de celui qui remue « les mots », et dans les yeux de Lucille. Bien vu ! Et puis aussi Brel, Brassens et Ferré qui s’invitent et participent à la conversation, tout droit sortis de leur cadre photo… Convoquer ainsi les morts, les vivants, le narrateur et les personnages dans un même lieu où les regards se croisent et s’entrecroisent, et où le fil conducteur est la question qui passe, qui se pose à chacun – je trouve ça très fort ! Et puis le style (« Sauf que j’y entrave que dalle à tout ça », « Je trouve à la bière un goût de sel, c’est souvent. »), vrai, direct, franc (-chouillard), bien vu, encore une fois !
J’ai un peu moins aimé la fin, même si magistralement écrite aussi, parce qu’on part sur autre chose et qu’on s’éloigne du sujet. J’attendais une chute : on m’a montré la sortie. Bouh ! (Mais je repasserai avec plaisir !)
J’ai un peu moins aimé la fin, même si magistralement écrite aussi, parce qu’on part sur autre chose et qu’on s’éloigne du sujet. J’attendais une chute : on m’a montré la sortie. Bouh ! (Mais je repasserai avec plaisir !)
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
...Le consciencieux dort sur table, la tête reposant dans ses mains ouvertes...sur place ?
Y'en a des qui épluchent des tranches de vie, des qui tirent des portraits, développent des instantanés, d'autres qui sèment des confettis.
Ici, j'ai l'impression d'être face à la toile d'un peintre adepte du pointillisme où la révélation du sujet parait évidente lorsque le lecteur trouve la bonne distance avec l'objet principal.
Bel exercice.
Y'en a des qui épluchent des tranches de vie, des qui tirent des portraits, développent des instantanés, d'autres qui sèment des confettis.
Ici, j'ai l'impression d'être face à la toile d'un peintre adepte du pointillisme où la révélation du sujet parait évidente lorsque le lecteur trouve la bonne distance avec l'objet principal.
Bel exercice.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
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Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Un côté "Brèves de comptoir" pas désagréable, mais dans l'ensemble le texte ne m'a pas convaincue, je l'ai trouvé anodin. Ce qui m'a gênée surtout, je crois, c'est la présence du narrateur-écrivain ; pour moi, cela fait pencher l'anecdote vers le nombrilisme...
Invité- Invité
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Quand tu as posté ce texte la première fois (presque trois ans déjà!), j'avais écrit ceci:
Nous revlà avec un bistrot, avec une jolie fille (ben oui, c'est du yali!) et avec toutes sortes de pensées de tous les jours... y a pas à dire, tu t'en sors très bien. Des instants fugaces mis en lumière en quelques mots, des attitudes banales qui prennent tout leur sens... tu donnes vie à tous ces gens du quotidien, j'aime bien ce découpage, cette mosaïque de fragments de vie et de pensée.
Et je sais pourquoi je préfère celui-ci à d'autres de toi: parce que ton monologueur, il est au centre du récit et de ses pensées, mais pour une fois, il regarde les autres avant de se regarder lui-même. Moins narcissique et je préfère comme ça. Cela donne plus de profondeur aux autres personnages et ça en vaut la peine.
Je relis et je n'ai pas changé d'avis.
J'ai même relu plus attentivement certaines parties en me demandant si l'actualité de l'époque, celle qui avait influencé le texte, aurait pu moins bien passer, le faire vieillir, mais non. Intemporel et dans le vent, à la fois.
Nous revlà avec un bistrot, avec une jolie fille (ben oui, c'est du yali!) et avec toutes sortes de pensées de tous les jours... y a pas à dire, tu t'en sors très bien. Des instants fugaces mis en lumière en quelques mots, des attitudes banales qui prennent tout leur sens... tu donnes vie à tous ces gens du quotidien, j'aime bien ce découpage, cette mosaïque de fragments de vie et de pensée.
Et je sais pourquoi je préfère celui-ci à d'autres de toi: parce que ton monologueur, il est au centre du récit et de ses pensées, mais pour une fois, il regarde les autres avant de se regarder lui-même. Moins narcissique et je préfère comme ça. Cela donne plus de profondeur aux autres personnages et ça en vaut la peine.
Je relis et je n'ai pas changé d'avis.
J'ai même relu plus attentivement certaines parties en me demandant si l'actualité de l'époque, celle qui avait influencé le texte, aurait pu moins bien passer, le faire vieillir, mais non. Intemporel et dans le vent, à la fois.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
C'est réjouissant, et c'est pas rien.
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
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Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
C’est un bouledogue français, mais attention pas n’importe lequel de bouledogue français, non, celui-ci est le champion d’Europe des bouledogues français, et champion d’un tas d’autres choses encore. Quantité de certificats accrochés au-dessus du zinc, un peu partout font étalage de sa condition de chien hors normes. Il a ses habitudes, grimpe sur la chaise haute du patron, puis sur le bar, slalome entre les verres, les tasses, gagne l’extrémité où il s’installe pour baver à son aise et toiser la clientèle d’un regard de clebs superdiplômé. Alors bien sûr, nul n’ose prendre le journal sur lequel il est assis.
Je le vois ce chien-là, je le vois comme si je le connaissais ... Imbuvable, mais quel style! Il ferait presque de l'ombre aux autres personnages.
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Moi, je le connais, ce klébard : c'est celui qu'une vague connaissance nous montrait fièrement ( il venait de l'acheter) en nous détaillant ses innombrables qualités . On regardait ça avec consternation, et le mec, à bout de louanges, attendait qu'on dise quelque chose, alors dans un bel effort, mon homme lui demande d'un ton engageant : "et vous auriez pas préféré un chien ?"
Invité- Invité
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
voilà un texte quasi parfait pour la circonstance. Cet observateur hors pair de la vie intérieure d’un troquet est bien croqué et ses notes savoureuses, comme une bonne mousse quand ça plombe. J’aime tout.
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
C'est de ça qu'elle devrait avoir peur, la France. Des solitudes en îlots isolés par des bras de mer d'indifférence. De la communion fraternelle au pastaga. Des mémés catatoniques de ne plus parler. Des beaufs franchouillards. Je l'ai lu comme un constat clinique, style ben ouais c'est ça. La vanne du patron...au secours, il a raison, j'ai vu ça cent fois, partout. Et la Lucille qui se claquemure dans sa sensibilité. Sérieux, il m'a foutu le bourdon ce texte. J'espère que c'était voulu. En tous cas, bon boulot, avec grande économie de mots, travail toujours malaisé.
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 66
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Très très agréable à lire...
boc21fr- Nombre de messages : 4770
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Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Sympa!!
beaucoup aimé le bouledogue surdiplomé!!
beaucoup aimé le bouledogue surdiplomé!!
Neurovirus- Nombre de messages : 13
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Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
superbe texte
c'est tout à fait comme si j'y étais dans ce troquet du coin de la rue, cachée derrière la photo, à observer l'ordinaire de vies en solitude qui se cotoient à l'heure de l'apéro....
j'ai beaucoup souris, même si parfois, le sourire a jauni, comme un rire un peu forcé, parce que finalement, c'est pas vraiment réjouissant ce regard sur le monde ordinaire.....
très belle écriture, qui emmène sans forcer, nos pensées vers la réflexion... je crois que ça fait partie des choses que j'ai le plus appréciée dans ce texte, sa fausse légèreté....
bref .... j'aime vraiment beaucoup
c'est tout à fait comme si j'y étais dans ce troquet du coin de la rue, cachée derrière la photo, à observer l'ordinaire de vies en solitude qui se cotoient à l'heure de l'apéro....
j'ai beaucoup souris, même si parfois, le sourire a jauni, comme un rire un peu forcé, parce que finalement, c'est pas vraiment réjouissant ce regard sur le monde ordinaire.....
très belle écriture, qui emmène sans forcer, nos pensées vers la réflexion... je crois que ça fait partie des choses que j'ai le plus appréciée dans ce texte, sa fausse légèreté....
bref .... j'aime vraiment beaucoup
petit-doute- Nombre de messages : 150
Age : 66
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Date d'inscription : 24/04/2009
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Voilà des miettes de vu et reconnu qui ont bien fait de remonter dans le potage.
La France " a peur " ? Ah, bon, je n'avais pas remarqué.
Sûrement à cause du soleil dans les yeux des " bouledogues ".
La France " a peur " ? Ah, bon, je n'avais pas remarqué.
Sûrement à cause du soleil dans les yeux des " bouledogues ".
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Pour ceux qui n'ont pas encore la revue des muses, je fais remonter ce petit texte sans le moindre remord :
frais, parfaitement écrit dans le sens où le lecteur peut sentir la présence du narrateur dans un bistrot -sans que cette dernière ne soit une seule seconde sentie comme artificielle.
En phase avec le sentiment de tous (par rapport à ce thème ahurissant de la "terreur" ressassé par les médias) sans surfer facilement sur une "vague" (car l'auteur se sert de "conversations de comptoir" pour démonter l'imbécilité des "experts" convoqués à la TV...).
Vraiment très bon !
frais, parfaitement écrit dans le sens où le lecteur peut sentir la présence du narrateur dans un bistrot -sans que cette dernière ne soit une seule seconde sentie comme artificielle.
En phase avec le sentiment de tous (par rapport à ce thème ahurissant de la "terreur" ressassé par les médias) sans surfer facilement sur une "vague" (car l'auteur se sert de "conversations de comptoir" pour démonter l'imbécilité des "experts" convoqués à la TV...).
Vraiment très bon !
boc21fr- Nombre de messages : 4770
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Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Merci boc21fr, vous avez raison de faire remonter sans le moindre remords(oui je le conçois, c'est l'hosto qui se fout...), sans vous je serais sûrement passé à côté de ces tranches de vie magnifiquement coupées et servies avec la manière par Yali.
La France a peur tous les soirs à vingt-heures, c'est Mickey qui me l'a dit...
La France a peur tous les soirs à vingt-heures, c'est Mickey qui me l'a dit...
Peter Pan- Nombre de messages : 3709
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Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Ce que je retiens de VE, c’est surtout des personnes qui savent sacrément bien écrire, le reste je m’en fou un peu beaucoup pour tout vous avouer...
Peter Pan- Nombre de messages : 3709
Age : 48
Localisation : Pays des rêves et de l'imaginaire
Date d'inscription : 16/04/2009
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Dépouillé de rire. Dire qu'il aura fallu que VE coule pour que je lise ça. Et ton texte aussi, Yali. Auquel je trouve aussi de l'humour.grieg a écrit: Tout le monde va finir par penser que t'étais déjà alcolo à 11 ans.
Gobu- Nombre de messages : 2400
Age : 70
Date d'inscription : 18/06/2007
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Oui, c'était le bon temps, ce temps-là !Gobu a écrit:Dépouillé de rire. Dire qu'il aura fallu que VE coule pour que je lise ça. Et ton texte aussi, Yali. Auquel je trouve aussi de l'humour.grieg a écrit: Tout le monde va finir par penser que t'étais déjà alcolo à 11 ans.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
je vais écrire moi, un truc sur l'admin, et pas plus tard que tout-de suite, pas plus corrigé que mes couilles, parce que, manque de bol, j'en ai.Kilis a écrit:Oui, c'était le bon temps, ce temps-là !Gobu a écrit:Dépouillé de rire. Dire qu'il aura fallu que VE coule pour que je lise ça. Et ton texte aussi, Yali. Auquel je trouve aussi de l'humour.grieg a écrit: Tout le monde va finir par penser que t'étais déjà alcolo à 11 ans.
Invité- Invité
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Ca j'attends avec impatience. Et salut Big Chief.pandaworks a écrit:je vais écrire moi, un truc sur l'admin, et pas plus tard que tout-de suite, pas plus corrigé que mes couilles, parce que, manque de bol, j'en ai.Kilis a écrit:Oui, c'était le bon temps, ce temps-là !Gobu a écrit:Dépouillé de rire. Dire qu'il aura fallu que VE coule pour que je lise ça. Et ton texte aussi, Yali. Auquel je trouve aussi de l'humour.grieg a écrit: Tout le monde va finir par penser que t'étais déjà alcolo à 11 ans.
Gobu- Nombre de messages : 2400
Age : 70
Date d'inscription : 18/06/2007
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Cher Stéphane, et j'insiste sur le cher.
Je veux te remercier, toi, pour ce que tu es, pour ce que tu fais, pour comment tu penses.
Je n'ai pas oublié moi, sorti de ton talent littéraire, comment tu m'as accueilli, rassuré, aimé, alors que rien ne l'obligeait, que rien ne le justifiait. Rares sont-ceux, je pense, qui prennent par la main un type déboulé de nulle part - un apatride et probablement un con par dérivation des valeurs, montrent sans oublier d'interroger pour que l'équilibre se rétablisse, servent de guides pour la vie comme elle est, comme elle est devenue, comme elle est simple, avec ou sans nous. Rares sont ceux, comme-toi, qui m'autorisèrent à fumer ma clope au milieu de l'interdit, à bougonner sur les migrations, à râler sur les endroits où pisser, sur les connaissances à avoir, sur celles à démontrer. Rares sont ceux, oui, rares sont ceux. Rares sont ceux, qui demandent une autorisation à marier, rares sont ceux qui disent; bien, va, puisque t'as envie. Rares sont ceux, qui vérifient deux-trois trucs, en n'oubliant pas de payer deux-trois bières, et encore moins de distiller deux-trois je t'aime entre le deux et le trois. Sans que rien ne tienne de la brève de comptoir. Rares sont ceux, qui trouvent les bons mots dans les soucis de fraternité, dans les troubles identitaires, rares sont ceux. Rares sont ceux qui t'envient avec cette pointe de regret mais aussi cette fierté du combat contre le regret, l'espoir de faire avec ses armes, avec ce que dont on dispose,là, tout de suite et maintenant. Des yeux avec de l'amour dans les mires et du futur dans les boucles. Avec des emmerdes jusqu'à plus soif mais du temps à donner, à livrer, comme un facteur.
Compte-tenu de tout-ça, et même du ceci.
n'est pas né le mec qui me dit que. qui me dirait que.
Nez panné , comme si un grand chef Micmac avait, par avance, pris son nom chez Findus surgelés.
Je veux te remercier, toi, pour ce que tu es, pour ce que tu fais, pour comment tu penses.
Je n'ai pas oublié moi, sorti de ton talent littéraire, comment tu m'as accueilli, rassuré, aimé, alors que rien ne l'obligeait, que rien ne le justifiait. Rares sont-ceux, je pense, qui prennent par la main un type déboulé de nulle part - un apatride et probablement un con par dérivation des valeurs, montrent sans oublier d'interroger pour que l'équilibre se rétablisse, servent de guides pour la vie comme elle est, comme elle est devenue, comme elle est simple, avec ou sans nous. Rares sont ceux, comme-toi, qui m'autorisèrent à fumer ma clope au milieu de l'interdit, à bougonner sur les migrations, à râler sur les endroits où pisser, sur les connaissances à avoir, sur celles à démontrer. Rares sont ceux, oui, rares sont ceux. Rares sont ceux, qui demandent une autorisation à marier, rares sont ceux qui disent; bien, va, puisque t'as envie. Rares sont ceux, qui vérifient deux-trois trucs, en n'oubliant pas de payer deux-trois bières, et encore moins de distiller deux-trois je t'aime entre le deux et le trois. Sans que rien ne tienne de la brève de comptoir. Rares sont ceux, qui trouvent les bons mots dans les soucis de fraternité, dans les troubles identitaires, rares sont ceux. Rares sont ceux qui t'envient avec cette pointe de regret mais aussi cette fierté du combat contre le regret, l'espoir de faire avec ses armes, avec ce que dont on dispose,là, tout de suite et maintenant. Des yeux avec de l'amour dans les mires et du futur dans les boucles. Avec des emmerdes jusqu'à plus soif mais du temps à donner, à livrer, comme un facteur.
Compte-tenu de tout-ça, et même du ceci.
n'est pas né le mec qui me dit que. qui me dirait que.
Nez panné , comme si un grand chef Micmac avait, par avance, pris son nom chez Findus surgelés.
Invité- Invité
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Plaisir de vous lire, grands hommes!
(itinéraires ordinaires.. ça date, tiens, un très beau souvenir pour moi!)
(itinéraires ordinaires.. ça date, tiens, un très beau souvenir pour moi!)
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 33
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Deux apatrides qui se rencontrent, c'est un pays qui nait.
Merci Panda.
Merci Panda.
Re: Itinéraires ordinaires : La France a peur
Vous savez quoi ?
Vous me réconciliez avec le genre humain.
Vous me réconciliez avec le genre humain.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
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