Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
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Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
Traverser la forêt
—Tu as laissé la petite partir chez ta mère toute seule ?
— Alice est bien assez grande pour traverser la forêt. Tu ne l’as pas vue grandir mon ami. Elle a quinze ans passés, c’est une jeune fille sérieuse qui choisira j’en suis certaine, le chemin le plus court pour aller à Tombe.
— La forêt de Sissy n’est pas un endroit sûr pour une jeune fille comme elle, il y rôde marauds et brigands qui ne demandent qu’à sauter sur de la chair fraîche pour en faire je ne sais quelle pitance; cette escapade m’inquiète. Tu aurais dû m’en parler avant. Et que lui as-tu demandé de porter là-bas ? J’espère que ce sont les restes du plat apporté par notre étrange voisin Hycaon ; j’ai trouvé à cette viande un goût fort désagréable lors du dîner d’hier, et je n’ai pas compris pourquoi il était venu nous porter un peu de ce repas qu’il préparait pour je ne sais plus qui, mais pas pour nous ; là n’était pas son idée de départ, j’en suis bien persuadé.
— Oui, ce sont bien ces restes-là qu’Alice porte à sa grand-mère à travers bois. Ne t’inquiète pas, elle reviendra vite. Et comme toi, je ne comprends pas grand-chose non plus à ce plat, ce présent imprévu de la part de cet homme bizarre que l’on dirait venu d’un autre temps ; je n’en ai pas aimé le goût. Je me suis dit que ma mère l’apprécierait peut-être ; la pauvre, alitée dans sa masure sur ce Mont perdu de l’autre côté de la forêt ; la visite de la petite lui fera le plus grand bien.
— Elle s’est couverte au moins ? Il peut faire frais sous les futaies.
—Je crois bien qu’elle a oublié son manteau, elle est partie si vite et si joyeuse à l’idée de faire cette promenade seule. Elle a juste emporté avec elle son panier avec le ragoût. J’ai mis aussi une galette et un petit pot de beurre.
Alice était effectivement une jeune fille sérieuse qui avait – enfin, décidé de grandir. Elle emprunta donc comme le lui avait suggéré sa maman le chemin le plus court, le chemin le plus direct pour aller retrouver sa grand-mère qui habitait au bout de la forêt, un endroit étrange, une espèce de mont qui sortait des arbres et dont on pouvait, du sommet, voir la mer. Elle n’était jamais allée plus loin que Tombe, elle savait pourtant, pour avoir entendu son père en parler lors des veillées, que de l’autre côté du Mont, chaque jour de grande marée se produisait un phénomène étrange, que la mer pénétrait jusqu’au plus profond des terres sur la voûte ondulante d’une vague impétueuse. Un jour elle irait voir la vague, un jour peut-être, elle trouverait celui qui saurait chevaucher la marée et qui lui dirait la saveur de la mer quand le salé rencontre l’eau douce. Mais en attendant il lui fallait porter cet horrible ragoût qu’Hycaon avait offert hier à sa mère avec ces drôles de façons, d’un qui se prépare à faire une vilainerie. Se dépêcher d’arriver, sans traîner ni tergiverser, elle ne tenait pas à se perdre dans la forêt, elle voulait voir vite sa chère grand-mère qui serait ravie de l’embrasser et qui lui raconterait encore cette fois, les belles histoires d’amour de quand elle n’avait pas de cheveux blancs. Pas question pour elle de perdre du temps à ramasser les clochettes mauves qui embellissaient les sous-bois en ce printemps, non il lui fallait montrer, prouver même à ses parents que l’on pouvait compter sur elle, qu’elle avait compris les choses essentielles de la vie et que l’on pourrait peut-être, un jour prochain, envisager de la marier.
Aussi, quand elle entendit sur le chemin derrière elle des voix d’hommes et des bruits de trot elle en fut contrariée, mais pas au point de se cacher derrière le tronc d’un des magnifiques chênes qui occupaient les lieux. Elle se souvint des paroles de son père : « Être prudent soit, mais point trop n’en faut ». Deux cavaliers s’avançaient ; leurs tenues montraient qu’il ne s’agissait pas là de marauds, cependant ils semblaient à bout de force et leurs bottes tout comme leurs jambières étaient couvertes de poussière. Ils venaient de loin, cela sautait aux yeux. Alice s’arrêta pour les laisser passer, pour les regarder aussi. Les deux hommes étaient fort bien bâtis, on devinait sous leur cuirasse un corps bien fait, vigoureux et puissant. L’un d’entre eux portait entre ses cuisses un sac, un grand sac de cuir brun auquel il apportait une grande attention en le serrant contre lui d’une main, alors que de l’autre main il dirigeait la bête épuisée qui le portait.
La promeneuse qu’ils avaient là devant eux ne devrait pas leur poser grand problème, se dirent-ils, les reliques qu’ils devaient livrer sans tarder à Aubert, l’évêque d’Avranches, ne couraient aucun danger dans cette rencontre. Ils regardèrent l’enfant, n’y virent pas d’enfant mais bien une belle jeune fille et l’interpellèrent sans méfiance avec ce que leur lassitude pouvait permettre de déférence.
—Jeune demoiselle, savez-vous si nous approchons de cette colline que l’on appelle Tombe ? Nous y sommes attendus par l’évêque et avons à lui remettre ce sac qu’il attend avec impatience afin de construire un sanctuaire en l’honneur de l’Archange Saint-Michel.
Alice, surprise de l’intérêt que de tels messieurs pouvaient porter à sa jeune personne et, bien que n’ayant pas compris qui était Aubert et quel lien le liait à cet archange dont la grand-mère lui avait narré l’histoire, répondit vite aux jeunes cavaliers :
—Mais messieurs, nous y sommes, encore une lieue sur ce chemin et vous trouverez Tombe. Ma grand-mère y habite et je lui rends visite, si vous le désirez nous pourrons faire route ensemble, le soleil commence à se cacher, la lumière peine à traverser les feuillages et je commence à avoir un peu froid, petite sotte que je suis j’ai oublié de prendre ma capeline avant de partir. Je serai rassurée par votre présence. Bien sûr, je ne voudrais pas vous retarder car je vais à pied ; alors si vous êtes pressés, peut-être auriez-vous quelque couverture que vous pourriez me prêter pour finir ma route et m’éviter ainsi de tomber mal ?
Les deux hommes sourirent de tant de spontanéité mais malheureusement ils n’avaient pas de couverture ni quoi que ce soit d’autre à prêter à la jeune fille. Ils étaient bien embarrassés de laisser ainsi cette demoiselle dans la forêt alors que la nuit tombait, quand le plus jeune, celui qui portait le sac, proposa contre toute attente et à la stupéfaction de son compagnon une solution bien audacieuse. Pourquoi, puisque la jeune fille se dirigeait aussi vers Tombe ne pas lui confier le manteau rouge qu’ils ramenaient des Pouilles et qu’ils tenaient au secret dans le sac de cuir brun depuis leur départ du mont Gargan en Italie du Sud ? Il suffirait que sur le seuil de la maison de la grand-mère la belle demoiselle se débarrasse du manteau et le leur rende afin qu’Aubert puisse en faire relique. Ainsi pourraient-ils finir ce voyage en bonne compagnie sans que la belle ne prenne froid ; quant au manteau il ne craignait pas grand-chose, peut-être les crocs d’un loup, mais quand bien même une bête attaquerait, il leur serait bien aisé de se défendre, armés comme ils l’étaient.
Alice enfila donc le manteau rouge - un peu élimé il faut bien le dire, nullement émue d’être vêtue d’un drap qui avait appartenu à celui qui jadis, terrassa le dragon et en l’honneur de qui Aubert, évêque et futur saint, s’apprêtait à bâtir sur les pentes de Tombe une abbaye aujourd’hui entourée par la mer, le sable, et habillée des méandres de la Sée et de la Sélune, cours d’eau qui au soleil couchant embellissent la baie et interrogent par leur circonvolutions la raison humaine .Pour l’instant le drap était de laine et la laine réchauffait ses épaules comme l’avait réchauffée tout à l’heure le sourire du cavalier quand il lui avait déposé le manteau rouge sur le dos, laissant échapper un souffle chaud dans le bas de sa nuque.
Il serait bien temps d’arriver à Tombe, de retrouver mère-grand et monseigneur Aubert, la route pouvait encore prendre quelques méandres.
Et le loup me direz-vous?
Ovide nous apprend qu’il n’est rien d’autre que la métamorphose d’Hycaon pour avoir voulu faire manger de la viande humaine aux dieux.
Soyons certains qu’il est bien là, peut-être dans le ragoût, peut être dans le manteau, peut-être même dans les histoires de la grand-mère ; à moins qu’il ne soit vous… lecteur.
Qui sait ?
—Tu as laissé la petite partir chez ta mère toute seule ?
— Alice est bien assez grande pour traverser la forêt. Tu ne l’as pas vue grandir mon ami. Elle a quinze ans passés, c’est une jeune fille sérieuse qui choisira j’en suis certaine, le chemin le plus court pour aller à Tombe.
— La forêt de Sissy n’est pas un endroit sûr pour une jeune fille comme elle, il y rôde marauds et brigands qui ne demandent qu’à sauter sur de la chair fraîche pour en faire je ne sais quelle pitance; cette escapade m’inquiète. Tu aurais dû m’en parler avant. Et que lui as-tu demandé de porter là-bas ? J’espère que ce sont les restes du plat apporté par notre étrange voisin Hycaon ; j’ai trouvé à cette viande un goût fort désagréable lors du dîner d’hier, et je n’ai pas compris pourquoi il était venu nous porter un peu de ce repas qu’il préparait pour je ne sais plus qui, mais pas pour nous ; là n’était pas son idée de départ, j’en suis bien persuadé.
— Oui, ce sont bien ces restes-là qu’Alice porte à sa grand-mère à travers bois. Ne t’inquiète pas, elle reviendra vite. Et comme toi, je ne comprends pas grand-chose non plus à ce plat, ce présent imprévu de la part de cet homme bizarre que l’on dirait venu d’un autre temps ; je n’en ai pas aimé le goût. Je me suis dit que ma mère l’apprécierait peut-être ; la pauvre, alitée dans sa masure sur ce Mont perdu de l’autre côté de la forêt ; la visite de la petite lui fera le plus grand bien.
— Elle s’est couverte au moins ? Il peut faire frais sous les futaies.
—Je crois bien qu’elle a oublié son manteau, elle est partie si vite et si joyeuse à l’idée de faire cette promenade seule. Elle a juste emporté avec elle son panier avec le ragoût. J’ai mis aussi une galette et un petit pot de beurre.
Alice était effectivement une jeune fille sérieuse qui avait – enfin, décidé de grandir. Elle emprunta donc comme le lui avait suggéré sa maman le chemin le plus court, le chemin le plus direct pour aller retrouver sa grand-mère qui habitait au bout de la forêt, un endroit étrange, une espèce de mont qui sortait des arbres et dont on pouvait, du sommet, voir la mer. Elle n’était jamais allée plus loin que Tombe, elle savait pourtant, pour avoir entendu son père en parler lors des veillées, que de l’autre côté du Mont, chaque jour de grande marée se produisait un phénomène étrange, que la mer pénétrait jusqu’au plus profond des terres sur la voûte ondulante d’une vague impétueuse. Un jour elle irait voir la vague, un jour peut-être, elle trouverait celui qui saurait chevaucher la marée et qui lui dirait la saveur de la mer quand le salé rencontre l’eau douce. Mais en attendant il lui fallait porter cet horrible ragoût qu’Hycaon avait offert hier à sa mère avec ces drôles de façons, d’un qui se prépare à faire une vilainerie. Se dépêcher d’arriver, sans traîner ni tergiverser, elle ne tenait pas à se perdre dans la forêt, elle voulait voir vite sa chère grand-mère qui serait ravie de l’embrasser et qui lui raconterait encore cette fois, les belles histoires d’amour de quand elle n’avait pas de cheveux blancs. Pas question pour elle de perdre du temps à ramasser les clochettes mauves qui embellissaient les sous-bois en ce printemps, non il lui fallait montrer, prouver même à ses parents que l’on pouvait compter sur elle, qu’elle avait compris les choses essentielles de la vie et que l’on pourrait peut-être, un jour prochain, envisager de la marier.
Aussi, quand elle entendit sur le chemin derrière elle des voix d’hommes et des bruits de trot elle en fut contrariée, mais pas au point de se cacher derrière le tronc d’un des magnifiques chênes qui occupaient les lieux. Elle se souvint des paroles de son père : « Être prudent soit, mais point trop n’en faut ». Deux cavaliers s’avançaient ; leurs tenues montraient qu’il ne s’agissait pas là de marauds, cependant ils semblaient à bout de force et leurs bottes tout comme leurs jambières étaient couvertes de poussière. Ils venaient de loin, cela sautait aux yeux. Alice s’arrêta pour les laisser passer, pour les regarder aussi. Les deux hommes étaient fort bien bâtis, on devinait sous leur cuirasse un corps bien fait, vigoureux et puissant. L’un d’entre eux portait entre ses cuisses un sac, un grand sac de cuir brun auquel il apportait une grande attention en le serrant contre lui d’une main, alors que de l’autre main il dirigeait la bête épuisée qui le portait.
La promeneuse qu’ils avaient là devant eux ne devrait pas leur poser grand problème, se dirent-ils, les reliques qu’ils devaient livrer sans tarder à Aubert, l’évêque d’Avranches, ne couraient aucun danger dans cette rencontre. Ils regardèrent l’enfant, n’y virent pas d’enfant mais bien une belle jeune fille et l’interpellèrent sans méfiance avec ce que leur lassitude pouvait permettre de déférence.
—Jeune demoiselle, savez-vous si nous approchons de cette colline que l’on appelle Tombe ? Nous y sommes attendus par l’évêque et avons à lui remettre ce sac qu’il attend avec impatience afin de construire un sanctuaire en l’honneur de l’Archange Saint-Michel.
Alice, surprise de l’intérêt que de tels messieurs pouvaient porter à sa jeune personne et, bien que n’ayant pas compris qui était Aubert et quel lien le liait à cet archange dont la grand-mère lui avait narré l’histoire, répondit vite aux jeunes cavaliers :
—Mais messieurs, nous y sommes, encore une lieue sur ce chemin et vous trouverez Tombe. Ma grand-mère y habite et je lui rends visite, si vous le désirez nous pourrons faire route ensemble, le soleil commence à se cacher, la lumière peine à traverser les feuillages et je commence à avoir un peu froid, petite sotte que je suis j’ai oublié de prendre ma capeline avant de partir. Je serai rassurée par votre présence. Bien sûr, je ne voudrais pas vous retarder car je vais à pied ; alors si vous êtes pressés, peut-être auriez-vous quelque couverture que vous pourriez me prêter pour finir ma route et m’éviter ainsi de tomber mal ?
Les deux hommes sourirent de tant de spontanéité mais malheureusement ils n’avaient pas de couverture ni quoi que ce soit d’autre à prêter à la jeune fille. Ils étaient bien embarrassés de laisser ainsi cette demoiselle dans la forêt alors que la nuit tombait, quand le plus jeune, celui qui portait le sac, proposa contre toute attente et à la stupéfaction de son compagnon une solution bien audacieuse. Pourquoi, puisque la jeune fille se dirigeait aussi vers Tombe ne pas lui confier le manteau rouge qu’ils ramenaient des Pouilles et qu’ils tenaient au secret dans le sac de cuir brun depuis leur départ du mont Gargan en Italie du Sud ? Il suffirait que sur le seuil de la maison de la grand-mère la belle demoiselle se débarrasse du manteau et le leur rende afin qu’Aubert puisse en faire relique. Ainsi pourraient-ils finir ce voyage en bonne compagnie sans que la belle ne prenne froid ; quant au manteau il ne craignait pas grand-chose, peut-être les crocs d’un loup, mais quand bien même une bête attaquerait, il leur serait bien aisé de se défendre, armés comme ils l’étaient.
Alice enfila donc le manteau rouge - un peu élimé il faut bien le dire, nullement émue d’être vêtue d’un drap qui avait appartenu à celui qui jadis, terrassa le dragon et en l’honneur de qui Aubert, évêque et futur saint, s’apprêtait à bâtir sur les pentes de Tombe une abbaye aujourd’hui entourée par la mer, le sable, et habillée des méandres de la Sée et de la Sélune, cours d’eau qui au soleil couchant embellissent la baie et interrogent par leur circonvolutions la raison humaine .Pour l’instant le drap était de laine et la laine réchauffait ses épaules comme l’avait réchauffée tout à l’heure le sourire du cavalier quand il lui avait déposé le manteau rouge sur le dos, laissant échapper un souffle chaud dans le bas de sa nuque.
Il serait bien temps d’arriver à Tombe, de retrouver mère-grand et monseigneur Aubert, la route pouvait encore prendre quelques méandres.
Et le loup me direz-vous?
Ovide nous apprend qu’il n’est rien d’autre que la métamorphose d’Hycaon pour avoir voulu faire manger de la viande humaine aux dieux.
Soyons certains qu’il est bien là, peut-être dans le ragoût, peut être dans le manteau, peut-être même dans les histoires de la grand-mère ; à moins qu’il ne soit vous… lecteur.
Qui sait ?
Roz-gingembre- Nombre de messages : 1044
Age : 61
Date d'inscription : 14/11/2008
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
Joli !!!
J'ai eu un peu de mal avec un début trop explicatif, mais, vite embarquée dans l'histoire et dans ce flirt pervers avec le conte, mon plaisir n'a fait que croitre jusqu'à la question finale, bravo !
J'ai eu un peu de mal avec un début trop explicatif, mais, vite embarquée dans l'histoire et dans ce flirt pervers avec le conte, mon plaisir n'a fait que croitre jusqu'à la question finale, bravo !
Invité- Invité
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
Ah oui, je veux bien être le loup de ce joli conte qui mêle habilement Ovide, les frères Grimm et la légende fondatrice du Mont Saint Michel!
Je vais même te dire un secret : Je crois bien avoir reconnu Jehan des Grèves dans ce jeune et beau cavalier qui couvre si galamment les épaules d'Alice ... (mais je m'avance peut-être un peu!)
Je vais même te dire un secret : Je crois bien avoir reconnu Jehan des Grèves dans ce jeune et beau cavalier qui couvre si galamment les épaules d'Alice ... (mais je m'avance peut-être un peu!)
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
Un joli récit que tu nous as tissé là Eddy !
Invité- Invité
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
itinéraire de contes et mythes revisités, une merveilleuse alice, portant victuailles humaines, sans chaperon ; qui trouve cape rouge et chaperons virils sur le chemin... c'est comme un rêve sous LSD stylisé.
bel ouvrage.
nota: Je n'ai pas encore fait l'expérience moi-même mais j'ai oui dire – par d’anthropophages amis - que la viande humaine était délicieuse. Je mets donc un bémol pour les descriptions du ragoût.
bel ouvrage.
nota: Je n'ai pas encore fait l'expérience moi-même mais j'ai oui dire – par d’anthropophages amis - que la viande humaine était délicieuse. Je mets donc un bémol pour les descriptions du ragoût.
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
Merci pour ce conte peu conventionnel, j’ai bien aimé l’idée de jouer avec l’histoire/les histoires que l’on connaît (ou pas, pour ma part ! Si ce n’est bien sûr le Petit Chaperon…) La fin en revanche m’a laissée sur ma faim (miam ! du ragoût !), non pas l’évocation de la viande humaine, mais à partir de « Soyons certains… » J’attendais un dénouement plus… ordinaire, finalement, mais l’apparition du loup aurait du coup trop collé au conte de départ.
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
J'ai songé à " La Compagnie des loups " en découvrant ton récit.
J'aime l'univers des contes, alors...
J'aime l'univers des contes, alors...
Et, à ce propos, que devient-il notre Jean des Grèves, Arielle ?Je crois bien avoir reconnu Jehan des Grèves dans ce jeune et beau cavalier qui couvre si galamment les épaules d'Alice ... (mais je m'avance peut-être un peu!)
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 46
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
Aimerais bien connaitre le Jehan des grèves, on le trouve où le mystérieux cavalier dont on parle ici???
Roz-gingembre- Nombre de messages : 1044
Age : 61
Date d'inscription : 14/11/2008
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
J'ai du mal sur la forme Eddy. La forme classique ne me fascine pas, j'ai même beaucoup de mal avec ça, mais le fond m'amuse, et, m'est avis, que le fond se soulignerait davantage si la forme était moins classique.
(Je signale que ceci vient de moi, mon insuportation du classique je veux dire, je peux pas écouter 3 minutes d'opéra sans être pris d'une envie de flinguer une diva, de même que je supporte mal les formulations de Proust, mais lui étant déjà mort…)
Bref, je te rejoins sur le fond, mais sur la forme, non.
(Je signale que ceci vient de moi, mon insuportation du classique je veux dire, je peux pas écouter 3 minutes d'opéra sans être pris d'une envie de flinguer une diva, de même que je supporte mal les formulations de Proust, mais lui étant déjà mort…)
Bref, je te rejoins sur le fond, mais sur la forme, non.
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 59
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
J'ai beaucoup aimé même si le début à failli me faire décrocher (partir chez ta mère toute seule, tu ne l’as pas vue grandir mon ami, elle s’est couverte au moins).
Le détournement de conte se lit avec plaisir, avec bien sur en arrière plan l'omniprésence du Loup.
Bravo.
Le détournement de conte se lit avec plaisir, avec bien sur en arrière plan l'omniprésence du Loup.
Bravo.
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
Eddy a écrit:Aimerais bien connaitre le Jehan des grèves, on le trouve où le mystérieux cavalier dont on parle ici???
Jehan des Grèves, c'est mon dernier bébé. Il est né d'un appel à texte sur VE et ne devait être qu'une 'tite nouvelle au départ mais les Véliens m'ayant incitée à poursuivre il atteint actuellement les 170 000 caractères et espère grandir encore d'autant.
Tu peux en trouver l'embryon ici :
http://www.vosecrits.com/forum-vos-ecrits-f1/nouvelle-vague-jehan-des-greves-t2056.htm
ainsi que les balbutiements des premiers chapitres qui ont suivi, dans le catalogue.
Actuellement il séjourne au château de Tiffauges, une des nombreuses résidences du baron Gilles de Ray où il a été retenu plus qu'il ne l'aurait souhaité... Mais il ne va pas tarder à rejoindre les armées du roi Charles VII pour aller reprendre Paris à ces maudits Godons qui en ont fait leur capitale.
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
Et c'est un vrai régal!Arielle a écrit:Jehan des Grèves, c'est mon dernier bébé.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
Si l'écriture me paraît maîtrisée et soignée, je déplore par contre l'aspect hétéroclite du thème abordé.
Au début, j'ai pensé à un mélange de contes revisités, Alice et le petit chaperon rouge, mais voilà qu'apparaissent Avranches et des reliques, le champ est élargi, un peu trop pour moi et en même temps pas assez, car le tour d'horizon est tout de même réduit.
Je trouve également contradictoire, légèrement certes, que Alice pense, avant l'arrivée des hommes à vaillamment remplir la mission qui lui a été confiée, à se dépêcher et à obéir, puis qu'elle s'offre si spontanément pour guider ces messieurs.
Idem pour la désinvolture avec laquelle la relique est prêtée, ça me semble léger.
La morale me paraît arriver plutôt abruptement après tout ce développement explicatif sur Alice et sa promenade contée.
Au final, j'ai aimé l'écriture et ton style, mais l'histoire me laisse un peu perplexe, comme si elle était incomplète, pas assez aboutie.
Au début, j'ai pensé à un mélange de contes revisités, Alice et le petit chaperon rouge, mais voilà qu'apparaissent Avranches et des reliques, le champ est élargi, un peu trop pour moi et en même temps pas assez, car le tour d'horizon est tout de même réduit.
Je trouve également contradictoire, légèrement certes, que Alice pense, avant l'arrivée des hommes à vaillamment remplir la mission qui lui a été confiée, à se dépêcher et à obéir, puis qu'elle s'offre si spontanément pour guider ces messieurs.
Idem pour la désinvolture avec laquelle la relique est prêtée, ça me semble léger.
La morale me paraît arriver plutôt abruptement après tout ce développement explicatif sur Alice et sa promenade contée.
Au final, j'ai aimé l'écriture et ton style, mais l'histoire me laisse un peu perplexe, comme si elle était incomplète, pas assez aboutie.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
Première fois que je te lis, Eddy.
L'écriture est soignée, agréable à lire mais trop "explicative"à mon goût. L'idée, et les idées, sont intéressantes, intelligentes. Pas tout à fait bien servie par la construction du récit qui me semble un brin déséquilibrée.
J'ai eu l'impression te lisant que tu avais certes l'habitude d'écrire, mais sans doute pas des textes de fiction.
L'écriture est soignée, agréable à lire mais trop "explicative"à mon goût. L'idée, et les idées, sont intéressantes, intelligentes. Pas tout à fait bien servie par la construction du récit qui me semble un brin déséquilibrée.
J'ai eu l'impression te lisant que tu avais certes l'habitude d'écrire, mais sans doute pas des textes de fiction.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
En général, j'ai du mal avec les styles classiques d'écriture. Mais pas avec ce texte que j'ai savouré et qui m'a bien amusé. J'aime bien les détournements de contes et celui là est très original.
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
Mon commentaire a été envoyé sans que j'ai le temps de dire ouf et de le relire. Tant pis alors pour la faute d'orthographe que j'ai laissée. On aura qu'à dire qu'Anne Veillac est un homme pour ce commentaire là...
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
J'ai aimé l'intertextualité que tu développes. Le coté "classique", moins
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
Merci à vous pour tous ces commentaires constructifs.
Jehan, promis j'irais voir très vite...
Sinon je prends note : pas assez abouti, pas assez travaillé : certes.
Forme classique, trop explicatif au début (voir gnagan..personne a osé) certes aussi
Contradictoire Alice? Sahkti, ça s'voit que t'as pas vu les deux mecs....
quant au prêt du manteau : si je te disais les mensurations d'Alice!
Et oui, qu'est-ce qui tient encore debout après la rencontre amoureuse ?
Pas l'habitude d'écrire de la fiction? j'écris assez peu, je l'ai déjà dit, un peu de poésie, de fiction, j'adore le genre épistolaire et ... beaucoup de rapports. (Ca se voit tant que ça?)
vexée Eddy
Peut-être devrais-je tester l'alexandrin dans mes écrits professionnels?
Mais je lis beaucoup, ça compense.
Jehan, promis j'irais voir très vite...
Sinon je prends note : pas assez abouti, pas assez travaillé : certes.
Forme classique, trop explicatif au début (voir gnagan..personne a osé) certes aussi
Contradictoire Alice? Sahkti, ça s'voit que t'as pas vu les deux mecs....
quant au prêt du manteau : si je te disais les mensurations d'Alice!
Et oui, qu'est-ce qui tient encore debout après la rencontre amoureuse ?
Pas l'habitude d'écrire de la fiction? j'écris assez peu, je l'ai déjà dit, un peu de poésie, de fiction, j'adore le genre épistolaire et ... beaucoup de rapports. (Ca se voit tant que ça?)
vexée Eddy
Peut-être devrais-je tester l'alexandrin dans mes écrits professionnels?
Mais je lis beaucoup, ça compense.
Roz-gingembre- Nombre de messages : 1044
Age : 61
Date d'inscription : 14/11/2008
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
Lu et approuvé :-)Eddy a écrit:Mais je lis beaucoup, ça compense.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
Yali a écrit :
" Est-ce que quelqu'un va faire cesser c'boucan ! "
Et je zappe les onomatopées. Ce gamin parle comme un adulte mais il est haut comme trois pommes. Et encore, vous n'avez ni le son ni l'image : c'était tordant.
Hm... Bon, j'me tais... ^^
On écoute de tout, dans notre Centre éducatif ( de l'Opéra, à l'occasion !!! ). Un de mes p'tits bouts, excédé, a sorti en parlant d'une de ces divas :Je signale que ceci vient de moi, mon insuportation du classique je veux dire, je peux pas écouter 3 minutes d'opéra sans être pris d'une envie de flinguer une diva
" Est-ce que quelqu'un va faire cesser c'boucan ! "
Et je zappe les onomatopées. Ce gamin parle comme un adulte mais il est haut comme trois pommes. Et encore, vous n'avez ni le son ni l'image : c'était tordant.
Hm... Bon, j'me tais... ^^
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 46
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
...une espèce de mont qui sortait des arbres et dont on pouvait, du sommet, voir la mer... dominait ?
L'intention de départ est à peine crédible.
...on devinait sous leur cuirasse un corps bien fait, vigoureux et puissant...Ceci confirme la remarque précédente.
Tout est dans l'extraordinaire, avec toi. Non ?
L'intention de départ est à peine crédible.
...on devinait sous leur cuirasse un corps bien fait, vigoureux et puissant...Ceci confirme la remarque précédente.
Tout est dans l'extraordinaire, avec toi. Non ?
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
euhhhh.... ben ouiasTout est dans l'extraordinaire, avec toi. Non ?
Roz-gingembre- Nombre de messages : 1044
Age : 61
Date d'inscription : 14/11/2008
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
Déséquilibré : complètement oui, avec ce début qui traine en longueur, ce trajet qui s'accélère brutalement et cette chute qui arrive comme une baffe ou un truc auquel on s'attend pas.
Et en même temps, ça contribue à faire de ce texte quelque chose de très déstabilisant, j'ai aimé ça. Tu ne m'as pas du tout emmenée là où je pensais aller, pas du tout à la vitesse et au rythme auxquels je m'attendais, et c'est tant mieux.
Pour l'écriture, oui, elle a ce côté un peu désuet qui ne me charme pas habituellement mais qui ici colle bien avec le genre du texte (genre que je serais par ailleurs bien incapable de qualifier !).
Comme Pili, j'émets une petite réserve sur la dimension parfois explicative du texte, c'est comme si tu voulais parfois trop prendre le lecteur par la main...
Mais j'ai passé un bon moment à te lire et te relirai avec plaisir.
Et en même temps, ça contribue à faire de ce texte quelque chose de très déstabilisant, j'ai aimé ça. Tu ne m'as pas du tout emmenée là où je pensais aller, pas du tout à la vitesse et au rythme auxquels je m'attendais, et c'est tant mieux.
Pour l'écriture, oui, elle a ce côté un peu désuet qui ne me charme pas habituellement mais qui ici colle bien avec le genre du texte (genre que je serais par ailleurs bien incapable de qualifier !).
Comme Pili, j'émets une petite réserve sur la dimension parfois explicative du texte, c'est comme si tu voulais parfois trop prendre le lecteur par la main...
Mais j'ai passé un bon moment à te lire et te relirai avec plaisir.
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
Le loup c'est moi :-)
J'ai vu une dimension parodique dans le style : les dialogue "impossibles" du début et le style sur-développé en détails par la suite.
Ca peut coller à l'idée (bien plaisante) du fond, mais si je peux apporter un bémol, je trouve que ça ne tient par sur la longueur. Je pense qu'il faut soit en faire moins, soit en faire "plus" (s'amuser avec la langue comme avec le conte).
Peut-être, si tu restes dans un registre parodique, tu peux essayer de mêler les phrases longues et très construites à des phrases plus brèves, avec rupture de style... ?
J'ai apprécié l'humour de ce texte sympathique. En espérant te lire (pas forcément des alexandrins mais d'autres proses, avec plaisir)
J'ai vu une dimension parodique dans le style : les dialogue "impossibles" du début et le style sur-développé en détails par la suite.
Ca peut coller à l'idée (bien plaisante) du fond, mais si je peux apporter un bémol, je trouve que ça ne tient par sur la longueur. Je pense qu'il faut soit en faire moins, soit en faire "plus" (s'amuser avec la langue comme avec le conte).
Peut-être, si tu restes dans un registre parodique, tu peux essayer de mêler les phrases longues et très construites à des phrases plus brèves, avec rupture de style... ?
J'ai apprécié l'humour de ce texte sympathique. En espérant te lire (pas forcément des alexandrins mais d'autres proses, avec plaisir)
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
Age : 52
Localisation : loupbleu@vosecrits.com
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
bien aimé le travail fourni pour revisiter ces contes ! pas forcément fan du langage et de la forme classique et rétro mais ça colle avec le "conte" et puis, ça m'a fait penser à Sade ! Au final, je trouve que c'est un texte brillant !
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 48
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : Traverser la forêt
drôle de parodie du chaperon rouge nommé Alice (au pays des brigands) ! Un conte peu ordinaire mais bien plaisant.
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