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Itinéraires ordinaires : Le chemin creux

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Message  Arielle Mar 25 Nov 2008 - 10:34

Depuis combien de temps gît-elle ainsi, papillon épinglé sur ce lit d'hôpital?
Sa mémoire, s'arrachant à un cocon visqueux, débrouille peu à peu des fils, classe des images, tente de rendre une chronologie à ses souvenirs.


"Huche-Loup, forêt de Brocéliande". Elle était tombée amoureuse de l'adresse avant même d'avoir visité les lieux. Elle revoit la maison achetée quelques années plus tôt, son jardin en friche au fond d'une impasse, dans un hameau minuscule et l'océan des arbres, tout autour, dans lequel elle se noyait avec délices.

Elle avait pris l'habitude, chaque jour en sortant de chez elle, de passer par la ferme de Roche-Plate où elle allait chercher son lait.
Après la traite du soir, elle récupérait le bidon déposé en partant pour sa promenade. Soizic la retenait parfois pour échanger quelques mots sur le pas de sa cuisine. C'était une femme sans âge aux yeux limpides et aux mains rêches. Ronde et vive, elle savait mener son monde, sans un mot superflu.
Son monde, c'était la ferme, une des dernières autour de Paimpont. Une trentaine de vaches sur autant d'hectares arrachés péniblement à la lande… Son monde c'était ses hommes : Yvon son mari, Gaël leur fils, et son beau-frère Louis.

Le verbe haut, inflammable comme l'étoupe, Yvon forçait la sympathie en dépit de ses défauts.
Dès qu'il lâchait le volant de son tracteur il se disait assailli de mille maux qu'il détaillait avec la plus grande complaisance à la moindre occasion. Après sa santé, son fils était son plus grand souci : Il se sentait trahi par ce gaillard de vingt-six ans qui renâclait à le seconder dans l'exploitation familiale.

Yvon aimait son frère d'une tendresse rugueuse et bourrue. Depuis son enfance, quelque chose au cerveau empêchait Louis de prononcer plus de trois mots d'affilée et le secouait périodiquement de violentes colères qui le laissaient hébété. Il était d'une timidité morbide mais dur au travail. À condition qu'il ait pris le temps de lui expliquer ce qu'il attendait de lui, Yvon pouvait confier à son frère les tâches les plus pénibles à l'étable comme aux champs. Lui-même, en dehors des périodes de moissons et de semailles, s'occupait essentiellement des relations indispensables : vétérinaire, coopératives et hôtes de passage, partageant volontiers le coup d'cidre avec eux.

Le médecin est passé la voir, dans la soirée. Il lui a appris qu'elle est à l'hôpital de Pontchailloux à Rennes où elle a été transportée cinq jours plus tôt plongée dans le coma et victime de plusieurs fractures … Elle n'a demandé aucune précision sur ce qui lui est arrivé. Elle préfère reconstruire son passé à sa façon, par petites touches.

Elle se revoit débouchant du chemin creux qui mène à la ferme. En l'empruntant pour la première fois, elle avait surpris Louis absorbé dans son travail. S'étant approchée de lui, la main tendue, elle lui avait souhaité le bonjour. Éperdu, cramponné à sa fourche, il avait lamentablement bredouillé tout en reculant à l'abri des vieux murs de la grange.

Par la suite il ne s'était plus laissé piéger. Il devait guetter sa venue car elle le voyait disparaître derrière les bâtiments dès qu'elle sortait du couvert. Cependant, la curiosité finissait par l'emporter. Quand elle s'attardait avec Soizic sur le banc de la cour ou à la grande table de la cuisine, il réapparaissait, longue silhouette de chat maigre, rasant les murs.
Il buvait le café qu'on lui servait, assis sur une fesse à l'extrême bout du banc, loin de la visiteuse qu'à la dérobée il dévorait des yeux.
Elle s'aperçut qu'il suivait leurs conversations avec intérêt et souriait aux plaisanteries échangées, manifestant un sens de l'humour qu'on ne lui aurait pas soupçonné.

Invitée à Roche-Plate pour l'anniversaire d'Yvon qui jouait les patriarches au haut bout d'une tablée rassemblant proches et voisins, elle prit place non loin de Louis.
Le contraste entre les deux hommes était saisissant. L'œil à tout, Yvon encourageait chacun à se resservir, emplissait les verres, stimulait les enthousiasmes, monopolisant constamment l'attention par des plaisanteries ou des anecdotes.
Ses pommettes éclatantes, encadrant une moustache d'un noir de jais, la ceinture qu'il venait ostensiblement de lâcher sous son estomac rebondi témoignaient de sa vigueur et de son appétit de vivre. Il avait oublié, pour la soirée du moins, ses varices, rhumatismes, migraines et autres maux qui le taraudaient habituellement.

De son côté, Louis, sec et tendu comme un chardon des dunes, plus que jamais muré dans son silence, tentait de se faire oublier. Il avait refusé toute la soirée le cidre qu'on voulait, à toute force, le voir ingurgiter :
—Il n'a jamais bu que de l'eau et du café, laissa tomber Soizic après un ultime échec.
Alors, elle, l'étrangère, avait osé prendre son parti :
—Tu as raison, Louis, l'eau de Roche-Plate est tellement bonne que j'en prendrais bien moi aussi !
Elle tendit son verre en direction de la cruche qu'il saisit d'une main tremblante pour la servir. Autour d'eux on s'esclaffait :
—Hé ben le Louis!... Tu serais pas un peu amoureux, toi, dis donc ?

Après cette soirée, elle se réjouit de voir que Louis ne fuyait plus à son approche. A condition qu'elle garde une distance raisonnable, il lui accordait un petit signe de tête et lui rendait son sourire avant de reprendre son travail. Elle se contentait alors de déposer son bidon sur la fenêtre de la cuisine et reprenait sa promenade sans plus l'agresser.

Un soir de février, elle découvrit un minuscule bouquet de violettes sur le couvercle de fer blanc. Comme elle s'étonnait, Soizic lui glissa à l'oreille :
—Ne dis rien! Surtout ne te moque pas, c'est Louis qui les a cueillies pour toi … Je crois qu'il t'aime bien le bougre!

Les nuits d'hôpital sont hachées, débitées en tranches fines par l'éclat éblouissant de la porte qui s'ouvre sur l'infirmière, tandis que la veilleuse émiette sans pitié un sommeil déjà si fragile.
Elle n'a besoin de rien, non merci! On vérifie le goutte à goutte, lui remonte ses oreillers et "Bonne nuit madame! "


Quand Soizic lui avait fait part de ses inquiétudes au sujet de la santé de Louis, elle avait regardé celui-ci d'un autre œil. Son pas hésitant, vacillant dès qu'il s'éloignait du secours possible d'un mur, son teint livide et ses gestes lents, entrecoupés de pauses fréquentes ne pouvaient être imputés à son handicap.
—Yvon l'a ramassé deux fois, hier, dans la grange … Il prétend que ça fait des mois qu'il tombe comme ça de temps en temps, il dit que ce n'est rien et que, de toute façon, il ne veut pas voir de docteur! Pas moyen d'en savoir plus, quand on insiste, il se butte et il s'en va …

Quelques jours plus tard, comme elle passait prendre son lait, Soizic lui fit signe d'entrer. Silencieuse près de la fenêtre, elle épluchait des légumes pour la soupe, tournée vers son évier. Yvon, attablé devant un casse-croûte, le dos à la cheminée, paraissait l'attendre.
—C'est pour mon frère, fit-il, abrupt, sans même la regarder.
—Il ne va pas mieux?
—Il dit qu'il pisse du sang … C'est grave, ça, hein ?
C'était la première fois qu'elle le voyait s'inquiéter pour la santé d'autrui.
—Je crois qu'il est temps, en effet, de faire quelque chose pour lui, Yvon, tu ne peux pas le laisser comme ça ! Imagine qu'il fasse un malaise au volant du tracteur !
—Je sais bien, admit-il, l'air malheureux mais d'un autre côté il mange bien, il a bon appétit et je le connais … Il se sauvera si on fait venir un docteur !
—Mais tu es le seul, Yvon, à pouvoir le convaincre de faire les examens nécessaires avant qu'il soit trop tard …
Il l'interrompit, soudain alarmé :
— Il va pas mourir quand même… Pas mon frère! Qu'est-ce que je deviendrais sans lui !
Contre toute attente, elle le vit s'effondrer. Son regard embué de larmes s'accrochait au sien.
Elle allait tenter d'atténuer l'effet de ses paroles lorsqu' elle découvrit que Louis, sur le seuil de la cuisine, les observait. Devant la mine défaite d'Yvon qui se frottait les yeux à grands revers de manches, il se mit à osciller sur lui-même, incertain du parti à prendre : rester, s'enfuir?
Soizic, avec douceur et fermeté, lui fit signe de s'assoir. Il obtempéra, fixant son frère d'un air anxieux. Celui-ci s'était repris et le gratifia d'une bourrade, comme on flatte un cheval pour le rassurer :
—Allez, tu vas boire un coup avec moi, ce soir!
Il lui versa un peu de vin qu'il noya d'autant d'eau. Louis hésita, fit tourner le liquide dans le verre puis avala en fermant les yeux.
—Tu vois, quand tu veux ! triompha l'aîné…

Le lendemain Soizic lui avait rapporté comment, après son départ, Yvon était parvenu à convaincre Louis de se laisser examiner par un médecin, lui jurant qu'il ne les laisserait pas l'emmener à l'hôpital.
Toute la nuit, Yvon, gémissant sur son sort, s'était tourné et retourné dans leur lit.
Il était décidément le plus malheureux des hommes : Sa santé préoccupante, la trahison de son fils et maintenant son frère malade, mort bientôt peut-être et le laissant tout seul … Soizic avait fini par se lever pour lui préparer une tisane.

Ce matin, elle a droit à un vrai petit déjeuner. La lumière entre à flots par la grande baie vitrée de sa chambre. L'aide-soignante qui l'assiste (sa main droite, plâtrée est inutilisable) bavarde gaiement en étalant la confiture sur ses tartines. Elle vient de la campagne, elle aussi, et se félicite de voir que le temps, enfin sec, va permettre la récolte du maïs.

A partir de ce jour, Louis ne se montra plus en sa présence. Il la fuyait à nouveau, comme au temps de ses premières visites à la ferme. Les résultats des analyses auxquelles il s'était soumis docilement, ainsi qu'il s'y était engagé, n'étaient, hélas, pas très encourageants!

Yvon avait changé, lui aussi. Plus de maux de gorge, de reins brisés ou de nausées, c'était un vrai miracle d'après sa femme! Ayant réalisé à quel point maintenant, chacune de ses tâches fatiguait son frère, l'aîné s'était mis sérieusement au travail à ses côtés. En bougonnant, bien sûr, en le houspillant plus que jamais, mais en restant à l'affût du moindre signe de faiblesse.

Marquant l'entrée du domaine de Pierre-Plate, s'élève un très vieux tilleul. Bien qu'il soit en retrait d'une dizaine de mètres, son feuillage bouche presque entièrement la sortie du chemin creux où elle se revoit marcher à grand pas ce jour-là. Elle aimait ce passage entre la lande et le domaine. Chaque fois qu'elle pénétrait sous l'arceau des vieux chênes, il lui semblait franchir une frontière, entrer dans un autre monde.

Et là, tout lui revient … Le corps… Sous les branches de l'arbre gigantesque. Le corps, tournant sur lui-même, les pieds à quelques centimètres du sol … « Louis ! » Au même instant, derrière elle, le grondement furieux d'un engin lancé à plein régime.
Le temps de se retourner, et elle réalise que le corps qui se balance là bas, c’est … celui d’Yvon !
Elle réalise du même coup que le tracteur ne fera rien pour l'éviter car, dans l'esprit de ce fou de Louis cramponné à son volant, c'est elle qui a semé le malheur parmi les siens, c'est elle qui, par ses conseils, a poussé son frère au suicide!
Elle tente d'escalader un des talus bordant le chemin. S'accroche aux racines, aux fougères qui cèdent sous son poids, elle glisse, parvient à se cramponner à mi-pente, s'aplatit contre la paroi alors que le tracteur arrive à sa hauteur …
—Non ! Non !
—Madame, madame, réveillez-vous ! C'est fini tout ça ! Vous êtes à l'hôpital, tout va bien.

L'après-midi, à l'heure des visites, elle a du mal à reconnaître Soizic dans cette petite dame en noir, intimidée et mal à l'aise qui pousse la porte de sa chambre. L'émotion commence par les submerger et elles fondent en larmes sans pouvoir, d'abord, échanger une parole puis, par bribes, Soizic raconte:

Comme ils s'y attendaient, ce matin-là, quand le médecin leur communiqua le résultat des derniers examens et parla de tumeur inopérable, Louis refusa d'entamer des soins, quels qu'ils soient. Curieusement, Yvon ne se fâcha pas, n'insista pas pour le convaincre. Après le repas de midi auquel on n'avait guère touché, Soizic était allée faire des courses et Louis s'était allongé pour une petite sieste comme il en avait pris l'habitude depuis quelques temps … C'est en se levant qu'il avait découvert le corps de son aîné sous le tilleul.

Soizic n'avait pu empêcher que les craintes de Louis se réalisent : Ils étaient venus le chercher, ils l'avaient enfermé dans un de ces hôpitaux qu'il craignait plus que tout et où elle irait le voir régulièrement … en attendant que la maladie le rattrape.

Arielle

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Message  grieg Mar 25 Nov 2008 - 11:30

un itinéraire rural bien mené, bien écrit.
pour moi, brocéliandre n'était que magie, j'ai appris qu'on y vit, qu'on y meurt aussi

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Message  Loreena Ruin Mar 25 Nov 2008 - 11:46

J'ai beaucoup aimé, une lecture aisée et des images évoquantes (ne serais-ce que la métaphore première du papillon), une sensibilité certaine et un don, je pense, pour décrire les personnages ou les états d'esprits avec des mots simples et sans en rajouter ;

"Huche-Loup, forêt de Brocéliande". Elle était tombée amoureuse de l'adresse avant même d'avoir visité les lieux.

Le verbe haut, inflammable comme l'étoupe, Yvon forçait la sympathie en dépit de ses défauts.

Ce genre de phrase donne immédiatement de la force au texte.

Finalement c'est cette simplicité qui prime, si je veux donner un avis d'ensemble. Simplicité qui fait que, sans être "transcendant", ce texte semble n'avoir pas besoin d'être transformé ou retravaillé: un travail abouti et touchant.

A bientôt sous vos lignes,

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Message  Halicante Mar 25 Nov 2008 - 12:02

Bel itinéraire, que j'ai eu plaisir à lire, la prose coule de source, on suit le ruisseau avec joie... C'est à l'évocation de "sa main droite, plâtrée (est) inutilisable" que je me suis mise à lire plus vite, pour savoir...
Merci, Arielle, pour ce beau texte, toujours si bien écrit (je rejoins les remarques de Loreena Ruin sur ce point.)
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Message  Invité Mar 25 Nov 2008 - 14:53

Un itinéraire qui n'était pas évident pour toi au départ. Tu t'en tires très bien. J'aime beaucoup le personnage de Louis, il touche une corde sensible en moi. C'est finement observé, comme d'habitude.

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Message  Sahkti Mar 25 Nov 2008 - 15:06

Je m'étais attachée à tes personnages à la relecture "pendant", c'est encore le cas "après".
Un registre dans lequel on t'a peu vue jusqu'ici, loin des élégances poétiques ou des récits historiques. Tu pénètres ici une forme de misère humaine qui sied bien à ta plume. Tu n'en fais pas trop, mais reste toujours au bord du goufre, comme tes personnages, si proches du vide.
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Message  Lucy Mar 25 Nov 2008 - 19:41

C'est un très beau texte, Arielle !
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Message  Invité Mar 25 Nov 2008 - 21:33

Ta plume lumineuse éclaire une bien sombre Bretagne, Arielle !

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Message  Kilis Mer 26 Nov 2008 - 13:05

L'écriture est certes maîtrisée mais je dois avouer que le ton et l'ambiance ne m'ont pas accrochés, par trop éloignés de la vie contemporaine. Mais c'est juste une question de goût perso.
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Message  Arielle Mer 26 Nov 2008 - 13:20

Détrompe-toi Pili : Rien de plus contemporain, hélas, que cette histoire qui vient de se passer à quelques cinq cents mètres de chez moi ! Je n'ai changé que les noms des lieux et des personnages.
Pour le ton, évidemment, je reconnais qu'il n'est pas de la plus grande originalité ...

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Message  bertrand-môgendre Mer 26 Nov 2008 - 13:33

L’italique de ton texte rend bien le décalage entre le présent et les souvenirs. J'adopte.

Le portrait des hommes est saisissant de vérité, surtout celui de Louis.

... s'élève un très vieux tilleul... pourquoi ce retour au présent ?

... elle pénétrait sous l'arceau des vieux chênes... le tilleul devient chênes ?

... elle a du mal à reconnaître Soizic dans cette petite dame en noir... mal formulé.

Il me semble que l'accident (ses circonstances et ses conséquences) aurait supporté d'une phrase ou deux supplémentaires.
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Message  Arielle Mer 26 Nov 2008 - 13:48

Je profite de la position en haut de l'échelle pour répondre :
s'élève un très vieux tilleul... pourquoi ce retour au présent ?
Parce que c'est une chose immuable qui demeure hors du temps de l'histoire (mais je peux me tromper)

... elle pénétrait sous l'arceau des vieux chênes... le tilleul devient chênes ?
Le chemin creux ainsi que la plupart de ceux qu'on rencontre par ici est formé de chênes taillés en berceau. Le tilleul n'en fait pas partie, il se trouve à l'extrémité, dans la cour de la ferme.

Il me semble que l'accident (ses circonstances et ses conséquences) aurait supporté d'une phrase ou deux supplémentaires
Je l'avais détaillé par le menu au départ ce qui alourdissait considérablement la scène et lui ôtait de sa vivacité. J'ai pensé pouvoir faire confiance au lecteur pour imaginer les détails.

Merci Bertrand pour ta lecture attentive.
Merci encore à Sahkti et Easter pour leur aide précieuse au cours de l'écriture

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Message  Invité Mer 26 Nov 2008 - 14:19

Une histoire forte, très bien racontée. J'ai beaucoup aimé votre écriture sobre, sensible et efficace.

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Message  Yali Mer 26 Nov 2008 - 21:34

Des qualités, oui. Un récit maîtrisé, aussi.
Sauf que je passe complètement à côté du style.
Pas très constructif ce que je dis, simple ressenti.

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Message  Invité Jeu 27 Nov 2008 - 11:24

Sahkti a écrit:Je m'étais attachée à tes personnages à la relecture "pendant", c'est encore le cas "après".
Un registre dans lequel on t'a peu vue jusqu'ici, loin des élégances poétiques ou des récits historiques. Tu pénètres ici une forme de misère humaine qui sied bien à ta plume. Tu n'en fais pas trop, mais reste toujours au bord du goufre, comme tes personnages, si proches du vide.
à ce propos, je renvoie les Véliens aux Chroniques rustiques dont nous avait régalés Arielle :
https://vosecrits.1fr1.net/forum-vos-ecrits-f1/chroniques-rustiques-iii-le-violon-d-amelie-t1882.htm
https://vosecrits.1fr1.net/forum-vos-ecrits-f1/chroniques-rustiques-iv-louis-la-brouette-t1960.htm

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Message  loic Ven 28 Nov 2008 - 10:11

pourquoi faut-il que dès que c'est en Bretagne il y ait des Soizic partout..
belle peinture
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Message  Roz-gingembre Sam 29 Nov 2008 - 22:11

On se croirait dans un film de Depardon
Beau texte qui ose parler du suicide des agriculteurs souvent davantage couvert par le silence.
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Message  Krystelle Dim 30 Nov 2008 - 9:09

J’ai passé un moment de lecture agréable en compagnie de tes personnages. J’ai juste regretté le côté un peu forcé du trait avec lequel tu les évoques : l’agriculteur bourru, son frère hébété, le fils prédestiné à reprendre l’exploitation, et puis ces femmes qui peinent à exister au-delà de ces personnages masculin.
Finalement l’histoire que nous relates parvient à me faire sortir du « cliché rural » pour m'emmener vers cette tragédie finale.
L’écriture est soignée, très, chaque mot est à sa place, trop ? J’ai eu parfois envie que tu bouscules un peu tout ça et puis non, c’est aussi ce qui fait le charme de ton récit, le côté méticuleux, presque précieux, du langage.
Juste un détail : je me suis parfois un peu mélangée les pinceaux dans tes « elles ».

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Message  Tristan Dim 30 Nov 2008 - 10:01

ça m'a emballé. C'est bien écrit, habile, bien mené. Aucun bémol à ajouter
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Message  Chako Noir Dim 30 Nov 2008 - 10:16

Arielle a écrit:"Huche-Loup, forêt de Brocéliande". Elle était tombée amoureuse de l'adresse avant même d'avoir visité les lieux.
Moi aussi =) Merci Arielle, parfois un peu difficile de s'y retrouver entre les "elles", à part ça la promenade est agréable.
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Message  Loupbleu Lun 1 Déc 2008 - 21:05

Je trouve l'écriture d'une très grande qualité.
C'est aussi une façon très classique, à titre personnel je réfère une façon plus "moderne". Je pense que c'est ta façon d'écrire et tu t'y sens à l'aise. C'est réellement bien maîtrisé.

J'ai aussi apprécié la construction du texte. Aussi le fait qu'en progressant, le texte laisse son côté "régionaliste" (qui finit par m'agacer quand il est trop présent - là, ça va mais il n'en faudrait pas davantage :-) pour se resserrer sur le côté dramatique (plus universel).

Je me suis demandé (mais sans conclure) si ça n'aurait pas valu le coup de rattacher un peu plus les personnages à leur époque.

Même si pas mon style favori, un texte que je trouve vraiment bon et que j'ai eu plaisir à lire.
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Message  ptipubi Lun 1 Déc 2008 - 21:58

Le cadre m'est familier, ce sont des souvenirs: le pot à lait, les personnes au premier abord renfrognée, la forêt de paimpont et tout le reste.
J'ai aimé l'écriture claire mais j'ai trouvé la fin un peu convenue mais c'est perso.
Il y a une phrase qui a été comme un grain de sable dans la lecture: "il se disait assailli de mille maux qu'il détaillait avec la plus grande complaisance à la moindre occasion."
au plaisir de te relire
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Message  Charles Mar 2 Déc 2008 - 14:51

c'est bien raconté, le style est assez classique mais c'est très réussi, le tout sonne vrai. on est un peu dans le connu, presque dans le cliché avec cette petite famille campagnarde mais ça passe. pensé évidemment au Lenny de Steinbeck. Je pensais qu'il allait s'en prendre à la narratrice pour d'autres raisons. peut être pas totalement dans le sujet mais agréable à lire.

peut être que le dernier paragraphe "explicatif" n'est pas très utile.
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Message  Arielle Mar 2 Déc 2008 - 15:43

Charles, je crois que tu as raison pour le dernier paragraphe. Le récit pourrait fort bien s'arrêter avant la visite de Soizic. Tout est dit à ce moment-là.
Je n'avais pas du tout pensé à transposer des souris et des hommes en forêt de Brocéliande mais maintenant que tu m'en parles ... :-)

Arielle

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Message  mentor Ven 5 Déc 2008 - 17:22

chronique ordinaire de la vie campagnarde avec sa rudesse, ses joies et ses tristesses. Une bien belle nouvelle digne d’un recueil et d’une publication ici et ailleurs. ;-)

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Message  mitsouko Dim 7 Déc 2008 - 11:12

bernard Clavel aurait aimé ce texte
et dire que Marc Lévy tire à 400 000...........et ce texte isolé sur un site
merci
mitsouko
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