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Mamie Béa (2)

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Mamie Béa  (2) Empty Mamie Béa (2)

Message  ptipubi Mar 25 Nov 2008 - 20:42

Col de la pierre plantée, 19 juin 2007.

Ce n’était pas mon heure. Luc, dans son irrationnelle approche du monde et de la passion, en a décidé ainsi. Aujourd’hui, sans dire un mot au môme, je suis allée récupérer le journal car il est notre histoire. Il survivra que ce soit dans un interstice entre deux pierres ou au-dessus d’une poutre de la grange aux amours désuètes.
Hier, résignée, j’ai attendu une heure. Le moindre bruit me raidissait. Je suis certaine qu’il m’observait, qu’il réfléchissait. Dans la pénombre humide, les gravillons ont crépité puis, du noir, ses yeux sont sortis. Il m’a rejoint sur le parking, m’a fait face, chancelant d’un pied sur l’autre. Rien dans les mains. Il m’a dit : « Je vais tuer Bonnard. Samedi, je vais me débrouiller pour l’attirer au barrage de Naussac. Je dois te sauver, Béatrice ».
Il a prononcé mon prénom comme jamais auparavant, des pattes d’oie qui s’estompent. A bout de force, son prénom a fait écho au mien. On est rentrés sans une parole. Avec Luc, on a en commun de vivre en desperado, lui par tradition, moi par accident. Je croyais l’avoir idéalement modelé mais Prométhée semble, de plus en plus, échapper à son créateur. Il boit comme une marée montante et je le sens fureter partout. Mon journal est en danger. […]

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Message d’origine
De : Médiatnet@***.fr
Date : jeu. 21.06.07 7:12
A : templedino@***.fr
Objet : mamie

Salut.
C’est avec jubilation que je t’envoie ce journal que j’ai volé à Béatrice. Béatrice : ce prénom te dira sûrement quelque chose puisqu’il n’éprouve que de la haine pour toi pendant plus de cent pages. Elle te connaît bien et sur la moindre poussière de ton âme, elle passe négligemment son majeur. Qui est cette Estelle dissimulée derrière chaque virgule ? J’ai su dès notre première passe que Béa n’était pas une prostituée comme les autres. J’ai accepté qu’elle devienne ma délivrance et ma perte.
Si je n’ai pas choisi de sortir de ton testicule, toi le lettré à l’âme mystique de gangster, et, si je suis toujours resté loin de tes disciples, de tes monologues péremptoires, c’est pour que ton passé ne me rattrape pas. Mais peine perdue.
Comme moi tu vas parcourir ce long journal, je suis sûr que Béa en a rêvé de nombreuses fois ; imaginant ton visage se crisper, ton crâne chauve luire, ce journal atterrir brusquement dans l’âtre crépitante de la cheminée et des ordres jaillir de ta bouche pour sauver un fils qui ne veut surtout pas te ressembler, surtout ne pas former avec toi les géminées d’un mot, alors que dire d’une phrase complète !
Malgré tout, je vais tuer Bonnard, ensuite, j’irai sûrement nager dans le lac et admirer avec mamie le village enfoui. Je meurs pour te faire chier.
Luc, ton fils malgré lui.

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Nyons, vendredi 21 juin

Après avoir lu le courriel de son fils, Dino ouvre le paquet et feuillette frénétiquement le journal de Béatrice : 19 mars 2001, 4 janvier 2006, 10 août 2006, 12 mai 2005…tout rejaillit, son passé peu glorieux qu’il croyait avoir digéré paisiblement aux pieds des Alpes, réapparaît écrit avec une encre peu sympathique. Il enrage. Journal mal folioté et ordinateur portable se fracassent définitivement sur le mur du bureau et le bruit se répercute dans toutes les cellules du monastère. Sans hésiter, il se redresse, une lueur de triomphe sur son visage car, à la brune de sa vie, il a enfin décidé d’avoir l’esprit de famille. Tant pis pour tout le reste, il a bien profité.
Direction Langogne, terre rude et froide de son enfance abhorrée. Cette salope a choisi perfidement comme victime, Bonnard son rival adolescent, c’est donc lui, Dino Bourges qui doit porter le coup final. Ce genre de truc, ça ne se perd pas.
Il donne des instructions à ses disciples qui rétorquent qu’il est fou de sortir seul du monastère mais déjà il n’écoute plus et les congédie. Luc ne saura pas tuer, il flanchera en regardant la bouille éploré de Bonnard. C’est le boulot du méchant. Rédemption quand tu me tiens.

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Extrait d’un article de la montagne du 25 Juillet 2007
Langogne : faits divers
A 8h, ce matin, les services de gendarmerie ont repêché, dans le lac de Naussac, un corps qui n’a pas été identifié. Cette découverte a fait suite à un coup de fil anonyme reçu à l’aube. Selon nos sources, la thèse du suicide, déjà fort improbable, a été écartée par les enquêteurs suite à de nombreux indices trouvés sur les lieux. […]

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Langogne, café des halles, 20 juillet 2007

Instinctivement, attablé devant son énième ballon de rouge, Luc Gourbes relève la tête pour regarder la femme qui vient de franchir la porte du rade. Ces derniers jours ont été rudes avec l’arrestation de son père qu’il ne savait pas dans les parages. Au parloir, ce n’est pas avec le gourou dandy au phrasé proustien qu’il a parlé mais avec l’autre, celui dont il a quelques souvenirs d’enfance : cet aristocrate au passé franquiste ( peut-être salazariste, il n’a jamais vraiment su) qui dissimule mal le mensonge.
Dehors, les employés municipaux s’astreignent à karchériser les halles vides dont l’odeur ne lui donne pas envie de café. Accoudée au zinc, l’inconnue, la cinquantaine radieuse, vêtue d’une jupe rose qui épouse parfaitement ses formes émoussées est pareille à une lycéenne hormonale alors qu’elle sirote, le regard fixe, une menthe à l’eau.
Sa grand-mère lui manque. Désenchanté, il est devenu un ivrogne de bastringue sans attaches. Sa vie est un manque de tout qu’il comble de cépages bas de gamme du matin au soir. A midi, il a encore toute sa lucidité et quand elle quitte le café, la broche sertie d’aigues marines, épinglée sous le col de son chemisier blanc, jure cruellement avec le rose de sa jupe. Il a l’impression de la connaître.
Avant de passer la porte, elle tourne légèrement la tête et leurs regards se croisent enfin, provoquant chez Luc un malaise profond. Les yeux paraissent …il ne sait pas… évoquer, invoquer ou alors… implorer quelqu’un. Il ne croit pas au hasard. Il a déjà eu une impression similaire. C’était dans un cauchemar ; les yeux de sa grand-mère sombrant dans la rivière, des aigues marines sur un lit de galets. Un pardon.
Elle s’en va comme elle est venue, sautillant au contact des éclaboussures des nettoyeurs des halles.
Luc commande un café.

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Cimetière des Batignolles, tombe d’Estelle Radiac, 25 août 2007

- Ca y est ! C’est fait ! Bourges a payé. Il a fallu que j’invente tout dans ce journal mais ça a été une douleur permanente quand il a fallu que je m’imagine , tour à tout, grand-mère, amante, mère éplorée, femme bafouée, ou bien prostituée. Pour la tapineuse, c’est toi que j’ai imaginée, les flancs meurtris par les corps acérés de centaines d’hommes auxquels cette merde de Dino t’a obligée à te donner ! Tu sais… je t’ai chercheé partout à la frontière espagnole… et puis, quand on a découvert ton corps de bois flotté sur la plage du Canet, j’ai haï le bleu. J’ai juré de te venger. La Radiac que j’ai façonnée dans ce journal a souffert moins que moi car chaque mot écrit patiemment dans notre box pour faire sortir ce monstre de Gourbes, a été un tatouage sur ma peau. Dieu merci, ça a marché ! Le cyclope est sorti de sa caverne et il a été terrassé. Tant pis pour le fils. Pas de regrets ! C’est qu’ un poivrot ! Maintenant je dois te dire que je ne reviendrai pas ; J’ai payé grassement l’employé pour fleurir ta tombe régulièrement. Adieu, ma fille. En fait, je suis résignée à ne plus m’inventer. Parole. Parole de pute.
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Message  Sahkti Mar 9 Déc 2008 - 11:11

Même remarque que pour la première partie: écriture agréable mais manque de vie. Tu racontes bien, tu narres toute une histoire de conflits, de rancoeurs, mais je n'arrive pas à ressentir les émotions et puis cela est énoncé sur un ton identique, sans variations. Dommage.
Pourtant, le fond me plaît et j'aime ces histoires de secrets et de colères rentrées. C'est le traitement que tu leur apportes qui me plaît moins.
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Message  ptipubi Mar 9 Déc 2008 - 11:50

Sahkti a écrit:Même remarque que pour la première partie: écriture agréable mais manque de vie. Tu racontes bien, tu narres toute une histoire de conflits, de rancoeurs, mais je n'arrive pas à ressentir les émotions et puis cela est énoncé sur un ton identique, sans variations. Dommage.
Pourtant, le fond me plaît et j'aime ces histoires de secrets et de colères rentrées. C'est le traitement que tu leur apportes qui me plaît moins.
je te remercie pour ta lecture. En relisant, je m'aperçois que tu as raison sur les variations de ton mais en même temps c'est un journal complétement inventé par béatrice (qui n'est pas une professionnelle de l'écriture)pour faire sortir dino de sa tanière; tous ces évènements elle ne les a pas vécus. Les bribes du journal qu'il nous est donné de lire sont celles lues par dino au gré de sa colère et c'est pour cela qu'il y a un trou entre 2001 et 2006 car il veut vite aller voir les derniers évènements. J'aurai peut-être dû utiliser différentes typographies pour distinguer les périodes de narration?...
C'est vrai ça manque un peu de vie...
merci encore pour ces remarques enrichissantes.
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Message  Invité Mar 9 Déc 2008 - 18:27

Ah oui, bien vu. Bien écrit (aimé : "il boit comme une marée montante"). Mais je suis insatisfaite, j'aurais aimé que le récit soit plus étoffé ; j'ai eu du mal à entrer dans l'intrigue, tortueuse à souhait mais qui etraîner le lecteur avec elle. Pourtant, je le répète, je sens là quelque chose de bon, de très bon qui demanderait, à mon humble, très humble avis, à être davantage travaillé. J'oubliais : idem pour les personnages, dont i lfaudrait cultiver la personnalité, ils ne sont quand même pas des monsieur tout-le-monde !

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Message  Invité Mar 9 Déc 2008 - 18:28

tortueuse à souhait mais qui devrait pouvoir entraîner le lecteur avec elle

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Message  ptipubi Mar 9 Déc 2008 - 19:38

Easter(Island) a écrit:tortueuse à souhait mais qui devrait pouvoir entraîner le lecteur avec elle

Tes commentaires me donnent envie de développer cette intrigue pour qu'elle paraisse plus réelle et moins aride. Il va falloir un peu de courage et de travail même si c'est avant tout du plaisir.
A la rencontre de tes mots. Merci.
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