Postiche
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Arielle
ptipubi
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Postiche
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Ella se hissa hors du lit à baldaquin où son illustre époux dormait tous naseaux dehors. Elle eut une envie incontrôlable d’appeler ses lointaines copines, pour leur dire la partie avouable de ce qu’elle était devenue, pour partager ce moment d’abandon sublime comme une enfant trop âgée que l'on adopte enfin. Le mariage administrativement consommé juste ce qu’il fallait, désormais, elle ne butinait que des hommes de pouvoir aux visages poudrés, armoriés de mouches et de perruques blanches comme celle qui trônait sur la table de nuit.
L’envie de téléphoner passé, son corps frémit, prêt à s’ébrouer, et, amère, elle enserra la dague qui encombrait son baise en ville. Elle avisa les draps embarrassés de cette masse et se convainquit que cet homme ventripotent ne méritait pas de payer pour le dégoût qu’elle avait eu d’elle-même ! Un visa austro-hongrois ou un visa français, question d’époque, voilà tout. Elle avait toujours existé sous d'autres formes pour d'autres raisons.
A défaut d’être la princesse d’une vie, en cet après midi de février, ses apparats Louis XVI vinrent attifer de nouveau son corps poudré de vide. Ella ignora les billets sous la perruque et, appréciant ce luxe qu’elle pouvait désormais se permettre, referma la porte, mi-pute, mi-citoyenne, laissant son mari de cape et d’épée dans des draps de soie souillés de toc.
Dehors, un bus klaxonnait son impatience et les passants parlaient peu. La tête haute, tenant sa robe des deux mains dans l’ascenseur, elle vit la porte s’ouvrir sur de vieux téléviseurs qui encombraient le hall. Décidée à poursuivre sa rêverie, inondée de soleil, du porche d’entrée de la rue de la Pompe, la marquise sortit à cinq heures.
Ella se hissa hors du lit à baldaquin où son illustre époux dormait tous naseaux dehors. Elle eut une envie incontrôlable d’appeler ses lointaines copines, pour leur dire la partie avouable de ce qu’elle était devenue, pour partager ce moment d’abandon sublime comme une enfant trop âgée que l'on adopte enfin. Le mariage administrativement consommé juste ce qu’il fallait, désormais, elle ne butinait que des hommes de pouvoir aux visages poudrés, armoriés de mouches et de perruques blanches comme celle qui trônait sur la table de nuit.
L’envie de téléphoner passé, son corps frémit, prêt à s’ébrouer, et, amère, elle enserra la dague qui encombrait son baise en ville. Elle avisa les draps embarrassés de cette masse et se convainquit que cet homme ventripotent ne méritait pas de payer pour le dégoût qu’elle avait eu d’elle-même ! Un visa austro-hongrois ou un visa français, question d’époque, voilà tout. Elle avait toujours existé sous d'autres formes pour d'autres raisons.
A défaut d’être la princesse d’une vie, en cet après midi de février, ses apparats Louis XVI vinrent attifer de nouveau son corps poudré de vide. Ella ignora les billets sous la perruque et, appréciant ce luxe qu’elle pouvait désormais se permettre, referma la porte, mi-pute, mi-citoyenne, laissant son mari de cape et d’épée dans des draps de soie souillés de toc.
Dehors, un bus klaxonnait son impatience et les passants parlaient peu. La tête haute, tenant sa robe des deux mains dans l’ascenseur, elle vit la porte s’ouvrir sur de vieux téléviseurs qui encombraient le hall. Décidée à poursuivre sa rêverie, inondée de soleil, du porche d’entrée de la rue de la Pompe, la marquise sortit à cinq heures.
ptipubi- Nombre de messages : 80
Age : 57
Localisation : idf
Date d'inscription : 25/11/2008
Re: Postiche
J'ai beaucoup aimé ce carambolage d'époques ! Une écriture allègre, de jolies formules ("son illustre époux dormait tous naseaux dehors"), une mélancolie sous-jacente... Une belle réussite à mon avis.
Invité- Invité
Re: Postiche
Oui bravo pour ce texte dont la loufoquerie d'apparence et l'expression imprévisible cachent une construction maîtrisée et des références dont certaines m'ont sûrement échappé. Je le redis : bravo.
Invité- Invité
Re: Postiche
Jolie façon d'attifer un corps (une vie?) poudré(e) de vide avec humour et mélancolie.
Je me demande si
Le mariage administrativement consommé juste ce qu’il fallait, désormais, elle ne butinerait que des hommes de pouvoir
ne serait pas plus approprié
Je me demande si
Le mariage administrativement consommé juste ce qu’il fallait, désormais, elle ne butinerait que des hommes de pouvoir
ne serait pas plus approprié
Re: Postiche
cela dépend de celui qui est dans le lit. Son mari ou non? A chacun sa version.Arielle a écrit:Jolie façon d'attifer un corps (une vie?) poudré(e) de vide avec humour et mélancolie.
Je me demande si
Le mariage administrativement consommé juste ce qu’il fallait, désormais, elle ne butinerait que des hommes de pouvoir
ne serait pas plus approprié
Merci pour ta lecture.
ptipubi- Nombre de messages : 80
Age : 57
Localisation : idf
Date d'inscription : 25/11/2008
Re: Postiche
serviteur madame.coline Dé a écrit:Whaaaaaaaa ! Chapeau, avec plumes balayant le sol !
ptipubi- Nombre de messages : 80
Age : 57
Localisation : idf
Date d'inscription : 25/11/2008
Re: Postiche
Je suis heureux que quelqu'un ait perçu cette mélancolie. C'est involontaire mais après relecture je l'ai ressentie aussi. Ce sont sûrement mes origines portugaises, saudade quand tu me prends!socque a écrit:J'ai beaucoup aimé ce carambolage d'époques ! Une écriture allègre, de jolies formules ("son illustre époux dormait tous naseaux dehors"), une mélancolie sous-jacente... Une belle réussite à mon avis.
Merci pour ta lecture.
ptipubi- Nombre de messages : 80
Age : 57
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Date d'inscription : 25/11/2008
Re: Postiche
Je me suis amusé à écrire ce texte mais je n'aime pas imposer un point de vue à celui qui lit donc souvent je constelle le texte de mots que chacun capte suivant la connotation qu'il veut.Easter(Island) a écrit:Oui bravo pour ce texte dont la loufoquerie d'apparence et l'expression imprévisible cachent une construction maîtrisée et des références dont certaines m'ont sûrement échappé. Je le redis : bravo.
merci pour ta lecture
ptipubi- Nombre de messages : 80
Age : 57
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Date d'inscription : 25/11/2008
Re: Postiche
ni pute ni soumise ;-)
tu aurais du, comme pour ton autre texte, commencer en disant que c'est un texte à contrainte, mais c'est pas grave
beaucoup aimé
il y a un style, c'est certain, de bonnes formules qui font mouche, comme sur la peau du bellatre, du bélitre, tiens... j'arrive plus à mettre les accents circonflexes, bizarre...
bref, j'ai aimé
tu aurais du, comme pour ton autre texte, commencer en disant que c'est un texte à contrainte, mais c'est pas grave
beaucoup aimé
il y a un style, c'est certain, de bonnes formules qui font mouche, comme sur la peau du bellatre, du bélitre, tiens... j'arrive plus à mettre les accents circonflexes, bizarre...
bref, j'ai aimé
Re: Postiche
Joli !
Je vais tenter de trouver si tu en as envoyé d'autres avec ces contraintes.
Je vais tenter de trouver si tu en as envoyé d'autres avec ces contraintes.
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 46
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Postiche
Un beau décalage, mélange d'époques et d'idées avec un fil sous-jacent qui ouvre la porte à plusieurs interprétations. J'ai aimé le ton doux-amer qui se dégage de tout cela et la misère humaine qui transpire de certaines phrases.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Postiche
Mais... c'est complètement décalé! Mais... c'est ça qui me plaît! Sans rire je l'aime bien cette femme à deux visages et entre deux époques. En plus ça me rappelle le Balcon de Genet dont je jouais un acte y a pas si longtemps que ça... En fait je ne saurais même pas dire si c'est bel et bien la qualité du texte ou simplement la nostalgie qu'il me procure qui fait que j'ai beaucoup aimé. Les deux à la fois, très certainement.
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 33
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
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