Pas de but, juste un bout de vie

[Kali Lorca]

Papa, si pouvais me lire. Tous ces mots que je balance sur des feuilles blanches. Toutes ces larmes noires qui se déversent sur mes joues crème de poupée fatiguée. Je ne suis pas la petite fille que tu as quittée un jour de Janvier. J’ai grandi, tu sais. Tu n’étais pas là pour voir tout ça. C’était ton choix.

Tu m’as manqué, ou pas. J’ai passé ma jeunesse à te détester. Ma haine égalait ta peine.
Tu m’as abandonné, j’ai renoncé à toi. Tu n’existais plus, un vague souvenir dans une valise d’autrefois, découverte par hasard. Tu n’étais qu’un visage sur des photos. Tu n’avais pas de voix, pas de rire, pas de parfum, rien. Tu étais un homme, juste un homme. Je t’en veux, à peine, suffisamment, énormément… Mais que faire ? Faire comme si tu avais toujours été avec moi ? Dis- papa, comment aurais-tu réagi si ton père était parti sans rien dire ? Tu as fui, tu m’as donné l’exemple.

Papa, tu peux revenir vers moi aujourd’hui mais rien n’a changé. Je sais que tu repartiras dès qu’une femme entrera dans ta vie. Tu lui mentiras et à moi en même temps. Tu nieras avoir des enfants, tu raconteras des histoires qui n’existent que dans ta tête. Je ne serais plus. Alors Papa, comment peux-tu croire que je veux combler cet instant de ta vie ? Ne crois-tu pas que j’ai assez essayé de t’oublier ? Ne crois-tu pas que je mérite autre chose ? Papa, je suis ton erreur, ton aller retour vers le passé. J’existe, arrête de le nier par période intermittente. Comprends-le, je ne suis pas une de tes histoires fantastiques. Je suis une gamine qui se fait seule, sans toi, sans ses parents pour l’aimer. Tu n’es qu’un nom, un « papa », un homme, un inconnu, un menteur, un lâche … Ma haine dépasse ton amour, tu vois.

[Sahkti]

Kali, je fais un peu la police, une fois de plus, mais tu postes, tu postes et tu ne commentes personne :-(

[Kali Lorca]

Oui je sais mais je lis les commentaires sur les textes et je serais incapable de faire des remarques pertinentes. Je vais essayer mais je ne voudrais pas faire plus de mal que de bien ...

[Sahkti]

D'accord, si tu veux... mais respecte la demande de deux textes maximum par semaine, alors, si tu veux bien, afin que chacun dispose de visibilité sur le forum. Merci!

[Tristan]

Ce texte n'est pas si mal que ça, mais je trouve qu'il y a des lourdeurs rhétoriques : les questions qui, de toute évidence, n'attendent pas de réponses, étant donné que le père est absent

[Sahkti]

C'est une lettre au père qui manque pas mal de force et d'âme à mes yeux. Cela ressemble davantage à des atermoiements qu'à un cri du coeur, ça manque de tripes, de rage, de révolte ou de chagrin exprimé. C'est trop lisse, trop propret, trop "écrit" en fait, alors que ça devrait être plus "oral". Il faudrait secouer un peu tout ça :-)

[Kali Lorca]

J'ai celui là, il est peut être plus poignant, je ne sais pas.

Vampire à tes heures je te vois encore suçant ton sang. Tu prenais un couteau, pas un à dînette, un pointu au manche noir. Tu t’arrêtais quand le sang commençait à s’écouler. Tu me terrifiais. Je me souviens d’avoir lié mes mains dans mon dos par peur que tu ne vois mes bras et ne me les ouvrent. Satan s’était emparé de toi. C’est ce que répétait la dinde qui nous gardait. Maman voulait ignorer des goûts étranges et anormaux.
Je sens encore ton corps bouillir en solitaire. Tu t’énervais, sans raison. Tu m’attrapais par le col et me plaquais contre un mur. J’étais morte de peur. Il y aurait eu un trou de souris, je me serais planquée dedans jusqu’à ce que tu te calmes. Tu étais un bourreau. Tu me frappais juste ce qu’il fallait pour que je pleure. Et puis, satisfait tu déposais ton pouce sur mes larmes. Tu sentais l’humidité à l’extrémité de ton doigt. Tu étais un monstre. Tu le portais à tes lèvres et suçais la peur sortit de mes yeux. Tu jubilais de plaisir pendant que je m’écrasais sur le sol de la cuisine. J’avais beau hurler contre toi, maman disait toujours : « il est un peu perturbé ».
Si tu ne partais pas, c’est moi qui le ferais. J’ai fui avant que ta perversité ne m’atteigne.
Et aujourd’hui, tu t’apprêtes à fêter Noël en famille alors que je suis seule …
Où est la justice ? Tu devrais crever sur place, te vidant de ce sang que tu lèches. Tu devrais t’écrouler de douleur, sentir tout ton être secoué de sanglots. Je voudrais que tu te tapes la tête tellement tu regrettes. Si tu n’étais pas de mon sang, j’attraperais un couteau et te poignarderais sans hésiter. J’enfoncerais la lame comme tu as enfoncé ma vie.
J’aimerais voir ta terreur, que tes yeux de pervers s’éteignent devant moi. Tu ne mérites pas la vie, pas plus que la mort. Tu m’as brisé, sans hésiter, sans remords. Je te frapperais, je me débattrais, je te massacrerais sur le champ de ruine que tu m’as laissé comme refuge. Viens me voir, et ce sera la dernière chose que tu feras.


Pour les commentaires, j'ai commencé à en mettre, j'espère que ça ira .

[Evanescent]

Les derniers mots ont été écrit tellement souvent... c'est dommage de finir sur une phrase si banale.

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