Ouverture

[Ole Touroque]

C'est un corset lourd, elle le porte effaré sur ses cheveux.

Une cage de bois mort à la forte senteur de mousse.

La pierre tomba. Fusée caressant le fil de l'image.
En y regardant de plus prés, on devinait une femme nue et pâle comme un piment fané.
Sûrs de tout, l'entouraient deux dandys bienfaisants, le doigt tendu de Raphaël, le turban d'un sikh voué à l'échec.

L'air est plus habile que dans l'Inde Occidentale.

Dans le fond de l'abîme, une autre Eve change de l'eau en savon en frottant ses mains.

Refuge du fou.

Les contours fracassés ont isolé le peintre.

La baigneuse est la cymbale perpétuelle. Une caravane en hiver.

Etat d'urgence pour la Marianne aux traits fins. Bientôt le corps vrai sera retracé dans ses lignes les plus hachées.

Le couteau remplace le pinceau.

Le plein-air sur l'atelier. Le monstre a éclaté le beau.

Et quand les silencieux viendront crier de honte, les dépoilés seront en haut des arbres pour lâcher leur force.

[Invité]

J'aime beaucoup chaque phrase, mais n'arrive pas à m'abandonner aux images éclatées ainsi proposées... Très belle écriture, je trouve.

"une femme nue et pâle comme un piment fané", j'adore absolument !

[Charles]

Les phrases sont belles mais un truc m'énerve dans la démarche, c'est cette "facilité" (enfin, ce que je prends, moi, pour une facilité) de ne pas se préoccuper du "liant" qui donnerait corps à l'ensemble, de ne pas s'occuper de créer un tout compréhensible et de laisser le soin au lecteur de recoller le tout comme il le désire.

C'est une chose que je vois aussi parfois chez Lol47 ou chez quelques poètes du site, dernièrement Euterpe, Ptipubi que je viens de lire. C'est à dire : faire de belles phrases, de belles images ou de bons mots puis les jeter ensemble sans se soucier de leur cohérence globale. Bref, pour moi, c'est presque une succession de jolies choses à prendre indépendamment les unes des autres. Peut être que ça plait à d'autres, ce n'est pas ma tasse de thé.

[Ole Touroque]

ce n'est pas ma tasse de thé.

C'est une référence à ton avatar?

Bon, sorti des blagues pathétiques, il y a peut-être une facilité dans le fait de balancer des images à tous les vents. C'est vrai. Mais pour moi le "liant" est le mouvement. Imaginons un instant un cyclope qui tourne la tête et voit, au fur et à mesure, des images, des scènes, des paysages, des sensations, des couleurs. Ce qui les rattache entre eux est l'oeil et le mouvement de tête, voire la marche.

Abandonnée de mouvement, la perception devient du ciblage, le regard se fait plus acerbe et cherche, une explication, un point commun, une finalité.

[Charles]

je comprends la démarche, je la respecte. Il n'y a pas de vérité absolue. simplement, nous n'avons pas la même approche ;-)

[Tristan]

J'ai lu. Il y a du bon et du moins bon, de belles images. Mais quelque chose me gène : ce n'est pas tant le "manque de liant" comme le disent les commentaires précédents, mais la surcharge d'images qui a parfois tendance à nuire à la respiration du texte; ça donne un caractère "écrasant". D'autant plus que tu as l'air d'écrire en versets.

Sinon, j'ai beaucoup aimé ce passage :

Bientôt le corps vrai sera retracé dans ses lignes les plus hachées.

Le couteau remplace le pinceau.

Le plein-air sur l'atelier. Le monstre a éclaté le beau.

Et quand les silencieux viendront crier de honte, les dépoilés seront en haut des arbres pour lâcher leur force.

J'aurais presque mis des majuscules à "corps vrai".

[Invité]

C'est vrai. Mais pour moi le "liant" est le mouvement. Imaginons un instant un cyclope qui tourne la tête et voit, au fur et à mesure, des images, des scènes, des paysages, des sensations, des couleurs. Ce qui les rattache entre eux est l'oeil et le mouvement de tête, voire la marche.

Abandonnée de mouvement, la perception devient du ciblage, le regard se fait plus acerbe et cherche, une explication, un point commun, une finalité.

chouette explication qui devrait aider à "comprendre", apprécier tes textes. En même temps je me demande si l'explication n'est pas un peu facile aussi, une façon de se dédouaner... bref, je tourne en rond !

[Ole Touroque]

bref, je tourne en rond !

Tourner.... c'est bien, tu tiens le bon bout!!!!

[Sahkti]

J'aime bien, ces images, ces échos, sans vouloir à tout prix préciser pourquoi.
C'est comme un film qui se déroulerait là, sous mes yeux, genre "The Darjeeling limited", succession de tableaux riches et un peu fous.

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