Y avait des fleurs

[Yali]

Y avait des fleurs

Y avait des fleurs dans la pièce, de chouettes fleurs roses et rouges.
Y avait des fleurs.
Pour ce qui est du vase, j’ai beau fouiller mes souvenirs, aucune trace, ouallou.
Y avait des fleurs dans la pièce, elles étaient posée sur une table et s’amusaient de nous, flattant nos narines de fragrances printanières.
Et tu riais, de moi et du printemps. Gentiment.
Gentiment.
Mais peut-être n’y avait il aucun vase, peut-être était-ce un simple verre avec dedans un peu d’eau dans laquelle tu les avais planté, une chope ou que sais-je encore…
La fenêtre était ouverte, de ça je me souviens bien. Comme je me souviens de cette courbe dégringolante de tes hanches à ton cul.
Courbe parfaite.
Y avait des fleurs dans la pièce, mais de la pièce, je ne me souviens plus.
Ni des motifs du papier peint.
Encore moins de la configuration de l’appartement.
Ni de rien d’autre, si ce n’est que la douche était trop petite pour deux, qu’il était plus simple de s’encastrer pour y entrer.
Et si j’y pense un peu plus avant, je me demande si même, il y avait une table ?
Du papier peint ?
Pour les fleurs, ça non, je suis certain, je les avais acheté à la fleuriste du cimetière
Elle avait demandé : «  C’est pour quelle genre de cérémonie ? »
J’avais répondu : «  Une du genre vivante et debout, style jolie fille, très ! »
Elle avait soudain repris le sourire, me disant que ça lui faisait plaisir de pas adopter une mine de circonstance et que question circonstance elle s’y entendait. Est-ce que je comprenais ?
— Je crois que oui.
— Tant mieux, parce que c’est pas drôle tous les jours de travailler le dimanche avec des gens qui, fleurs dans les bras, cherchent leur prochaine demeure.
— Pardon ?
— Regardez ceux-là, elle avait dit, en me montrant d’un bout de tige verte un couple concassé de vieillesse entrant dans le cimetière.
— Eux ?
— Oui, eux !
— Et alors ?
— Et alors si vous pensez un instant qu’ils sont là pour visiter les défunts, vous vous trompez et pas qu’un peu, ils sont juste-là pour se rassurer : la prochaine piaule sera-t-elle confortable ? Maintiendrais-je mon image de marque si toutefois je choisi tel mausolée ?
— Vous croyez ?
— Non, j’en suis sûre !
Si je me souviens pas du papier peint, je me souviens que la fleuriste avait un sourire presque aussi joli que le tien.
— Je vous glisse une amaryllis dans le bouquet, un peu de blanc, c’est bien.
Je l’avais remercié et j‘avais foutu le camp parce que ces yeux me priaient de leur offrir un verre et promettaient d’autres choses…
J’avais pas envie d’autres choses, juste de toi.
Y avait des fleurs dans la pièce, de chouettes fleurs roses et rouges et en leur centre une fleur blanche.
Sinon, je ne me souviens plus de rien.
Si ce n’est de la fenêtre ouverte.
Mais toujours pas du papier peint.
Ni de la table.
Mais peut-être vivions nous fenêtre ouverte sur le dehors du printemps, et dedans : rien, si ce n’était nous, et le bouquet des sentiments…

[Invité]

Un texte à la fois tendre, doux, un peu acide... Une gorgée de cocktail fruité, à déguster sur le pas de sa porte en regardant un bout de forêt au loin, après les prés. J'ai beaucoup aimé.

[Roz-gingembre]

Moi les amaryllis je les aime rouges.
Sinon c'est pas mal, bien amené, bel hymne à la vie. (si ce n'est la couleur des amaryllis)
Encore une chose. La dernière phrase : somptueuse.

[Jacinthe]

Même tardive, la lecture coule presque toute seule, quoique j'aie du m'y reprendre 2 ou 3 fois au début du dialogue.

Le contraste est saisissant entre l'explication du pourquoi de l'achat des fleurs par les vieux et... et la dernière phrase, qui d'ailleurs est magnifique et résume de très belle manière le contenu de ces lignes.

Ce qui n'est pas dit est fort, ce qui est dit est rafraichissant.

[Kilis]

Essayez donc de comprendre ça !
Je veux dire : comment parler de rien peut nous emmener si loin.
Cela tient de l’alchimie. Si, si.

[Invité]

Dommage pour l'amaryllis, manquent de grâce ces fleurs. Mais tu te rachètes avec : [quote]un couple concassé de vieillesse [quote], et avec le reste bien sûr. C'est aussi éphémère et entêtant que le parfum de certaines fleurs ...

[mouss]

Aucune raison d'orthographier oualou avec deux "l".

[Evanescent]

Agréable et... fleuri ? ^^

un détail, einh :

flattant nos narines de fragrances printanières.

Un peu trop baché et rabaché pour toi, yali.

Et tu riais, de moi et du printemps. Gentiment.
Gentiment.

J'aime beaucoup :-)

[Kilis]

Et hop ! paske...

[Tristan]

Dans l'ensemble, j'ai plutôt bien aimé, surtout le début, mais j'ai parfois eu l'impression que tu flirtais un peu trop avec un côté "fleur bleue" (sans mauvais jeu de mots) et émotion facile. Par exemple : je n'ai pas du tout aimé la dernière phrase.
Mais c'est question de goût.
Ah, oui, et je te conseille vivement d'avoir comme moi une petite amie fleuriste (Krystelle peut se reconvertir ?) : exit le problème des fleurs. Tu lui en offres, elle t'engueule parce que ça lui rappelle le boulot.
ça doit être ça, le bonheur.

[Sahkti]

et s’amusaient de nous, flattant nos narines de fragrances printanièresPerso, ceci me paraît différent (en ton) du reste, j'aime moins.

J'aime beaucoup:
Elle avait demandé : « C’est pour quelle genre de cérémonie ? »
J’avais répondu : « Une du genre vivante et debout, style jolie fille, très ! »

Maintiendrais-je mon image de marque si toutefois je choisi tel mausolée ?
Cette phrase me paraît trop "écrite" pour être un dialogue "fleuriste de cimetière" (non pas qu'une fleuriste de cimetière doive s'exprimer comme un camelot mais ça me paraît peu naturel).

J'ai aimé l'amertume de ce texte, son côté à la fois doux et désabusé. Pas celui que je préfère de toi, je t'ai connu plus croqueur de scènes du quotidien, mais le texte me parle tout de même beaucoup pour son ton doux-amer.

[Chako Noir]

J'avoue, j'ai eu un peu de mal à rentrer dedans. Direct les fleurs comme ça sans vase, qui tiennent on sait pas trop comment, je sais pas ça m'a un peu surpris. J'étais pas chez moi dans ce début de texte. Finalement le déclic s'est fait à l'image de la cérémonie vivante, féminine et debout. A partir de là j'ai recommencé du début et j'ai pu enfin apprécier toute la lecture. J'aime beaucoup cette vision des gens qui vont au cimetière pour voir à quoi ressemblera leur dernière demeure.

[Charles]

j'ai bien mis 4 ou 5 phrases avant de rentrer dans le texte et me laisser emporter. peut être la faute au "ouallou" qui m' a déplu. pourquoi ? ben, je sais pas, j'aime pas ce mot, je sais pas ... enfin, à part ce détail, il m'a bien plu ce souvenir net aux contours flous ... universel.

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