Trajet

[Kilis]

......Dans le bus du retour, il y avait un gros homme à tête de caméléon. Vraiment impressionnant, je ne blague pas. Il était assis non sur une banquette mais sur un strapontin, les jambes très écartées pour laisser reposer son bide. Et, il promenait ses yeux de droite et de gauche simultanément et en l’air aussi comme s’il cherchait une mouche ou je ne sais quoi à gober. On pouvait s’attendre à ce qu’une langue, disons d’une longueur intestinale, lui sorte à tout moment de la bouche. Cependant qu’on aurait à peine le temps de saisir ce moment furtif car, si je me souviens bien, c’est très rapide un caméléon qui chasse.
......Derrière moi, des jeunes filles gloussaient parce que leur copain était soudain pris de hoquet. Et le mec en question ne savait où se mettre.
......Le bus s’est engagé sur le boulevard dans le couloir réservé aux autobus. C’est comme la nef d’une cathédrale vu qu’il y a des platanes centenaires sur les deux bas-côtés et que leurs faîtes se rejoignent par-dessus. C’est très dangereux pour un piéton de se promener là au bord car les bus y roulent à une allure d’enfer. Et même, attendre aux arrêts est dangereux, enfin, relativement. Et là, ce que j’ai vu, c’était toute une classe de petits mômes, genre cinq ou six ans et ils étaient mignons avec leurs joues rougies de froids et leurs bonnets de toutes formes et couleurs sur la tête, un vrai chœur de Noël. Ils étaient accompagnés de deux institutrices mais toutes deux étaient absorbées par des messages sur leurs portables respectifs et moi, je pensais qu’elles auraient dû être plus attentives aux mômes vu la dangerosité de l’endroit. Peut-être suis-je d’un naturel trop anxieux, mais quand vous voyez toutes ces joues et ces nez rouges de petits lutins, vous ne pouvez pas vous empêcher de penser à la fragilité. La fragilité est une notion qui suce sa moelle de celle de beauté. Je veux dire : la laideur n’a rien de fragile, n’est-ce pas ?

[Kilis]

Zut ! je voulais employer la fonction "justify".
Mais, en fait où se trouve-t-elle? Je la vois pas.

: c'est fait ! il faut taper la commande HTML "justify" à la main ainsi :
[ justify]le texte en question[/ justify], sans l'espace devant le mot "justify" au début et à la fin.

Pour les "indentation" (je ne sais plus le terme exact), l'astuce est de faire une série de petits points et de les passer en couleur blanche. Ca n'est que du bricolage...

[Invité]

Un texte intrigant, décalé et bien écrit, et une très belle phrase :
"La fragilité est une notion qui suce sa moelle de celle de beauté."
(Sur le fond, je ne suis pas d'accord, mais c'est une autre histoire...)

[Invité]

Il y a un truc qui me chiffonne. Ne faut-il pas qu'il y ait des feuilles aux platanes pour qu'ils se rejoignent au faîte ? Et des feuilles, ils en ont encore en hiver les platanes ? Voilà. Autrement, je ne pas bien quoi penser de ce texte que j'ai lu au premier degré et dont je me dis qu'il recèle peut-être autre chose dont la finesse m'échappe...
Je remarque quand même que au passage un nouvel exemple de ta prédilection pour les reptiles ;-)

[Evanescent]

Un p'tit joli texte très très bien. J'ai beaucoup aimé.
Et la dernière phrase, einh :-)

Je veux dire : la laideur n’a rien de fragile, n’est-ce pas ?

J'adore.

Derrière moi, des jeunes filles gloussaient parce que leur copain était soudain pris de hoquet. Et le mec en question ne savait où se mettre.

Cette phrase me semble un peu en trop. Pas indispensable et pas particulièrement "quoi que ce soit".

Pour les alinéas Yali (je crois) nous avait donné : "& # 1 6 0 ;" (sans espaces bien sûr)

[loic]

easter à tout mis en l'air avec sa remarque sur les feuilles ^^
et puis c'était peu être dans l'hémisphère sud..

ces textes courts me plaisent ils ont la valeur de l'idée

[mentor]

il me laisse sur ma faim ce texte, sans fin
j'ai l'impression d'un début de patchwork avec ces personnages dépeints les uns après les autres, et qu'il faudrait à un moment que tout cela s'assemble pour constituer un truc "solide", parce que là...
mais on retrouve bien ce don à faire voir en quelques mots
et aussi, c'est vrai, cette sorte d'obsession des animaux rempants, à écailles ou sans ;-)

[Meetoc]

J'aime bien les histoires de (dans le) bus. Le bus transporte de beaux personnages et de belles histoires, je le prendrai plus souvent...

[Kali Lorca]

J'aime le bus, ton texte, tes mots, ton style !!!! J'ai adoré !!

[Mikérinos]

Certes, la laideur est un beau sujet (sans jeu de mots) ; mais elle n'existe que là où on la met, où on la pense. Là où il n'y a pas de tolérance aussi. Du coup, le monsieur du bus peut devenir très beau, et, le regard et l'objet regardé s'inversant, la laideur ricoche sur l'auteur et retombe sur les joues des enfants.

[lilicub]

"La fragilité est une notion qui suce sa moelle de celle de beauté. Je veux dire : la laideur n’a rien de fragile, n’est-ce pas ?"

je n'en suis pas sûre, mais ceci est sûrement un autre débat...

de très belles formules qui font mouche dans ce texte . j'ai spécialement aimé le portrait de cet homme, aimerais en savoir plus sur lui, qu'il devienne peut être un personnage d'un récit plus long. jolie aussi l'image de ces bonnets d'enfants.

seule réserve : les maîtresses penchées sur leur portables pendant une sortie scolaire m'a semblé être un peu surprenant dans ce contexte.

[Yali]

" la laideur n’a rien de fragile "
Ça fait parti de ces phrases que j'aimerais avoir écrit.
Sinon, plus ça va et plus ça va bien, entends par là que le style me ravi et que j'aime la belle absence d'histoire.

[Invité]

Ce qui me frappe dans ce texte, c'est sa faculté de nous centrer sur ce qui n'est pas dit, et de nous inquiéter sans raisons objectives.
Tout l'art de distiller du suspens !

[Sahkti]

Il me manque quelque chose. Pas vraiment une histoire qui mènerait l'intrigue, non, ce n'est pas indispensable. Plutôt davantage de force dans cette narration qui évoque des tableaux qui me laissent un sentiment d'inachevé. J'ai par exemple beaucoup aimé l'image de cet homme-caméléon dormant, ça parle de soi-même, c'est quelque chose qui vit tout seul. Ensuite, la réflexion sur les enfants, leurs joues rougies, tout cela me semble plus nébuleux et me plaît moins.
Les goûts et les couleurs, bien sûr...
J'ai préféré d'autres textes de toi, pour ce côté suggestif que tu maîtrises bien.

[bertrand-môgendre]

Le bus s’est engagé sur le boulevard dans le couloir réservé aux autobus

À l'image de celle-ci, il me semble, je pense, j'ai l'impression, qu'un travail supplémentaire de rédaction serait judicieux.
La forme apériti-court est façonnée à la manière d'un photographe plongés dans les réglages de prises de vue.

[David]

Bonjour Pili,

Je ne connais pas de bus avec des strapontins, c’est à cela que j’ai pensé dès le début, je me suis demandé dans quel pays cette scène pouvait avoir lieu. Après j’ai tiqué sur la ponctuation ici :

Et, il promenait…

La virgule après le « et » je la trouve malheureuse. Après « aussi », après « mouche » par contre, dans la même phrase, je crois que ça changerait la lecture.

Il y aurait peut être des mots en trop, qui n’apportent rien au texte, il y a « petits mômes » qui alourdit la phrase, ça pourrait être une expression aussi, comme une marque d’affection qui se retrouve un peu dans le ton par ailleurs. C’est pareil pour « petit lutins » j’ai oublié le mot pour qualifier ça, mais « petit » renforce une idée qui est déjà exprimée dans « lutins » comme ça l’était dans « mômes ».

Pour la fin puisqu’il y a « la laideur » pourquoi n’y a t’il pas « la beauté » en parallèle précédemment, avec l’article je veux dire, pour renforcer la confrontation.

Et pour ce qui est de la fragilité, il me semble qu’elle s’opposerait à la laideur du personnage du début, mais elle est cachée je trouve, et c’est peut-être pas plus mal et voulu, un caméléon ce n’est pas un animal moche, mais une tête qui y est comparée ne doit pas être gracieuse, il y a la taille de l’homme aussi qui s’oppose à ces « petits ». Qui est fragile au final, les enfants escortés par leur maîtresse ou bien le personnage sur le… strapontin.

Un drôle d’effet au final, la ponctuation est à revoir quand même, ça peut améliorer le texte je crois, après, les lourdeurs que j’ai relevé, je me demande si elles ne sont pas voulues, mais je les trouve quand même un poil exagérées.

[Yaäne]

J'ai eu beaucoup de mal, peut-être parce que je suis fatiguée et que je n'arrive pas à passer le stade du premier degré. Peut-être que comme l'a dit Sahkti, tout est suggéré et ça l'est sûrement un peu trop.
Mis à part la très belle phrase "La laideur n'a rien de fragile, n'est-ce pas ?" (qui décidement plaît beaucoup et non à tord), je n'acrroche pas du tout.
J'ai eu une impression (j'ai dit impression :-) ) de pas assez travaillé.

[Lonely]

J'ai bien aimé !

J'ai l'impression qu'il manque quelque chose (une fin peut-être), mais j'ai beaucoup apprécié ces descriptions en peu de mots.

[Invité]

je trouve que tu as compliqué le propos, essayé de soutenir la narration pour qu'elle évolue dans une sphère plus haute que les textes, nombreux, que j'ai lu de toi. Perso , j'ai trouvé le tout moins digeste. Et, je ne sais pas ce que vous avez tous à coller des ET partout alors que ,Véliens, vous en aviez combattu l'utilisation à outrance. C'est le signe que tu travailles.
:-)

Et, il promenait ses yeux de droite et de gauche simultanément et en l’air aussi comme s’il cherchait une mouche ou je ne sais quoi à gober.

[Invité]

J't'ai jamais raconté en détail, d'ailleurs, l'histoire de la correction à l'eau. Au début, j'regardais ton tapuscrit d'un sale oeil, plein de mots et plein de phrases que j'connaissais pas. Puis tout d'un coup, il m'a pris les couilles en passant par le coeur et j'ai tourné les pages si vite que ma souris en avait mal à la molette. Je n'ai plus été capable de te signaler quoi que ce soit. J'ai refermé le ficher Word et il est toujours là: d:\sauvegarde\kk\t'as. Je ne l'ouvre pas, plus, pour lui souhaiter le succès sur papier qu'il a eu dans mes yeux. Mais ce n'est plus de l'histoire, du coup, c'est un souhait renouvelé.

[Kilis]

J't'ai jamais raconté en détail, d'ailleurs, l'histoire de la correction à l'eau. Au début, j'regardais ton tapuscrit d'un sale oeil, plein de mots et plein de phrases que j'connaissais pas. Puis tout d'un coup, il m'a pris les couilles en passant par le coeur et j'ai tourné les pages si vite que ma souris en avait mal à la molette. Je n'ai plus été capable de te signaler quoi que ce soit. J'ai refermé le ficher Word et il est toujours là: d:\sauvegarde\kk\t'as. Je ne l'ouvre pas, plus, pour lui souhaiter le succès sur papier qu'il a eu dans mes yeux. Mais ce n'est plus de l'histoire, du coup, c'est un souhait renouvelé.

Merci, Panda. Je suis touchée par ce que tu me dis là.
Pour me lire sur papier faudra encore attendre: mon éditeur à reporté la parution du roman à Mars 2010.
Ben, oui.

[Charles]

moins aimé ton texte que d'habitude, sans trop savoir pourquoi ... la phrase

"La fragilité est une notion qui suce sa moelle de celle de beauté" m'a semblé trop "différente" du reste du texte, la "citation" trop attendue ... je ne sais pas, enfin, elle m'a géné...

je lui préfère la dernière

"la laideur n’a rien de fragile, n’est-ce pas ?" plus dans le ton du texte, je trouve.

Pour me lire sur papier faudra encore attendre: mon éditeur à reporté la parution du roman à Mars 2010.
Ben, oui.

alors on attendra, on attendra ;-))

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