Assise à une table

[loic]

Et le matin s’embrase
Sur les toitures de zinc
Aux comptoirs fourbus
Percolant l’amertume
Des manutentionnaires
Rassis de vins mauvais
Dévident leurs existences

Assise à une table
Ces brutes m’envisagent
Tandis que mon rimmel
S’évapore comme larmes

Je suis comme ces quartiers
Qu’ils emmènent sur leur dos
Au fond de chambres froides
Crochetés par le col
Afin de les rassir

Assise à une table
Ces brutes m’envisagent
Tandis que mon rimmel
S’évapore comme larmes

Tant bien qu’elle existât
Tendresse de pacotille
Je ne vends que l’ersatz
Dans leur haleine forte
Ils redeviennent enfants
Maladroits et bravaches

Assise à une table
Ces brutes m’envisagent
Tandis que mon rimmel
S’évapore comme larmes


Et tous dans ce bistrot
Temple de nos misères
Nous ne servons à rien
Emanant la sueur
De ces vieilles sociétés
Bâties de convoitises
Et de vaines envies

Assise à une table
Ces brutes m’envisagent
Tandis que mon rimmel
S’évapore comme larmes



****************






Ainsi sûr de mon fait, je croque les pistaches
Que me donne la vie
Allant le nez en l’air et le sourire narquois

Je sais j’en ai vu d’autres, tout gonflés d’importances
Qui voulaient bien me suivre
Tués par leurs illusions, ils n’avaient rien compris

Je suis d’autres côtés, des sombres quintessences
Des amours mal ficelés
D’insanes comédies, aux boulevards de l’ennui

Ma femme au long de moi, qui m’enserre l’esprit
Quand tout au long des nuits
Lui caressant le ventre, elle me donne l’envie

[mitsouko]

s'évapore comme larmes (la sonorité me gêne) c'est d'autant plus emmerdant que le ver revient lancinant (belle trouvaille)

mais quelle atmosphère
à coeur et à poigne, toujours toujours pour notre émerveillement

[Invité]

La première strophe est dense et m'épate ; cette façon de détourner les mots tout en restant dans le contexte, ça ne doit pas être simple. L'ensemble du poème me plaît beaucoup, avec une ambiance délétère bien rendue. Aimé aussi le choix du mot "envisager" ici, bien vu. J'ai eu une hésitation sur les "quartiers", dont je n'ai pas compris immédiatement la nature. Buté aussi sur le "dans" ici :
Je ne vends que l’ersatz
Dans leur haleine forte

Concernant le deuxième poème, j'ai apprécié jusqu'au trois derniers vers qui m'échappent.

[lilicub]

de belles atmosphères vraiment.
pas non plus compris la dernière strophe du second poème.

[Sahkti]

Et bien Loïc, je suis contente de te lire dans un registre quelque peu différent. Pas de poésie géographique ici, ou de thème qui emprisonne mais un fil conducteur qui permet à tes mots de se libérer un peu et c'est tant mieux!
Cela donne de belles images, qui respirent et puis des formules agréables, telles ce "m'envisage" lancinant qui revient avec beauté.
Ha oui, j'ai aimé !

[Evanescent]

J'ai beaucoup aimé le deuxième, beaucoup, beaucoup le premier. :-)

Pas bien constructif mais le peu qu'il y avait à dire a déjà été dit.

[Invité]

Percolant

Intéressant. J'ai plaisir à lire que tu inventes des des dérivés de forme.
Les autres (Yali, Romane, Alskay) parlaient de novation plus tôt dans la journée.
Alors voilà belle réponse : merci de créer des mots.

[Sahkti]

Me semblait que le mot percolant existait déjà, participe du verbe percoler ICI , non?

[Invité]

Me semblait que le mot percolant existait déjà, participe du verbe percoler ICI , non?

Merci pour la rectification, Prof ! Mes dictionnaires se font vieux, cireux
:-) plus à la page, Pendouille , avec ses Littré et TLF. M'en vais me cultiver sur l'internète maintenant. :-)))))))))))

Pardon Loïc, je t'ai encensé insensé ment.

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