Il y a des filles belles

[Kilis]

Il y a des filles belles
Que personne ne voit
Cachées dedans les encoignures
De la nuit pourpre
Il y a des filles belles
Qui pleurent des larmes rouges
Dans la lumière artificielle
Ah ! pensent-elles, la vie amère
Où je marine vaut-elle le coup ?
Ah ! pensent-elles, la vie amère
Sans un marin pour me pendre à son cou…
Il y a des filles belles
Cachées dedans les encoignures
De cette nuit qui n’vaut pas un clou

[Bunje]

Les tournures me plaisent.

la vie amère où je marine vaut-elle le coup sans un marin pour me prendre à son coup

[Invité]

Je verrais (entendrais !) bien ça en musique. Jouer sur les sonorités pour ne pas pleurer sur le sort des filles, oui. C'est presque dommage de les cacher dedans une encoignure du forum ces filles belles.

[Tristan]

Pas trop convaincu : j'ai eu un air de Carla Bruni dans la tête en lisant le texte

[Chako Noir]

Tellement d'accord avec Easter ^^ Les sonorités font oublier la misère, on voit le rouge et le pourpre plutôt que la noirceur de la nuit.

Une douce musique
A la guitare acoustique
Quelques notes de bohème
Pour étoffer ce poème

Tristan: on peut faire jouer ce texte par quelqu'un d'autre que Carla!!!!! (zut alors, ça gâcherait tout...)

[Evanescent]

Je suis d'accord avec Easter et Chako.

On a pas un compositeur du dimanche dans le coin ? Histoire d'y ajouter une 'tite mélodie...

[lilicub]

"Il y a des filles belles
Que personne ne voit
Cachées dedans les encoignures
De la nuit pourpre"

dès le début il y a ça qui accroche la lecture, qui plante le décor.

les répétitions de vers de tournures font une sorte de mélopée, donnent envie de relire une deuxième et même troisième fois , ce dont je ne me suis pas privée.

[Lucy]

Je vais faire ma normande et dire " p't'êt' bin qu'oui, p't'êt' bin qu'non ".

Beaucoup de choses m'ont plu dans ce poème et d'autres moins. Je suis entre deux.

Attention, j'essaie de commenter des poèmes : ça va saigner ! ^^

[Loupbleu]

J'aime bien le fait que le texte tourne parfaitement. Avec c'est vrai cette envie de le relire quand on est à la fin.
L'enjambement après "la vie amère" donne du cachet.
Je vois bien une chanson (et plutôt, pourquoi pas, Arno?)

[Invité]

Plutôt Maurane que Carla, pour moi. Mais oui, chanson, bien qu'un peu courte.

[loic]

si coline dé evoque maurane alors là on est dedans, je cherchais j'ai trouvé, merci coline

[Roz-gingembre]

De l'avis général: on pourrait en faire une balade à chantonner accompagnée à la guitare seche au coin du feu un soir d'hiver avec que des amis et un bon petit bordeaux.

[Invité]

C'est vrai, il faudrait une musique pour cette chanson gouailleuse et triste...

[Jonjon]

Ah ! pensent-elles, la vie amère
Où je marine vaut-elle le coup ?
Ah ! pensent-elles, la vie amère
Sans un marin pour me pendre à son cou…

Ça, j'aime. Beaucoup.
Ce qui précède et ce qui suit, un peu moins.
Du Pili inégal.

Vrai que ça ressemble davantage à une chanson qu'à un poème.

[purée...]

.
.
.

L'aut soir, quand j'ai ramassé Rivière, à cause de l'obscurité, je n'ai pas remarqué l'état dans lequel elle se trouvait. T'as des nuits noires qui maquillent bien , quand même. Une gonzesse en hiver, ça sent toujours bon, à cause du vent glacé. C'est devant le portail que j'ai sursauté en voyant ses yeux bleus. J'aurais pu écrire des cocards, mais là, vraiment, ça aurait été un bien joli mot familier pour décrire des truc aussi moches. Je ne sais pas si t'as vu des yeux couleur nuit autour et couleur normale dedans chez une femme mais ça fait légèrement regretter d'avoir dit bonsoir bourré. Sinon, ses baskets taille 34 et sa doudoune blanche sont carrément neufs.

Elle me dit que je suis son ami avec un sourire -il est beau quand même, enfin, je m'entend- son sourire des lèvres. Je sais bien que chez les déments la beauté sublime de la pitié érige la verge, mais bon c'est pas mon truc: je lui paye une douche d'eau chaude avec du savon. Admettons qu'elle ne soit pas sale, c'est quand même pas courant l'eau chaude. C'est quand je l'ai vu se débattre pour enlever sa doudoune que j'me suis douté qu'elle avait une douleur. Tu vois, un geste si con ça peut faire si mal. Je ne souhaite à personne une clavicule cassée comme ça : une grosse boule qu'on dirait une cheville, mais au-dessus du sein. Les yeux aux sols elle me dit qu'elle a eu un accident de moto et boum voilà, pas de chance. T'as un de ses yeux qui me regarde un peu pour voir si des fois j'ai bien assimilé que tomber à terre, ça donne des yeux pochés. J'ai bien assimilé en revanche qu'elle a besoin d'un bisou sur le front et d'eau chaude. C'est pas si courant les bisous. Quand je vois la cicatrice qui se pavane sur son rein, j'n'ai pas de mal à croire que le seul baiser qu'elle a vu de vachement près, c'est celui d'la faucheuse. T'as pas idée, un machin pareil. J'veux dire, t'as même pas envie de lui demander c'qui c'est passé,on dira une morsure de requin. Elle s'en branle, son problème c'est pas hier, c'est aujourd'hui. Enfin aujourd'hui et demain. Et puis au passage, je crois pas qu'elle se moque de sa cicatrice, c'est quand même elle qui l'a sous les yeux, à portée de la main.

Sous la douche elle ne m'tourne même pas l'dos. Elle me lave. C'est complètement con , mais même une femme blessée te dorlote si tu l'aimes. Du coup je ne sais même plus quoi faire de mes mains. J'lui lave la nuque. C'est l'seul truc qu'a l'air intact. Elle jubile, mouais, elle fait un truc avec sa bouche et ses yeux qui signifie un truc comme la jubilation. Mais faut de la tendresse pour comprendre ça. Après, je la sèche avec précaution et elle me pique ma brosse. Elle fout des cheveux dedans. Enfin , ça s'est une phrase d'abruti. Quelques de ses cheveux se détachent et s'emmêlent sur le crin de ma brosse : ça c'est la réalité. J'ai mis le chauffage à fond parce que j'ai froid de voir une nana cassée me faire des sourires chauds. Je me demande d'un coup si tout-ça se passe vraiment, mais oui, elle m'allonge et me mord les menisques avec soin. Rivières à des techniques fleuves pour te faire bander, c'est son boulot. Quand j'ai fini, elle va cracher dans le lavabo, prend une douche d'eau chaude avec du shampoing. Elle sent donc super bon et elle est contente. Mais même avant elle sentait bon. Je m'occupe de sa clavicule: je lui conseille d'aller à l'hôpital, oui, nécessaire et puis j'applique dessus une crème pour entorse, je fais ce que je peux avec ce dont je dispose. Elle me sourit. C'est gentil une femme avec une cheville sur la clavicule. J'essaye d'être doux aussi parceque j'ai pas de morphine sous la main, c'est pas un truc que je stocke. Tout-ça c'est la nuit noire et je t'expliquerai pas pourquoi je l'emmène pas aux urgences. Pas besoin de te faire un dessin, on voit mal les couleurs et pas du tout le noir et blanc. C'est pour ça que tous les chats sont gris et que je lui donne un peu plus que d'habitude.

L'amour m'a crevé, elle me promet de rentrer seule et vite chez elle au parc. Je lui file la crème, elle me demande si c'est une fois par jour, ça me fait marrer car ce dont elle a vraiment besoin ce sont des broches en titane. Au portail, elle me fait un bisou mouillé et je l'accepte. T'as quoi qui se balade dedans vaux mieux pas savoir et je referme la grille à double tours.

Je prends une douche à l'eau chaude et plein de savon, je me glisse sous la couette, mais alors vraiment dessous. Je pense au petit bout de carton sur lequel elle a écrit son nom, suivi de son numéro de portable. Tu sais , cette écriture ronde, reconnaissable parce que tendre. Vachement ronde comme s'il y avait un O dans toutes les lettres de l'alphabet et dans tous les chiffres de 0 à 9. C'est phénoménal ce que la nuit est fraîche et je m'éteins d'un coup. J'rêve rien par politesse. T'as beaucoup trop de gens qui rêvent en croyant qu'ça aide alors ils ne font rien pour personne jamais. Dans les villes, les campagnes, t'as des rivières qui coulent. Y'a pas un marin dans l'coin.

Il y a des filles belles
Que personne ne voit
Cachées dedans les encoignures
De la nuit pourpre
Il y a des filles belles
Qui pleurent des larmes rouges
Dans la lumière artificielle
Ah ! pensent-elles, la vie amère
Où je marine vaut-elle le coup ?
Ah ! pensent-elles, la vie amère
Sans un marin pour me pendre à son cou…
Il y a des filles belles
Cachées dedans les encoignures
De cette nuit qui n’vaut pas un clou

Y'a pas plus d'chansons là que d'requins sur des plinthes la nuit.

[Roz-gingembre]

et ben!
dit comme ça effectivement...
Superbe texte, écriture volontairement naïve, parce que la sensation sait aussi se dire de cette façon.
A vous relire purée

[Invité]

Une écriture qui me rappelle celle de quelqu'un d'autre sur le site.
Un texte coup de poing...Et cette douceur enfantine (et incongrue) du mot "bisou".

[Lucy]

Purée, à quand un autre texte ?

Belle écriture sur un sujet pas facile qui met merveilleusement en perspective le texte de Pili.

[Charles]

Ben, moi, je l'aime bien ce poème de Pili. Pas du tout pensé à Mauranne, Carla, Vanessa, Mylène ou qui que ce soit ... pas vu le côté "chanson" ... j'ai aimé la fluidité et la manière personnelle de nous raconter une histoire plutôt banale.

[Ole Touroque]

Pas trop convaincu : j'ai eu un air de Carla Bruni dans la tête en lisant le texte

Hahahaha, bien vu!

[mouss]

Le sentiment que, malgré les élisions, le rythme ne tioent pas la route.
Tu en changes trop, sans "raison" (même[ surtout!] poétique, la raison).

[loic]

terrible écriture d'une tendresse violente...

[Sahkti]

De jolies choses, une impression toutefois inégale par moments, mais j'aime le rythme.

Pour ce qui est de musique, le contenu m'a fait penser à Roxanne, you dont have to put on the red light (mais pas le rythme, il ne se prête pas à cette chanson).

[Sahkti]

Et au plaisir de relire Purée !

[Arielle]

Et hop ! pour les encognures de la nuit pourpre entre autres

[Arielle]

... et le beau texte de Purée

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