Quelque part

[Tristan]

Quelque part entre
............................Cette table et moi
Entre
.......Deux vides qui ne sont
.......Qu’élan
.......Vers une terre autre
Quelque part ces lames surgissent
Dans les yeux du soir qui
.....................................Signalent
La présence des morts
À l’effritement soudain de la pluie

Quelque part noires
Des ruines plus avant que
Des métastases de silence
.......Et dans la chambre déserte
.......Des cœurs arrêtés
.......Que l’on épingle aux murs
.......Comme pour l’oubli

Ceci est le sang
Et dehors il fait jour déjà
Rien ne faiblit ce vent qui ne souffle pas
Dans ces pièces que l’on n’habite plus

[Invité]

Tristan, il y a dans ta poésie quelque chose de vraiment élégant, de gracieux aussi. J'admire surtout la façon dont tu dé/en-roules les idées, comme tu glisse avec grâce (je me répète) et fluidité d'une image à l'autre, d'une idée à la suivante. Outre le fait qu'il y a ici des vers qui se détachent par leur beauté :

Quelque part ces lames surgissent
Dans les yeux du soir

Des cœurs arrêtés
.......Que l’on épingle aux murs
.......Comme pour l’oubli

Rien ne faiblit ce vent qui ne souffle pas
Dans ces pièces que l’on n’habite plus

En plus ici (dans ce poème), j'entends, je sens le mouvement, l'élan induit par le rythme. A ce propos, j'aurais laissé une ligne de blanc après "Entre" (et avant "Deux vides...")

[Roz-gingembre]

Le te lis comme d'habitude avec beaucoup de plaisir. Peut-être des choses à dire sur la forme mais en lecture à voix haute c'est très bon.
Élégant dit Easter, oui entièrement d'accord. Fragile aussi.

[loic]

c'est bon, plein d'une immense plainte

[Lucy]

Je garde une belle impression de ce poème. L'image des coeurs arrêtés et je cite :

" Et dans la chambre déserte
.......Des cœurs arrêtés
.......Que l’on épingle aux murs
.......Comme pour l’oubli "

Bref, je me contente d'évoquer cette impression plutôt que de rentrer dans des détails que je ne maîtrise pas et critiquer un poème ! Mais comment je faisais à la fac pour avoir la moyenne dans tout ce qui touchait à la poésie ? Grosse question ! ^^

[Invité]

Je ne suis peut-être pas bien disposée aujourd'hui, j'ai trouvé l'ensemble forcé, comme si vous aviez voulu "faire du Tristan".

Par exemple :
"les yeux du soir qui
[color:0e59="white"].....................................Signalent"
"métastases de silence"
"cœurs arrêtés
[/color].......[/color]Que l’on épingle aux murs"

Mais j'aime beaucoup
"Ceci est le sang
Et dehors il fait jour déjà
Rien ne faiblit ce vent qui ne souffle pas"

[Jonjon]

Tristan, j'aime ta poésie.
Et maintenant, je m'interroge sur ta démarche. Comment "formes-tu" tes poèmes? Comment détermines-tu où débuter chaque vers sur la ligne? Comment mesures-tu la longueur des tabulations?

[Tristan]

Jonjon, je sais à peu près écrire de la poésie, mais en parler... ça va tout de suite faire verbeux.
Pour les blancs et les tabulations, je n'ai rien inventé. Ce que j'essaie de faire, dans le fonds de mes poèmes, c'est de jouer sur le silence, de le mettre en évidence, et de le "matérialiser" grâce aux blancs typographiques.
Et puis, les tabulations, c'est pour montrer que le poème, ce n'est pas seulement quelques lignes sur un bout de papier, c'est également quelque chose qui prend place dans une dimension, qui se doit de l'occuper, comme il occupe toute la feuille.
Comme une parole occuperait tout le vide d'une pièce.
Et là, on a encore le jeu son/silence.
Donc, les tabulations, je les détermine de manière à aérer et répartir le plus possible. Il y a souvent une fonction prosodique aussi : certains mots à appuyer à la lecture, où il faut s'arrêter, etc
Voilà.
Et je te remercie de ton commentaire et de ton intérêt pour ce que j'écris

[Sahkti]

Encore un beau texte Tristan, avec un découpage habile qui me plaît beaucoup. Certaines images prennent vie grâce à cette structure, tu mets en avant des moments forts. Ton poème devient vivant et ça, en relisant, c'est vraiment réussi, ce ne sont pas simplement des lignes disposées les unes en dessus des autres.

Ensuite, bien sûr, c'est une question d'interprétation et je pourrais chipoter en disant que j'aurais préféré telle découpe plutôt qu'une autre, histoire de me créer mes propres tableaux mais le poète est maître et il invite le lecteur à sa table. A ce dernier, ensuite, de savourer ce dont il a envie :-)

[Ole Touroque]

J'ai la vague impression que la forme de tout tes poèmes est identique.

D'autant plus que la "déconstruction construite" n'apportent pas grand chose ici.

[Charles]

Je ne lis pas tous les poèsies du site mais il est deux poètes que je lis à chaque fois : Tristan et Pili ... Et jamais, je ne suis déçu ;-)

[Tristan]

merci tout le monde

(j'en profite tant qu'il n'y a qu'une page dans le forum poésie...)

[Loreena Ruin]

J'ai un peu de mal avec le découpage de ce texte, qui m'empêche de visualiser les images à cause des temps d'arrêts et des "cassures" qu'il provoque (je pense surtout au "Signalent" et "Des ruines plus avant que"). Paradoxalement, j'aime vraiment beaucoup les thèmes autour desquels tu tournes dans ce poème, et les derniers vers sont, pour moi, magnifiques :

Ceci est le sang
Et dehors il fait jour déjà
Rien ne faiblit ce vent qui ne souffle pas
Dans ces pièces que l’on n’habite plus

Donc en fait je me positionne difficilement: entre adoration et réserve sur la forme...

[lilicub]

lu juste en passant...et c'est un plaisir

[M.Point]

Je n'ai encore rien posté sur le forum, et maintenant que je vois le talent immense de certaines personnes, j'ai la crainte de le faire. Voici comment écrasante la beauté de votre art peut être, et me subjugue.

Je te relirai petit artiste.

[Tristan]

merci mais je ne suis pas artiste et je n'ai pas de talent (et je ne suis pas petit :-) )
On n'est pas là pour faire un concours, n'hésite pas à poster tes textes. Moi, ce site m'a fait énormément progresser en quelques mois. Le tout c'est de se lancer

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