Vos écrits
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -40%
-40% sur le Pack Gaming Mario PDP Manette filaire + ...
Voir le deal
29.99 €

L'empreinte du bois flotté (2)

3 participants

Aller en bas

L'empreinte du bois flotté (2) Empty L'empreinte du bois flotté (2)

Message  ptipubi Dim 4 Jan 2009 - 0:49

Avant de sortir, il vérifie la fente de sa boîte aux lettres :

Paul Rongiès. Appart 3. 3è étage.
De son index, il tapote la petite porte métallique.Ca sonne plein. Sûrement une pleine bâtée de lettres publicitaires…il les jettera à son retour. Promis.
-Bonjour, M. Rongiès, peine à dire Machado parcouru par le froid.
- Bonjour, pas chaud dehors ? rétorque Paul, surpris et mal à l’aise, feignant de surccroît d’être obnubilé par le contenu caché de sa boîte aux lettres comme les yeux d'un ado devant un écran.
- Je ne me plains pas. Vous savez …quand j’ai froid ça veut dire que mes jambes peuvent encore me trimbaler. C’est un souci de moins pour mon corps.
- Comme dirait l’autre, la douleur n’est qu’une information pour nous mais une limite pour les autres.
- La limite c’est le temps qui vous la met quelquefois sans vous en informer. Une jambe n’est rien sans tout le reste. Je pense du haut de mon vieil âge que la solitude est la douleur qui affecte le plus notre cerveau autant qu’elle peut motiver un marathonien en proie au doute.
- Désolé mais nous poursuivrons cette guillerette conversation un autre jour. Je suis pressé… un vrai emploi du temps de ministre avec le salaire d’un retraité.
- Tout de même. Dehors, méfiez-vous du froid car passé un cap, il se permet des choses que la jeunesse lui interdisait.

Paul observe comment il ne voudrait jamais apparaître à la face du monde : un pantalon en tergal trop long retombant sur des tennis neuves(preuve de pieds boursouflés déformant et craquelant les habituelles chaussures de ville)prètes à vomir tandis que le col de la chemise à carreaux jure avec le gris du gilet qui, lui à contrario, est totalement assorti au journal calé sous le bras : un tableau cubiste sans talent.

Machado veut de la tirade qui donne l'illusion d'une complicité. Il en aura; De la veule, de la lisse, de la facile que l'on tape au kilomètres, de celle qui va de paire avec le cliquetis répété d’une paire de ciseaux. C’est parti, avec vocabulaire adapté au monsieur, s’il vous plait !

- Je ne crains pas le froid car à un certain moment de ma vie, j’ai travaillé à l’extérieur, été comme hiver. Ce que je déteste c’est l’humidité, vous savez… cette insignifiante petite pluie fine qui réussit toujours à passer entre le col et le menton et puis qui perle jusqu’au tricot de peau, vous rappelant sans cesse votre statut de pauvre mortel épidermique... Ces jours-là, la moisissure attaque autant les vêtements que le moral. On rentre chez soi… femme et enfants sont agressés par le remugle du travail. Ils n’osent pas en avoir honte, ce serait cracher dans la soupe... Ha ! Si j’avais été marin pêcheur tout le monde l’aurait accepté car l’univers iodé est propice à ce genre de chose mais quand on travaille dans les terres, on s’attend à d’autres senteurs… l’odeur forte du colza, celle écoeurante des boues de station d’épuration épandues au gré des subventions. On a les yeux gonflés par le picotement des graminées…et le tracteur albatros, ailes déployées, qui lâche sa dose de pesticide dans la plaine. Sinon, pour nous les citadins, il y a surtout évidemment, les blés ondulant dans le vent, les monticules fumants de betteraves au petit matin, les meules de foin théâtre des chamailleries d’enfant ou des ébats de paysannes troussées à la va-vite et toutes les autres conneries imaginer, idéaliser et copier-coller depuis des siècles par les littératures de salon du monde entier … Désolé mais aujourd’hui je n’ai pas revêtu l’habit de l’horloger remonteur de moral. Je dois vraiment y aller. Je vous souhaite une bonne journée. C’est mardi, Votre fille passera peut-être, aujourd’hui…Hein ?... Faites attention les marches sont humides, la concierge a passé la toile.
- Merci pour le renseignement. Bonne journée à vous, bucolique désabusé, Monsieur le ministre de l’errance à temps plein, ricane le vieux qui surprend pour une fois Paul, par son alerte répartie.
Ils se sont croisés en bas, entre la clarté oblique de la porte d’entrée et la pénombre du hall. La lumière tombe sur le visage de Machado comme l’attaque d’un fou sur l’échiquier, crée des ombres portées qui lui strient la figure et obscurcit davantage sa peau asphyxiée par le tabac. Le premier étage semble bien loin. Tout compte fait, aujourd’hui, Paul se passera du soleil, mais là dehors, il va devoir affronter les déferlantes ou alors se laisser porter par les vagues humaines successives sur quatre morceaux de bois à la stabilité précaire. On le retrouvera peut-être un matin humide, gisant à même le macadam, bardé d’immondices et d’encombrants, pareil à un bois flotté dont on connaît les naufrageurs.

Passé le porche, il trace droit devant jusqu’au bout de la ruelle. Pendant qu’il marche, ce qui est sûr, c’est qu’il ignore délibérément deux jeunes tanguant sur un scooter, casque posé sur la nuque signe d’une rébellion universelle, ainsi que de multiples crottes de chiens qu’il évite, à la manière d’un slalomeur qui fléchit légèrement ses genoux de côté : le but est d’éviter des moon-boots merdiques. Au sortir des piquets déjections, il aboutit sur le boulevard. Le boulevard et son vaste mouvement rectiligne.
Les visages avancent de manière linéaire avec ce frêle mouvement cadencé de bas en haut comme des pommes d’amour plantées sur des bâtons ; les haleines se mêlent aux odeurs du boulevard, ça sent le vieux comme quand il va rendre visite à sa copine Aline. Malgré lui, les devantures de magasins attirent son œil, or il déteste l’hystérie des soldes même s’il succombe périodiquement au plaisir de la dépense compulsive : serait-ce la lumière artificielle qui courtise sa pupille aimante?
ptipubi
ptipubi

Nombre de messages : 80
Age : 57
Localisation : idf
Date d'inscription : 25/11/2008

Revenir en haut Aller en bas

L'empreinte du bois flotté (2) Empty Re: L'empreinte du bois flotté (2)

Message  Invité Dim 4 Jan 2009 - 11:29

Pas certaine du tout que la tirade de Paul soit lisse ou facile. Mécanique, sûrement, veule peut-être, précieuse plus vraisemblablement. Je n'ai pas l'expérience d'une conversation vide de sens entre voisins qui prenne cette tournure. Idem ici :

- Comme dirait l’autre, la douleur n’est qu’une information pour nous mais une limite pour les autres.
- La limite c’est le temps qui vous la met quelquefois sans vous en informer. Une jambe n’est rien sans tout le reste. Je pense du haut de mon vieil âge que la solitude est la douleur qui affecte le plus notre cerveau autant qu’elle peut motiver un marathonien en proie au doute.


Remarque toute personnelle ; sans doute n'avons-nous pas les mêmes voisins ? :-)

Concernant l'expression, je ne comprends pas l'emploi de "de surcroît" dans cette phrase, soit il est superflu, soit il est utilisé à contresens (ce qui est peu problable) :
feignant de surccroît d’être obnubilé par le contenu caché de sa boîte aux lettres

Autrement, eh bien, la suite, pour en savoir plus sur les motifs et objectifs de Paul.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

L'empreinte du bois flotté (2) Empty Re: L'empreinte du bois flotté (2)

Message  ptipubi Dim 4 Jan 2009 - 14:41

Easter(Island) a écrit:Pas certaine du tout que la tirade de Paul soit lisse ou facile. Mécanique, sûrement, veule peut-être, précieuse plus vraisemblablement. Je n'ai pas l'expérience d'une conversation vide de sens entre voisins qui prenne cette tournure. Idem ici :

- Comme dirait l’autre, la douleur n’est qu’une information pour nous mais une limite pour les autres.
- La limite c’est le temps qui vous la met quelquefois sans vous en informer. Une jambe n’est rien sans tout le reste. Je pense du haut de mon vieil âge que la solitude est la douleur qui affecte le plus notre cerveau autant qu’elle peut motiver un marathonien en proie au doute.


Remarque toute personnelle ; sans doute n'avons-nous pas les mêmes voisins ? :-)

Concernant l'expression, je ne comprends pas l'emploi de "de surcroît" dans cette phrase, soit il est superflu, soit il est utilisé à contresens (ce qui est peu problable) :
feignant de surccroît d’être obnubilé par le contenu caché de sa boîte aux lettres

Autrement, eh bien, la suite, pour en savoir plus sur les motifs et objectifs de Paul.
Merci pour ta lecture.
Concernant de surcroît ( merci pour l'orthographe ), je l'emploie dans le sens" par dessus le marché, en plus". Il est surpris, mal à l'aise et en plus il feint de regarder qqc. Il est peut-être plus logique de dire: il est surpris, mal à l'aise et par conséquent, pour cacher cela, il feint de regarder qqc?

Sur le dialogue, même s'il parait trop sophistiqué pour des paroles de voisinage, il est là pour asseoir paul comme un lettré à la croisée des chemins qui joute verbalement avec un autre lettré plus vieux que lui. Cela sonne de manière artificielle mais je le conçois comme un combat des mots, un jeu où chacun essaie de dominer l'autre, de déstabiliser l'autre par des formules impersonelles et uniquement esthétiques, comme deux machines: l'une est vieille et l'autre un peu moins.

Remarques vraiment très intéressantes. Merci.
Au plaisir de te lire.
ptipubi
ptipubi

Nombre de messages : 80
Age : 57
Localisation : idf
Date d'inscription : 25/11/2008

Revenir en haut Aller en bas

L'empreinte du bois flotté (2) Empty Re: L'empreinte du bois flotté (2)

Message  Wiwi Dim 4 Jan 2009 - 17:03

J'ai beaucoup aimé ton texte, je trouve ton style très agréable. La joute verbale est belle, je ne me suis pas lassé en te lisant.

Par manque de rythme, vous pensez au déroulement de l'action ? Dans l'idée d'une joute verbale, je trouve que ce texte se suffit à lui même.

Vivement la suite
Wiwi
Wiwi

Nombre de messages : 5
Age : 39
Localisation : Près de Bordeaux
Date d'inscription : 30/12/2008

Revenir en haut Aller en bas

L'empreinte du bois flotté (2) Empty Re: L'empreinte du bois flotté (2)

Message  Invité Dim 4 Jan 2009 - 17:40

pourquoi pas, justement :"feignant, pour cacher son malaise, d'être absorbé, etc.." .
Et pourquoi, ne pas indiquer, brièvement, que Paul et Machado rivalisent d'érudition ?

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

L'empreinte du bois flotté (2) Empty Re: L'empreinte du bois flotté (2)

Message  ptipubi Dim 4 Jan 2009 - 19:26

Wiwi a écrit:J'ai beaucoup aimé ton texte, je trouve ton style très agréable. La joute verbale est belle, je ne me suis pas lassé en te lisant.

Par manque de rythme, vous pensez au déroulement de l'action ? Dans l'idée d'une joute verbale, je trouve que ce texte se suffit à lui même.

Vivement la suite

Merci pour ta lecture et tes commentaires.
Comme j'ai écrit le début de ce roman, il y a plus de deux ans, je vais le relire et y apporter des rectificatifs si nécessaires. Il faut que je me remette dans la psychologie des personnages ce qui est le plus difficile.
j'enverrai la partie 3 dans la semaine.
Au plaisir de te lire.
ptipubi
ptipubi

Nombre de messages : 80
Age : 57
Localisation : idf
Date d'inscription : 25/11/2008

Revenir en haut Aller en bas

L'empreinte du bois flotté (2) Empty Re: L'empreinte du bois flotté (2)

Message  Invité Ven 9 Jan 2009 - 13:44

La première partie avait quelques lourdeurs, mais celle-ci pèse une tonne !
Je ne retrouve vraiment pas là ce qui m'avait tant séduite dans tes précédents textes. Sors tes ciseaux les mieux affutés et aiguise ton envie de couper...

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

L'empreinte du bois flotté (2) Empty Re: L'empreinte du bois flotté (2)

Message  Sahkti Jeu 22 Jan 2009 - 11:03

Ces dialogues ne me paraissent pas très réussis. Quelques banalités énoncées (comme bonjour), suivis d'une flopée d'explications pour poser décors, scènes et personnages. A réarranger autrement, je pense, pour fluidifier tout cela. Surtout si, assez vite, tu y insères des propos de philosophie quotidienne (la remarque sur la douleur et l'information par exemple) qui n'allègent pas vraiment tout cela.
J'ai moins accroché à ce second passage qu'au premier. Le langage ne me semble pas naturel, la narration est empruntée, l'histoire avance avec des pas d'une tonne... bref, je préférerais du plus léger, histoire de réussir à entrer dans le récit.
Sahkti
Sahkti

Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005

Revenir en haut Aller en bas

L'empreinte du bois flotté (2) Empty Re: L'empreinte du bois flotté (2)

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum