Emprisonné

[Kali Lorca]

Je viens de retrouver ce texte et j'aimerais bien avoir votre avis.
Je suis consciente qu'il est par moment bien cliché.

*

Un bruit. C’est un pas. Il claque dans le couloir noir qui nous sépare.
Lui, c’est Max. Et moi ? Moi, c’est Ela.

Il avance, contenu, silencieux. J’entends le bruit qui s’éloigne.
Je regarde par le trou de la serrure. Je ne vois rien. Trop de noir qui devient rouge, qui devient sang, qui devient mort.
Il bouge. Les pas sont de plus en plus rapides. Angoissé même. La peur d’arriver trop tard.
Il se met à trottiner, puis à courir. Il semble lourd. Le sol parait tomber sous lui. Il freine son allure. Il interroge ma présence.

Il tape à la porte qui me retient prisonnière avec des poings massifs. Il donne un coup de pied, la porte cède. La lumière apparaît à peine sur lui.
Je devine une arme accrochée de manière négligée à sa ceinture. Je ne pense plus à rien et m’en empare. Il ne dit rien. Ses yeux parlent pour lui. Trop expressifs.
Je sens mes yeux pleurer. C’est eux, juste eux. Des mois que je ne contrôle plus le liquide désinvolte.

J’entends une musique sur un vieux disque détérioré. Elle est pénible.
Je sens mes doigts serrer l’arme. Tellement facile. J’ai enfin les cartes en main.
Un « ne fais pas ça » me détourne de tout. C’est la première fois que sa voix touche les cordes sensibles de l’être. Il tend sa main. Plate. « Donne-le moi »
Ses yeux sont perçants. Ils transpercent mon corps. J’imagine qu’il voit mon sang couler dans mes veines. Il entend peut-être ce tumulte qui bourgeonne sans réserve dans mon corps. Il insiste.

Il brise la distance qui nous sépare. Le canon de l’arme est pointé sur son cœur.
Ses doigts sont brûlants. Il élève ma tête vers la sienne. Ses yeux dans les miens. Dans sa pupille je devine tout. J’aperçois un monde merveilleux, enclin à m’accueillir. Chaque millimètre me crie : « je suis là ». Le regard devient un million de petites parcelles d’yeux. Un million de « je suis là ». Des yeux qui me supplient de lâcher l’arme.
Je ferme mes paupières ombrées sur lui.

Un coup de feu. Un bruit sourd. Une chose qui tombe. Un cri.

Un cri de joie. Il me regarde, inflexible. Je lui tends l’arme vide. On regarde en direction des ruines de la deuxième porte de la pièce. Elle est ouverte, en plein milieu du ciel.
Les nuages sont cotonneux. Tout blanc, duveteux. Je passe ma main au milieu d’un. Confort absolu. Max me tient dans ses bras. Nous nous laissons tomber, raide vers la terre.
Il était temps de quitter l’enfer des cieux…

[Invité]

Un texte à l'ambiance onirique qui me plaît bien... Maintenant, oui, il y a queqlues maladresses peut-être ("Il tape à la porte qui me retient prisonnière avec des poings massifs." par exemple, c'est la porte qui a des poings massifs ?), mais je pense qu'avec un petit dépoussiérage (éventuellement resserrer la confrontation avec l'arme entre les deux), ça peut donner quelque chose de vraiment sympa.

[Invité]

Je suis un peu effrayé par la mise en page, qui ne ressemble à rien de connu.
Elle me rappelle mes difficultés techniques sur le sujet, sauf qu'en éditant ton texte, je ne retrouve aucun élément logique qui justifie la découpe.
Les mots ne sont pas particules de cannelle moulue que l'on saupoudre sur une tarte au pomme, laissant la gravité se charger de leurs destinations finales. Même en faisant abstraction des Lois du Genre , je te recommande d'y penser pour ton prochain texte, même si l'exercice ne te parait pas plaisant.
Y'a même des gens qui peuvent te donner des conseils. Ce forum est fait pour cela, entre autre.

Sinon ton petit polar est à lire. Je n'aime pas ton utilisation de "on" .
Nous regardons, c'est quand même bien plus efficace.

[Kali Lorca]

Pour la découpe elle me paraissait logique et pas découpée au hasard mais à la relecture tu as peut être raison.
Pourtant, dans ma tête la découpe colle à ma pensée.


En tout cas, merci à vous deux.

[Invité]

Une belle écriture, Kali

Je sens mes yeux pleurer. C’est eux, juste eux. Des mois que je ne contrôle plus le liquide désinvolte.
J'aime beaucoup ce " liquide désinvolte " !
Et aussi ça :

Les nuages sont cotonneux. Tout blanc, duveteux. Je passe ma main au milieu d’un. Confort absolu. Max me tient dans ses bras. Nous nous laissons tomber, raide vers la terre.
Il était temps de quitter l’enfer des cieux...

Un texte agréablement sybillin; j'ai trouvé le début un peu moins bon que la fin, l'écriture a quelques ratés : trottiner ne me semble pas convenir au contexte, par exemple.
"angoissé" devrait sans doute être au pluriel, et peut-être aussi le "raide " de la fin (quoique pas sûr...)

[Invité]

Tu as sans doute rectifié la citation !!! Je n'ai pas amélioré ma maîtrise !!!

[Kali Lorca]

Je ne suis pas trop satisfaite du début à vrai dire.
j'ai essayé de le modifier mais j'ai pourtant l'impression de changer la pensée que j'ai eu ce jour là.

En tout les cas, merci beaucoup pour ton commentaire !

[Kali Lorca]

Je ne savais pas où le mettre, je pense qu'ici il ne dérangera pas.
Il y a des maladresses, ici encore. Certaines fois je les vois mais j'ai du mal à les "éradiquer".


Pomme : Petit rat de l’opéra qui a perdu l’envie, puis la vie.

C’est son histoire que je raconterais aujourd’hui.

Petite fille, elle avait voulu suivre le modèle de son père. C’était un prestigieux danseur étoile. Il avait emmené sa mère toucher la lune. D’une main, elle l’avait frôlé.

Lune n’était pas contente. Un humain se permettait de venir troubler son céleste repos.
D’une voix opaline elle avait dit : « Vous avez pénétré dans mon ciel, j’aspirerais votre vie jusqu’ici quand le jour m’en dira»

Pomme était née, un jeudi six du mois de mars. A la sortie de l’hôpital, son père la tenait fier dans ses bras tandis que sa mère marchait près d’eux. Un essuie glace s’arracha, le conducteur ne voyait plus rien à cause des litres de pluie qui engloutissaient sa vitre. La seule chose dont il se souvient encore, c’est du choc.

Elle était là, morte sur le bitume d’un parking de plein air.

Pomme avait grandit, et la seule chose qui avait su combler l’absence de sa mère était la danse. Elle se sentait tellement libre, en tournant, tournant, tournant …

Depuis toujours son père la prenait dans ses bras, la serrait contre lui et se mettait à danser doucement. Mais le temps passa.
Elle devint un petit rat de l’opéra. Aucun reproche ne pouvait être formulé à son égard.
Elle avait sans nul doute hérité de la technique de son père et de la grâce de sa mère.
Elle brillait, petite constellation à elle seule.

Un mardi neuf du mois de novembre, sa vie bascula. Son père mourût sur scène, en pleine représentation. C’était le final. La musique battait son plein. Elle était dans les coulisses, lieu où la chrysalide était devenue papillon. Le corps paternel ondula et resta inerte à terre.

Danser était un échappatoire. De longues heures pendant lesquelles elle ne pensait plus à rien. Elle s’arrachait aux mondes des hommes, à leur souffrance, à leur mensonge, à leur n’importe quoi éreintant.
Danser, c’était aussi le lieu de rencontre. Le rendez-vous entre ses parents et elle, lorsqu’elle atteignait presque les nuages saupoudrés de larmes.

Elle sentait parfois la folie furieuse s’emparer de chacun de ses membres et la conduire vers ce même ciel qui s’était octroyé la présence de sa mère. Elle n’en franchit jamais les barrières.

Elle s’appelait Cerise. Elle était belle et surtout nouvelle. Elle se rapprocha vite de Pomme, si vite, trop vite. Cerise fulminait intérieurement. Elle le savait : face à Pomme elle n’avait aucune chance. Le concours commença. Cerise lui tendit une bouteille d’eau.
Une gorgée qui s’éternisa avant le levée de rideau des auditions.

D’abord douce, Pomme dessinait avec ses jambes et ses bras des portes vers d’autres mondes. Ses yeux étaient mi-clos. On devinait le contrôle de chacun de ses gestes.
La musique s’accéléra, son cœur aussi. Ses membres devinrent plus durs. Elle rompait avec la rythmique précédente. Elle prit un peu d’élan, pour son final.
Le final. Ce moment qui la hantait et la ravissait. C'était là qu'elle pouvait faire pétiller de surprise les yeux des jurés. Mais c'était aussi là que son père l'avait abandonné. Seule, juste seule et pourtant, malgré tout, contre toute attente, Pomme était si belle seule. Elle resplendissait sur les sommets de l'olympe.
Le jury se souvient certainement de sa jambe droite tendue à l’horizontale. De son pied courbé à l’extrême et de la chute : nette et gracieuse.

Elle revint au milieu de la scène, haletante. Une sensation de vertige s’immisçait sourdement dans son corps. Elle tituba jusqu’au centre. Elle inclina la tête et le corps. On l’applaudissait encore, à l’unanimité elle gagnerait. Elle savourait son triomphe.
De là haut, ils la regardaient certainement. Elle sentait des larmes couler sur elle. De la fierté, sans doute. Elle suait.
Elle tomba.

Lorsqu’elle se réveilla et comprit le geste de Cerise, elle ne croyait plus en rien.
Elle rangea ses chaussons de danse sous les yeux anéantis de Delta qui l’avait recueillit. Le vieil ami de son père amena le carton danseur à la cave et regarda la lente descente aux enfers de son propriétaire.

L’envie s’était perdue entre ciel et terre. Elle franchissait doucement le paillasson de l’enfer. La chute fut sans fin et après de longs mois d’agonie, Pomme partit rejoindre les siens.

Ce fut l’histoire de Pomme, déesse danseuse, sirène rêveuse, oiseau rieur, fée céleste, ... un ange qui s’en alla un matin de juin.
J’aime raconter son histoire, car ainsi, j’ai l’impression que Pomme vit toujours quelque part.

Pendant les nuits d’automne, regardez le ciel. Vous saurez qu’elle contrôle tout cela.
Voyez le vent faire plier les arbres. Ce vent qui vole vos chapeaux. Cet air frais et inconstant qui tournoie autour de vous et qui vous incite à vous détourner de votre route. Cet air ni léger ni fort. Cet air frivole qui veut vous voir danser. Ce souffle qui fait tournoyer les feuilles, les oiseaux, vos peines et vos larmes.
Sentez ce vent qui danse et sachez que Pomme est toujours là...

[Invité]

J'ai trouvé l'histoire émouvante, belle, cela vaudrait grandement le coup de la reprendre pour, encore une fois, "lisser" ses quelques maladresses. Peut-être est-il possible de s'arrêter à "rejoindre les siens" ? Je n'ai pas vu l'intérêt de la coda.

[Kali Lorca]

En faite je ne sais pas ce qu'est la coda ?

En tout cas merci beaucoup pour ton commentaire. Il faudra bien sur que je le reprenne, j'y vois plein encore beaucoup de chose à changer !

[Invité]

En faite je ne sais pas ce qu'est la coda ?

En tout cas merci beaucoup pour ton commentaire. Il faudra bien sur que je le reprenne, j'y vois plein encore beaucoup de chose à changer !

Un truc frime pour dire la fin, les quelques dernières phrases en rupture avec le reste, pour prolonger l'effet du texte. Le mot vient de la musique : le thème musical est présenté, exposé, développé, martelé... Puis ça s'arrête et il y a ensuite une petite phrase musicale de conclusion pour faire une fin.

[Kali Lorca]

Oui, il n'y a peut être pas d'intérêt. Mais je ne voulais pas finir le texte sur cette idée qu'elle était morte. Je voulais rajouter quelque chose, un souvenir ou une idée de vie.

[Invité]

En me relisant, Kali Lorca, je me rends compte de l'ambiguïté possible ; quand je dis "un truc frime pour dire la fin", c'est évidemment moi dont je flétris la pédanterie me poussant à employer un mot autre que "fin" pour dire "fin", et non pas ceux qui emploient ce procédé parfaitement honorable !

[Kali Lorca]

Ah d'accord !
en tout cas merci d'avoir pris le temps de commenter !

[Lonely]

Je sens que je vais enfoncer des portes ouvertes (ou bleues) mais je trouve le texte très saccadé. J'imagine que le rythme nait de cette succession de courtes phrases qui ne laisse pas au lecteur le temps de se (re)poser.


Ca m'a donné une impression de vitesse d'exécution, ou comment raconter rapidement un évènement qui pourrait pourtant demander moult développements.

J'ai bien aimé cet exercice de style, c'est très intéressant de voir comment on peut insuffler une telle dynamique... :-)

[Kali Lorca]

Avant j'étais plus dans les tournures longues qui endormaient le lecteur.
C'est pour ça que je tente cet autre style, quitte à aller vite.

Merci de ton commentaire Lonely !

[Lonely]

Et c'est un effort intéressant !

Je suis sans doute trop démuni au niveau de la connaissance littéraire pour réellement savoir critiquer un texte, mais dans ce que je peux ressentir au niveau de la lecture, je trouve que l'effet dynamique ressort bien de cette "structure".

J'écris aussi souvent de façon longue et pesante, ça doit être très sain de se plier à d'autres exigences pour varier les effets que l'on veut donner.

C'est très intéressant.

[Kali Lorca]

Oui, c'est vrai.
Au début c'était pas évident du tout mais j'ai pris le rythme je crois.
Et maintenant faire des phrases longues ça devient dur !

[Kali Lorca]

Faut pas rire, j'ai eu cette idée l'autre jour et je me suis dit : pourquoi pas.
Alors c'est bébé mais bon, j'espère que ça peut plaire.

*
Nounours

On t’a offert à moi, jolie peluche noire. Je t’ai baptisé Nounours, comme bien des enfants.
Mais tu étais à moi, et rien qu’à moi. Te partager ? Pour rien au monde.
Des billes noires en guise d’yeux. Que je les aime ! Elles me transpercent. Elles savent ce que le monde ignore. Elles ont appris à me trouver et à me renvoyer une image fidèle du monde que je cherche. Des petites billes qui adoucissent mes peurs et m’en donnent une vision moins corsée. J’aime. En sécurité avec toi dans mes bras.

Grandir, t’oublier ?
Nounours, si doux et si simple.
Peluche que j’ai traîné dans tous les cabinets médicaux. Gardien de mes peurs et de mes rêves. Administrateur de mes souvenirs enfouis sous un lit.
Nounours, je t’aime trop pour te donner.
Et tu le sais. Et tu le sens. Et tu le vois chaque jour.

J’ai grandit. Je ne suis plus là pour toi. Je ne te prends plus dans mes bras le soir.
Tu ne repousses plus les démons nocturnes. Ils passent cette ancienne barrière que tu avais dressée pour moi. Mais tu es là. Là. Au fond du lit.
Je ne te vois plus, transparence des années passées à te serrer.
Mais parfois, quand le monde est trop noir je cours me réfugier dans tes yeux sombres.
Je me sens mieux. Je suis légère, confident de chaque instant.
Et c’est ainsi, que ce matin, je t’ai trouvé dans mes bras.

Pourquoi ?
Peut être parce que mon âme d’enfant est toujours là …
Quoi qu’on en pense, quoi qu’on veuille croire … Un Peter Pan se cache peut être dans chacun d’entre nous.
Et si nous le laissions vivre en paix dans un coin de coeur ? Un coeur au parfum d'enfance éternelle.

[Sahkti]

Pas si cliché que ça Kali, mais ton découpage n'aide pas, parce que ces phrases courtes sont loin d'être toutes percutantes ou à leur place et ça saccade, inutilement, le rythme de ton texte.
Tu réussis à ne pas en dire trop, à conserver un certain mystère et ça crée une atmosphère agréable.

[Sahkti]

Ceci concerne le premier texte, je vois qu'il y en a deux autres.

2e texte: Beaucoup d'émotion et de sensibilité dans ces lignes mais par moments, tu franchis la ligne du pathos et ça alourdit le récit. Je pense qu'il ne faudrait pas grand-chose pour produire l'effet inverse, à savoir moins insister sur certains aspects, laisser le lecteur imaginer lui-même quelques éléments. Cela renforcerait certainement ton récit.

3e texte: Désolée, je suis passée complètement à côté. Tu exprimes des émotions d'enfant sans tenir compte du recul, du temps passé entre l'enfance et le moment où le narrateur s'exprime. Il n'y a pas de décalage et ça me gêne.

[Invité]

Tu t'interroges sur la longueur des phrases.
Cette mode des phrases très courtes me paraît être surtout un recours à la facilité.
A mon avis, cela dépend du sujet, mais un juste milieu doit être observé. Dans ton premier texte, ce "haché-menu" me gêne beaucoup. Ces phrases courtes à l'excès donnent une sécheresse, une froideur à un récit onirique qui demanderait un peu plus de moelleux. Et puis, si tu prenais la peine de faire corriger tes fautes d'orthographe avant de poster, ce serait vachement plus agréable pour les lecteurs. Merci d'avance.

[Invité]

Tu t'interroges sur la longueur des phrases.
Cette mode des phrases très courtes me paraît être surtout un recours à la facilité.
A mon avis, cela dépend du sujet, mais un juste milieu doit être observé. Dans ton premier texte, ce "haché-menu" me gêne beaucoup. Ces phrases courtes à l'excès donnent une sécheresse, une froideur à un récit onirique qui demanderait un peu plus de moelleux. Et puis, si tu prenais la peine de faire corriger tes fautes d'orthographe avant de poster, ce serait vachement plus agréable pour les lecteurs. Merci d'avance.

[Invité]

Mes excuses pour le doublon. C'est mon ordi qui bat la breloque.

[Kali Lorca]

A l'époque on me reprochait de faire des phrases trop longues ... j'ai essayé de les faire plus courtes, trop c'est certainement vrai.
Cela n'a jamais été une facilité. Ca m'était même difficile d'arrêter mes longues phrases ...
J'essaye de faire moins de fautes d'orthographe mais tout ne vient pas en un jour...
Merci d'avoir donné ton avis

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