L'enfant aux étoiles

[Evanescent]

L'enfant aux étoiles

Y’a comme une antithèse qui se balade, ce matin : il est tôt. C’est dimanche.
   Et je n’ai pas la moindre pensée pour la tasse de café à moitié pleine que j’ai abandonnée sur une pile de bouquins.
   Il est sept heures et un brin de soleil.

   Je regarde autour de moi. Des arbres, des prés. Des chevaux. Grands ou tout petits comme ça. Puis j’arrête de regarder parce que même si c’est dimanche, et soleil, et tout, y’a du boulot qui m’attend.
   Deux heures plus tard y’en a plus. Le dernier bout de paille disparaît entre deux brins de mon balai. Et le soleil a changé son clin d’œil endormi en regard franc-brulant. Café.
Puis il arrive, dans la bagnole blanche de son père. Le gosse. Ce môme avec les yeux dans les étoiles, même en plein jour ; et un sourire qui pleut. Moi je lui souris, et lui ne me sourit pas. Alors, je dis “salut, toi”, et lui ne me répond pas. Lui il s’agenouille, à côté de la bagnole blanche. Il sourit à la terre sèche, et ses yeux lui disent “salut, toi”. Il l’embrasse et effrite une poignée entre ses doigts. Ses doigts tout petits, comme ça.

   Je le laisse et dirige subtilement Papa vers la sortie. Papa avec ses yeux plein de désespoir parce que son petit est un ange : derrière les étoiles, même en plein jour.

   Papa mis dehors, je retourne à mon chérubin. Je lui dis “tu veux faire du poney ?”, il répond oui. Je lui dis “tu viens avec moi ?”, il répond non. Et ça, c’est les deux tiers de son vocabulaire terrien. Histoire d’arrondir, je demande encore : “tu me rappelles ton prénom, mon grand ?”. Alex. Voilà, on a fait le tour.
   Passons au vocabulaire divin.
   Alors, je vais chercher le poney, un petit blanc plein de poils qui parle l’ange bien mieux que moi et qu’on appelle Roméo. Un petit blanc avec un air de peluche et un autre d’emmerdeur.

   Ensuite, c’est que de la gestion d’espace. Le poney sous le soleil, le gosse à côté du poney et la brosse dans la main du gosse. Et moi un peu partout en même temps et à la fois. Puis je regarde mon angelot lustrer trois centimètres carrés de crins clairs, concentré et rigoureux. Sur chaque poussière. Et je souris.

   Je le connais bien, Alex. Il est grand comme ça et mignon comme tout. Il est loin. Il paraît qu’il est autiste, tout ça, il paraît que le contact des chevaux, tout ça, il paraît beaucoup de chose.
   Puis j’entends un bruit, comme un jappement de chiot.
   Alors je m’agenouille, dans la poussière ; la tête du poney contre mon dos, et j’écoute.

   Et je souris.
   C’est pas oui, c’est pas non, et pas son nom.
   Il dit Roméo.

   J’ai les joues humides de sourire.

[Invité]

On dirait que l'édifiant se continue, non ? J'ai rouvé le texte charmant, expressif et émouvant, mais un peu trop trop à mon goût... A mon goût, quoi.

[Kali Lorca]

J'ai beaucoup aimé mais ce passage par exemple :"Il paraît qu’il est autiste, tout ça, il paraît que le contact des chevaux, tout ça, il paraît beaucoup de chose." Je trouve que c'est trop.

J'ai préféré la fin au début.

[Invité]

J'aime énormément, avec quelques bémols.

Puis il arrive, dans la bagnole blanche de son père. Le gosse. Ce môme avec les yeux dans les étoiles, même en plein jour ; et un sourire qui pleut.

Je crois que c'est là que le poil trop sentimental se loge. Si t'arraches " le gosse" et que tu remplaces ce môme par un môme, et si tu supprimes le sourire qui pleut ( d'autant qu'immédiatement après tu dis qu'il ne sourit pas , et c'est vrai, les autistes sourient rarement, ou dans le vide ...)c'est impec.
Plein de petites choses que j'aime beaucoup " il est sept heures et un brin de soleil" et à partir de "je le laisse et dirige subtilement ..." c'est tout bon pour moi.

[Invité]

Ne pas trop en faire non, mais qu'est ce que c'est chouette ! J'aime l'ambiance que tu installes, la façon dont tu dévoiles progressivement de quoi il retourne.
Ce passage surtout m'a plu, parce qu'il m'a intriguée tout d'abord, pour prendre tout son sens plus loin :
Lui il s’agenouille, à côté de la bagnole blanche. Il sourit à la terre sèche, et ses yeux lui disent “salut, toi”. Il l’embrasse et effrite une poignée entre ses doigts.

[mentor]

c'est beau, Eva, d'une grande sensiblité, et très juste
pour moi il n'y a rien de "trop"
et puis, oui, un mot de plus c'est une avancée énorme
bien vu

[Evanescent]

Merci, tous :-)

Coline, tu as peut-être raison. J'vais voir ça :-)

[Écriture]

Alors je m’agenouille, dans la poussière ; la tête du poney contre mon dos, et j’écoute.

   Et je souris.
   C’est pas oui, c’est pas non, et pas son nom.
   Il dit Roméo.

   J’ai les joues humides de sourire.[/justify]

Mon passage préféré, j'ai trouvé ton texte touchant et on rentrait bien dans la peau du narrateur, alors j'ai vraiment bien aimé, mais en particulier ta fin.
:)))

[Loreena Ruin]

Hum... J'ai eu du mal avec ce texte. Beaucoup de belles images (moi, j'ai aimé le "sourire qui pleut" ^^), mais j'ai eu l'impression que c'était plus un "exercice" que tu faisais ici – un exercice où le "ton" paraît un peu anarchique : entre poésie, langage parlé, rupture et prose... Un peu trop décousu à mon goût, quoi.

Et puis d'un autre côté tout s'enchaîne trop vite pour permettre à mes petits neurones de suivre le rythme ; je pense notamment à cette phrase :

Deux heures plus tard y’en a plus. Le dernier bout de paille disparaît entre deux brins de mon balai. Et le soleil a changé son clin d’œil endormi en regard franc-brulant. Café.

Les images ont à peine le temps d'apparaître à mes yeux que tu m'en donnes de nouvelles (entre balai, soleil et café... ça en fait du monde, des odeurs, des lumières et des bruits en deux lignes à peine !) Cela m'a obligé à relire plusieurs fois certaines phrases pour goûter pleinement à tout ce que tu avais mis dedans... Bref, je te sens toujours en quête de quelque chose, ça commence à venir, à se dessiner... Continues comme ça !

[Loreena Ruin]

J'ajoute que j'ai beaucoup aimé ta sensibilité et ta façon de traiter le sujet, la fin étant vraiment bien tournée : en quelques mots tout est dit...

Il paraît qu’il est autiste, tout ça, il paraît que le contact des chevaux, tout ça, il paraît beaucoup de chose.

Je pense que cette phrase a bien sa place dans le texte mais qu'elle pourrait être retravaillée, en supprimant un "tout ça" par exemple et en modifiant un peu la ponctuation pour faire moins "haché" (peut-être avec des points de suspension) genre : "Il paraît qu'il est autiste, que le contact des chevaux... tout ça... Il paraît beaucoup de choses."

;-)

[lemon a]

Pareil que loreena.

On voit de très bonnes choses, des formulations, des tonalités/ambiances, une aisance générale mais l'ensemble reste assez confus, manque de fluidité, de lisibilité.

Il faut simplifier, trouver un équilibre permettant au lecteur fatigué de confortablement entrer dans le texte.

En l'état, on décroche trop facilement...

[mouss]

Un zeugma mignon dès le départ.
Le tout est, peut-être, en effet, je ne fais que répéter, un peu trop mignon.

[Invité]

Il faut simplifier, trouver un équilibre permettant au lecteur fatigué de confortablement entrer dans le texte.

En l'état, on décroche trop facilement...

Un concept, ça : le texte littéraire comme ersatz du bain tiède... pratique pour les petits studios !!

[Yaäne]

J'aime beaucoup parce que c'est un sujet qui me "parle", parc ontre j'ai quelques remarques, pas forcément pertinentes :

*Tout en aimant la première phrase, je ne vois pas bien le lien entre ton premier paragraphe et la suite. C'est un entrée un peu trop différente de la suite du texte.

*

Alors, je dis “salut, toi”, et lui ne me répond pas. Lui il s’agenouille, à côté de la bagnole blanche. Il sourit à la terre sèche, et ses yeux lui disent “salut, toi”.

Ca, c'est ce que je préfère.

*Bof bof pour l'emploi du mot "divin" ("vocabulaire divin"). Un autiste ne vit pas vraiment dans le même monde que nous, au sens psychologique j'entends, mais ça n'a pas grand chose à voir avec le divin. Le mot ne me semble pas approprié quoi !

*

Il paraît qu’il est autiste, tout ça, il paraît que le contact des chevaux, tout ça, il paraît beaucoup de chose.

Je suis partagée sur cette phrase : d'un côté, j'aime la manière dont elle est tournée, de l'autre je ne trouve pas nécessaire de dire qu'il est autiste étant donné qu'on le devinait un peu avant. Ca casse un peu le charme du texte qui tend un peu vers le "trop-sentimental". C'est pas péjoratif mais je trouve ça un peu dommage.

*J'aime aussi l'expression "les yeux dans les étoiles", ça laisse l'imagination possible tout en disant l'essentiel.

[lol47]

Encore un peu de boulot et tu vas y arriver.
A ce que je vois, certains ont pensé que ce texte était simpliste.

Je le verrais plus comme un déshabillage qui ne demande qu'à être observé.
De loin, par précaution.

Je suis touché par ce que tu as écris.

[evaetjean]

très jolie eva...

J'ai trébucher sur certaines phrases mais j'ai tout bien visualiser...

Les mots sont justes, simples et touchant sur un sujet pourtant bien délicat.

bravo !

[Tristan]

C'est fluide, bien écrit, mais ça dégouline un peu, quand même... Suffirait d'alléger quelques expressions un peu faciles et du coup, ça donnerait un autre relief.
Le thème m'a beaucoup plu
C'est moi, où le texte a parfois des aspects de pastiche, sur le plan stylistique, des textes de Yali ? (ce n'est pas une question rhétorique, ni un persiflage, ni une affirmation, j'attends bien une réponse des autres lecteurs)

[bertrand-môgendre]

Avant l'écriture il y a l'observation.
Observer sans parler c'est de l'ordre de l'ouverture d'esprit, une aptitude qui s'acquière avec le temps.
Lorsque ton personnage s'agenouille, il a tout compris.
Bon travail, Evanescent.

[Sahkti]

Pas vraiment emballée même si je trouve que c'est bien écrit. Il y a un ton par moments trop guimauve à mon goût et puis des images bof bof comme des yeux pleins d'étoiles, le tout sur un ton doucereux.
En même temps, c'est très sensible et tu décris avec délicatesse une situation difficile mais voilà, rien à faire, c'est comme si j'avais revu Rain Man... je ne suis pas bon public pour le dégoulinant.

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