Le serpent d'Hippocrate
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Le serpent d'Hippocrate
Et c’est là où je me suis dit, en rentrant dans ce bar, que rien ne m’intéresserait plus que de regarder, d’inspecter, le cul ; des femmes qui marchent sur les trottoirs.
Comme une hostie.
Un cul de femme.
Pas ses mains. Pas ses yeux. Pas son ventre.
Son cul.
Une peinture du Titien.
Une allégorie de carnaval.
Le serveur m’a servi deux demis.
J’ai dit : « Bien serrés, les demis ! ». Alors, il m’a regardé, en remontant son pantalon. Il a pensé que j’étais ivre, qu’il devrait faire une heure supplémentaire. A me servir des demis supplémentaires. Je n’ai pas osé lui dire que j’avais déjà quinze demis dans le ventre, aucun cul ici, aucun cul là.
Il a pensé pendant que je me suis envoyé en l’air.
Des écrans géants.
Des culs de femmes.
A n’en plus finir.
A se faire vomir.
Des types comme moi.
Des laquais, soumis à l’angle de l’hallucination .
Par le trop plein de cette bruissante journée qui n’en finissait pas, le serveur m’a reconduit à la porte. Le tremblement de ses yeux roulants me faisait peur.
– Bon, tu dégages, connard ! ?
Une expression révolutionnaire qui signifie le départ. Un autre cul.
Le mien.
Plan par plan, mettant un pied après l’autre, je me suis à rire.
Je me suis vu à voir des signes et des éclats.
Des culs de femmes, partout. Qui passaient ronds, entiers. J’avais la dalle, envie de mastiquer un cul de femme, de le détruire, de l’absorber.
Mais je me suis endormi, facteur cheval, debout. Près du mur. Cent cinquante degrés de solitude et pas un cul à l’horizon. Rien.
Au matin, les narrateurs respiratoires m’ont trouvé là par hasard. Ils étaient trois, deux , quatre. Je n’en sais rien. Je me souviens seulement du cul de l’infirmière, des pellicules dans ses cheveux.
Je me souviens de mon haleine.
Et de la seconde infirmière.
La rousse qui m’a transporté sur le brancard tandis que le mirador me faisait des signes :
« T’as vu son cul à cette salope ! »
Répétant, incendiaire de la solennité, que je n’avais pas eu de cul dans la vie, ni de vide dans le sentiment.
Elle a mis la forme à la mèche.
Allons ! Allons ! Il faut brûler l’allumette, diriger l’ombre.
Tout le temps que j’ai brûlé, j’ai pensé à son cul.
Par ordre alphabétique.
Un jeu de force par lequel les joues trouvent la gifle.
L’identification magique de la femme, le serpent d’Hippocrate.
Comme une hostie.
Un cul de femme.
Pas ses mains. Pas ses yeux. Pas son ventre.
Son cul.
Une peinture du Titien.
Une allégorie de carnaval.
Le serveur m’a servi deux demis.
J’ai dit : « Bien serrés, les demis ! ». Alors, il m’a regardé, en remontant son pantalon. Il a pensé que j’étais ivre, qu’il devrait faire une heure supplémentaire. A me servir des demis supplémentaires. Je n’ai pas osé lui dire que j’avais déjà quinze demis dans le ventre, aucun cul ici, aucun cul là.
Il a pensé pendant que je me suis envoyé en l’air.
Des écrans géants.
Des culs de femmes.
A n’en plus finir.
A se faire vomir.
Des types comme moi.
Des laquais, soumis à l’angle de l’hallucination .
Par le trop plein de cette bruissante journée qui n’en finissait pas, le serveur m’a reconduit à la porte. Le tremblement de ses yeux roulants me faisait peur.
– Bon, tu dégages, connard ! ?
Une expression révolutionnaire qui signifie le départ. Un autre cul.
Le mien.
Plan par plan, mettant un pied après l’autre, je me suis à rire.
Je me suis vu à voir des signes et des éclats.
Des culs de femmes, partout. Qui passaient ronds, entiers. J’avais la dalle, envie de mastiquer un cul de femme, de le détruire, de l’absorber.
Mais je me suis endormi, facteur cheval, debout. Près du mur. Cent cinquante degrés de solitude et pas un cul à l’horizon. Rien.
Au matin, les narrateurs respiratoires m’ont trouvé là par hasard. Ils étaient trois, deux , quatre. Je n’en sais rien. Je me souviens seulement du cul de l’infirmière, des pellicules dans ses cheveux.
Je me souviens de mon haleine.
Et de la seconde infirmière.
La rousse qui m’a transporté sur le brancard tandis que le mirador me faisait des signes :
« T’as vu son cul à cette salope ! »
Répétant, incendiaire de la solennité, que je n’avais pas eu de cul dans la vie, ni de vide dans le sentiment.
Elle a mis la forme à la mèche.
Allons ! Allons ! Il faut brûler l’allumette, diriger l’ombre.
Tout le temps que j’ai brûlé, j’ai pensé à son cul.
Par ordre alphabétique.
Un jeu de force par lequel les joues trouvent la gifle.
L’identification magique de la femme, le serpent d’Hippocrate.
Re: Le serpent d'Hippocrate
très sympa, drôle,... de retour de soirée ? :-)
J'ai beaucoup aimé "un jeu de force par lequel les joues trouvent la gifle"... il n'y a pas d'effet sans cause.
J'ai beaucoup aimé "un jeu de force par lequel les joues trouvent la gifle"... il n'y a pas d'effet sans cause.
Lonely- Nombre de messages : 140
Age : 47
Localisation : Perpilliéraine et montpignanaise.
Date d'inscription : 14/01/2009
Re: Le serpent d'Hippocrate
Cela dit, la cause ne produit pas forcément d’effet.Lonely a écrit:très sympa, drôle,... de retour de soirée ? :-)
J'ai beaucoup aimé "un jeu de force par lequel les joues trouvent la gifle"... il n'y a pas d'effet sans cause.
Et le retour de soirée, c’est tous les soirs mais tout dépend de quelle soirée tu envisages la cause ?
Ou l’effet ?
La signification de ce bout de vie est tout autre .
A mes dépends.
Si je l’avais voulu drôle, j’aurais mis en titre « Les sorcières de callipyge »…ou « SMS à des fesses ».
Le serpent d’Hippocrate fait comme mon chien : il se mord la queue en s’amusant à tourner en rond.
Sa vocation première, c’est de tout envisager. Même le pire, surtout le pire.
L’autre jour, véridique, je croise un type à qui il manquait les deux bras. Je me suis dit qu’il lui restait ses yeux pour voir. Et puis qu’il lui restait surtout ses yeux pour pleurer.
Cette vision m’a retourné l’estomac et m’a fait presque chialer. Mais va savoir, peut-être que lui était heureux comme ça…
Re: Le serpent d'Hippocrate
@Lol47,
je n'arrive pas à avoir un avis tranché sur ton texte, alors je vais dire à la fois ce que j'ai aimé et ce que j'ai moins aimé.
Tout d'abord, ton texte m'a en quelque sorte "gardé avec lui" jusqu'à la fin, et c'est vraiment un bon signe parce que j'ai tendance à vite décrocher en général. Comme certains disaient dans un autre thread, tu emploies des images "qui vont bien", et qui font mouche dans un texte épuré au possible à la ponctuation très spéciale.
ça on ne peut pas te l'enlever, ça sent la recherche dans l'enchainement du vocabulaire et du placement des marques de ponctuation. C'est cohérent.
Maintenant, le premier "cul" m'a clairement fait trébucher dans ma lecture, idem pour tous les autres du texte. Pareil pour "salope".
Si, comme tu le dis, ton texte n'est pas censé être humoristique, ça détonne, la première phrase annonce du drôle pour moi.
Et puis arrivé à la fin du texte, je me dis que tu forces trop cet effet de style du cinglant et du cynique. Avec des phrases comme "J'ai pensé à son cul(...) Par ordre alphabétique." ça veut dire quoi?
La musique s'emballe un peu, le sens a du mal à suivre chez moi.
Histoire de faire concis pour finir : tu dis beaucoup de choses dans ton texte, peut-être un tout petit peu trop. M'enfin c'est le genre qui ne me plait que moyen, bon boulot ! - et qui suis-je pour le dire.
je n'arrive pas à avoir un avis tranché sur ton texte, alors je vais dire à la fois ce que j'ai aimé et ce que j'ai moins aimé.
Tout d'abord, ton texte m'a en quelque sorte "gardé avec lui" jusqu'à la fin, et c'est vraiment un bon signe parce que j'ai tendance à vite décrocher en général. Comme certains disaient dans un autre thread, tu emploies des images "qui vont bien", et qui font mouche dans un texte épuré au possible à la ponctuation très spéciale.
ça on ne peut pas te l'enlever, ça sent la recherche dans l'enchainement du vocabulaire et du placement des marques de ponctuation. C'est cohérent.
Maintenant, le premier "cul" m'a clairement fait trébucher dans ma lecture, idem pour tous les autres du texte. Pareil pour "salope".
Si, comme tu le dis, ton texte n'est pas censé être humoristique, ça détonne, la première phrase annonce du drôle pour moi.
Et puis arrivé à la fin du texte, je me dis que tu forces trop cet effet de style du cinglant et du cynique. Avec des phrases comme "J'ai pensé à son cul(...) Par ordre alphabétique." ça veut dire quoi?
La musique s'emballe un peu, le sens a du mal à suivre chez moi.
Histoire de faire concis pour finir : tu dis beaucoup de choses dans ton texte, peut-être un tout petit peu trop. M'enfin c'est le genre qui ne me plait que moyen, bon boulot ! - et qui suis-je pour le dire.
Alskay- Nombre de messages : 242
Age : 38
Date d'inscription : 06/08/2008
Re: Le serpent d'Hippocrate
J'ai aimé le texte, pour une fois pas trop hermétique à mon goût, en revanche je n'y ai pas retrouvé les fulgurances qui parfois me frappent en plein cœur dans ce que vous écrivez. Peut-être serait-il intéressant de resserrer un peu le propos... Quoique il doive traduire l'obsession, bien sûr.
Grand bravo pour :
"Mais je me suis endormi, facteur cheval, debout. Près du mur. Cent cinquante degrés de solitude et pas un cul à l’horizon. Rien."
Grand bravo pour :
"Mais je me suis endormi, facteur cheval, debout. Près du mur. Cent cinquante degrés de solitude et pas un cul à l’horizon. Rien."
Invité- Invité
Re: Le serpent d'Hippocrate
Je me souviens seulement du cul de l’infirmière, des pellicules dans ses cheveux.
Entre le cul et les pellicules, je ne sais plus où donner de la tête !!!
Contente d'en avoir trouvé un autre : ^^.
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 46
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Le serpent d'Hippocrate
Ça m'embêterait presque avec toi, Lol, parce que quand je clique sur tes textes, je suis sûre à l'avance de ne pas être déçue et de beaucoup aiméer dans la majorité des cas. Parfois un peu moins, mais juste un peu moins et j'aime quand même. Pas de mauvaise surprise, donc :-)
Ici, j'aime tout, comme ça. Doux et brutal à la fois. Très humain. Des interrogations intéressantes. Une évolution poétique et musicale.
Dommage que Selby n'ait pas mis un peu de ces épices dans son Démon, ça l'aurait peut-être rendu plus comestible chez certains véliens ;-)
Ici, j'aime tout, comme ça. Doux et brutal à la fois. Très humain. Des interrogations intéressantes. Une évolution poétique et musicale.
Dommage que Selby n'ait pas mis un peu de ces épices dans son Démon, ça l'aurait peut-être rendu plus comestible chez certains véliens ;-)
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
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