Journal de l'avant-veille.
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Kilis
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Journal de l'avant-veille.
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Hanoi, le 24 décembre de Février,
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Hanoi, le 24 décembre de Février,
Ce texte démarre brusquement parce que le ciel n'en finit plus de changer, bouleversements pour un temps, menaçant. A peine l'été affranchi de ses températures faramineuses que nous ployons sous la flotte, mais déjà le soleil et là, mes mots s'effritent en langueur dont ils ne disposent pas. Les semaines affolées, j'ai rêvé de nos sommeils ensemble. J'ai senti l'équateur, ce fruit sans saison que tu m'apportes sur la peau. Je maintiens mes écrits dans la terreur; qu'elle existe. L'automne a vite fini sa macération, nous somme plein l'hiver en température, mais nous fêtons le printemps lunaire. Aujourd'hui, quelqu'ultime jour du passé, le prix de tout avait doublé pour notification de non-recevoir. Il fait si froid que j'en pleure des yeux, il exagèrent, l'eau n'a pas du tout gelé. Que me font-ils ce cinéma ? J'ai nettoyé mon office et ma chambre, m'opposer me nuit. J'ai, également, distribué, à l'avance, un peu de fric dans des enveloppes scellées à mes étudiants pour qu'ils achètent une babiole supplémentaire pour leur retour au village. Certains sont incrustés dans les rocs jaunes des montagnes de Ninh Binh. Pour l'heure et dans la cité croulante sous les fils électriques, beaucoup se baladent avec un arbuste sans feuilles mais avec des fleurs roses, le courage me manque à en demander le nom, elle font comme des petites roses pâles sur des branches noisetier. Quelques courageux changent la tradition pour l'oranger ou le kumquat qui crèvera la semaine prochaine. La foule n'a pas ce sourire qui sied au Nouvel-An du nord mais une tension qui l'entoure comme les tourbillons d'une écharpe autour du cou. Quelles drôles de tropiques, quand le givre s'invite à la table des cafés où des hommes ne semblent pas si préoccupés que çà. Sont-ils libres , ceux-là, à flemmarder pendant tant de fièvre ? Assurément oui, tant l'eau qui traverse le marc prend son temps. Une poubelle fend l'air, galipette et s'écrase à l'égoût.
C'est ainsi que se déroule l'avant-dernier jour avant le premier jour de la nouvelle lune, ici, surveillé par les colombages, pigeonniers, mansardes, que nous Français, avions construits. La ville se videra demain jusqu'au seuil de minuit, quand l'artifice du feu maquillera le ciel. Je ne sais pas ce que décidera la bise, venue à pied de Bao Kanh. Si, fatiguée, elle s'éteindra dans un souffle en passant par le pont de Long Bien.
Après-demain au matin, le souffre épuisé, la pierre refermera sont étreinte pour de bon sur l'humanité et le désert prendra ses quartiers. Il sera prudent de ne pas se blesser, ni de courir le danger car, pendant les trois jours suivants : 26, 27, 28, seule la chance sera de garde et le ciel mort de son bruit. J'ai pris bien soin de t'avoir sous la main et j'ai décoré notre intérieur de manière agréable. J'ai reçu deux invitations pour lundi et mercredi. Ainsi nous saurons le cœur qui bat sous les plafonds à la française, absurdité rigolarde. Mardi l'entracte, nous serons fantômes d'extérieur, à oublier la veille, deviner les lendemains. Nous irons z'aux lacs, car il y en a plein, regarder les cygnes de plastic aux pédales vidées de leurs habitants. Tu leur demanderas, sans me le confier, de nous porter un peu, juste un peu, au-dessus du sel où tu es née, un peu aussi, un peu plus, au-dessus des sols où nous devrions nous étendre : chez toi chez nous, aux racines de la bise qui se termine au dessus de Bao Kanh.
Après-demain au matin, le souffre épuisé, la pierre refermera sont étreinte pour de bon sur l'humanité et le désert prendra ses quartiers. Il sera prudent de ne pas se blesser, ni de courir le danger car, pendant les trois jours suivants : 26, 27, 28, seule la chance sera de garde et le ciel mort de son bruit. J'ai pris bien soin de t'avoir sous la main et j'ai décoré notre intérieur de manière agréable. J'ai reçu deux invitations pour lundi et mercredi. Ainsi nous saurons le cœur qui bat sous les plafonds à la française, absurdité rigolarde. Mardi l'entracte, nous serons fantômes d'extérieur, à oublier la veille, deviner les lendemains. Nous irons z'aux lacs, car il y en a plein, regarder les cygnes de plastic aux pédales vidées de leurs habitants. Tu leur demanderas, sans me le confier, de nous porter un peu, juste un peu, au-dessus du sel où tu es née, un peu aussi, un peu plus, au-dessus des sols où nous devrions nous étendre : chez toi chez nous, aux racines de la bise qui se termine au dessus de Bao Kanh.
C'que nous en avons soupé, toi et moi, des migrations libertaires, des empreintes laissées dans la glaise pour que le diable les emporte, toutes et tous. Si un jour nous édifions des murs, nous les planterons de mûriers. Si un jour nous éduquons des roseaux, nous les nommerons roses. La vie se passera comme-çà, dans les contractions-extensions des mots, des faits et gestes. Simples que nous les aurions oubliés, dans nos courses pour n'être que de vent.
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Invité- Invité
Re: Journal de l'avant-veille.
Pandaworks a écrit :
Voilà.Les poésies sont des histoires, non ?
Invité- Invité
Re: Journal de l'avant-veille.
Faut distinguer poésie en prose et prose poétique.
Ici, je crois que nous avons plutôt affaire à de la (très réussie) prose poétique qui trouverait mieux sa place dans la section prose.
Ici, je crois que nous avons plutôt affaire à de la (très réussie) prose poétique qui trouverait mieux sa place dans la section prose.
Jonjon- Nombre de messages : 2908
Age : 40
Date d'inscription : 21/12/2005
Re: Journal de l'avant-veille.
Bonjour Pandaworks,
C'est vrai que l'écriture est soit en vers, soit en prose, pourtant un romancier, un journaliste ou un universitaire écrira rarement "prose" au sujet de ce qu'il fait lire... parce que ça fait poète ? Cela amoindrirait son propos ? Faire une fiction, relater un évènement ou bien mener une analyse seraient des subdivisions de la prose.
Pour le texte je crois qu'il y a des fautes ("mais déjà le soleil et là") et d'autres fois des formulations volontaires ("le 24 décembre de Février"), pour les fautes ce n'est pas tant l'orthographe ou la conjugaison que l'envie de rajouter un mot à certains endroits, pour la syntaxe ("nous somme plein l'hiver en température").
Je ne suis pas très sûr mais il me semble qu'il y a des maladresses, un manque de relecture pour la ponctuation ("Je maintiens mes écrits dans la terreur; qu'elle existe.", et d'autres... ) pour la syntaxe ("Certains sont incrustés dans les rocs jaunes des montagnes de Ninh Binh." comme sujet de "certains" il y a "village", "étudiants" ou "enveloppes" ? je pencherais pour le premier mais c'est maladroit je trouve) pour la conjugaison ("Si un jour nous édifions des murs, nous les planterons de mûriers. Si un jour nous éduquons des roseaux, nous les nommerons roses." Cette phrase ne devrait-elle pas être au condittionnel ?).
C'est de la Prose je trouve, ça ressemble à un carnet de voyage sortis de son contexte, dépouillé des repères communs, plus "lunaire" que narratif, sans faire non plus dans les jeux d'assonances ou autres styles poétiques. Ça parle de déracinement et de personnes marchant dans les rues avec des arbres de Noêl, entre autre.
Encore !
C'est vrai que l'écriture est soit en vers, soit en prose, pourtant un romancier, un journaliste ou un universitaire écrira rarement "prose" au sujet de ce qu'il fait lire... parce que ça fait poète ? Cela amoindrirait son propos ? Faire une fiction, relater un évènement ou bien mener une analyse seraient des subdivisions de la prose.
Pour le texte je crois qu'il y a des fautes ("mais déjà le soleil et là") et d'autres fois des formulations volontaires ("le 24 décembre de Février"), pour les fautes ce n'est pas tant l'orthographe ou la conjugaison que l'envie de rajouter un mot à certains endroits, pour la syntaxe ("nous somme plein l'hiver en température").
Je ne suis pas très sûr mais il me semble qu'il y a des maladresses, un manque de relecture pour la ponctuation ("Je maintiens mes écrits dans la terreur; qu'elle existe.", et d'autres... ) pour la syntaxe ("Certains sont incrustés dans les rocs jaunes des montagnes de Ninh Binh." comme sujet de "certains" il y a "village", "étudiants" ou "enveloppes" ? je pencherais pour le premier mais c'est maladroit je trouve) pour la conjugaison ("Si un jour nous édifions des murs, nous les planterons de mûriers. Si un jour nous éduquons des roseaux, nous les nommerons roses." Cette phrase ne devrait-elle pas être au condittionnel ?).
C'est de la Prose je trouve, ça ressemble à un carnet de voyage sortis de son contexte, dépouillé des repères communs, plus "lunaire" que narratif, sans faire non plus dans les jeux d'assonances ou autres styles poétiques. Ça parle de déracinement et de personnes marchant dans les rues avec des arbres de Noêl, entre autre.
Encore !
Re: Journal de l'avant-veille.
Merci de ton passage David.
Le omissions, fautes de syntaxes sont toutes volontaires, de même que sa ponctuation atypique , qui est capitale pour le sens et importante pour ce texte, car c'est une récitation. Ainsi: plein l'hiver est exactement ce que j'ai voulu écrire, et non pas plein en hiver, ni pas non plus en plein milieu de l'hiver. Cet bizarrerie tente de décrire que cette température nous emplit sans que nous puissions nous en plaindre car sa cause n'est pas sous notre contrôle: ce n'est qu'une saison.
Il faudrait pour bien faire que j'enregistre la lecture de ce texte et poste son enregistrement en dessous. Merci de ton passage.
Le omissions, fautes de syntaxes sont toutes volontaires, de même que sa ponctuation atypique , qui est capitale pour le sens et importante pour ce texte, car c'est une récitation. Ainsi: plein l'hiver est exactement ce que j'ai voulu écrire, et non pas plein en hiver, ni pas non plus en plein milieu de l'hiver. Cet bizarrerie tente de décrire que cette température nous emplit sans que nous puissions nous en plaindre car sa cause n'est pas sous notre contrôle: ce n'est qu'une saison.
Il faudrait pour bien faire que j'enregistre la lecture de ce texte et poste son enregistrement en dessous. Merci de ton passage.
Invité- Invité
Re: Journal de l'avant-veille.
Il y a des souhaits que l'on souhaite beaux !pandaworks a écrit:Si un jour nous édifions des murs, nous les planterons de mûriers. Si un jour nous éduquons des roseaux, nous les nommerons roses. La vie se passera comme-çà, dans les contractions-extensions des mots, des faits et gestes. Simples que nous les aurions oubliés, dans nos courses pour n'être que de vent.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Journal de l'avant-veille.
Ha oui !pandaworks a écrit:Il faudrait pour bien faire que j'enregistre la lecture de ce texte et poste son enregistrement en dessous.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Journal de l'avant-veille.
Je ne sais pas ce que décidera la bise, venue à pied de Bao Kanh. Si, fatiguée, elle s'éteindra dans un souffle en passant par le pont de Long Bien.
Le souffle cette poésie-là me charme autant que celui de Nicolas Bouvier entre les pages de l'usage du monde ... C'est te dire combien j'y suis sensible !
Re: Journal de l'avant-veille.
Oui, le souffle du poète.
Suis toute échevelée.
Quel beau texte, Panda.
Suis toute échevelée.
Quel beau texte, Panda.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Journal de l'avant-veille.
Chaud froid en ambiance de fond. C'est quand même le chaud qui domine, complètement ébouriffé par l'avenir du dernier paragraphe qui, il faut bien le dire, est fichtrement bien balancé.
Roz-gingembre- Nombre de messages : 1044
Age : 61
Date d'inscription : 14/11/2008
Re: Journal de l'avant-veille.
Ton original, libertin, libertaire... ?
A la première cuillère on avale, à la suivante on déguste.
M'a bien plu.
Quant au débat prose-poésie, c'hais pas trop, à la limite, quand un texte est bon...
A la première cuillère on avale, à la suivante on déguste.
M'a bien plu.
Quant au débat prose-poésie, c'hais pas trop, à la limite, quand un texte est bon...
Re: Journal de l'avant-veille.
content de retrouver un de tes textes, Panda ! c'est du bon, du très bon, et plus spécialement le dernier paragraphe
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