Natures mortes

[milo]

Majorque.
Il y avait ici, à l’endroit même où la roche capitule, courbant des pans entier de montagne dans la mer, quelque chose de tragique.
Et la pierre, perdue dans le vertige des falaises s’appliquait brusquement à tomber en calanques.
C’est ici que moi, l’enfant cannibale, je me nourrissais de la fin des choses.
Et j’attendais de mourir. J’attendais de mourir, minuscule dans la couleur bleue.
J’attendais de mourir, une bière trop chaude à la main
Avec dans l’œil, la dernière image du monde l’échine plantée dans l’eau.

Dedans ma paume poussait l’horizon, l’avenir aussi dans des lignes bâtardes.
Et la peau se gonflait d’un peu d’eau, et du sel de toutes les mers qui naissaient de mes yeux.
Il était loin, le temps où les vagues semblaient petites.

A cet instant, je ne gardais de ma vie qu’un souvenir figé
La forme première d’un mouvement long de plusieurs nuits.
Et les images
Dans le ressac dans la chair
S’imbibaient de noir et se déchiraient.

J’étais la varicelle… Le bouton unique défigurant les paysages nus.
Et les yeux clos sur mes petits rêves
J’assistais
Passif
A la naissance de mes propres natures mortes.

[Invité]

Intrigant et bien équilibré, je trouve... Bien foutu.

J'ai beaucoup aimé notamment
"la dernière image du monde l’échine plantée dans l’eau."

[karen]

J'ai beaucoup aimé, l'atmosphère qui se détache, entre l'enfance et la mort, et la nature que vous rendez charnelle.
Texte pénétrant.

[Sahkti]

une bière trop chaude à la mainDommage cette phrase, ça casse la magie du reste, je trouve.

J’étais la varicelle… Le bouton unique
Saugrenue, l'idée du bouton unique en parlant de varicelle :-)

A part ces petits détails, j'ai aimé l'ambiance envoûtante et l'amertume qui se dégage de ces pensées torturées.

[Arielle]

Mêmes réserves que Sahkti.

De belles images et une ambiance à la fois sensuelle et mystérieuse.
J'aime ...

Dedans ma paume poussait l’horizon, l’avenir aussi dans des lignes bâtardes.

J’assistais
Passif
A la naissance de mes propres natures mortes.

... me parlent particulièrement.

[Invité]

Je trouve le début, les deux premières strophes, très fort, à part le détail prosaïque de la bière qui vient casser l'ambiance et dénaturer une réflexion profonde, mais peut-être est-ce volontaire, pour justement alléger le propos ?
Le reste me plaît aussi, la toute fin surtout. C'est pas très gai tout ça mais c'est bellement exprimé.

[Ligne12]

c'est spleen à souhait.

toujours pas de À sur l'horizon.

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