Figures de style : Effilochage inopportun

[Evanescent]

Je la vis entrer, étonnée, chez moi. Une jeune femme pas trop jolie, pas trop moche, un sourire un peu folie, un peu débilité pas trop profonde. Le genre paumée ; elle arriva, hésitante, comme si elle n’était pas tout à fait sûre d’avoir bien fait d’entrer par là où c’était marqué “entrée” ; mais l’incertitude gentillette, l’incertitude enthousiaste. Le genre réparatrice de câbles, au moins, avec des lunettes en hublots et un sacré trou dans sa couche d’ozone ; Et des chaussures plates au bruit de talons aiguilles, de yearling trotteur, tant qu’on risquait, à se retourner et re retourner (de deux demis : tour entier), de se trouver le cul contre le béton.
   Alors, comme à tout le monde, le petit jeunot demanda :

   « Je peux vous aider ?
   — Bah, je passais, puis vous savez, la vie c’est comme une autoroute… et donc, voilà. »

   Sûrement. D’ailleurs, j’avais toujours pensé ça. Et en suivant l’autoroute, elle était tombée sur l’enseigne, Gentleman Farmer en néons, elle crut que c’était une aire de repos… et donc, voilà. Au fait, je me présente, du moins ce que je peux vous en dire. Parce que ce que je suis, ce n’est pas utile. Ce que je fus : une chemise, et, attention, pas Petit Bateau, ni même Lacoste, attention. Une chemise Gentleman Farmer, ni plus ni moins. Surtout pas moins.
   La réparatrice de câbles, donc, après avoir loupé sa sortie d’autoroute, me vit. Chose commune. Elle ne vit pas l’étiquette indiquant la dot qui lui offrirait ma main (ma manche, du moins) ; chose toute aussi commune.

   « Jolie coupe, jolie couleuvre. Un bleu mordant. Je n’aime pas les chemises, normalement, mais la vie c’est comme une autoroute… donc, voilà. Jolie, vraiment. »

   Merci, m’dame.

   Le jeunot ne put s’empêcher de préciser qu’on m’avait — sans me demander mon avis — conçu gay.

   « Une chemise pour homme ? Aucune importance ! »

   Ah, quand même, y’avait des gens qui comprenaient les choses.

   « Parce que la vie… »

   Oui. On savait.

   « Mais je me dois de préciser que votre chemise — la vôtre, m’dame, si vous me voulez ! — tend à s’effilocher. »

   J’entendis ce blasphème et, furieux, fis ma voix lancinante. Lancinante ? Fi ! Telle un acouphène obsédant ! Je refusai que ces fils, fussent-ils fuyant, n’effrayassent une fille de ce que j’eusse filé ! La fissent s’enfuir ! Mais peine perdue. Elle n’entendait pas, et moi, indubitablement, je filais. Je rougis de honte, à ce que mon bleu en devienne assez vertement violacé.

   « Dommage, mais la vie, c’est comme une autoroute. Si elle s’arrête, c’est qu’il y a un problème. Donc, voilà : il y a toujours un problème, même sur une chemise. »

   Je promets que d’un pique-feu cuisant je l’aurais bien clouée au pilori et aux rayonnages !

[Invité]

Je retrouve votre écriture alerte, gentiment railleuse... Un bon texte, où les contraintes se glissent aisément.

[claude]

je découvre ton écriture. elle est très agréable. le texte est cadencé. chapeau bas et bras de chemise !

[Invité]

Une façon originale d'intégrer les contraintes, même si je dois avouer ne pas avoir tout compris du premier coup.

[mentor]

j'ai pas compris : "la vôtre, m’dame, si vous me voulez !"

sinon c'est sympa, j'aime bien les textes où on fait parler les choses, ou les animaux
contraintes vite fait casées à la fin, mais réussies
c'est vrai que ça manque parfois de limpidité
ou c'est moi

[grieg]

toi ! petite garnement !
tu vas me reprendre tout ça, me retravailler l'aphorisme à la "forrest gump", ton zeugme limite, tes oxymortes nées, ta paronomase (que je n'ai pas trouvée (mais j'ai été réveillé trois fois une heure cette nuit et je considère ça comme une excuse valable), et surtout la clarté, la cohérence de ton texte (là, je suis d'accord avec mentor, même s'il aime les hérissons)...
Gaffe !
tu vas devenir mon nouveau kazar

[grieg]

ta paronomase (que je n'ai pas trouvée

ah si ! c'est la dot !
mais pourquoi ne pas y aller franchement !
"la dot qui lui offrirai ma manche"

ou alors, c'est autre chose ?

[Arielle]

Un peu confus à la première lecture mais on y revient avec plaisir. J'ai apprécié le ton enlevé et très gay de cette chemise qui ne se prend pas pour la mule du pape.

[Petite-FRAP]

Toutes mes confuses, mais la fin l'est. Tu t'es égarée dans ta logique implacable qui m'a rejeté sans ménagements, bien que j'aie tenté de déchiffrer... Sinon, eh bien le style quoi, bonheur rafraîchissant qui m'esquinte les zygomatiques, il est fort ton café dis donc...

Petite-FRAP - a apprécié mais cherche encore

[mentor]

hop ! ;-)

[Evanescent]

« Jolie coupe, jolie couleuvre. Un bleu mordant. Je n’aime pas les chemises, normalement, mais la vie c’est comme une autoroute… donc, voilà. Jolie, vraiment. »

Je profite du "hop" de Mentor.

Grieg, tu dois vraiment être très fatigué. Tu vois pas ma paronoase, là dedans ?

(merci pour les commentaires :-) Promis je retravaille ^^ avec un peu plus de temps.)

[Evanescent]

paronomase*

[Kilis]

Peut mieux faire, Eva.

(suis à l’aise, moi qui ai rien fait ;-)

[Roz-gingembre]

J'ai trouvé l'idée bonne de faire causer une chemise, un peu comme une espièglerie. Par contre je trouve que les contraintes arrivent un peu comme un cheveu sur la soupe. Un petit chouilla de mixage complémentaire et l'ensemble prendrait.

[Sahkti]

Un sentiment de fait à la va vite, de mots jetés comme ça, sans vraiment les travailler. J'ai lu mieux de toi, d'autres textes plus aboutis ou avec une structure plus subtilement incohérente.
La confusion ne me dérange pas, en général, mais celle-ci a un côté volontaire qui me déplaît quelque peu, c'est forcé par moments.

[evaetjean]

je ne crois pas avoir déjà lu un texte de toi mais j'aime bien ton style alors j'irai fouiné dès que possible !

J'adore l'idée de faire parler une chemise... surtout qu'on ne s'y attend pas du tout et c'est amené tout simplement (genre "complètement normal")...

Un peu touffu par moment et j'ai du m'y reprendre à deux fois pour comprendre...

[Loreena Ruin]

Pour le coup tu vas avoir droit à mon "Niéh ?", un peu éberlué en même temps qu'admiratif... Pas tout compris à la première lecture, un peu perdue à la seconde, mais c'est aussi ce qui fait le charme du tout... Je trouve que ta plume s'affine, et le tout premier paragraphe a vraiment de la gueule !

;-)

[Lucy]

Beaucoup aimé la première partie, moins la seconde où les ficelles sont un peu plus grosses dans la manière d'amener les figures de style.

Toutefois, un texte plaisant à lire et un style ( l'autre ) pas mal plaisant... lui aussi. ^^

[Krystelle]

Il tient la route ton texte, Eva, mais pourtant il ne me convainc pas vraiment. Je lis, je me dis "oui, et puis quoi?". La plume n'est maladroite mais elle n'est pas non aussi travaillée que ce qu'elle aurait pu et l'histoire que tu nous racontes ne parvient pas à m'emballer...

[kazar]

Y'a de l'idée miss, c'est frais et pétillant, la chemise qui parle remporte tous mes sufrages mais les contraintes et la distance ne sont pas forcément bien tenues - en laisse.
Carton jaune pour couleuvre. :-)

[Contenu sponsorisé]