Ville d'amour

[lol47]

* Fuyu no yo ya Umi nemuraneba Nemurarezu

Une nuit d'hiver...
Sans dormir, j'écoute la mer
Qui ne dort jamais.

Masajo SUZUKI

Loin, très loin, au bout de mon nez, près de la fenêtre, le chien. Il marche en souriant.
En vertu d'un quelconque acte de la réalité.
Et les gestes sont faits pour durer comme des cordes sensibles.
La résonance est profonde dans le vide qui attire.
A toute action, un sentiment.
Des rebondissements et des cheveux de jeune fille.

L'hiver qui marche.
Mes larmes qui parsèment le chemin de ce long bout de neige.
Mes étoiles, une sorte d'acuité.

Cet hiver, déguisé en animal .
Du joli mannequin animé, retrouver les pas du galop, les caresses d'écume des longs cheveux de la jeune fille.
Dans sa robe de neige, un flocon d'été. Je lève la tête. Elle dit tu pleures et je rabaisse les paupières.
Je l'emmène vers l'escalier et je lui jure qu'il n'y aura plus de pluies d'Automne.

J'erre sur ses lèvres les mots. Elle pose les lèvres sur mes genoux.
Un vieil homme nous regarde.
La neige se met à distribuer des bonbons.

Il a une canne noire et des yeux d'argent.
Comme une odeur de sapin, son odeur colle à la mienne. Ses mains lèchent le dernier hiver.
Cependant ,il ne craint pas l'enfer.
Le couloir séparé de nos âges me fait croire que nous serons domestiques de l’amour séparé.

Seppuku, ma fille et mon atome.

http://www.deezer.com/track/1595024

[karen]

J'aime ce texte , dans sa musicalité, sa tendresse un peu triste. Ses couleurs et ses odeurs me parlent.
"la neige se met à distribuer des bonbons", j'adore, rêve de gosse...

[David]

Bonjour lol47,

J'ai bien aimé, dès le début les repères sont bousculés, il m'évoque l'expression - ne pas voir plus loin que le bout de son nez - et c'est bien le genre de propos auxquels un poète se doit de tordre le cou. À la place apparaissent comme des aphorismes propres à ce monde particulier comme "Et les gestes sont faits pour durer comme des cordes sensibles", sans cibles ? il y a des portes vers l'imaginaires comme celle là, les phrases sans verbes, côte à côte : "A toute action, un sentiment.", "Des rebondissements et des cheveux de jeune fille.".

Cette ponctuation justement ce n'est pas toujours un repère sûr, comme pour ces deux phrases qui semblent n'en former qu'une : "Il marche en souriant.
En vertu d'un quelconque acte de la réalité."

Je remarque que tout les vers ont un point, sauf ceux qui dépassent en largeur. Je ne pense pas que ce soit décoratif, mais pas non plus utilisé seulement pour découper des phrases, marquer un rythme peut être ?

Et puis cette fin, discrètement morbide : se faire seppuku, c'est s'ouvrir le ventre de façon à en faire sortir les entrailles... l'hiver qui est présent tout le long du poème laisse place à une autre couleur sur les derniers mots.

Sur le fond cela pourrait être une simple mélancolie amoureuse magnifiée par les mots, mais ce n'est pas seulement farfelu ou jouant sur le contraire du sens commun, le fil conducteur n'est pas surchargé, c'est simple d'un point de vue, il n'y a pas "enfumage" du lecteur. Maintenant, ce que ça dit...

[lol47]

Bonjour lol47,

J'ai bien aimé, dès le début les repères sont bousculés, il m'évoque l'expression - ne pas voir plus loin que le bout de son nez - et c'est bien le genre de propos auxquels un poète se doit de tordre le cou. À la place apparaissent comme des aphorismes propres à ce monde particulier comme "Et les gestes sont faits pour durer comme des cordes sensibles", sans cibles ? il y a des portes vers l'imaginaires comme celle là, les phrases sans verbes, côte à côte : "A toute action, un sentiment.", "Des rebondissements et des cheveux de jeune fille.".

Cette ponctuation justement ce n'est pas toujours un repère sûr, comme pour ces deux phrases qui semblent n'en former qu'une : "Il marche en souriant.
En vertu d'un quelconque acte de la réalité."

Je remarque que tout les vers ont un point, sauf ceux qui dépassent en largeur. Je ne pense pas que ce soit décoratif, mais pas non plus utilisé seulement pour découper des phrases, marquer un rythme peut être ?

Et puis cette fin, discrètement morbide : se faire seppuku, c'est s'ouvrir le ventre de façon à en faire sortir les entrailles... l'hiver qui est présent tout le long du poème laisse place à une autre couleur sur les derniers mots.

Sur le fond cela pourrait être une simple mélancolie amoureuse magnifiée par les mots, mais ce n'est pas seulement farfelu ou jouant sur le contraire du sens commun, le fil conducteur n'est pas surchargé, c'est simple d'un point de vue, il n'y a pas "enfumage" du lecteur. Maintenant, ce que ça dit...

Puisque demandé si gentiment...deux hommages en UN.

Kawabata, la fascination pour la neige, le vieil homme et l'érotisme morbide.

Mishima, son geste accompli, l'homosexualité fascisante, sa vie, son oeuvre.

Le Japon, pour ses rites ancestraux...et tout le reste.

[Invité]

Lol qui distille en poésie et entrouve des portes au lecteur.

Relevé pour la beauté :

Dans sa robe de neige, un flocon d'été.

et pour le remue-images :

Un vieil homme nous regarde.
La neige se met à distribuer des bonbons.

[Sahkti]

Lol dans un registre différent, plus posé et pourtant tout aussi tourmenté, comme si l'homme était KO et ne pouvait transmettre qu'à travers des mots structurés de manière différente.
Je me suis agrippée à un fil et ai suivi le tout, avec l'impression mi-dérangée mi-agréable de pénétrer un univers interdit.

[lol47]

Lol dans un registre différent, plus posé et pourtant tout aussi tourmenté, comme si l'homme était KO et ne pouvait transmettre qu'à travers des mots structurés de manière différente.
Je me suis agrippée à un fil et ai suivi le tout, avec l'impression mi-dérangée mi-agréable de pénétrer un univers interdit.

Ce qui m’émerveille dans tes commentaires : en apprendre plus sur moi.

Vous m’impressionnez.
Lucy, Easter, Eddy ou toi. C’est très agréable que de n’être commenté et saisi que par des avis féminins. En même temps, c’est très pervers. On se sent glorieux, presque orgueilleux.
Parfois mal à l’aise.

Finalement, c’est bien ce que je me disais. Je n’ai jamais écrit que pour plaire aux femmes et aux hommes qui se sentent femmes.
La guerre des sexes a eu lieu et j’en ai pris mon parti.

Le temps me blesse de ne pas avoir su vaincre.
Et de ne pas avoir su croire.

Tombé du train et dénué de chance.
Torpeur n°5. Paul Deschanels.
Tomber le pantalon jusqu’à franchir la ligne blanche .
L’affranchir de toutes les évidences. Celles qui se sentent et se ne voient pas.

[Sahkti]

Ce qui m’émerveille dans tes commentaires : en apprendre plus sur moi.

apprendre? je ne sais pas, ne pense pas... j'ai souvent tout faux

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