Adrénaline

[lol47]

L’année avait mal commencé avec ce début de sciatique, pas encore dans sa phase traumatique mais tout de même...

Bar-pmu le dimanche, après l’apéro et de bonnes vieilles blagues racistes.

La bourgeoisie.
Elle se faufile sans bruit près du guichet, achète une boîte de cigares et joue.
Elle est discrète, rasée de près.
Les poches remplies, la bouche aride. Elle jouit.

Moi, si je veux me démonter la gueule, je m’économise deux euros.
Tu vas voir, c’est puissant et ça déchire.

C’est très ressemblant. Une sensation gigantesque. Tu veux ouvrir la portière ou passer la tête par la vitre pour prendre une grosse bouffée d’oxygène, regarder la vie à l’arrière de la route qui défile mais tu t’aperçois soudain que tu viens de tomber par la fenêtre parce qu’il n’y avait réellement aucune portière.

Tu marches à quatre pattes sur le gazon, ta main est un miroir. Tu te regardes en elle.
Je pense que tu as voulu faire un concours avec .
Tes yeux exorbités gonflés par l’empoisonnement ont du mal à s’ouvrir. Aucune partie de ton corps n’est épargnée.
De petits boutons blancs et rouges jaillissent comme des saignements. Bribe par bribe, tu t’arraches la peau. Tu as des couteaux à la place des ongles.

Et le pire arrive ! Tu voudrais manger de l’ herbe, un peu de fraîcheur dans la bouche, du dentifrice, ne te font envie que deux couleurs, le blanc et le bleu. Du liquide de refroidissement !
Un ballon de baudruche, le petit duplex et la voiture qui va avec…
La lèvre supérieure est tellement enflée qu’elle colle à tes narines et la lèvre inférieure descend au fur et à mesure jusqu’à ton menton.
Des dizaines de minutes se sont écoulées sans que tu saches si ton écriture était lisible, si des gens t’avaient aimé, dans ce monde auquel tu n'appartenais plus.

Dans un semi coma épilogué, tu t’es réveillé aux urgences.

-3-6-13-

- « La tension est remontée. METTEZ-LUI mademoiselle un autre aérosol d’adrénaline.
Qu’est-ce qui s’est passé Monsieur ? »

- « Je crois que je me suis trop empiffré de cacahouètes ! »

Et elle me répond avec son air le plus intelligent possible :

- « Vous les hommes, vous ne savez jamais vous empêcher …! »

Elle n’a pas terminé sa phrase que je suis d’aplomb. Je commence l’année comme d’habitude.
A reculons.

J’ai perdu les clefs de la bagnole.
-3-6-13- dans le désordre.
Mon polo Lacoste.
Je m’en fous. Je m’en vais. Survivre. De mes envies dérisoires. De mon adrénaline. De mes rougeurs qui ont pleuré.
De la première fois où je me suis couché.
Cet état spectral, la passion convulsive.

[Roz-gingembre]

jouissance anaphylactique....
...aussi dangereuse que le jeu du foulard, j'en connais qui font ça avec des frelons : beaucoup plus sportif et bien moins volontaire.

[Invité]

Ce texte est une surprise et m'inspire quelques réflexions.
L'humour d'abord. Je ne me rappelle pas d'autre texte de toi où tu pratiquais la dérision de façon aussi délibérée. Humour qui n'empêche pas d'ailleurs pas l'amertume, l'écorchure, de revenir au galop...
J'ai lu le texte plusieurs fois et au bout du compte je suis partagée. D'un côté j'ai apprécié de lire ce texte en en suivant aisément le fil conducteur sans trop me poser de questions sur des passages éminemment sujets à interprétation. D'un autre côté, je n'associe pas cette "normalité" (oh le vilain mot, mal choisi !) à ton écriture, et je me prends à regretter tes envolées poétiques, le côté plus secret, plus inaccessible de ton travail.

Pour finir, j'ai bien aimé la façon dont tu amènes le sujet du texte : Moi, si je veux me démonter la gueule, je m’économise deux euros., d'autant que cela laisse présager de toutes sortes de réjouissances.

[Lucy]

Ce qu'a ressenti Easter en parlant de "normalité" peut s'appliquer à ce texte même si, de mon côté, je l'avais ressenti sur un ou deux autres de tes textes, auparavant.

Je conserve en mémoire : " Elle n’a pas terminé sa phrase que je suis d’aplomb. Je commence l’année comme d’habitude.
A reculons. "

Là, je me reconnais. ^^

[Invité]

j'étais dans le coup jusqu'à "portières". Après j'ai glissé vers l'inconnu.
Ma fatigue sans doute et un peu la tienne aussi sans doute. Tu veux me dire tant de choses que mon cerveau n'est pas capable de traiter.

[Sahkti]

Grinçant et dramatiquement drôle, avec quelques images très visuelles et un bon sens de la dérision.
Un registre dans lequel tu te débrouilles déjà bien d'habitude, mais ici, il y a une légère différence à mes yeux, c'est comme si tu adoptais davantage de distance, de recul par rapport à tout cela et y jetait un regard extérieur. Pas vraiment moralisateur le regard mais suffisamment haut pour faire ressortir toute la force et l'absurdité de telles situations.

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