Vos écrits
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-21%
Le deal à ne pas rater :
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, Collection Botanique
39.59 € 49.99 €
Voir le deal

Cleena

4 participants

Aller en bas

Cleena Empty Cleena

Message  Sdai Dim 8 Fév 2009 - 17:48

Je garai ma Chevrolet Belair flambant neuve dans une ruelle de Bloomsbury. En sortant, je sentis la morsure glacée de quelques flocons sur mes joues. Machinalement, j'allumai une cigarette et fis quelques pas dans la neige, en fredonnant un air de la nouvelle coqueluche de ces dames, Elvis Presley. La boutique était située au rez-de-chaussé d'un vieil immeuble victorien, non loin du British Museum. Les lettres - autrefois dorées, mais ternies par le temps et les intempéries - qui formaient les mots "O'Dile Jeweller" étaient effacées par endroits. J'entrai, jetai un regard circulaire à la pièce et constatai qu'en 30 ans, rien n'avait changé. Toujours les mêmes fauteuils de velours carmin achetés dans une boutique de Knisbridge, toujours les mêmes lampes - carmin elles aussi -, qui diffusaient une faible lumière ambre, toujours les mêmes vitrines, contenant bagues et colliers sertis des plus belles pierres, des plus beau cristaux. Une voix me tira de mes pensées:

- Grant! Que fais-tu içi?

Je me retournai. William me faisait face, les bras croisés sur sa poitrine, son éternel sourire malicieux et moqueur dessiné sur le visage. Le temps ne s'affairait pas seulement sur les lettres de son enseigne: son visage en portait aussi les traces. Ses traits étaient toujours aussi fins - j'enviais sa beauté depuis notre adolescence -, mais à présent, quelques rides couraient au coin de ses yeux verts, sur son front, et ses cheveux qui jadis avaient été d'un noir de jais, étaient désormais aussi gris que la cendre de ma cigarette. Cependant, rien n'était parvenu à altérer la bienveillance qui exhalait de sa physionomie.

- « J'ai pensé que mon vieil ami Scrooge serais heureux de me voir. Au fait, quand vas-tu te décider à perdre cet affreux accent Irlandais? Depuis le temps...
Son sourire s'agrandit.
- Et toi, quand vas-tu cesser de me donner des surnoms aussi ridicules? Depuis le temps... Et puis, pense à raser ces fichus favoris, tu ressembles à Charles Hamilton, ce qui, de ma part, est loin d'être un compliment.
Nous rîmes.
- Allez, viens, il faut que je te montre ma nouvelle collection. J'ai terminé mes croquis hier soir. J'ai dessiné une rivière de diamant qu'il faut absolument que je te montre, tu me diras ce que tu en penses, enfin, si j'arrive à la retrouver, je n'arrive plus à mettre la main dessus.

Il m'emmena dans son arrière boutique, une petite pièce sombre qui faisait office d'atelier et de réserve. Un feu crépitait dans la grande cheminée de pierre. William était quelqu'un d'extrêmement désordonné. "C'est comme cela chez tous les O'dile.", me répétait-il. En effet, croquis, notes et factures jonchaient son bureau. Amusé, je l'observai fouiller. Les sourcils froncés, la bouche pincée, il attrapait ses feuilles unes à unes, et les rejetait d'un geste agacé, comme pour les punir. Je notai qu'il n'avait rien perdu de l'impatience de ses jeunes années, mais cependant, il paraissait avoir changé quelque chose – je ne parvenais pas à déterminer exactement quoi -, dans sa façon d'être que je soupçonnais d'être directement liée à sa soudaine pulsion créative.

- Scrooge?
- Oui, me répondit-il d'un air distrait, feuilletant un de ses carnets à toute allure.
- Pourquoi fais-tu cela?
Il interrompit ses recherches, et me lança un regard perplexe.
- Que veux-tu dire?
- Eh bien, tu avais arrêté de dessiner tes propres bijoux depuis... Enfin, tu sais... Et aujourd'hui, tu sembles pris d'un besoin impératif, viscéral, de créer à nouveau. Y a-t-il une raison particulière à cela?

Il me fixait, mais je savais qu'il ne me voyait pas. Will était mon meilleur ami. Personne ne pouvait se vanter d'être plus cher à mes yeux. Je ne l'avais vu qu'une seule fois aussi troublé, un vendredi soir, il y avait 10 ans de cela. Nous étions à la même époque de l'année, quelques jours avant Noël, dans cette même pièce, et Will venait d'achever la bague qu'il contait offrir à Mary. Il ne cessait de la faire rouler entre ses doigts, de l'examiner sous toutes les coutures, de traquer le moindre défaut, aussi minime soit-il. Il jubilait, comme un enfant. Il lui avait demandé de passer à l'atelier dans la soirée, après qu'elle ait fini son article, prétextant je ne sais quoi. Vers minuit, deux hommes en uniforme étaient entrés, avaient respectueusement retiré leurs casquettes, et lui avait parlé sur le ton faussement désolé que l'usage impose dans ce genre d'occasion. 10 ans après, l'anneau attendait encore sa propriétaire, lové dans son écrin, dans un tiroir près de la caisse enregistreuse.

- Assieds-toi.
Il poussa un fauteuil vers moi, alluma un feu, et disparut. Quelques minutes plus tard, il revint, une tasse de thé dans chaque main. Il m'en tendit une, et s'assit à son tour. Il se leva, ouvrit un tiroir, et en sortit un cahier de cuir noir qu'il me tendit, en me faisant signe d'y jeter un coup d'œil. Je levai les yeux, croisai son regard, et, brusquement, la solitude de William me sauta aux yeux, pareil à un félin sautant à la gorge de sa proie. Je remarquai pour la première fois les cernes sous ses paupières, qu'on aurait pu croire dues à de longues nuits blanches de travail, ainsi que la pâleur de son teint. De doux scrupules m'assaillirent alors, se glissèrent dans les plus infimes fêlures de mon âme, explorant chaque recoin, chaque faille encore vierge, jusqu'à en extraire chaque goutte de bien être. En un instant, je revis tous les regards, tous les gestes que j'avais cru anodins. Comment avais-je pu ignorer aussi longtemps l'évidence? Rongé par le remord, j'ouvris le cahier.

Les dessins qui ornaient ces pages rivalisaient de beauté et de réalisme. La plupart représentaient des femmes, ou plutôt devrais-je dire une femme. Une des dernières pages retira particulièrement mon attention.

- Elle s'appelle Cleena, me dit-il.
La perfection de ses traits et de sa silhouette, accentuée par la faible pénombre qui éclairait la scène, se grava dans mon esprit meurtri et craintif. Elle était dessinée allongée sur le flanc, habillée d'un drap noir négligemment jeté sur le bas de son corps, la jambe gauche repliée sur elle-même. Sa tête était soutenue par son bras droit dont l'extrémité se perdait dans sa chevelure foncée, et son autre main reposait près d'elle. Ses doigts fins semblaient prêts à bondir, à agripper une arme ou une gorge, à resserrer tendrement leur emprise jusqu'à sentir du cartilage craquer, et leur victime suffoquer, impuissante et fragile. Le doux ovale de son visage le rendait légèrement enfantin, et m'indiqua qu'elle devait avoir une vingtaine d'années tout au plus, mais mon œil était irrésistiblement attiré par son regard. Il s'y mêlait de l'arrogance et du mépris, elle semblait pouvoir transpercer n'importe quoi, n'importe qui par la seule force de ce dernier. Elle souriait, comme on sourit quand notre supériorité est aussi indéniable que reconnue; elle n'était que nuisance et luxure, aussi vile qu'un serpent songeant au venin coulant dans les veines de sa victime, se réjouissant de sa toute puissance. L'insolente et virginale blancheur de sa peau n'était rien d'autre qu'un mensonge, tout le reste de son corps sculptural l'était. Quelques mèches noires et bouclées s'échappaient de l'emprise du ruban qui tentait vainement de les retenir, et il me sembla qu'elle pouvait parler, qu'elle pouvait ouvrir la bouche rouge et raffinée qui était la sienne, et me dire ce que je redoutais d'entendre, ce qui aurait pût me tuer, me foudroyer de cruauté. Le cataclysme qui ravageait alors mon être se nourrit du geste empli de délicatesse de l'artiste, secouant mon corps de longs frissons glacés. Will posa sa main sur mon épaule, ce qui eut pour effet de mettre fin à mes délires macabres.

- Grant? Tu as froid?
- Désolé, je... Je suis un peu fatigué. Qui est-ce?
- T'ai-je déjà parlé des O'Donnel?
- Non, répondis-je.

Il ne me parlait jamais de son enfance. Son père était Irlandais, et toute la famille vécut à Cork, dans le sud de l'Irlande, jusqu'au début du siècle. Sa mère, issue d'une très vieille famille anglaise et dotée d'une santé pour le moins fragile, insista pour qu'on s'installa à Londres, craignant une guerre civile qui éclata peu après.

- Les membres de cette famille – des gens très nobles - faisaient partie des plus gros clients de mon père, reprit-il. Ils raffolaient de ses bijoux. Quelques semaines après que la plus jeune de leurs filles, Caroll, eut fêté son vingtième anniversaire, il la marièrent à un homme de leur milieu, - une personne réellement détestable -, Cedric Lochlainn. Il me semble qu'ils avaient quatre domestiques: une vieille gouvernante, au service des O'Donnel depuis des années, un vieux majordome dont la famille était très attachée aux Lochlainn, une jeune femme, Cleena, et un jeune garçon, Conan. Ces deux derniers jouèrent un rôle particulièrement important dans l'histoire que je m'apprête à te conter. Conan est l'auteur du dessin que tu viens de voir. Tu sais, jamais je n'aurais pu ne serait-ce qu'imaginer que de tels évènements puissent avoir lieu. En tout cas, pas là-bas, pas chez les O'Donnel. Enfin, toujours est-il que Cleena est venue à la boutique le mois dernier, c'est elle qui m'a tout raconté. 50 ans après, elle est toujours la même, et n'a pas éprouvé une once de gêne en évoquant le passé.

Sdai

Nombre de messages : 10
Age : 31
Date d'inscription : 08/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Cleena Empty Re: Cleena

Message  Invité Dim 8 Fév 2009 - 18:38

Un début qui installe rapidement l'ambiance... L'histoire promet d'être intéressante. Je trouve votre écriture maîtrisée, parfois un peu trop "fleurie" peut-être, mais c'est affaire de goût. En tout cas j'attends la suite, vous avez su me donner envie de la connaître !

Je me permets de vous signaler ci-dessous les quelques fautes ou maladresses que j'ai pu repérer.

"La boutique était située au rez-de-chaussée"
"des plus beaux cristaux"
"Que fais-tu ici" (le "ç" n'est utilisé que devant un "a", un "o" ou un "u")
"la bienveillance qui exhalait de sa physionomie" ("qui émanait", plutôt ; l'expression me paraît vraiment bizarre)
"mon vieil ami Scrooge serait heureux de me voir"
"perdre cet affreux accent irlandais" (on écrit "un Irlandais", mais "un homme irlandais" et "un accent irlandais")
"J'ai dessiné une rivière de diamants" (je crois, parce qu'il y a plusieurs pierres sur la rivière)
"Il m'emmena dans son arrière-boutique"
"il paraissait avoir changé quelque chose – je ne parvenais pas à déterminer exactement quoi -, dans sa façon d'être que je soupçonnais d'être directement lié (je pense, vu le sens de la phrase, que c'est "le quelque chose qui a changé dans la façon d'être" qui est lié, et non "la façon d'être" elle-même) à sa soudaine pulsion créative"
"Will venait d'achever la bague qu'il comptait offrir à Mary"
"après qu'elle aurait fini son article" ("après que" n'est pas suivi du subjonctif, parce qu'il parle d'un événement qui a eu lieu, qui n'est pas hypothétique)
"deux hommes en uniforme étaient entrés, avaient respectueusement retiré leurs casquettes, et lui avaient parlé"
"la solitude de William me sauta aux yeux, pareille à un félin sautant à la gorge de sa proie" (c'est la solitude qui est "pareille à" ; par ailleurs, une solitude qui saute à la gorge comme un félin, je trouve l'expression un peu trop trop dans le contexte)
"Je remarquai pour la première fois les cernes sous ses paupières, qu'on aurait pu croire dus (et non "dues", ce sont les cernes qui sont dus) à de longues nuits blanches de travail"
"De doux scrupules m'assaillirent alors" (pourquoi sont-ils doux, ces scrupules ? Le choix de l'adjectif me paraît bizarre)
"se glissèrent dans les plus infimes fêlures de mon âme, explorant chaque recoin, chaque faille encore vierge, jusqu'à en extraire chaque goutte de bieniêtre" (j'aime bien l'image, toutefois j'en trouve l'expression un peu trop fleurie ; mais, comme j'ai dit, c'est affaire de goût)
"Rongé par le remords"
"Une des dernières pages attira particulièrement mon attention"
"se grava dans mon esprit meurtri et craintif" (les qualificatifs me paraissent trop forts pour la situation ; le narrateur est intrigué, mais "meurtri et craintif", je ne vois pas trop pourquoi)
"la jambe gauche repliée sur elle-même" (le "sur elle-même" ne me paraît pas utile)
"se réjouissant de sa toute-puissance" (le portrait de la salope me plaît bien, soit dit en passant)
"ce qui aurait pu (et non pût, il faut placer ici le participe passé du verbe, tout simplement) me tuer"
"Son père était Irlandais, et toute la famille avait vécu (je pense, pour la concordance des temps) à Cork, dans le sud de l'Irlande, jusqu'au début du siècle. Sa mère, issue d'une très vieille famille anglaise et dotée d'une santé pour le moins fragile, avait insisté pour qu'on s'installe (ou "s'installât", si vous voulez employer l'imparfait du subjonctif) à Londres"

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Cleena Empty Re: Cleena

Message  Sdai Dim 8 Fév 2009 - 19:03

Merci d'avoir pris un peu de votre temps pour vous pencher sur ce texte.

En lisant votre post, je me sens un peu stupide: je n'avais pas conscience de l'effet que produisait la phrase suivante: "la solitude de William me sauta aux yeux, pareille à un félin sautant à la gorge de sa proie". Après mûre réflexion, je la trouve ridicule, déplacée, et même assez laide.

Ma tentative d'imparfait du subjonctif (car oui, je voulais écrire "pour qu'on s'installât"), m'avait à peine choquée lors de la relecture, c'est impardonnable!

En effet, mon écriture est parfois (souvent?) trop "fleurie". Parfois, elle ne l'est pas assez. Tout dépend de mon humeur, je crois. J'ai écrit ce texte en septembre dernier, et en ce moment, ce que je fais est radicalement différent. Cependant, je compte finir cette nouvelle cette semaine (et retravailler ce passage), et j'espère que vous me donnerez votre avis, une fois de plus.
Encore merci.

Sdai

Nombre de messages : 10
Age : 31
Date d'inscription : 08/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Cleena Empty Re: Cleena

Message  Invité Dim 8 Fév 2009 - 20:56

Eh bien dis-moi, tu as des références (littéraires ) ! Bravo.
Un texte assez mystérieux qui chatouille la curiosité du lecteur, une ambiance assez authentiquement british (au passage : Knightsbridge), ça c'est pour le bon côté du commentaire.
Côté moins louangeur, j'ai ressenti une certaine confusion dans l'emploi des temps mais aussi dans la chronologie, pas sûre que ce soit totalement cohérent. Et puis les maladresses indiquées par socque.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Cleena Empty Re: Cleena

Message  Invité Lun 9 Fév 2009 - 8:51

J'ai commencé là et finix là, sorry :
Je garai
.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Cleena Empty Re: Cleena

Message  Alskay Lun 9 Fév 2009 - 9:00

C'est quoi qui te pose problème avec "garai", Panda ?
Alskay
Alskay

Nombre de messages : 242
Age : 37
Date d'inscription : 06/08/2008

Revenir en haut Aller en bas

Cleena Empty Re: Cleena

Message  Sahkti Mar 3 Mar 2009 - 14:11

cet affreux accent Irlandais
Comment ça, affreux ??!! :-) Non mais !


Je ne sais pas si le temps choisi pour raconter cette histoire est la meilleure solution; cela confère par moments au passéisme et ralentit passablement le déroulement de l'histoire, d'autant plus qu'il y a des phrases chargées qui ne me paraissent pas très naturelles.
L'intrigue est intéressante mais les dialogues manquent de spontanéité et le tout est de ci de là très ampoulé. Dommage, car tu réussis en même temps à esquisser quelques chouettes ambiances et il y a dans ce texte de bons éléments qui mériteraient d'être retravaillés, à condition de bousculer un peu le tout.
Sahkti
Sahkti

Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005

Revenir en haut Aller en bas

Cleena Empty Re: Cleena

Message  mentor Mar 3 Mar 2009 - 17:55

Sahkti a écrit:cela confère par moments au passéisme .
confère ou confine ?
;-)

oui, je sais, ne pas commenter les commentaires... je sors

mentor

Nombre de messages : 20248
Age : 45
Localisation : œ Œ ç Ç à À é É è È æ Æ ù Ù â  ê Ê î Î ô Ô û Û ä Ä ë Ë ï Ï ö Ö ü Ü – — -
Date d'inscription : 12/12/2005

http://www.vosecrits.com

Revenir en haut Aller en bas

Cleena Empty Re: Cleena

Message  Sahkti Mar 3 Mar 2009 - 17:57

mentor a écrit:
Sahkti a écrit:cela confère par moments au passéisme .
confère ou confine ?
;-)
oui, je sais, ne pas commenter les commentaires... je sors
nan, t'as bien fait, t'as raison !
Sahkti
Sahkti

Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005

Revenir en haut Aller en bas

Cleena Empty Re: Cleena

Message  mentor Mar 3 Mar 2009 - 18:01

Sahkti a écrit:
mentor a écrit:
Sahkti a écrit:cela confère par moments au passéisme .
confère ou confine ?
;-)
oui, je sais, ne pas commenter les commentaires... je sors
nan, t'as bien fait, t'as raison !
'tain, chuis pas peu fier là ! ;-)
mais excuse-moi quand même

mentor

Nombre de messages : 20248
Age : 45
Localisation : œ Œ ç Ç à À é É è È æ Æ ù Ù â  ê Ê î Î ô Ô û Û ä Ä ë Ë ï Ï ö Ö ü Ü – — -
Date d'inscription : 12/12/2005

http://www.vosecrits.com

Revenir en haut Aller en bas

Cleena Empty Re: Cleena

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum