L'éventreur de cons

[lol47]

Oui, je me souviens de la première fois quand un homme m'a aimée. J'avais huit ans.
Un sale con.
Un éventreur.
Un éventreur de cons.
Il m'a fait mal.
Mal à la tête.
Mal à mon ventre.

Il m’a fait mal partout.

Je me suis souvenue un jour que j’étais morte. Je me suis souvenue du jour où je me suis souvenu. Et j’ai pensé, qu’il ne m’arriverait rien.

On commence par commencer.
On recommence par finir,
Puis on finit par recommencer.
Ce qu’on commence toujours et qu’on ne finit jamais.
A l’infini, on recommence.
Tout ce qui est fini n’est pas à commencer.
Finir et commencer,
Il y a infinir, ce verbe qui ne finit ni ne commence jamais.

J’envie les vers du sépulcre, convulsifs. Noirs.

Je viens d'avoir vingt-deux ans. Vingt deux, voilà la pucelle d'Orléans ! Vingt deux balles dans la tête.
Et les poèmes de Boris Vian.
Feu que passent larmes, je gis.

Aux promesses épuisées
Ouvrez-vous,
Découvrez-
Vous...

Papa, c’est un état incompréhensible… papa. Viens là près, tout près de moi. Je veux mettre ma tête sur ton ventre pour oublier que la terre existe.
Si elle est là , qu’elle nous oublie un peu.

Aujourd’hui encore, je me demande pourquoi tu m’as fait si mal au ventre…Papa….

[Kash Prex]

Pfiou... Ca bouscule...
Une sorte de folie douloureuse dans ce personnage, profond et profondément blessé. Et cet affection pour un "Papa" qui lui a "fait si mal". J'aime beaucoup, bravo =)

[Invité]

ça fait très mal oui, c'est même carrément insupportable, et la violence contenue dans ton écriture l'exprime au-delà encore du sujet même ; on te reprochera sans doute de courtiser l'affect, c'est vrai, mais comment pourrait-il en être autrement ?

[Invité]

L'écriture dure, cette espèce de cri silencieux, m'a paru convenir très bien au sujet. Un texte très fort, dans lequel je regrette la stophe "On commence", qui me semble en décalage dans le texte, trop réfléchie, trop verbeuse, joueuse et pensée.

Pour une fois, j'ai compris un de vos textes, et je l'ai trouvé puissant !

[lol47]

Tiens, un jour que la pluie battait les carreaux, j'avais écrit ce petit texte.


La tournante de BROOKLYN

Moments de l’épiderme quand quelqu’un cogne à la porte et dit qu’il a trouvé le tonneau vide. On
vient de baptiser bébé au champagne, les mains des salopes me font rire, c’est l’aloe vera.
Il fait 50c° dans l’appartement. Chambre chaude.
Rougeurs du feu, rondeurs du fric , s’il y a un dieu, une princesse, je veux qu’il en aille comme d’une
messe. Et j’apprendrai à faire l’amour devant les monuments aux morts.
Elle fumait des cigarettes, buvait de la bière, elle était pleine de cicatrices et ses yeux brillaient
comme des Mozart. Un après-midi de Septembre lui avait tendu les bras. Si un jour quelqu’un vous
demande des nouvelles de Brooklyn, vous lui direz qu’elle avait dix sept ans, qu’elle avait l’estomac
vide, presque microscopique lorsqu’ elle s’est jetée du pont.
Vous lui direz qu’elle était déjà tétraplégique les minutes précédant le saut. Qu’une java lui avait fait
tourner la tête.
Si vous levez le nez de votre assiette un instant, vous noterez qu’ une valse à trois temps des
crapauds repus et fourbus, avait imprimé son corps de salive, de sueur, de sperme et de sang avant que le légiste ne démarre
l’autopsie, Les magazines pour animaux en avaient fait leur gros titre.
« La tournante de BROOKLYN » et ailleurs… quelques lignes dans la rubrique nécrologique.
Contribution de LOL.
« Fille de poussière, morte du symbole, qui hier encore parlait aux cimes et à leurs
subordonnés, à Mon Regret, à Toi la si belle, blanche et éternelle… »

[Lucy]

Si les deux textes ont un thème en commun, je les aurais vu dans un fil à part. C'est un sujet grave et, peut-être, sans entrer dans le sordide ( ce que tu fais aucunement ), faire une place à chaque texte serait une bonne chose.

Sur le premier, du bon Lol. Rien à redire. Tu présentes les choses comme elles le doivent sans verser dans le pathos ou le racoleur qui sont les deux écueils de ce type de textes. Tu nous livres des lignes dans lesquelles l'émotion passe telle un frisson. De beau travail, de mon point de vue.

Le second m'a plongé dans un univers proche de Viol... de Joyce Carol Oates et de certaines images que j'ai encore à l'esprit, émanants de diverses sources que je renonce à énumérer. Un ton plus violent, plus poisseux, peut-être. Un autre texte fort, en tout cas.

Tu as une foutue écriture, Sieur Lol !

[mentor]

Foutue écriture ou pas, Sieur Lol, il faudrait penser à lever un peu le pied.
Comme le disait Easter je ne sais plus où, on admet un texte par semaine et par personne, pour laisser de la visibilité à tout le monde, en plus du fait qu'on demande à ce que les auteurs ne répondent pas systématiquement à chaque commentaire, ce qui fait encore remonter les textes.
Or cette semaine, Lol, j'ai pas compté, mais ça déborde.
zen please, merci ;-)

[Romane]

Magnifique de plongée dans le pire. La boucle qui ne s'achève jamais, le cercle définitivement vicieux, la destruction jusqu'à toujours, rendez-vous des paradoxes où on perd ses points de repère. Dans une écriture comme j'aime follement, parce que tout est bon à prendre pour donner matière à réflexion, et que chaque mot est puissant.

[Invité]

Texte qui m'est apparu limpide, contrairement à d'autres de vous que j'ai eu du mal à comprendre.
Le sujet est dur, le style est sans fautes. J'ai lu avec gravité mais j'ai aimé.

[slave1802]

Pfui, ça remues les tripes de mon instinct paternel !

[Invité]

J'avais un truc à te dire, mais je ne sais plus où, le dire. C'est le désavantage de la bière. Mais c'est à toi que je m'adresse et ça c'est sur.

La liberté des Huns s'arrête là où l'herbe ne pousse jamais.

Je ne sais même plus pourquoi je dis ça, mais je me souviens qu'il fallait que je te le dise. Si on s'oublie soi-même autant ne pas oublier son parchemin.

[Sergei]

Quel beau texte, concis. Et quelle cruauté retransmise à travers ton style. Je suis tout émoustillé par toute l'horreur qui s'en dégage.

J'aime beaucoup ta phrase, Pandaworks:
La liberté des Huns s'arrête là où l'herbe ne pousse jamais.

[Sahkti]

La liberté des Huns s'arrête là où l'herbe ne pousse jamais.

Tristement joli et ça résume bien. Parce que c'est difficile de commenter là. Tu as les émotions belles, Lol.

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