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A dix pas de l'Enfer

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Message  Gobu Mer 18 Fév 2009 - 15:47

A dix pas de l'Enfer

A dix pas de moi, l’enfer. A dix pas de tout un chacun, son enfer, et seul coûte le premier. A dix pas de moi, le paradis, et à dix pas de n’importe qui, un autre paradis, le tien, mon frère, ni pire ni meilleur que n’importe quel paradis. On notera l’absence de majuscules : les noms propres seuls y ont droit, et ces noms là sont tout, sauf propres. A dix pas, le paradis, et c’est le dernier pas qui coûte, celui qu’on n’arrive jamais à faire, cette enjambée salvatrice dont on rêve, qu’on s’est juré d’oser, juré sur la tête de sa propre mère ou celle de son meilleur ami, qu’importe ILS MOURRONT. Et entre les deux, au mitan du paradis et de l’enfer, moi, toi, eux, tous affairés à nous arracher les bandelettes qui cachent les yeux, et l’œil qui vient avec, mais cela a n’a strictement aucune importance d’être aveugle dans un monde sans lumière. Il faut bel et bien s’arracher les globes oculaires pour ne pas manquer cette vérité-là : la lumière est morte assassinée – meurtre avec préméditation – poignardée dans le dos par ceux qui ne voulaient pas savoir qu’ils étaient aveugles.

A dix pas de moi, l’enfer et j’ai souvent parcouru ce chemin. Les orbites vides comme des cratères de lune, une pierre en guise de cœur – dans la main, la pierre, pour la lancer et fracasser encore quelques vitres – j’ai marché résolument vers l’enfer et je vous y ai tous croisés. L’enfer, comme on sait, ce sont les autres, et les autres, c’est moi aussi. Oh je vous ai bien vus, vous faisiez l’aller retour entre paradis et enfer – si proches, seulement vingt pas et n’importe qui, n’importe quoi entre les deux – et ni toi ni moi ne savions quelle place était la nôtre. Là, je dis toi. Je dis toi parce que je t’ai chassée. Je dis toi et je te mets au féminin, parce qu’après tout cela a dû compter, et ont dû compter aussi tous les chemins de ta féminité, grésillant sous le soleil du désir. Toi, je répète, parce que j’ai retiré mes ongles des marques qu’ils avaient imprimées sur le vélin de ta chair, et ces stigmates, fossiles de l’amour, mes doigts s’en souviennent encore, et parfois, j’essaye de pleurer en contemplant mes mains pleines de vent mais c’est du sang qui les mouille et non des larmes, c’est si facile de blesser, si douloureux de laisser s’épancher le fleuve glacé qui gronde tout au fond de soi.

A dix pas de moi, c’est toujours l’enfer, ou bien le paradis, et les mains vides l’un vaut bien l’autre, et bien malin qui saurait, de toutes façons, les différencier, tant sont semblables les spectres qui s’y meuvent. Car ils se meuvent ! Je les ai vus, toi, mon frère, et tous les autres, les mains pareillement vides et serrées sur l’absence, le cœur semblablement étranger à ce qui n’est pas marqué du sceau de leur domination, marque dans la pierre de l’organe aussi nette qu’un coup de poinçon dans un lingot, plus dur le poinçon, plus coriace la matière, granite ou bien pierre à cœur, la plus dure de toutes. Au crépuscule, quand les portes de la nuit s’ouvrent sur le flot des chasseurs aux orbites béants, en effet, ils se meuvent, et courent après leurs ombres. Et moi j’ai couru aussi, jusqu’à l’essoufflement, jusqu’à la crampe, et je ne sais ni quand j’ai commencé à courir ni qui a donné le départ, d’un coup de pistolet qui a sûrement fait mouche.

Alors qu’on ne me raconte pas d’histoires, c’est à mon tour de m’y mettre, et je fais cela tout aussi bien que toi, mon frère, qu’on ne me débite pas de sornettes, et qu’on ne vienne pas me dire que c’est de ma faute si elle est partie, que j’aurais dû la retenir, mettre des fers à ses chevilles au grains plus doux que la meilleure farine, qu’on ne tente pas de me faire croire qu’on aurait encore pu marcher à deux vers l’enfer, ou le paradis – dix pas, et tellement impossibles à faire ensemble – car même si l’on nous avait attachés l’un à l’autre avec le fil d’Ariane, fermé du nœud gordien, rien, rien n’aurait pu empêcher que ce qui n’était pas écrit arrivât. Tout est écrit, maintenant, mais après coup, trop tard, comme d’habitude.

Ils disent que je t’ai chassée, et tu l’avais prémédité en rêve, perfide créature, comme s’il ne t’avait pas suffi que les choses advinssent, comme s’il t’avait de surcroît fallu regarder le film en avant-première, et pire encore, le raconter. Tu t’étais réveillée en sursaut, drapée de sueur prémonitoire, au cœur d’une nuit volée à la solitude, et tu me l’as promis, que je te chasserais, tes vertes prunelles noyées de l’eau salée des oracles cruels, pour me donner à boire, à moi qui avais soif de ton angoisse. Imbriquée dans ma chair, serrée de toutes tes forces de femelle contre mon abandon, tu m’as d’avance fait souffrir en me chargeant d’un crime qu’il me faudrait un jour commettre. Deux fois, donc, tu m’as condamné, quand je n’avais encore rien fait, et quand je fus coupable. Et pourtant, comme nous étions proches cette nuit-là, bien moins de dix pas, et comme je me suis moqué du piètre scénario de ton médiocre film : mes caresses, et ta chaleur contre mon ventre, cela ne suffisait-il pas à faire de ce mauvais court-métrage une œuvre de pure fiction ? J’en aurais volontiers ri…si quelque chose n’avait pas coincé mon ricanement dans ma gorge, une sorte d’écho, de trouble résonance dans le timbre de ta voix, les mots qui ricochaient sur la muraille du futur, et toi, tu savais que ce mur était bâti de briques rugueuses et froides sur lesquelles j’aurais un jour à écorcher ma face, mes paumes et tout ce qui me reste encore de sensible. Toi, cela ne te coûtait guère de soulever de ta petite main sèche la lourde tenture qui masque la scène de l’avenir, et moi cela m’a coûté la vie. Riez, riez, tous, tant que vous êtes, et ne me croyez pas si vous voulez – à supposer que vous soyez encore capables de vouloir quelque chose – mais je vous le dis, en vérité, cela m’a coûté la vie. Oh, bien sûr, il ne suffit pas d’avoir perdu la vie pour être mort, ce serait trop beau, et il reste tant, oh tant de chemins de croix pour y traîner ses pieds meurtris quand on n’est pas mort et que pourtant on s’est fait ravir souffle étincelle et tout ce qui s’en suit, mais une chose est sûre, en tous cas, c’est toi qui m’as ravi souffle étincelle et toutes les saintes trinités de la vie en me laissant prendre ce chemin-là.

Le mal était fait, dès lors que quelque part, sur l’aveuglant écran de ta conscience, tu t’étais projeté le film de notre descente aux enfers, le tien plus le mien, charogne de pluriel ! et quand nous y sommes parvenus, nous n’étions plus ensemble : c’est cela aussi, l’enfer. Et l’Amour, là-dedans ? Silence, ô truqueurs du sentiment, ô charognards, ô détrousseurs de cadavres ; comment osez-vous baptiser l’enfant qui n’est point de votre chair ? Au nom de quels dieux barbares aurez-vous l’outrecuidance de mettre un nom, et ce nom-là, sur l’implacable cheminement de la destinée ? Un mauvais film, une parenthèse de bonheur – c’est ainsi que l’on nomme le temps de l’égarement – et voilà que vous tirez de l’arsenal de vos certitudes les machines à broyer le cœur. Vous dites : l’Amour, et cela veut dire : meurs, chien, crève de solitude partagée pourvu que l’on puisse clamer il l’aime, et comme c’est beau l’Amour, voyez il souffre, il se tord dans les affres de l’angoisse, et pourtant il reste fidèle, il marche dans les pas de cette ombre qui ne sait pas, qui n’a jamais su à qui elle appartient ! Mais je vous crache à la figure, pour peu qu’on puisse appeler ainsi le masque grimaçant qui vous sert de face, je vous dépêche en plein visage un glaviot tiré du plus profond du puits de ma détresse, pour vous montrer à quel point je vous méprise, et combien je frissonne de dégoût quand vous croisez ma route ! Toutes les nuances du spectre de l’abjection, vous en faites l’étalage ; de la franche hypocrisie jusqu’ à la plus sournoise franchise, de la haine la plus mielleuse à l’amitié la plus méprisante, rien de ce qui est humain ne vous est étranger. L’Amour, glapissez-vous, et sur vos lèvres, ce mot devient limace, écœurante caricature d’une vérité qui vous échappe. Alors laissez tomber, et laissez-moi tout seul titrer les chapitres du livre de mes déchirements.

Je t’ai chassée, et tu l’avais prédit ! Cela c’est passé comme il se doit ; ma voix tremblait de remords quand il m’a fallu prononcer la sentence, et toutes les portes s’étaient refermées les unes après les autres, il n’en restait plus qu’une, la porte de sortie. C’est par là, j’ai articulé ; fous le camp parce que je me perds le sens à me cogner contre les grilles closes de ta fierté ; fous le camp parce que ma tête se brise à force de se heurter au rempart de ta détresse ; fous le camp parce que tu as fait de moi un assassin, un fauteur de malheur ; fous le camp enfin je n’en puis plus de t’avoir auprès de moi sans plus t’avoir avec moi.

Cela s’est passé comme il se doit, le plus mal du monde : tu te haïssais de m’obliger à te haïr, tu restais là, debout, pâle et tremblante, sidérée d’avoir réussi à faire de notre couple une machine à nous pulvériser le cœur. Longtemps après que le fantôme du fantôme de ta douleur se fût fondu dans l’effroyable indifférence du temps qui passe, je grelotte encore au souvenir de ce forfait que tu m’as fait commettre : répondre à la dureté par une dureté plus grande encore, tenter d’être bourreau pour échapper au sort de victime. Alors, à dix pas de moi, l’enfer, et ce fut le premier pas. Depuis, tu ne m’as plus lâché, et si tu meurs quelque part d’avoir tenté de vivre trop, c’est comme si c’était moi qui te repoussais dans le cercle de fer de ta folie, comme si ton absence me rendait responsable à jamais de tout ce que je ne puis empêcher.

Comme les autres, comme toi, mon frère à la grande gueule, je referme mes mains vides sur la braise de l’absence et mes paumes brûlées me rappellent sans cesse ce moment où j’ai choisi de ne plus avoir à choisir, où j’ai tiré le loquet sur le froid tombeau du présent, afin de murer mon destin dans le caveau du passé. Ni fleurs, ni couronnes, elle gît dans un ailleurs trop proche pour que je puisse l’évacuer également de ma mémoire, les obsèques ont lieu chaque jour dans la plus stricte intimité, juste le nécessaire, poussière d’oubli qui triche et ravive le souvenir ; ni fleurs, ni couronnes, quand on meurt chaque jour c’est comme si on était condamné à vivre, et après ? Un pied dans l’Eternité, l’autre enlisé dans la tourbe du transitoire, nous sommes tous écartelés comme cela et qu’importe le poison pourvu qu’il empoisonne et pourvu qu’il soit lent.

Voilà comme nous vivons. Nous, c’est-à-dire toi, mon frère aux oreilles bouchées, et tous les autres qui nous regardent, et nous jugent, les imbéciles, sans se rendre compte que c’est eux-même que frappera la sentence. Nous sommes tous, en vérité, victime du même mal, l’avidité. Nous avons cru longtemps que la vie était comme une île déserte, un paradis vierge où il suffisait de se baisser pour ramasser la pomme d’or et croquer dedans avec les belle dents de l’insouciance. Mais l’île déserte a été pillée, dévastée par notre furie de parasites, et il n’y reste plus que roche nue et glacée. Lorsque nous nous réveillons, nous nous voyons tels qu’en nous-mêmes : seuls au milieu de la multitude, millions de solitudes s’entrechoquant, et nous tournons en rond sur la plage battue par les vents, incapables de faire mieux que de nous lamenter sur notre sort. Nous avons tout perdu, y compris nos illusions, et c’est sans illusions maintenant que nous persévérons à trébucher sur les pavés des chemins de nos enfers. Mais comment changer de chemin lorsqu’on est aveugle ?

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Message  Invité Mer 18 Fév 2009 - 16:13

Superbe. J'écrirais bien une pleine page de "superbe".

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Message  Lucy Mer 18 Fév 2009 - 17:25

Un Gobu bien différent de celui que j'ai pu lire jusqu'à présent ( il faut dire que je ne suis ici que depuis près d'un an, alors, c'est pas l'expérience de vie la plus longue qui soit ! ). J'aime être surprise et je l'ai été, d'une certaine façon.
Et contente de te lire à nouveau.
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Message  Lucy Mer 18 Fév 2009 - 17:26

Ou de "vous" lire.
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Message  Doudou Coincoin Mer 18 Fév 2009 - 17:29

Soque je trouve que tu aimes tous les textes postés, tu devrais passer un peu de temps avec Eric Zemmour pour t'endurcir, ça devient même plus un compliment venant de ta bouche que de dire que c'est bien.

Perso je n'ai pas aimé , c'est bien écrit cependant

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Message  Invité Mer 18 Fév 2009 - 17:51

Je ne dirais rien de plus que socque : superbe.
Votre style est magnifique.

En revanche, pour l'énergumène du dessus et sa remarque déplacée, socque a toujours des commentaires très intéressants, loin d'être toujours positifs - et quand bien même, où serait le mal ?

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Message  Doudou Coincoin Mer 18 Fév 2009 - 18:00

lu-k a écrit:Je ne dirais rien de plus que socque : superbe.
Votre style est magnifique.

En revanche, pour l'énergumène du dessus et sa remarque déplacée, socque a toujours des commentaires très intéressants, loin d'être toujours positifs - et quand bien même, où serait le mal ?

qu'appelles tu une remarque déplacée?

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Message  Invité Mer 18 Fév 2009 - 22:19

Serais-je mal lunée ? Je n'ai pas adoré ce texte, le ton m'en a semblé un peu emphatique, certaines formulation reprises volontairement ont néanmoins un effet répétitif, bref, pas convaincue, Gobu, désolée...

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Message  Invité Jeu 19 Fév 2009 - 11:04

Je ne commenterai pas ce texte très dense en idées et très sérieux dans son écriture.

– à supposer que je soit encore capable de vouloir quelque chose –

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Message  Invité Jeu 19 Fév 2009 - 21:14

Ce n'est pas la somptuosité habituelle de Gobu, mais j'aime découvrir une autre facette - rageuse, obsessionnelle.

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Message  Lucy Jeu 19 Fév 2009 - 23:25

– à supposer que je soit encore capable de vouloir quelque chose –
?
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Message  Invité Ven 20 Fév 2009 - 1:25

c'est extrait du texte.

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Message  claude Ven 20 Fév 2009 - 9:18

Gobu est une signature. Le monsieur sait écrire, même si on n’accroche pas toujours avec ses sujets, mon bon roi. Là c’est noir ! pire : un albédo négatif.
ça ne peut pas se lire à n’importe quel moment, ni par n’importe qui. Sinon, on risque de passer à côté. L’époque est productrice de divertissements. Il faut avoir l’état d’esprit prémâché par les mâchoires du tourment pour digérer ce genre de textes. Je ne sais pas si celui-ci fait référence à un texte connu qui en permettrait une meilleure approche, mais je crois que la vie est assez bonne inspiratrice de désespoir.
Mais on est là pour causer boutique, pas pour présupposer des états âmes.

Il y a là des leitmotivs qui font presque de ta prose un pantoum !
Mais beaucoup d’écoeurement dans les derniers paragraphes.
Alors la féminité comme catalyseur des maux des hommes, l’amour, l’amitié, l’autre, soi… ce n’est pas nouveau, ce qui compte c’est la manière de l’exprimer et les bonnes formules ne manquent pas.
Tu t’étais réveillée en sursaut, drapée de sueur prémonitoire, au cœur d’une nuit volée à la solitude, et tu me l’as promis, que je te chasserais, tes vertes prunelles noyées de l’eau salée des oracles cruels, pour me donner à boire, à moi qui avais soif de ton angoisse.
les mots qui ricochaient sur la muraille du futur
si tu meurs quelque part d’avoir tenté de vivre trop, c’est comme si c’était moi qui te repoussais dans le cercle de fer de ta folie, comme si ton absence me rendait responsable à jamais de tout ce que je ne puis empêcher.
mais là par exemple, je trouve le trait un peu trop forcé :
Comme les autres, comme toi, mon frère à la grande gueule, je referme mes mains vides sur la braise de l’absence et mes paumes brûlées me rappellent sans cesse ce moment où j’ai choisi de ne plus avoir à choisir, où j’ai tiré le loquet sur le froid tombeau du présent, afin de murer mon destin dans le caveau du passé
et j'aurais bien lu une fin plus dévastatrice que ta question qui me semble pour le coup bien mignonnette :
Mais comment changer de chemin lorsqu’on est aveugle ?
Il suffit parfois d’ouvrir les yeux pour se rendre compte qu’on n’est pas aveugle.
Et dix pas de l’enfer, c’est encore trop loin ! notre corps est un abîme où le paradis et l’enfer occupent des gouffres mitoyens.

« en tout cas » avec un t à tout Gobu. c’est pas la première fois que je te le dis. Ne me dis pas que tu fais partie de ceux qui n’entendent pas les conseils des gens qui te veulent du bien.
et oui, quand on a ce niveau d’écriture, il faut s’attendre à une exigence plus pointilleuse de ses lecteurs.

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Message  Arielle Ven 20 Fév 2009 - 9:24

Du mal à reconnaître Docteur Gobu dans ce texte de Mister Hyde, si ce n'est dans le style irréprochable.
Surprendre le lecteur ! C'est réussi mais la lectrice lambda que je suis est un peu prise au dépourvu ... je relirai.

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Message  Sahkti Ven 20 Fév 2009 - 18:13

Doudou Coincoin a écrit:Soque je trouve que tu aimes tous les textes postés, tu devrais passer un peu de temps avec Eric Zemmour pour t'endurcir, ça devient même plus un compliment venant de ta bouche que de dire que c'est bien.

Perso je n'ai pas aimé , c'est bien écrit cependant
Au lieu d'agresser dès ton premier message ou presque sur le site, ça serait mieux de détailler pourquoi tu n'as pas aimé. Plus constructif. Merci.
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Message  Sahkti Ven 20 Fév 2009 - 18:15

Gobu, je trouve ce texte très poétique, assez différent de ton registre habituel, plus torturé, plus lyrique.
Ce n'est pas pour me déplaire et dans l'ensemble, j'ai beaucoup aimé ton texte pour ne pas dire plus. Vrai que je sais qu'avec toi, la plupart du temps, je ne serai pas déçue.
Toutefois, il me semble que de ci de là, tu insistes un peu trop sur l'idée des dix pas et de l'enfer, qui revient comme un leitmotiv au ton forcé.
C'est peut-être tout c que tu glisses entre ce refrain qui le rend peut-être trop évident, difficile à dire.
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Message  silene82 Lun 8 Juin 2009 - 10:56

Même si mon économie personnelle m'eût fait préférer une fin gengis khanienne, avec monceaux de têtes et de mains coupées, en tumulus effroyable, plutôt qu'un Oedipe errant dans les décombres avec son petit bâton, peut-être même pas bien raide, les beautés formelles du texte et ses sombres flamboyances sont bien réelles, et l'on entrevoit, comme dans la gravure d'Escher, cet aveugle au rictus sardonique.
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Message  Halicante Mer 10 Juin 2009 - 13:34

Personnellement ce texte me parle, et c'est un style que j'aime. Beaucoup de perles, et pour n'en citer qu'une :

Comme les autres, comme toi, mon frère à la grande gueule, je referme mes mains vides sur la braise de l’absence et mes paumes brûlées me rappellent sans cesse ce moment où j’ai choisi de ne plus avoir à choisir, où j’ai tiré le loquet sur le froid tombeau du présent, afin de murer mon destin dans le caveau du passé.
Merci, Gobu, pour ce texte dense et plein de vie, de rage, d'émotions foisonnantes et intenses.
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Message  Rebecca Sam 19 Sep 2009 - 23:11

oui "c'est sans illusions maintenant que nous trébuchons"


j'ai beaucoup aimé cet endroit l'enfer de l'envers du décor

le jardin d'éden , le jardin des délices et des dégoûts

l'égoût et les douleurs il parait qu'il ne faut pas discuter
mais y faire les 10 pas ou les 20 pas ou les 100 pas
sans passé 100 passions ou le contraire
et trébucher
Rebecca
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