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LES IDIOTS : Histoire de l'Idiot

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Message  Gobu Mer 4 Mar 2009 - 10:40

HISTOIRE DE L’IDIOT



- Tu m’as déjà entretenu de la folie, Maître.

- Oui. C’est un sujet qui passionne les jeunes fous de ton espèce. C’est comme leur tendre un miroir. Mais ils s’y reconnaissent rarement.

- Moi, je m’y reconnais à merveille. Mais je ne suis plus si jeune.

- Peuh ! A côté de moi, tu fais figure de poupon. Tu as encore du lait à la bouche. Lèche-toi les babines et vide ton sac. Que me veux-tu avec cette histoire de folie ? N’es-tu pas rassasié de folie ?

- Quant on est vraiment fou on n’en a jamais assez. Pardonne-moi, Maître, c’était une boutade. Tu m’as parlé de la folie, Maître, mais tu n’as jamais rien dit de la bêtise. Tu m’as déjà déployé toute la palette des sentiments humains et même les autres. Tu as dénoncé la haine, dévoilé la jalousie, raillé l’amour, exalté la candeur, que sais-je encore, prêché le renoncement, et tu as laissé de côté la bêtise. Et pourtant, que de bêtises ne commet-on point en son nom !

- Que dire de la bêtise ? Elle est si répandue qu’on ne la voit même plus. Le sage ne s’en soucie pas plus que de la pluie sur son chapeau.

- Tu parles-là, Maître, de la bêtise ordinaire. On s’y habitue ; il faut bien. Elle florissait tant à ma cour que j’en étais émerveillé. Mais je veux parler de cas exceptionnels. Des gens dont l’idiotie confine au génie. L’idiotie n’est-elle pas le contraire de la sagesse, Maître ?

- On peut voir ça comme ça. Si l’on veut. Mais où Diable veux-tu en venir ?

- A ceci, Maître : si l’idiotie est le contraire de la sagesse, alors, il faut un très grand sage pour contrebalancer un très grand idiot.

- C’est ce qui arrive parfois dans les contes de fée. Dans le monde de tous les jours, hélas, on rencontre pas mal d’idiots mais les sages ne courent pas les rues. Je veux parler des vrais, naturellement, pas des charlatans qui font commerce de leur prétendue sagesse.

- J’en ai connu de ceux-là, du temps où je régnais, Maître. Ils s’agglutinaient autour du trône comme des nuées de taons sur la croupe d’un cheval fourbu. Ils m’offraient leur soutien et me faisaient payer cher leurs conseils. Ils tenaient boutique de sagesse, mais ils n’avaient pas le moindre échantillon en vitrine.

- Il n’y avait vraiment pas de sage, à ta Cour ?

- Tu penses bien que non, Maître. S’il y en était venu un, il aurait pris ses jambes à son cou à peine dans les murs. Une cour princière ressemble à un bocal grouillant de scorpions. C’est une maison de fous où règne la loi du plus impitoyable. Par chance, c’était moi. Non, il n’y avait pas de sage en mon palais, et si j’en avais démasqué un, je l’aurais fait mettre à mort sur-le-champ. Pour insolence. La sagesse est un luxe de faible.

- Tu devais être un monarque terrible, je n’en doute pas.

- Oh, pas plus que mon père, ni que son père à lui, d’ailleurs. Nos sujets s’étaient faits à la poigne de fer de notre lignée. Elle les rassurait. Ils pensaient qu’elle s’abattrait avec autant de vigueur sur leurs ennemis. En bref, la sagesse était bannie de ma Cour. En revanche, je t’ai déjà dit que la bêtise y foisonnait. Mais parmi tous ces imbéciles, il y avait un véritable idiot, un homme dont la stupidité défiait l’entendement. Je ne parle pas d’un pauvre idiot de naissance, victime d’un maléfice congénital. Non je parle d’un idiot sain d’esprit et de corps, un idiot qui s’est fait lui-même, quoi.

- Oh, je te vois venir. Toi tu meurs d'envie de me raconter une histoire !

- Et quoi d’autre, Maître ? D’autant que celle-ci s’accorde à merveille à notre sujet du jour, la bêtise.

- C’est toi qui en as fais le sujet du jour, faux jeton ! N’importe, continue. Je suis curieux de voir ce qu’un imbécile peut raconter à propos d’un idiot.

- Merci, Maître. Je n’en attendais pas moins de ta bienveillance. L’homme dont il est question occupait une fonction très subalterne à ma Cour. Même s’il avait été de bonne naissance, il n’aurait pas été apte à grand-chose. Mais son père était commis de cuisine au Palais et sa mère lingère du personnel domestique. Des serviteurs de serviteurs, en quelque sorte. Cela n’aide pas à faire carrière. Lorsque je l’ai rencontré, il travaillait à la buanderie. On pensait peut-être que sa bêtise fondrait sous l’effet de la chaleur.

- Il y a une certaine logique là-dedans. Qu’allais-tu faire dans cette buanderie ? Je t’imagine mal en train de repasser ta tunique ou essorer les draps de soie de ta concubine.

- J’y allais précisément pour rencontrer cet homme.

- L’idiot ? Toi, le Prince, tu as condescendu à te mêler aux lingères et aux repasseuses simplement pour rencontrer un idiot ?

- Oh mais ce n’était pas n’importe qui, que cet idiot-là. Je ne me serais pas déplacé pour le premier imbécile venu, tu penses bien, Maître. D’autant que j’avais ce qu’il fallait autour de moi ! Mais de celui-là, on me rabattait les oreilles du lever au coucher. Depuis mon insolente favorite jusqu’au plus modeste de mes chambellans, tous chantaient ses louanges.

- Ses louanges ?

- Enfin c’est une façon de parler, Maître. Je veux dire par là qu’ils ne tarissaient pas d’épithètes sur l’étendue de sa bêtise. Elle était tout à la fois une source de raillerie, d’étonnement et même d’admiration. Une foule d’anecdotes plus extravagantes les unes que les autres couraient sur lui et le petit peuple, toujours gouailleur, en avait fait le héros d’innombrables histoires drôles – généralement du plus mauvais goût. Inutile de te dire que les plus drôles et les plus grossières ne tardaient pas à remonter jusqu’à moi.

- Oui. Le modeste chambellan aura plaisanté avec la chambrière, laquelle se sera confiée au valet de pied son époux, qui n’aura pas manqué de bavarder avec l’une de tes concubines. C’est ainsi que se propagent les histoires drôles. Les autres aussi, d’ailleurs.

- Cet idiot-là était devenu une manière de célébrité. Les curieux et les gogos auraient envahi le Palais rien que pour venir voir l’objet de leurs moqueries. J’ai dû faire sévèrement bastonner un de mes meilleurs intendants. Moyennant une roupie d’argent, il faisait entrer clandestinement au Palais des jeunes femmes de la meilleure société pour leur faire voir le phénomène.

- L’idiot aurait dû quitter ton service. Sa fortune était faite.

- On ne quittait pas le service du Prince comme cela. Ses parents servaient mon père, celui-ci me servait, ses enfants, s’il en avait, serviraient mon héritier. Et puis rappelle-toi, Maître, il était complètement idiot. L’idée de monnayer sa bêtise ne lui serait même pas venue. A force d’ouïr ses faits d’armes, je conçus quelque ombrage de cette notoriété.

- Cela ne me surprend guère. Que vaut le prestige du Prince si le dernier des idiots fait davantage parler de lui ?

- Je ne te le fais pas dire, Maître ! Aussi décidé-je de voir ce que le bonhomme avait dans son sac. Immédiatement, le chef de ma garde donna l’ordre qu’on m’amène le faquin dare-dare, dûment enchaîné. Je m’y opposai et exigeai de le rencontrer sur son lieu de travail. Je ne voulais pas d’un captif tremblant de peur prosterné à mes pieds sous la menace d’une pique. La terreur aurait pu le faire réfléchir.

- Il arrive en effet que la peur donne des ailes à un cul-de-jatte. Pourquoi ne donnerait-elle pas de la jugeote à un abruti ?

- En effet, Maître. Lorsque j’ai voulu entrer dans la buanderie, mes gardes tentèrent de m’en dissuader. La chaleur y était trop vive et la vapeur risquerait de me suffoquer. J’ai répondu que je me rendais tous les jours à mon hammam, et que je n’y passais pas moins d’une heure dans l’étuve. On me conduisit au quidam. Tous les employés présents étaient figés de respect et d’appréhension. Lui continuait à travailler comme si de rien n’était. Enfin son contremaître sortit de sa stupeur et l’empoigna rudement. « Arrête, imbécile. Sa Majesté le Rajah est ici et voudrait te parler, tu comprends ? » Rien n’indiqua qu’il ait compris ou non ce que lui vociférait la brute, mais il se laissa traîner docilement jusqu’à moi. C’était un idiot obéissant. « Ainsi c’est toi l’idiot du village ? » lui dis-je « Parmi tous ces imbéciles, c’est toi qui qu’ils ont choisi pour maître ? » Bien entendu, le pauvre bougre n’entendait rien à mes propos, mais il n’en rosissait pas moins de plaisir lorsque je parlais de lui. Cela m’agaça prodigieusement. Je n’étais pas un prince modèle.

- Tu n’es pas un disciple modèle non plus. Mais il faut bien que je me contente de toi : tu es le seul que j’aie.

- J’ai voulu mesurer sa bêtise. Et la mienne par la même occasion. Je lui parlais en ces termes : « Tu te mesures à moi, vermisseau ? Tu te crois à l’abri dans ton antre embrumée ? Eh bien je vais t’arracher à ton obscurité et te jeter en pleine lumière. On verra si tu feras autant le malin. »

- Que comptais-tu faire ?

- J’avais toujours eu autour de moi des conseillers aussi stupides que fourbes et corrompus. J’ai voulu en nommer un qui ne fût qu’idiot. Idiot au point de n’être ni fourbe ni corrompu. Il ne serait pas de plus mauvais conseil et me coûterait moins cher. C’était tout bénéfice. Le soir même, c’était chose faite, et dès le lendemain, l’idiot siégeait en mon conseil privé. En tunique brodée d’or, coiffé d’un turban de soie piqué d’un rubis, et sentant le parfum coûteux. La ressemblance avec un vrai ministre était frappante.

- J’imagine comment les autres membres du conseil ont pris la chose.

- Ils en auraient mangé leur barbe mais ils ne mouftaient pas. Il n’aurait plus manqué que cela ! Et puis la présence d’un imbécile de plus au conseil ne changeait guère les choses. Il ne déparait pas dans le tableau. S’il était vraiment aussi stupide qu’on le racontait, chacun se sentirait un peu plus sage, par comparaison.

- Que valaient ses conseils ?

- Guère plus que ceux des autres conseillers, mais comme il était en désaccord sur tout avec tous, je suivais les siens. Le royaume ne s’en portait pas plus mal et moi j’étais soulagé du fardeau de la décision. Au bout du compte, c’était toujours le hasard ou le Destin qui décidaient du cours des choses, et l’idiot n’était ni plus imprévisible ni plus cruel qu’eux. Il me fit mener des guerres que je perdis et d’autres que je gagnais. Si j’avais écouté mes conseillers habituels, j’aurais gagné les premières et perdu les secondes. Il fit vaciller les finances du royaume par son ignorance des principes de l’économie, mais les rétablit en dépensant encore plus. Les royaumes voisins se disputaient le privilège de prêter de l’argent à un état si prodigue de ses deniers. Lorsque survint la grande sécheresse, il se distingua en faisant construire d’immenses digues sur les rives des cours d’eaux desséchés. Les grands travaux le réjouissaient. La sécheresse dura trois ans, mais lorsqu’elle prit fin, tous les fleuves du royaume débordèrent. Seules les digues de l’idiot sauvèrent les maigres récoltes.

- Tu es sûr qu’il était si idiot que cela, ton idiot ?

- Oh il l’était, Maître, c’est indéniable. C’est tout juste s’il était capable de mettre un pied devant l’autre. Et encore : il se cassait la figure dix fois par jour. Il était bête à manger du foin, comme on dit, mais je le nourrissais d’ortolans et de gâteaux à la cannelle car tel était mon bon plaisir. Dans leurs plaisanteries, mes sujets m’associaient désormais à lui. Il était mon mentor, mon âme damnée, celui qui faisait la pluie et le beau temps dans le royaume, mais en mon nom. Les blagues n’en étaient que plus drôles et inconvenantes. J’ai dû sévir : cette fois-ci elles s’en prenaient à la Majesté Royale. J’ai ordonné qu’on saisisse quelques plaisantins.

- A feu vif, je suppose. La cruauté est un vice de puissant.

- Tu as raison, Maître. J’étais alors un monarque cruel. C’est pourquoi je suis devenu un disciple respectueux. Le respect désarme la cruauté. Après avoir réglé leur compte aux farceurs, j’ai décidé de me séparer de l’idiot. Il avait assez régné à ma place. Désormais, s’il y avait des bêtises à faire, je les ferais moi-même. J’y parvins sans peine.

- Je le crois volontiers. Et l’idiot ?

- Je lui ai donné assez d’argent pour qu’il se retire à la campagne avec ses parents. Il paraît qu’il s’y épanouit et que sa notoriété fait la prospérité de son village. Il a épousé la fille du maire et on songe à lui pour lui succéder.

- Belle histoire, ma foi ! Et quelle morale en tires-tu ?

- Il en faut vraiment une, Maître ?

- Et comment, béotien ! A belle histoire, bonne morale. C’est l’usage. Par ici la morale.

- Eh bien Maître, oserais-je dire que la morale de cette histoire est que la très grande bêtise a parfois les mêmes effets que la plus grande sagesse ?

- Moi je dirais plutôt qu’à la cour des imbéciles, l’idiot est roi.



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Message  Invité Mer 4 Mar 2009 - 11:03

Les morales sont un peu décevantes car trop classiques à mon goût, et le texte s'étale un peu trop complaisamment, toujours à mon goût. Mais je me régale, comme d'habitude, avec cette écriture légère, aisée !

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Message  Invité Mer 4 Mar 2009 - 15:42

C'est bien sûr une excellente lecture, un texte divertissant, parfaitement écrit, avec ces traits d'humour fins... mais j'attendais une démonstration plus significative, une illustration plus pratique de l'idiotie. Ainsi, l'ensemble me semble manquer un peu de force, de conviction et je termine ma lecture avec un sentiment de quelque chose de dilué, un peu noyé dans les détails, goûteux mais pas assez... Exigences de lectrice gâtée, désolée :-)

NB : "antre" est masculin ("dans ton antre embrumée", une faute d'inattention, je présume)

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Message  Evanescent Mer 4 Mar 2009 - 17:03

J'ai aussi été déçue par la banalité des morales. Trop facile pour toi.

Mais à part ça un texte très agréable, comme d'hab :-) On ne se lasse pas de te lire.
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Message  lol47 Mer 4 Mar 2009 - 17:15

Easter(Island) a écrit:C'est bien sûr une excellente lecture, un texte divertissant, parfaitement écrit, avec ces traits d'humour fins... mais j'attendais une démonstration plus significative, une illustration plus pratique de l'idiotie. Ainsi, l'ensemble me semble manquer un peu de force, de conviction et je termine ma lecture avec un sentiment de quelque chose de dilué, un peu noyé dans les détails, goûteux mais pas assez... Exigences de lectrice gâtée, désolée :-)

NB : "antre" est masculin ("dans ton antre embrumée", une faute d'inattention, je présume)
Pas sur, une antre , un antre ? La langue française est vraiment compliquée.

J'aime.
Parce que les béotiens ne sont pas tous où on les attend.
C'est à dire là.
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Message  Invité Mer 4 Mar 2009 - 19:02

lol47 a écrit:
Easter(Island) a écrit:
NB : "antre" est masculin ("dans ton antre embrumée", une faute d'inattention, je présume)
Pas sur, une antre , un antre ? La langue française est vraiment compliquée.
sûr de mon côté : j'ai vérifié, par acquit de conscience ;-)

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Message  mentor Mer 4 Mar 2009 - 21:03

moi j'aime bien, j'apprécie toujours autant, autant que tes autres productions
dans la même veine, avec le même humour, j'adore ce couple improbable
et puis je voyais ce conseil dans lequel un idiot de plus entrait sans dépareiller l'ensemble, j'imaginais notre conseil des ministres du mercredi et je trouvais la comparaison tout à fait plausible ;-)
merci Gobu

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Message  Roz-gingembre Jeu 5 Mar 2009 - 17:47

Peut-être un peu long mais j'ai quand même aimé.
Et si la chute était la réponse à la question : il est où le drame dans tout ça?
Parce que évidemment, c'est dramatique.
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Message  Krystelle Jeu 5 Mar 2009 - 19:00

La dialectique est bien menée, la plume est élégante. Il y a néanmoins des longueurs dont le texte aurait pu se passer.
Et puis, j'ai toujours cette petite réserve sur les textes entièrement dialogués, il me manque un décor, un contexte ou une atmosphère. De plus, je trouve que ça bride souvent la plume, le style même si ici, tout ceci est compensé par la dimension particulière du texte et son aspect "conte philosophique".

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Message  Arielle Ven 6 Mar 2009 - 17:19

Toujours aussi savoureux Gobu, même quand tu tires un peu, comme ici, dans la longueur.
A lire la façon dont le disciple s'étale complaisamment sur sa vie antérieure, j'en viens à me demander s'il ne serait pas pris d'une certaine nostalgie et si la vie d'ascète qu'il mène actuellement auprès de son maître ne lui pèse pas un tantinet ... Me trompe-je ?

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Message  Gobu Ven 6 Mar 2009 - 18:05

Arielle a écrit:j'en viens à me demander s'il ne serait pas pris d'une certaine nostalgie et si la vie d'ascète qu'il mène actuellement auprès de son maître ne lui pèse pas un tantinet ...

Ha ha, la nostalgie, là est là question ! Mais la vie d'ascète ne lui pèse pas. Elle est en fait bien plus facile que la vie au milieu d'un bocal grouillant de scorpions... :o)
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Message  Sahkti Jeu 12 Mar 2009 - 11:15

Le retour du Maître et du Disciple :-)
Le retour également de cette impression, déjà ressentie dans d'autres textes de la série, que le disciple finit par prendre peu à peu le dessus sur le maître, tant en bon sens qu'en pertinence.
J'ai eu un peu de mal à accrocher à l'idée de ce roi qui n'est plus roi et vient chercher l'enseignement, ça ne colle pas vraiment avec l'image que je me suis faite du disciple mais après tout, l'imagination est faite pour être bousculée.
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Message  Sahkti Jeu 12 Mar 2009 - 11:16

Grrrrrr je poste sans terminer :-)

Le texte se lit avec un plaisir certain, les personnages sont attachants pour diverses raisons. Juste un regret, léger mais présent, sur la linéarité de l'histoire et de la leçon à en tirer; cela manque de grinçant à mes yeux et l'impertinence qui y couve n'est pas assez exploitée à mon goût. Tu nous as habitué à plus piquant, plus incisif :-)
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Message  Lucy Ven 13 Mar 2009 - 23:30

M'a paru un peu long, mais toujours aussi plaisant de retrouver la plume de Gobu.
J'ai été étonnée que le disciple ait été prince. On en apprend à chaque nouvel épisode.
A quand le suivant ?
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Message  Gobu Sam 14 Mar 2009 - 15:48

Lucy a écrit:J'ai été étonnée que le disciple ait été prince.

Il est en est fait mention dans plusieurs épisodes déjà postés sur VE, notamment "Opium, jeunes filles et vieux mandarins" et "De l'or, des aumônes, etc..."

Le prince qui renonce à tous ses biens et son pouvoir pour se consacrer à l'ascétisme est un thème récurrent dans toute la littérature édifiante orientale. Le plus célèbre étant évidemment Gautama Siddharta, qui fit par la suite une assez belle carrière sous le nom du Bouddha.

Dans l'esprit de ces personnages, il suffit de connaître la déchéance, l'exil et la misère pour trouver sa voie et acquérir la sérénité. Bien entendu, il s'agit d'une illusion. Le futur Bouddha a erré dix ans sur les chemins, vivant d'aumônes, partageant le pain - ou sans doute le riz - des plus pauvres et se dévouant à eux nuit et jour, sans que son sentiment de frustration en soit le moins du monde diminué. Ce n'est que lorsqu'il connut l'illumination et accéda à l'éveil qu'il put réellement trouver sa voie, qui était d'enseigner la sagesse à ses contemporains. Et aux autres...

C'est ce que mon maître oriental voudrait bien faire comprendre à son disciple. Ca prendra le temps qu'il faudra. :o)

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Message  Lucy Mar 17 Mar 2009 - 1:33

Désolée Gobu, je n'ai pas lu tous tes textes... Prise en flag' ! Et, de plus, j'ai une mémoire de poisson rouge, ce qui fait que j'ai pu passer à côté.

On ne m'y prendra plus ! ^^
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Message  Chako Noir Jeu 2 Avr 2009 - 12:33

Sur un sujet pareil, forcément que le sage et son disciple étaient attendus... juste un peu déçu de la façon dont tu annnonces le sujet, dès le début "et si on parlait de la bêtise?" ça fait presque dissertation et deux lignes plus loin j'attends le grand 1 petit a (bon, j'exagère un peu)
Je préfère quand le côté moral vient de lui-même, et de façon plus sous-jacente. (Par exemple j'avais adoré les deux épisodes que tu cites un peu plus haut)
Et j'en viens à me demander s'il n'y aurait pas un peu de Bouddha dans Zarathoustra... (non en fait mes derniers cours de philos ont consisté en la mise en parallèle de l'oeuvre nietzschéenne et du Nouveau Testament, c'est pour ça que j'y pense)
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Message  Gobu Jeu 2 Avr 2009 - 14:31

Chako Noir a écrit: juste un peu déçu de la façon dont tu annnonces le sujet, dès le début "et si on parlait de la bêtise?" ça fait presque dissertation et deux lignes plus loin j'attends le grand 1 petit a (bon, j'exagère un peu)

Tu as naturellement un peu raison, mais il n'oublie pas qu'il s'agit d'un maître et de son disciple, donc son élève. Le mot discipline, qui dérive de disciple, désigne d'ailleurs à la fois l'ensemble des règles qui encadrent la transmission du savoir et les différents champs qui le constituent. C'est pourquoi nombre de ces dialogues commencent par la définition du sujet de l'entretien.

Quant au lien entre Zarathoustra et Bouddha, il ne faut pas confondre, je crois, le Zarathoustra lyrique et sublimé de Nietzsche et le véritable Zoroastre, fondateur d'une religion monothéiste passablement rigoureuse qui compte encore des adeptes, particulièrement en Iran.

:o)

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Message  Chako Noir Sam 4 Avr 2009 - 16:45

Oui, c'est bien du Zarathoustra de Nietzsche que je parlais. Je savais que le personnage était tiré d'un modèle réel, mais je savais pas que sa secte (ou religion, puisque tu le dis) avait encore des adeptes! Zoroaste, tu dis...
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Message  silene82 Mer 17 Juin 2009 - 14:26

Bien que fort friand de chaque miette tombant de ce riche garde-manger où tu serres venaisons et épices, j'ai trouvé l'ensemble longuet et passablement laborieux. Ne pouvant même laisser éclore l'outrecuidante pensée qu'à évoquer la chose, on s'en peut imprégner, je conclus donc que le texte ne demanderait qu'à être resserré pour devenir excellent, mais qu'en l'état il se lit fort bien: manque simplement la pointe.
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Message  Invité Jeu 22 Juil 2010 - 5:41

- Il arrive en effet que la peur donne des ailes à un cul-de-jatte. Pourquoi ne donnerait-elle pas de la jugeote à un abruti ?
Discutable !

J'ai bien aimé, en grande partie en raison des vraisemblances de l'idiot avec un eunuque de cour. Je n'ai jamais été "mis au parfum" de la publication de cette série "maitre et disciple" dans sa totalité. Elle est disponible, oui ou non ?

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LES IDIOTS : Histoire de l'Idiot Empty Re: LES IDIOTS : Histoire de l'Idiot

Message  silene82 Jeu 22 Juil 2010 - 8:36

Seul l'auteur peut répondre, qui sait s'il serre d'autres joyaux par devers-lui. Mais bon nombre figurent au catalogue, toujours délicieux à lire, et parfois triomphants.
Gobu est sans doute celui, avec socque, et quelques autres, qui sait le mieux la langue, ce qui peut même, parfois, atténuer la portée du fond : la qualité de la forme réjouit tant, qu'on ne loue pas assez le contenu.
Ce que j'aime chez eux, et il faudrait y ajouter Ba et d'autres, c'est que leur langue puise dans le corps immense de siècles d'écrits, jusqu'aux mues récentes, en jonglant dans les registres de langues et les parlers vernaculaires, en illustrant le mot dans l'écrin qui lui sied : l'art est là, puisque nous célébrons le deuil d'un langue mourante, équarrie et démembrée, quand son génie mettait la syntaxe au service de l'idée.
Le constat n'est pas neuf, de Blanchot à Millet, l'écho est unanime : à vouloir égaliser, on a raboté. Au lieu de promouvoir la joie que donne la langue célébrée, magnifiée, rendant compte du monde à travers la francité, qui est un certain regard. Qui a fait mieux que Tocqueville, dans son analyse du Nouveau Monde ?
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