Chronique d'un anomique

[Sergei]

Quand j'ouvris la porte, je compris tout de suite à quoi j'avais affaire, et pourquoi on m'avait envoyé là. Le type était un énorme porc. Ouais, énorme et sale. Il puait. Il puait tellement que ça faisait contraste avec son bureau si propre et tout en verre, bien patronal. Il tripotait un stylo Mont-blanc qui devait probablement blâmer les cieux tout entier pour être tombé dans des mains si grasses. Alors je m'approchais du bureau, comme le voulait la procédure habituel.
Assied-toi, qu'il m'a dit. Soit il était du genre à devenir intime au premier regard, soit il me prenait littéralement pour une merde. Derrière son fauteuil qui étouffait sous sa masse et qui grinçait au moindre geste de ce mastodonte du business, un homme très maigre, dans un superbe costume, avec une gueule comme on en fait plus. Il était maigre, certes, mais tout rouge et blanc. Des cheveux blancs-blonds gras et répugnant gominés vers l'arrière. Mais surtout, des petits yeux de fouine. De fouine vicieuse.
"Alors comme ça t'es intéressé par le poste. T'as déjà fait ça dans ta vie au moins?"
Le gros porc me parlait mal, et ça me foutait en rogne. Mais je devais rester calme, ou du moins le paraître.
"Non, je n'ai jamais fait ça de ma vie, monsieur."
Avant même que je ne continue, il éclata d'un rire qui semblait aussi intoxiqué que lui par le cigare. La fouine riait, elle aussi, mais discrètement.
Alors monsieur Prost repris la parole:
"Tu comprends bien que je peux pas donner un poste pareil à un type sans expérience."
Il jeta un petit regard à son acolyte comme pour dire et toc, t'a vu ce que j'lui ai mis.
"J'ai pratiqué le Judo pendant cinq ans, monsieur. J'ai décroché la ceinture noire récemment, et je sais faire preuve de sang-froid."
Il me regarda avec insistance, comme pour m'intimider, et lâcha enfin son jouet. Après avoir lancé un autre regard à son acolyte, il m'annonça clairement qu'il en avait rien à foutre, et qu'il voulait un type avec de l'expérience, et que c'était tout.
Alors je me suis levé. Comme pour me ridiculiser, sa fouine me raccompagna jusqu'à la porte. Quand elle tendit sa main vers moi, elle fut foudroyé par une prise bien enclenchée avant de s'écraser sur le sol. Alors le gros il a rit, ouais, comme son fauteuil grinçait sous ses agitations graisseuses. Il s'est bien marré en m'annonçant que finalement j'avais le job. Par contre, il a pas rit longtemps.

Le lendemain matin, dans les journaux, une rubrique était consacré à un magnat du soja retrouvé mort en compagnie de deux de ses trois gardes du corps dans une suite du Palazo. Le dernier garde avait littéralement disparu. Et moi, je me faisais bronzer avec l'argent du contrat.

[Invité]

Une narration efficace, mais la chute est vraiment amenée trop à l'avance, je trouve.

[Invité]

Voilà une affaire rondement menée, un texte dynamique, qui se lit avec plaisir ! J'ai trouvé que les personnages étaient repoussants à souhait sans être excessivement caricaturaux.
Peut-être que tu aurais pu donner quelques mots d'explication sur les gardes du corps - les 2 morts et le disparu- de la fin, parce que là ça fait quand même un peu bâclé.
Des fautes ici et là et un truc qui chiffonne la chipoteuse que je suis :
si le garde du corps est derrière le fauteuil du boss, comment ce dernier peut-il, sans des contorsions sûrement malaisées, lui lancer/jeter des regards assez fréquents ? Pourquoi ne pas le placer plutôt sur le côté ?

[Hellian]

J'aime beaucoup le ton « polar », enlevé, vif et pertinent. La description des personnages est très évocatrice. On y est.En revanche, je suis d'accord avec Easter: la fin est totalement bâclée, style « cheveu sur la soupe ». C'est dommage, car la soupe était bonne. Pour ma part, je retire le dernier paragraphe, et j'ai un extrait de polar attrayant. Évidemment, il reste l'orthographe et ses approximations...

[Sergei]

Merci à tous pour vos commentaires. C'est vrai qu'en me relisant je me rend compte de la rapidité de ma chute. A vrai dire, j'étais tellement lancé dans la description de la première scène que je n'avais pas de coeur à m'appliquer sur la chute. Mais je retiens la leçon, on ne m'y prendra plus ^^

[mentor]

pourquoi on n'a pas retrouvé le 3ème garde ? le type l'a bouffé ? ;-)

et "anonique", ça veut dire quoi ?

en tout cas, ça te plait d'écrire, ça se sent
donc vas-y mais en essayant de te calmer un peu peut-être, en prenant un peu plus de temps pour raconter, même si tu veux garder cette dynamique qui se ressent bien ici
mes encouragements

[Sergei]

Salut Mentor! En fait le troisième garde est le héros et aussi l'assassin de monsieur Prost.

Anomique c'est un terme surtout utilisé en Socio (je suis en ES^^). Ca désigne un délinquant, un criminel, en marge de la société.

Je t'avoue que j'aime beaucoup écrire. C'est pour ça que ce site est une bénédiction pour moi.

Merci de ton commentaire. Je tâcherai de me calmer au niveau de la rapidité et du bâclage.

[mentor]

En fait le troisième garde est le héros et aussi l'assassin de monsieur Prost.

merde, j'avais pas percuté !
je croyais qu'il devait se faire embaucher pour tuer quelqu'un, un "contrat" comme on dit dans les polars
ok, c'est plus clair

chuis nul

[Sergei]

Mais en fait ça je ne l'ai pas dit, mais il s'est en fait fait embaucher. Si tu veux ce texte pourrait être l'extrait d'un truc qui me trotte dans la tête depuis peu. Et j'envisageai une période du livre où il serait tueur à gage.

Mais non tu n'es pas nul Mentor voyons! C'est probablement moi qui n'ai pas été assez clair dans mon texte.

[mentor]

et arrête de répondre à chaque message, ça garde ton texte en tête de page tout le temps ! Ya bien un modo qui va finir par passer pour t'engueuler...

[Sahkti]

Tout cela me semble assez cousu de fil blanc. Cela ne veut pas dire que c'est mal écrit mais je ne me suis pas vraiment laissée happer par l'histoire, je pouvais deviner ce qui allait arriver et c'est un peu dommage.
Il me semble que certains aspects sont un peu trop survolés, alors que tu forces le trait sur d'autres éléments, comme par exemple ces personnages que tu tiens à tout prix à nous rendre répugnants. Histoire de créer un pardon implicite autour de leur mort?
Bref, tout cela me paraît très léger, désolée.

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