Marco

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Le tabac fait tousser…

En principe il ne faut jamais fumer. C’est mauvais pour la santé. C’est ce que disait Marco.

Marco détestait le tabac, et il disait qu’on ne pouvait le tolérer qu’à table, et à condition que ce soit un cigare ou une pipe. Il n’a jamais aimé la cigarette.

Il voulait toujours que j’arrête de fumer.


Marco aimait beaucoup les fleurs et adorait en offrir.

Mais il ne m’en offrait jamais parce qu’il savait que le tabac les ferait se sécher. Remarque, il existe des fleurs qui sont belles quand elles sont sèches mais alors elles n’ont plus le même parfum qui n’est plus aussi frais.

Marco avait la manie de toujours accrocher un œillet à sa veste quand il allait à des soirées habillées. Beaucoup trouvaient ça un peu curieux et inhabituel pour un jeune homme mais il avait pourtant la classe dans toute situation, et particulièrement celles où il fallait être bien habillé.

Charlotte le savait puisqu’il lui avait offert une rose ce soir-là. C’était une belle rose, de couleur jaune. Il paraît que c’est la couleur de la jalousie. Marco devait sûrement le savoir…

Il aimait faire transparaitre ses émotions à travers des détails.

Beaucoup ne le comprenaient pas, mais il ne demandait pas à être compris par beaucoup. De toute façon, il aurait été très prétentieux de dire qu’on connaissait Marco. Au fond, qui le connaissait ?

C’était un garçon tellement compliqué mais simple à la fois. Il aimait les petits plaisirs de la vie, comme boire un chocolat chaud ou se reposer dans un fauteuil en écoutant de la musique. Il avait un goût certain de la vie.

C’était un peu un excentrique au fond.


Pourtant il passait inaperçu. Il respirait la joie de vivre. Je suppose qu’il devait être vicieux, dans le fond. Je l’aimais bien. Je me demande s’il aurait aimé tout ce bruit… Il aimait beaucoup le silence…


Il n’est pas bon de vivre au sein d’une communauté trop étroite… à moins que ce ne soit une question d’habitude… Marco le savait sans doute.

On ne savait pas d’où venait Marco, et on ne le sait toujours pas… mais est-ce bien important ? Il était là et puis c’est tout.

Dans un sens, il s’est intégré chez nous comme si de rien était, en l’espace de quelques temps on avait appris à évoluer avec lui et il s’était habitué à nous. On s’entendait bien !


Marco m’invitait quelques fois chez lui… C’était très bien arrangé, très gentil. Peu de couleurs mais c’était tout de même convivial. J’ai dormi plusieurs fois chez lui, il insistait pour être à mes petits soins, c’était rigolo. J’étais moi-même bien content, ce garçon avait le cœur sur la main.

Pourtant il était timide, il rougissait souvent quand je lui adressais la parole. Pourtant je ne l’aurais pas mangé ! Mais je suppose que cela devait être des restes de son début d’intégration dans notre région.


Je me rappele de la fois où on était allé au bord de la rivière avec Olivier. Il faisait beau et chaud, on s’était baigné. Tous les trois nus à patauger dans l’eau froide, mais avec un courant très fort. C’était très amusant. Marco avait commencé à m’agripper pour me faire couler, j’avais bu la tasse plusieurs fois, et il éclatait de rire à chaque fois.

Pourtant Marco n’était pas un grand sportif. Au contraire, il était assez intellectuel, bien plus que moi en tout cas.
Il était passionné d’histoire et de géographie… Parfois il me parlait des rois de France pendant des heures avec un regard brillant et passionné. Moi je l’écoutais par politesse mais je serais incapable de répéter quoi que ce soit aujourd’hui. Pourtant il avait de la science.

Il savait s’amuser aussi. Il venait toujours à nos soirées. Il me demandait toujours s’il pouvait me déposer chez moi quand on partait.

Marco était assez distant de tout le monde mais il était très fidèle à ses amis. Je pense que j’étais son meilleur ami ici. Il n’était pas le mien, j’ai mes amis d’ici depuis l’enfance mais je l’aimais bien. Et surtout j’aimais bien le fait qu’il se soit attaché à nous et à notre région.


Marco respirait la joie de vivre, vraiment. Il était presque toujours d’agréable compagnie, même s’il n’aimait pas la fumée de la cigarette.

Je lui avais dit il y a un mois que Violette et moi nous allions nous marier. Il avait été ravi pour nous et avait insisté pour nous inviter au restaurant pour fêter ça. Il n’était pas obligé mais c’était absolument adorable de sa part. L’idée d’en faire un de mes témoins m’était même passée par l’esprit.

Ce qui m’avait plu c’est qu’il n’avait pas été choqué du fait que je veuille me marier à 23 ans. La plupart de mes autres amis, et même mes meilleurs amis avaient été estomaqués ! Lui avait été là, souriant comme à son habitude. Il avait même versé quelques larmes de joie, même s’il avait essayé de les dissimuler.


Marco était un garçon sensible. Il gardera pour le restant de ma vie une place dans mon cœur.


J’ai toujours du mal à comprendre pourquoi il s’est pendu…




FIN

[Invité]

Un portrait par petites touches, agréable à suivre même si on comprend d'emblée que le gars est mort. Du coup on n'attend plus que ça, la fameuse révélation... Par ailleurs, la clé du texte est un peu caricaturale. Mais enfin l'écriture est soignée et on se laisse entraîner avec plaisir dans ce courant languissant ; il ne faudrait pas que le texte fût plus long.

Bienvenue sur Vos Ecrits, à vous relire bientôt !

[Invité]

Oui c'est un portrait tendre, nostalgique. Toute la lecture est tendue vers la fin dont on attend qu'elle apporte une réponse à l'espèce de mystère qui s'installe d'emblée. Et la fin ne déçoit pas nos attentes.
Si le choix de l'imparfait indique bien en effet tout de suite que Marco n'est plus, personnellement, je n'étais pas absolument sûre qu'il soit mort, je pensais qu'il aurait pu avoir quitté les lieux, tout simplement...

J'ai repéré dans le texte la répétition fréquente de "pourtant".

Et ici, je n'ai pas trouvé de vrai lien logique entre les idées :

Pourtant il passait inaperçu. Il respirait la joie de vivre. Je suppose qu’il devait être vicieux, dans le fond

[Phoenamandre]

C'est vraiment très prenant. Marco était quelqu'un de bien et je me suis pris d'affection pour lui au long du texte, la fin me rend triste comme chaque lecteur je pense

[Invité]

Même interrogation qu'Easter sur le lien.
J'ai apprécié l'écriture, qui traduit très bien la non implication du narrateur, sa façon détachée de ne pas comprendre...
Un texte où le fond et la forme coopèrent bien, pour notre plaisir.

[Sahkti]

Quelques petites maladresses et répétitions dans le texte, des mots qui reviennent trop souvent.
Ainsi qu'une impression de pas tout à fait complet par moments, comme si il manquait des morceaux pour qu'on comprenne bien toutes les pièces du puzzle. Bien sûr, il faut entretenir le mystère, surtout dans un tel texte à chute mais tout de même, il y a un brin d'hermétisme pas forcément utile.
Sinon, joli portrait, avec un type qu'on a envie de connaître.

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