Chenille processionnaire...

[Ba]

La foule noire s'avance
Aux falaises d'entre tas
Dans la gracieuse danse
Des convois funéraires

Les veufs et les enfants
Courbés dans leurs abats
Portent deuil coronaire
Cadencé par les vents

La défunte frivole
Jamais ne les aima
Sa bière dans la carriole
S'émousse en motte déjà

Il pleut sur les melons
Les costumes croisés
Les graves pantalons
Les papillons froissés

L'aluminium aux cils
Argente les sanglots
De la famille fossile
Escortée de grelots

Dans un dernier sursaut
La couronne dégringole
Les roses dans le ruisseau
Pétalent la rigole

Elle part comme venue
Sans fleurs ni long discours
Le moment convenu
Se tient à contre-jour.

[Invité]

Une belle cruauté !

[Arielle]

Féroce et drôle, j'aime !
Je me suis amusée à rétablir l'ordre des vers un peu bousculé dans les deux premières strophes, mais les vents ont soufflé, je m'incline ;-)

Il pleut sur les melons
Les costumes croisés
Les graves pantalons
Les papillons froissés

Savoureux !

[Roz-gingembre]

Une belle cruauté !

On pourrait même parler de virtuosité, tant ce texte pose un regard sans concession sur cette chenille dont à n'en pas douter il ne sortira aucun papillon.

[Invité]

Brassens et Prévert mélangés, du Ba tout pur. Rien à enlever, rien à ajouter. J'adore en l'état.
Quelle plume humoristiquement féroce tout de même, ça fait du bien !!

[mitsouko]

moins classique que Brassens, plus féroce que Prévert
la comédie humaine en 7 strophes
quel talent !!!

[Invité]

J'ai grandement apprécié sauf ceci :

Aux falaises d'entre tas

que j'ai trouvé gros comme une montagne.

[Sahkti]

C'est gracieux un convoi funéraire ? :-)

Entre ironie et cruauté, mon coeur balance. J'aurais aimé que ce soit encore un peu plus grinçant, histoire de trouver un autre équilibre entre cette élégance classique et l'impertinence du propos. Je reste un peu sur ma faim même si je trouve tout cela très bien mené.

[Ba]

Quelquefois nous nous donnons beaucoup de peine en cruauté sans jamais égaler l'univers dans lequel la naissance nous a propulsés.
Si ?

[Sahkti]

Ho si... ne serait-ce que parce que chez nous, c'est souvent volontaire.

[Ba]

Pas sûre que la " cruauté " soit uniquement la fille de la volonté, pour moi elle est dans l'innocence aussi.
Cette délicate froideur de la mort gentille offerte par tous les instants de la vie.
Allez, encore un thème d'écriture dans le grenier.

[loic]

propre net lecture limpide effets cinglant, pas de jeu autre que celui de l'agencement des mots, j'aime bien ce style (probablement le + difficile à bien mener)

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