Fantasme

[pierrot]

Socque est totalement fautif: Sans son "anti-romantisme", je n'aurais pas osé publier ici ce texte d'un érotisme brûlant. Que les trop jeunes yeux détournent leur regard mais que les trop vieux s'évitent également cette lecture qui n'éveillerait sans doute que des souvenirs inutiles.

Fantasme furtif

Une chambre, impersonnelle, volets à demi-fermés.
Les instructions : Me déshabiller, me doucher, me coucher, attendre. On allait monter s’occuper de moi.
Sous un simple drap je suis nu et j’attends.
Elle arrive, un sourire limpide et réconfortant. Une blouse rose pâle sur une gorge un peu lourde mais généreuse.
A la main un petit plateau d’accessoires que je ne veux pas regarder et qu’elle pose sur le lit.
Elle enfile nonchalamment une paire de gants latex légèrement translucides. Elle écarte et plie ses doigts pour les assouplir. Elle se penche vers moi et me découvre totalement d’un simple geste.
« Pas trop stressé ?» me demande t’elle d’une voix maternelle et amusée.
Je suis allongé, complètement nu. Elle près de moi, debout en blouse et avec ses gants : Elle me demande si je suis stressé ! Quel est le mot juste ?
Tant pis. J’en rougis un peu mais mon érection est inévitable et évidente.
D’un linge mouillé, au contact froid, elle humidifie largement mon bas ventre. Puis de sa main gauche elle enserre légèrement ma verge et de l’autre, en quelques mouvements précis, rapides, experts, elle rase entièrement ma toison. Elle essuie doucement et contemple un instant la netteté de son travail. Mon pubis est maintenant glabre comme celui d’un enfant.
« Ecartez un peu les jambes, s’il vous plaît ». Je ne peux que me soumettre. Oui c’est ça : Je suis soumis, docile.
Son poignet effleurant mon pénis, sa main enveloppe cette fois mes testicules pour en tendre la peau tandis que le rasoir travaille par un effleurage prudent mais sur.
Je débande un peu. Peur d’être coupé. Mes bourses ne sont plus très joyeuses.
Mais quand le rasoir descend jusqu’à la raie des fesses, l’impression est implacablement érotique et je bande scandaleusement.
Passage de la serviette humide entre les jambes.
Je ne suis plus nu mais dénudé. Cru, exposé.
« Voilà. Maintenant il faut patienter un peu. Ca ne sera pas long. Et dans un sourire plein de promesses, elle ajoute en me recouvrant du drap. « A tout à l’heure ».
Elle est partie, me laissant là, dans cet état.

Elle a tenu sa promesse. La blouse rose au décolleté généreux est de nouveau près de moi.
« Bonjour, comment ça va ? Vous êtes bien réveillé ? »
Je n’ai plus la grande forme, plus la forme du tout. J’essaie bien de bouger un peu mais la sonde fait savoir sa présence.
Mon fantasme s’est évaporé il y a deux heures environ sur la table d’opération.

Pierrot

[Invité]

Bien vu ! J'avoue que je me suis attendue vers les deux tiers du texte à ce que, finalement, le monsieur ne s'éclate pas tant que ça...

Une remarque :
"l’impression est implacablement érotique et je bande scandaleusement." Les deux gros adverbes en "ment" me paraissent trop rapprochés.

[Peter Pan]

Bonsoir pierrot,

j'aime beaucoup mais, peut-être à cause de l'introduction où vous parlez de "vieux", ou à cause de je ne sais trop quoi, on devine presque immédiatement le dénouement (ce n'est pas pour faire mon malin), du coup la chute n'en est plus une.

Vous auriez pu jouer un peu plus sur l'érotisme sans donner de détails trop évidents sur l'aboutissement de l'histoire.
Par exemple, pourquoi pas, au moment où l'infirmière vous rase le pénis, ajouter une phrase type : « sûrement pense-t-elle que c'est plus agréable ainsi »

Cela laisserait peut-être planer le mystère...
Enfin ce n'est que mon sentiment, je me trompe peut-être...

Amicalement...

[mentor]

ma foi, un peu comme Peter Pan, j'ai vu venir le truc sans aucune surprise
sans doute parce que je suis moi-même passé par cette "aventure" (je ne préciserai pas ici si tous les aspects décrits ont été reproduits...)
;-)
un peu trop clinique et descriptif aussi à mon goût, aucune place pour l'imagination laissée au lecteur, un peu dommage

[Invité]

Je crois bien que le titre en dit trop et lève un grand coin du voile dès le départ. Dommage, parce que sans cela - bon public - j'aurais marché quasiment jusqu'au dernier paragraphe explicatif. Bien aimé l'ensemble.

[pierrot]

Bon, alors tous pareils: Vous voudriez tous plus fantasmer hein !
"Un peu moins clinique", "un peu plus sur l'érotisme" on aurait voulu que ça dure plus longtemps.. Tous des cochons je vous dis !
Pour le titre, il s'appelait avant "le rasoir". Trop explicite of course, donc je m'étais dit que "fantasme" entretiendrait le mystère et ici attirerait le lecteur. Encore raté, quoi ! Trop forts sur ce forum, trop habitués à esquisser.
Non, bien sûr que je plaisante. Et je vais utiliser vos suggestions pour améliorer (encore qu'il ne s'agit pas franchement d'un texte à vocation littéraire)
"sans doute parce que je suis moi-même passé par cette "aventure" (je ne préciserai pas ici si tous les aspects décrits ont été reproduits...)" Désolé Mentor, je sens à travers ton propos que ton souvenir est sensiblement différent. Mais ne sois pas jaloux: Le mien est aussi beaucoup moins sympa que dans mon histoire

[mentor]

"sans doute parce que je suis moi-même passé par cette "aventure" (je ne préciserai pas ici si tous les aspects décrits ont été reproduits...)" Désolé Mentor, je sens à travers ton propos que ton souvenir est sensiblement différent. Mais ne sois pas jaloux: Le mien est aussi beaucoup moins sympa que dans mon histoire

ne sois pas désolé !
et puis on le sait, entre l'avant et l'après, il y a souvent un gouffre !
de toute façon, qui pourra dire, arrivé vieux, qu'il n'a pas vécu un jour ce genre de situation ?
;-)

[ptipubi]

Un texte qui manque de mots équivoques pour permettre le propre fantasme du lecteur mais comme j'ai un faible pour les infirmières, je me suis laissé faire sans résister.

[ptipimous]

Alors moi j'ai deviné tout de suite, en grande habituée des hôpitaux sans doute, mais ça ne m'a pas gênée. Parce que la misère de l'humain face à des impératifs ou des grandes douleurs est toujours, à postériori et avec beaucoup de recul, hilarante ! Le fameux "grand moment de solitude !"
J'ai bien aimé ce texte, la situation fort bien décrite avec juste ce qu'il faut de clinique.
MMmf ! Les commentaires de Peter Pan que j'ai croisé toute la soirée... un vrai régal, le petit plus de Monsieur Balsen !

[pierrot]

J'ai bien aimé ce texte, la situation fort bien décrite avec juste ce qu'il faut de clinique.!

Oui voilà la difficulté (et le jeu): s'amuser d'une situation qui pourrait être érotique et qui est très "clinique". Il me faut donc rester "vrai" dans la description des actes et des lieux tout en laissant au lecteur la possibilité de rêver être ailleurs. Je ne voulais pas d'ailleurs faire de ce texte une devinette et dans une première version le lieu : la clinique était évident. C'est l'analyse de la situation qui m'amusait. Et puis peu à peu j'ai repoussé vers le 3ème tiers la réponse définitive. Bon je vais essayer de la repousser encore plus loin et je proposerai mon texte à qui... playboy ? ça existe encore, ça ?

[Loreena Ruin]

Alors bon moi je n'ai pas eu l'occasion de vivre la chose et je ne pense pas que cela arrivera :-), donc je suis arrivée avec toute ma naïveté sur ce texte, que je n'ai pas trouvé en fait si érotique que cela, d'autres ont parlé de description "clinique", c'est bien cela en effet, je n'ai pas trop fantasmé pour ma part ;-). A côté de ça, je trouve que l'idée est bonne et la chute pas si prévisible... surtout au début.

A bientôt sous tes lignes,

Ruin.

[Sahkti]

La fin est prévisible, attendue mais je n'ai pas vraiment l'impression que tu comptais nous surprendre avec ça, au contraire. On dirait même que tu en joues, parce que tu le sais et du coup, ça donne un texte plus libéré; je préfère ça.
D'autant plus que ce fantasme de l'infirmière, je l'ai personnellement vécu avec un anesthésiste beau comme un dieu (de bleu, quand j'y repense) qui a imprimé son visage dans mon esprit au moment où je fermais les yeux. Suis sûre que ça m'a détendue pendant l'opération :-))
Alors j'ai souri en te lisant parce que terrain connu et je trouve que tu racontes ça avec humour et c'est agréable. D'autant plus que tu emploies une description méthodique qui convient bien au sujet.

[pierrot]

Comme on est, nous les hommes ! Je n'aurais jamais pensé à la situation symétrique. Je suis trop pudique sans doute pour penser que dans un hopital le pubis féminin soit rasé par un homme ! Pourvu qu'aucun prophète ne nous lise...encore que tu étais certainement voilée :-)
Merci pour tous ces compliments. Je me suis bien amusé à écrire et je suis content que la lecture soit aussi distrayante.

[pierrot]

D'autant plus que ce fantasme de l'infirmière, je l'ai personnellement vécu avec un anesthésiste beau comme un dieu (de bleu, quand j'y repense)

Oh! j'ai lu trop vite: un ANESTHESISTE, elle te dit, la dame ! Il ne rase rien, lui!

[Sahkti]

Oh! j'ai lu trop vite: un ANESTHESISTE, elle te dit, la dame ! Il ne rase rien, lui!

non, il pique :-)
Raser, ce fut avant.

[Contenu sponsorisé]