Renaissance

[mitsouko]

La rue débouchait en plein ciel
Vertige de pierre caressant les nuages
Et chaque pas volé aux pavés flamboyants
M’éloignait de la ville au fleuve languissant

Vos ponts harnachés de ces filins d’acier
Enjambaient mes envies de leurs arches rieurs
Vibrantes envolées de vos cloches d’airain
Résonnant sous la peau de mes pensées profanes

Vos arbres échevelés bruissaient de lourds secrets
Arborant les stigmates de nos amours anciennes

Vos statues répudiaient leur beauté hiératique
Rêves marmoréens que le burin entaille

Vos fontaines taries gardaient en leur mémoire
Le doux son argentin de leur splendeur passée

Alors je chercherai sourcier métaphysique
La pureté de l’eau qui lave nos scories
J’irai par les chemins de longue servitude
Déterrer les vestiges de mon humanité
Exhumant au ciel clair la vérité tragique

A l’ombre de vos temples que la sagesse ignore
Ces mots de René Char dans un souffle magique
« Développer notre étrangeté légitime »

A l’aube, je briserai la loi de vos pouvoirs futiles
La dignité de soi comme une ombre fidèle
M’accompagnera vers d’autres exigences
Apaisé, je graverai alors au tombeau de ma vie
L’homme n’a de vérité que dans l’énigme du fou.

[Ba]

Rien à détériorer en commentaire. " Légitime folie " de l'homme gravée.

[Invité]

Vos ponts harnachés de ces filins d’acier
Enjambaient mes envies de leurs arches rieurs.

minimaliste au niveau de la ponctuation, ok, mais c'est limite.
Je suis partisan de la virgule après arches, par soucis de clarté.

[Invité]

Oui c'est un très beau texte, par le fol espoir qu'il ne dissimule que très mal.

[loic]

le passage au présent dans les trois dernières strophes est un artefact poétique qui donne puissance à ce texte que je viens de "m'offrir" à voix haute

quelle est donc cette ville ancienne? les scories d'une jeunesse brûlée sur l'autel des convenances?

ce texte ext plus personnel que d'autres à mon sens, il n'en est que + puissant


loic

[Invité]

C'est marrant, j'ai cru lire du loic au début ! Début que j'aime beaucoup, quand le poème s'attache à un lieu, une ambiance. Bravo notamment pour les trois "faux distiques" (puisqu'il s'agit d'alexandrins parlés) "Vos arbres/Vos statues/Vos fontaines".

Ensuite, pour moi, ça se gâte, je trouve que le texte devient nébuleux et grandiloquent... "les chemins de longue servitude", par exemple, j'ai du mal, ainsi que le "souffle magique". Au final, je suis réservée.

[Roz-gingembre]

De fort belles choses dans ce texte.
dont ce dernier vers

L’homme n’a de vérité que dans l’énigme du fou.

Ceci dit, le combat est omniprésent dans ta poésie, comme une signature, même cette renaissance est un combat.

[Invité]

Beaucoup aimé les descriptions de la première partie (même remarque que Panda : "rieurs" sans virgule avant porte à confusion) après je me suis perdue dans les méandres de la pensée poétique pour ne retrouver mon chemin qu'en toute fin de poème avec ce vers magnifique :

L’homme n’a de vérité que dans l’énigme du fou.

Bien arrivée à destination, mission accomplie !

[Sahkti]

J'imagine que ce sont les ponts qui sont rieurs. Ne faudrait-il pas dès lors une virgule après arches ?

Un texte fort, un de plus, même si je le trouve par moments un peu chargé, parce que trop riche en images. Mais est-on jamais trop riche en images, Difficile à dire…

[Cervantès]

Texte de qualité...comme à l'habitude!
Toni

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