Toucher
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Roz-gingembre
milo
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Toucher
C’est dans les entailles du bois que l’on comprend l’histoire d’un arbre.
Evidemment je ne parle pas de ces arbres malheureux jolissant les trottoirs,
passant leur temps à pourrir dans un mètre cube de terre.
Je parle de cet arbre que l’on n'a pas déraciné,
Qui était là bien avant la ville, bien avant ce jardin et cette vielle maison qui lui sert de décor.
Je parle de cet arbre que l’on touche en passant, comme pour se rassurer.
Parfois je reste un peu
La paume posée contre l’écorce
J’attends juste de trouver la force de faire un pas de plus.
Un pas de plus vers la grande esquive des corps, la danse des petits hommes
Perdus
Dans des allées aussi blanches que ces nuits où je compte trois fois les étoiles.
Regarde le, celui là ! Il serait prêt à tomber plutôt que d’avoir à effleurer la peau d’un autre.
Pauvre connard !
Moi je voudrais saigner à chaque fois que je rencontre un homme !
Alors je le vise, j’accélère le pas, je cherche le choc frontal.
Et le voici perdu sur sa seule jambe à quelques mètres de moi
avouant des bras les gestes honteux de l’homme en perte d’équilibre.
Vas-y ! Va te rrracler contre le mur !
Tu ne m’auras pas touché, et pourtant tu seras beaucoup plus sale.
As-tu déjà regardé le visage d’un homme ? Non, bien sur que non.
Car il faudrait être aveugle pour voir un visage.
Il faudrait toucher
Du bout des doigts la peau
Mélanger la pulpe et le grain.
Il faudrait que la lumière tarde à venir dans les yeux
Parce que c’est dans les entailles que l’on comprend l’histoire d’un homme
Parce que c’est dans les entailles
Que se cachent
Les enfants nourris au sein.
Evidemment je ne parle pas de ces arbres malheureux jolissant les trottoirs,
passant leur temps à pourrir dans un mètre cube de terre.
Je parle de cet arbre que l’on n'a pas déraciné,
Qui était là bien avant la ville, bien avant ce jardin et cette vielle maison qui lui sert de décor.
Je parle de cet arbre que l’on touche en passant, comme pour se rassurer.
Parfois je reste un peu
La paume posée contre l’écorce
J’attends juste de trouver la force de faire un pas de plus.
Un pas de plus vers la grande esquive des corps, la danse des petits hommes
Perdus
Dans des allées aussi blanches que ces nuits où je compte trois fois les étoiles.
Regarde le, celui là ! Il serait prêt à tomber plutôt que d’avoir à effleurer la peau d’un autre.
Pauvre connard !
Moi je voudrais saigner à chaque fois que je rencontre un homme !
Alors je le vise, j’accélère le pas, je cherche le choc frontal.
Et le voici perdu sur sa seule jambe à quelques mètres de moi
avouant des bras les gestes honteux de l’homme en perte d’équilibre.
Vas-y ! Va te rrracler contre le mur !
Tu ne m’auras pas touché, et pourtant tu seras beaucoup plus sale.
As-tu déjà regardé le visage d’un homme ? Non, bien sur que non.
Car il faudrait être aveugle pour voir un visage.
Il faudrait toucher
Du bout des doigts la peau
Mélanger la pulpe et le grain.
Il faudrait que la lumière tarde à venir dans les yeux
Parce que c’est dans les entailles que l’on comprend l’histoire d’un homme
Parce que c’est dans les entailles
Que se cachent
Les enfants nourris au sein.
Re: Toucher
Impossible de lire ça sans penser au texte "ceci n'est pas mon sang" (pas certaine de l'appellation exacte).
toujours la colère, focalisée cette fois dans l'entaille de l'arbre, enfin d'un arbre, ce n'est même pas sure.
Intéressant et très fort, je veux dire bcp d'impact.
toujours la colère, focalisée cette fois dans l'entaille de l'arbre, enfin d'un arbre, ce n'est même pas sure.
Intéressant et très fort, je veux dire bcp d'impact.
Roz-gingembre- Nombre de messages : 1044
Age : 61
Date d'inscription : 14/11/2008
Re: Toucher
Il semble bien en effet que ce texte soit un écho de l'autre, posté en même temps.
Celui-ci est fort, il me touche beaucoup, de par le sujet et les sentiments évoqués ("Car il faudrait être aveugle pour voir un visage.
Il faudrait toucher
Du bout des doigts la peau" ), de par l'écriture aussi (j'aime le verbe "jolisser"). Ces ent(r)ailles mal cicatricées n'ont pas fini de me parler. Bravo.
Celui-ci est fort, il me touche beaucoup, de par le sujet et les sentiments évoqués ("Car il faudrait être aveugle pour voir un visage.
Il faudrait toucher
Du bout des doigts la peau" ), de par l'écriture aussi (j'aime le verbe "jolisser"). Ces ent(r)ailles mal cicatricées n'ont pas fini de me parler. Bravo.
Invité- Invité
Re: Toucher
étrange, pas ma came, mais pas désagréable pour autant. Faudra que je relise ça plus tard, aussi bien je dirai l'inverse. La dernière ligne me semble ou fausse ou superflue.
Ichimaru Gin- Nombre de messages : 23
Age : 38
Localisation : Lyon
Date d'inscription : 17/04/2009
Re: Toucher
le grand panda avait parlé, il avait raison. bravo, pour ce texte comme pour le précédent.
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 33
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Toucher
C'est superbe Milo, poétique et symbolique tout en restant très accessible, avec de superbes passages (je ne vais pas recopier tout ce que j'ai aimé, je n'arrêterais pas). J'ai aimé cette écriture aboutie, emportée et sage à la fois, qui propose une vision originale de notre univers, à travers une facette peu exploitée.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Toucher
Et vlan, encore un superbe texte dans la tronche "en choc frontal"...
Que pourrais-je dire ou suggérer pour l'améliorer ? Rien.
Je tenais néanmoins à faire part de mon émotion...
Que pourrais-je dire ou suggérer pour l'améliorer ? Rien.
Je tenais néanmoins à faire part de mon émotion...
boc21fr- Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008
Re: Toucher
... On serait moins sauvages si on se touchait plus. Tout ce que tu écris me touche...
Invité- Invité
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