Vos écrits
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le deal à ne pas rater :
Cdiscount : -30€ dès 300€ d’achat sur une sélection Apple
Voir le deal

Swiss !

2 participants

Aller en bas

Swiss ! Empty Swiss !

Message  ptipimous Jeu 30 Avr 2009 - 16:54

Que personne ne se sente visé ! Meeeer-ciiiii !
Ils sont cons ces suisses ! Ils sont pathétiques et vivent sur une réputation totalement usurpée. C’est pas Dieu possible d’être aussi con !.. Sens de l’organisation... mon cul ! Si tu veux les comprendre, il faut parler quatre langues pour avoir une chance de tomber sur celle dans laquelle ils vont te parler. Tu parles d’une tribu !
Au moment de la galère, les messages sur les petits écrans devant les sièges se sont affolés. “Au revoir et à bientôt !” en cinq versions dont une que je ne connaissais pas se sont affichés sur les dix-huit télés, j’ai eu le temps de les voir, tandis que l’avion tanguait et sursautait comme un enfant regagnant sa chambre à coups de pompes dans le derche.
Il faisait beau. Je voyais le paysage, les champs, les petits hameaux. Les routes et les lacs. Le fleuve qui serpentait majestueusement. Quelle foutaise ! La vioc sur le siège d’à côté m’a envoyé l’intégral de son coca sur mon jean. On est p’têt dans la galère mais c’est pas une raison pour saloper le voisin. S’il y a un moment où on doit avoir un peu de respect, c’est bien celui-là.
Bref. J’étais dans cet avion, cet avion qui allait s’écraser, c’était gros comme le nez au milieu de la figure.
J’étais là à me dire : “c’est mon tour” et curieusement, je m’en fichais. J’étais infiniment plus stable que ce foutu zinc. J’étais mouillée, c’était le point noir. J’avais pas envie de mourir mouillée.
J’aurais voulu que tout le monde ait cette sérénité, ce détachement que je ressentais. Je souhaitais un peu de paix. Ca sentait le café et les toilettes, c’était bruyant et choquant dans tous les sens du terme ; j’avais envie de coton et de douceur.

En Suisse, c’est la galère. Tout est mal indiqué et les gens sont... perso. Voilà, c’est ça. Perso. Enfermés dans leur bulle. Quand on s’en approche, ils déclenchent le système d’alerte et prennent un air renfrogné d’une circonstance qu’ils imaginent. C’est sans doute l’angoisse de se demander de quelle foutue partie du monde tu peux bien provenir. Ils contrent en adaptant un langage soi-disant international, mais qu’ils sont les seuls à maîtriser parfaitement en dehors des concernés de naissance. Je vous le dis, c’est pathétique. On ne peut pas parler petit nègre en quatre langues différentes, matériellement c’est impossible.
Bref, j’arrivais de Londres à Zürich où j’avais une correspondance pour chez moi. Quinze minutes entre les deux, ça me semblait chaud et je ne m’inquiétais pas en fronçant le nez.
Ouais bon, je m’inquiétais. J’avais minimisé le problème en m’enregistrant de Londres pour la correspondance. Mais tout de même. J’étais sur la rampe de lancement, un oeil rivé sur la porte de l’avion anglais, l’autre sur mon ticket et sur le numéro de la porte d’embarquement, ce qui ne devait pas me donner un air intelligent. Je fonce, je vole, j’esquive, je danse sur les tapis roulants et j’arrive.
75A.
Personne.
Tous montés ? Non. Personne à l’accueil, trois anémiques vautrés sur les fauteuils. Demi-tour sur moi-même. L’employé d’une compagnie allemande me voit fondre sur lui, brandissant ma carte d’embarquement. Sourire poli, ennuyé et un peu interrogateur sur ses propres connaissances.
Vérification.
C’est bien là.
Mais non, bougre d’idiot! Moi, j’y travaille pas dans ton aéroport et je vois bien que l’ambiance n’y est pas. Pas d’adrénaline, aucun passager résigné par l’attente, pas un qui regarde sa montre, et bien que le panneau l’affiche, mon vol, personne à l’accueil. Et lui, l’oeil d’une vache suisse même pas mauve : c’est marqué, donc c’est !
Quart de tour sur moi-même. La télé Departure. Je m’approche. Il est là mon vol. Flanqué d’un “connexion” en orange clignotant et d’une porte inconnue, une porte ignorée qui sort de ses limbes; une nouvelle porte fait surface.
Quart de tour dans l’autre sens. Retour à mon bovidé. Ce n’est pas mon vol. Et puis si, c’est celui-là. Et puis on n’en est pas très sûr mais le mieux est d’aller voir.
Je suis déjà là-bas, volant par-dessus les boutiques détaxe.
Ah !
Là, l’ambiance y est ! De même que le bataillon de cerbères paranos locaux. Qui êtes-vous ? D’où venez vous ? Êtes-vous parfaitement propre et désinfectée ? Vous êtes française, c’est suspect. Vous venez de Londres, c’est encore pire. Pourquoi votre ticket est bleu ? Pourquoi transpirez vous ? Avez-vous acheté du chocolat ? Et votre sac, vous l’avez trouvé dans une poubelle ? Vos chaussures sont trop grandes, non ? C’est pas votre vol. Et puis si c’est celui-là. Enfin on ne sait pas. Mais je n’ai qu’à monter dedans puisqu’il va là où je veux aller !
Et voilà. En fait, depuis Zürich, j’étais déjà fantôme, déjà disparue.
Au début, c’était drôle. Quand ça s’est mis à houler, c’était marrant d’en voir certains se liquéfier et les autres, les mecs sûrs de leur fait, les mâles d’affaire, les seuls, les vrais, s’accrocher à leur ligne de journal en réprimant un rictus d’impatience. Vraiment ces pilotes, on se demande où ils sont formés ! Le transport aérien, c’est vraiment plus ce que c’était.
Mais ça se calmait pas. Il y a eu un moment, un moment précis où ce trou d’air n’en était plus un. C’est inexplicable mais c’est une question d’habitude. Et tous les routiniers ont levé enfin la tête à la même seconde. On basculait dans le probable.
On venait de passer dans l’emmerdante dimension. Une autre partie de cette assise assistance s’est liquéfiée elle aussi, rejoignant le groupe des passagers passagers. L’autre a replié son journal.
Moi, j’écoutais l’avion craquer de l’avant, gémir de l’arrière. J’ai caressé la carlingue; enfin le revêtement. C’est idiot, mais je n’avais personne d’autre à caresser. Autour, je l’ai dit, le chaos, les bagages roulaient, tombaient; à chaque sursaut, on entendait une sorte de holà imbécile. L’homme est doué de la parole. Mais souvent il en abuse. Nous allions mourir, ça méritait silence et réflexion. Et moi, j’étais loin du détachement de Bouddha. Mes contemporains m’exaspéraient encore et encore ! Jusqu’à la fin. C’est sans doute pour ça, cette punition, cette errance.
Et puis on est tombé.
J’allais pas rater ça. J’avais l’oeil collé au hublot, une chance que j’ai eu cette place. Je voyais l’air se matérialiser sur l’aile, le paysage osciller et tressauter. Ce sera pas dans ce champs-là. Ah ! Ni celui-là, dommage, c’était joli avec la rivière au bout. Je voyais les villages défiler comme des gares abandonnées. En dessous, Lucette achetait son pain, ce môme rentrait de l’école pour déjeuner en traînant des pieds. Et lui avec sa bagnole ? Où allait-il ? On lui est passé au-dessus, il ne nous a même pas vu. Tous ceux-là allaient continuer. Sans nous. On tombait par paliers comme la bouse du cul d’une vache. Chaque fois que la couche d’atmosphère nous rattrapait, ça faisait “flac !” A l’étage d’après, le pilote a sorti le train ! Cette petite touche d’humour professionnelle m’a mise en joie. Qu’il espère pouvoir poser son zinc piqué par un taon, sur ses roues, c’était beau tellement c’était utopique.
Ma voisine suait de peur. Ça sentait pas bon. Et elle était suissesse. Bien fait ! Elle m’a inclus dans son regard écarquillé pour me dire en chuintant qu’on allait se poser. J’ai bien fait attention d’être très polie pour lui répondre que non, Madame, on allait faire le coup de la tartine avec nous dans le rôle de la confiture. J’ai souri très courtoisement. En bas, ils ne seraient pas très content qu’on se pose là. Rien n’était prévu pour, on allait tout saloper.
Et puis d’un coup l’avion en a eu marre. Ça tombait bien, je commençais à me lasser.
Il a crié, s’est débattu, ça sentait le vomi, le caca, le cadavre. C’était agaçant d’avoir à subir cela. Si j’avais su, j’aurais arrêté avant. Mais je n’avais même pas un couteau en plastique. A peine une touillette. Et puis le mal était fait.
J’ai jeté un oeil dehors, on avait pris un drôle d’angle mais j’ai tout de même vu une vache. Une vache dans son pré. Tout était à sa place, alors ?
J’ai vu les oiseaux s’écarter pour nous laisser passer, j’ai vu un mec, en bas, lever les yeux vers nous. J’ai vu distinctement son chien s’en foutre et lever la patte sur une clôture. J’ai vu un chemin et j’ai dit “ça y est, voilà le passage”. On a raclé, on a bondi, on a perdu l’aile de mon côté et ça m’a fait de la peine. J’avais une ceinture bleue tatouée sous la ceinture grise de mon siège. Ma tête a cogné sur la tablette, on n’avait même pas un coussin par siège. Pour le prix qu’on paye, c’est un peu scandaleux. Les masques ne sont pas tombés, mais c’est normal on n’avait pas dépressurisé. Et puis y’avait déjà assez de bordel comme ça.
Ce bel objet s’est éparpillé, ma voisine a disparu sans un au revoir, j’en ai eu assez et on s’est détaché, le nez et moi. J’avais envie de me gratter.

Régulièrement, je viens. Je regarde ce qui reste de moi. Je suis là, à m’étioller. J’ai roulé sous un bosquet avec mon jean taché de coca. Toutes les bestioles du coin m’ont trouvé. Toutes. Mais l’homme comme chacun le sait, n’est pas un animal. On m’a réclamé comme une valise égarée. On m’a un peu cherchée et puis on a laissé tomber. Rien ne disait que j’étais dans ce vol puisque ce n’était pas le mien. J’étais devenue celle qui a réussi à prendre un avion inexistant. J’étais sûrement en vie quelque part. Une simple fugue comme il s’en commet des dizaines par jour. Des gonz qui pètent un câble et se mettent à marcher, comme ça, pour rien, vers nulle part. En tout cas, sûr, je n’étais pas parmi les débris, hein ? On avait tout bien balayé et ça, c’était plutôt une bonne nouvelle, non ? Les saisons passent. J’ai enfin trouvé un coin où je suis tranquille. Parfaitement tranquille.
ptipimous
ptipimous

Nombre de messages : 136
Age : 62
Localisation : Montmartre
Date d'inscription : 17/03/2009

http://www.ariane.ravier.free.fr

Revenir en haut Aller en bas

Swiss ! Empty Re: Swiss !

Message  Invité Jeu 30 Avr 2009 - 17:15

J'aime beaucoup, beaucoup la fin ("étioler", un seul "l"), en revanche j'ai trouvé la partie dans l'aéroport gonflante, trop lente, et, dans l'ensemble, le ton du texte forcé dans la frénésie.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Swiss ! Empty Re: Swiss !

Message  ptipimous Jeu 30 Avr 2009 - 17:28

c'est mon correcteur d'orto qui m'a obligé à doubler le "l" ! Sal... !
ptipimous
ptipimous

Nombre de messages : 136
Age : 62
Localisation : Montmartre
Date d'inscription : 17/03/2009

http://www.ariane.ravier.free.fr

Revenir en haut Aller en bas

Swiss ! Empty Re: Swiss !

Message  Invité Jeu 30 Avr 2009 - 19:36

Eh bien moi je m suis régalée, du début à la fin, même si parfois je me suis un peu perdue dans la chronologie. J'ai bien ri à certains passages ("C’est pas votre vol. Et puis si c’est celui-là. Enfin on ne sait pas. Mais je n’ai qu’à monter dedans puisqu’il va là où je veux aller !")
Une réussite.
Mais dis-moi, c'était vraiment la faute aux Suisses ?

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Swiss ! Empty Re: Swiss !

Message  ptipimous Jeu 30 Avr 2009 - 19:45

authentique !
ptipimous
ptipimous

Nombre de messages : 136
Age : 62
Localisation : Montmartre
Date d'inscription : 17/03/2009

http://www.ariane.ravier.free.fr

Revenir en haut Aller en bas

Swiss ! Empty Re: Swiss !

Message  Sahkti Mer 6 Mai 2009 - 18:27

Evidemment, comment pourrais-je rester objective ?! :-))

L'insistance sur le langage des Suisses, totalement cliché, m'a paru lourde et laborieuse. Sans vouloir entrer en débat là-dessus, c'est en réalité beaucoup plus plus simple que tu ne le dis :-)
Idem sur le fait que tout soit mal indiqué... faux :-)
En plus, la presque Genevoise que je suis va tout de même te préciser que Zurich c'est la Suisse, certes, mais la Suisse allemande... un autre monde, en effet !! ;-)

Bon, authentique ou pas, je trouve tout de même ça très forcé, même si amusant (enfin quoique, honnêtement, j'ai pas vraiment souri, mais c'est à cause de la subjectivité, je le sais).

A te lire ailleurs, je grimperai moins aux rideaux (clin d'oeil)
Sahkti
Sahkti

Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005

Revenir en haut Aller en bas

Swiss ! Empty Re: Swiss !

Message  Invité Mer 6 Mai 2009 - 23:38

Ça tombait bien, je commençais à me lasser.
Ça tombe bien moi aussi. Le début part très fort dans un humour que j'apprécie, puis le tout s'essouffle quelque peu, probablement oui, une question de grosseur du trait, des deux côtés. Si le narrateur est aussi con que son environnement, il devrait s'y complaire, pas le railler.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Swiss ! Empty Re: Swiss !

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum