Ana

[hugofan]

Ana Destouches se regarda dans la glace. Elle aperçut son visage maigre, pâle, dénué de beauté ; ses fins cheveux bruns lui faisaient horreur ; l'irrégularité de ses traits la dépitaient. "Vraiment, je suis laide!" pensa-t-elle. Parvenue a l'âge de vingt-ans, Ana commençait a désespérer de trouver un homme qui partagerait sa vie. Elle vivait toujours chez ses parents qui, de plus en plus vieux et irascibles, désiraient ardemment de la voir partir. Enfermée dans sa chambre, la jeune fille songeait. Elle gardait sa tête enfouie dans ses petites mains disgracieuses, tandis qu'au dehors le soleil brillait, projetant de fins rayons dorés qui traversaient sa fenêtre et embrasaient ses cheveux. Brusquement, elle se leva et se dirigea vers le salon. Il était vide. S'asseyant sur un fauteuil en cuir, elle coula un regard vers la baie vitrée. Quel beau temps, pensa-elle! En effet, la nature toute entière semblait s'être égayée a l'arrivée du printemps. De fins nuages d'un blanc laiteux flottaient dans un ciel limpide et clair. Ana était triste. Elle pensait a la beauté de Cindy, la voisine qui, du haut de ses dix-huit ans, attiraient l'admiration de tous les hommes qu'elle rencontrait.
Puis elle s'arrêtait longuement sur sa propre laideur, se ridiculisant et se détruisant elle même.

Mais ce qui la tracassait surtout, ce qui martyrisait son cœur et déchirait ses entrailles, c'était le souvenir d'Antoine. Antoine était un beau jeune de vingt deux ans, au sourire éclatant et aux cheveux bouclés, qu'elle avait rencontré lors de la réunion d'un club de lecture. Il lui avait sourit ; elle, au contraire, s'était troublée de manière si visible qu'elle en parut ridicule. Ana songeait que ce charmant jeune homme devait la mépriser, et cette pensée frappait son cœur comme un poignard, se logeait dans son cœur comme une tumeur, et coulait dans ses veines comme un poison. Soudain, elle entendit la sonnerie de la porte d'entrée qui se déclenchait. Cette circonstance la tira de sa rêverie. Elle se leva, essuya ses yeux qui roulaient des larmes et se dirigea d'un pas lourd et cadencé vers l'entrée. En regardant a travers l'ouverture, elle s'arrêta brutalement. Mon dieu! se dit-elle, c'est lui, c'est Antoine!. Que vient-il faire ici?
Oh..... Instantanément, ses yeux s'enflammèrent d'un éclat de bonheur qui, a son apogée, corrigeait légèrement le reste de son visage. Elle se recoiffa nerveusement et ouvrit la porte......

Derrière celle-ci apparut la silhouette d'un grand garçon aux yeux noirs. C'était lui en effet. Ana le trouva encore plus beau et plus souriant que dans son souvenir. Elle observait ses traits délicats, presque féminins, qui donnaient a sa physionomie cet air de douceur et de timidité qui plait souvent aux femmes. Un léger sourire flottait sur ses fines lèvres humides. Dans ses yeux, Ana crut lire un certain embarras, atténue cependant par la certitude que son arrivée ne pouvait être mal accueillie. Elle s'avança légèrement ; il fléchit les épaules et baissa le regard.
-Bonjour, glissa-t-il, en relevant la tête pour se rendre compte de l'effet de ses paroles.
Il aperçut le visage sans beauté d'Ana, qui pourtant lui semblait calme et rassurant. Il comprenait que cette jeune fille n'était pas comme les autres, comme celles a qui il avait vainement adressé des regards tantôt sensuels, tantôt suppliants. Ana lui paraissant supérieure et, surtout, il avait lu dans ses yeux (qu'il trouvait beaux) une intelligence et une sensibilité extraordinaire, qui avait fortement frappé son esprit de jeune garçon.
-Bonjour, répondit Ana d'une voix a peine audible.
Il y eut un moment de silence.
Le jeune homme fit insensiblement un pas en avant ; elle comprit immédiatement.
-Entrez, je vous en prie.
Sitôt a l'intérieur, Antoine fut agréablement frappé par la propreté et l'atmosphère chaleureux de la maison ; lentement, il se dirigea vers le canapé et s'assit. Il était extrêmement embarrassé, ne sachant que faire de ses mains ; il les posait tantôt sur ses genoux, tantôt a ses côtés. Ana vint s'établir en face de lui. Ils s'évitaient du regard et rougissaient ostensiblement. Soudain, Antoine s'aperçut de la présence d'une feuille et d'un stylo, posé sur une table basse, juste en face de lui. Il se saisit du stylo, griffonna quelque chose et, d'un geste tremblant, le tendit a la jeune fille. Celle-ci s'en empara, le porta a ses yeux et lut : je v aim. Ses yeux se couvrirent de larmes. Elle fixa le jeune homme, dont la mâchoire inférieure tremblait légèrement.
-Avez-vous comprit ? lui demanda-t-il.
-J'ai compris répondit Ana en rougissant au point de devenir cramoisie
-Si vous pouviez répondre, j'en serai très heureux dit Antoine dont les yeux étincelaient.
Elle prit le stylo et, nerveusement, écrivit : je vous aime aussi. Le tendant au jeune garçon, elle ne pouvait croire a son bonheur. Il l'aimait! lui! a elle!

Antoine lut le papier et son front frémit de plaisir. Il semblait que tout autour d'eux avait disparut. Le soleil brillait toujours ; les oiseaux chantaient de même ; mais dans leur cœur, un bonheur plus grand et plus pur encore que la nature s'éveillait, avec la douceur et la grâce d'une fleur qui s'ouvre au matin.

[hugofan]

N'hésitez pas a laisser quelques commentaires

[Ba]

Jeune texte qui mérite de mûrir en fût de chêne massif.

[Invité]

L'histoire est fraîche, mais me paraît trop naïve et invraisemblable.

Je me permets de vous signaler quelques erreurs de langue dans votre texte :
"Parvenue a l'âge de vingt ans (et non "vingt-ans"), Ana commençait à désespérer"
"désiraient ardemment la voir partir" (et non "désiraient ardemment de la voir partir")"
"s'être égayée à l'arrivée du printemps"
"Elle pensait à la beauté"
"la voisine qui, du haut de ses dix-huit ans, attirait (et non "attiraient", c'est la voisine qui attire)"
"un beau jeune [b](homme ?) de vingt-deux ans" ,
"Il lui avait souri (et non "sourit" qui est la forme du passé simple)"
"En regardant à travers"
"à son apogée" ,
"Elle observait ses traits délicats, presque féminins, qui donnaient à sa physionomie cet air de douceur et de timidité qui plaît souvent aux femmes." (la suite de deux relatives introduites par "qui" rend la phrase lourde)
"un certain embarras, atténué cependant"
"comme celles à qui"
"une voix à peine audible"
"Sitôt à l'intérieur"
"l'atmosphère chaleureuse de la maison"
"tantôt à ses côtés"
"le tendit à la jeune fille"
"le porta à ses yeux"
"-Avez-vous compris"
"-Si vous pouviez répondre, j'en serais (cette construction demande le conditionnel : "Si tu venais, je serais content")"
"elle ne pouvait croire à son bonheur. Il l'aimait! lui! à elle"
"tout autour d'eux avait disparu (et non "disparut" qui est la forme du passé simple)"

[isa]

C'est vrai que ça fait assez cliché comme texte mais moi j'ai bien aimé: ça reste toujours le genre d'histoire qui fait rêver^^

[Lehnerd]

Oui, c'est vrai que la moche chez qui quelqu'un arrive a voir la beauté intérieure c'est un peu éculé, or la forme ne parvient pas à sortir la banalité du fond....puis à 20 ans on a toute la vie, on ne se morfond pas dans son lit en se disant que les jours sont comptés!!

Néanmoins c'est un début et je rejoins Ba, au fur et à mesure ça pourra devenir ois conventionnel et plus rugueux, la base à l'air bonne.

[Invité]

Travailler la nuance, entre autre choses (l'orthographe, l'expression, et la crédibilité, en sont d'autres).

[Invité]

Travailler la nuance, entre autre choses (l'orthographe, l'expression, et la crédibilité, en sont d'autres).

autres

[Sahkti]

La phrase "(...) devait la mépriser et cette pensée frappait (...) poison" me paraît bien longue et un brin lourdingue. A l'image du personnage d'Ana ceci dit, assez agaçant.

Dans l'ensemble, j'ai trouvé qu'il y avait pas mal de tournures ampoulées et que tu pourrais alléger tout cela, sabrer dans quelques formules alambiquées qui apportent peu au texte, si ce n'est de l'étouffement.

Honnêtement, le sujet ne m'a guère intéressée, c'est trop guimauve pour moi (mais je suis mauvais public pour les amourettes en livre ou en film, je trouve toujours ça nununche).

Une autre fois peut-être, dans un autre texte.

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