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Déraillement

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Message  pierrot Dim 3 Mai 2009 - 0:42

Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux !
Stéphane Mallarmé


Déraillement


En ce matin de novembre, Maître Gaël COURIEC, notaire et Solen BREIZAT, directrice de la principale agence bancaire de l’île d’Yeu arrivèrent à la mairie pratiquement en même temps. Quelques minutes d’un bon pas leur suffisaient et j’avais tant pris l’habitude de les consulter qu’ils constituaient maintenant, avec Jean-Pierre LESURE, mon petit staff personnel, hors conseil municipal. Sans le soutien constant de ces 3 amis je n’aurais pas su assumer cette charge de Maire et d’ailleurs je ne me serais jamais présenté à cette élection.
Mais à ce moment ils ignoraient encore que cette fois il ne s’agissait pas d’une question municipale mais d’une toute autre affaire qui serait à nos yeux infiniment plus grave.
J’avais bien peu dormi cette nuit, retournant 100 fois dans ma tête la lettre qui m’avait été portée et que je devais maintenant leur lire. Bien que Gaël en connaissait déjà l’essentiel du contenu, ni lui ni moi n’avions jugé nécessaire d’en parler au téléphone hier soir… pour changer quoi puisque tout était écrit ?
Gaël qui avait maintenant la soixantaine un peu grisonnante s’était installé à l’Ile d’YEU dès son diplôme notarial obtenu pour succéder progressivement à son père qui lui-même... C’était un homme d’un grand calme, affable, solide dans la vie comme dans l’amitié et en outre un marin expérimenté toujours volontaire pour naviguer par tous les temps.
Maintenant ils étaient là, assis tous les 2 en face de moi, en toute sérénité et je ne savais comment débuter. C’est Solen qui involontairement me tira d’embarras. Regardant sa montre, elle s’étonna de ne pas voir Jean- Pierre car voulant le prendre en passant à sa librairie, elle avait trouvé porte close et déduit qu’il était pour une fois parti en avance.
- Non, Jean-Pierre ne viendra pas et c’est justement à son propos que je vous ai appelé. Je sais que je vais beaucoup vous étonner ce matin mais j’ai reçu hier soir une lettre de lui destinée à nous trois. Bien que je la sache pratiquement par cœur, je vais avoir bien du mal à vous la lire et j’aurais mille fois préféré ne pas avoir à le faire.
Solen fronça les sourcils avec étonnement et inquiétude tandis que Gaël m’encouragea d’un simple acquiescement de tête.
Je dépliai sans hâte la feuille. Tout tenait en une page. Du pur Jean-Pierre : un affectif mais toujours concis. Je pris ma respiration et commençai la lecture.

« Mon cher Philippe, mes chers amis,
Je pars- ou plutôt je suis parti. Inutile donc de chercher à me joindre sur un téléphone. Je pars, comme l’on dit, sans laisser d’adresse. Oui je sais, je vais vous surprendre, vous attrister et je vous dois des explications, même si elles ne suffiront pas à me faire pardonner. »
Evidemment Solen réagit aussitôt. Sa relation sentimentale avec Jean-Pierre n’était- depuis longtemps- plus un secret pour personne car il est impossible ici de cacher ses allées et venues. Encore moins pour elle, personne aussi importante par sa fonction qu’estimée de tous. Bien qu’Oyenne de naissance, elle sait devoir bientôt accepter un poste sur le continent. Nous en avions discuté il y a peu de temps encore en fêtant ses 40 ans. Dans ce métier la mobilité est la règle et si notre belle directrice avait déjà réussi à repousser une offre de promotion, elle devrait accepter la prochaine. Elle ne s’en réjouissait pas du tout car sa vie lui semblait ne pouvoir être qu’ici mais refuser était possible une fois, pas deux.
- Non attends, c’est impossible. Hier soir il était chez moi et ne m’a quitté que tôt ce matin pour finir de « régler quelques affaires » m’a-t-il dit. Il ne peut pas être parti ainsi. Il m’en aurait parlé à un moment ou l’autre. Non mais arrêtes, tu nous fais marcher, c’est une mauvaise plaisanterie. Philippe arrêtes !
Ils avaient été dans les bras l’un de l’autre toute la nuit et il n’avait rien dit, rien laissé deviner. Il était parti, comme cela au petit matin. C’était inexplicable, c’est vrai. Incompréhensible et quelque part – bien que venant d’un ami- sans doute inexcusable.
Leur relation n’avait évolué que très lentement après une première rencontre toute professionnelle. Jean-Pierre, le seul d’entre nous originaire du continent, avait sollicité, peu de temps après son arrivée, un prêt pour créer et développer une librairie- bibliothèque. Un projet bien monté, original et intéressant pour l’île et elle avait utilisé sa large délégation de pouvoir pour lui obtenir les meilleures conditions. J’avais moi-même donné un coup de pouce- je m’en souviens- en faisant voter une petite subvention municipale.
Solen avait d’abord été très attirée par la diversité de sa culture et par sa sociabilité généreuse. Ainsi avait-il voulu faciliter l’accès de tous à la lecture par le prêt de livres repris par lui à bas prix ou parfois offerts par des habitants. Un peu plus tard il avait développé des moments de lecture soit pour adultes soit pour les enfants qui étaient autant d’occasions de discussions passionnées. Mais ils n’étaient plus tous les deux des jeunots et la portée du temps avait de l’importance. Leur liaison avait donc été empreinte de pudeur et de prudence. Ils étaient d’abord des amis et de temps en temps des amants. Des amants comme cette nuit.

Qu’aurais-je pu ajouter pour aider Solen ? Je repris donc :
« Il y a très exactement 10 ans, le 13 novembre 1995, j’ai débarqué sur l’Ile d’Yeu par la navette maritime du matin.
J’ai d’abord loué une chambre quelques temps à l’Hôtel L’ESCALE le bien nommé et à cette saison bien peu occupé, le touriste étant un animal frileux.
Je me suis porté ensuite acquéreur du bail de la boutique de la rue Gabriel Guist’hau pour en faire une librairie. La suite vous la connaissez.
J’ai passé ces 10 ans, et oui déjà, entre promenades sur mon bateau La Cavalière, amarré à l’adorable petit port de La Meule, de fabuleuses parties de pêche, le plus souvent avec toi et Gaël, dans les replis de ces côtes si sauvages connus de nous seuls, et enfin cette librairie qui n’aurait jamais existé sans l’appui de Solen.
Ici, personne ne m’a jamais posé de question sur mon passé. J’ai d’abord été observé avec curiosité et réserve puis accepté, enfin complètement assimilé, digéré. Je suis devenu un véritable Oyanet. Ici et avec vous, j’étais donc heureux. »
Solen ne pût s’empêcher de s’exclamer :
« Mais alors pourquoi est-il parti ? Quand on est heureux quelque part on y reste ! C’est aussi simple que ça la vie. Non, je ne comprends pas, je ne comprends pas. » Un court silence avant d’ajouter dans un murmure : « Le salaud, oui voilà, c’est un salaud. Un salaud, c’est tout. »
Solen était maintenant en larmes et s’effondrait. Le moment était très pénible pour nous tous et je voulus la soulager un peu.
-Solen, j’ai pour toi une lettre et même - si j’en juge à l’épaisseur de l’enveloppe - une longue lettre. Mais, s’il te plaît, je voudrais que tu écoutes d’abord la suite de celle- là car tu ne pourrais faire les deux en même temps et elle te concerne tout autant.
Solen acquiesça avec un regard de remerciement en montrant un léger apaisement à cette nouvelle. Elle comptait donc encore pour lui. Et puis et puis, peut-être lui proposait-il de le retrouver ailleurs ! Oui c’était cela. Elle allait le rejoindre bientôt. Maintenant elle savait la force de son sentiment pour lui, un sentiment qu’il devait évidemment partager. Trop de choses entre eux, trop de moments, trop de dits et- il est vrai- trop de non-dits. Je ne la laissais pas davantage imaginer des faux espoirs et je repris ma lecture qui- hélas- lui répondait:
« Alors pourquoi ne pas rester avec vous ? Pourquoi m’en aller ? C’est qu’il ne me suffit pas d’être heureux ou malheureux. Je veux faire de mon existence non pas un état mais une pulsation. Serait-elle parfois tumultueuse, la vie n’est que du temps.
Alors que pouvais-je espérer de nouveau ici ? A part un toujours possible chavirage en mer, ma vie- de bientôt quinquagénaire - n’avait plus d’histoire. Je sais que l’on dit ici « Oya deux jours, Oya toujours » mais si j’ai bien jeté l’ancre sur ce bout de terre, l’appel du large m’envoûte encore. Dans une petite heure je reprends donc la navette « la Fromentine ». En quelque sorte je repars avec la marée !
Je sais que je vous fais de la peine à tous et j’ai aussi beaucoup de tristesse mais je crois ou j’espère qu’avec un peu de temps vous me comprendrez, mes amis – parce que vous êtes mes amis et le resterez dans mon cœur. »
Solen soupira un grand coup en sortant un Xième mouchoir. Heureusement les pleurs viennent d’un puit de tristesse qui s’assèche toujours et Gaël qui s’était rapproché d’elle avait posé sa main sur son bras d’un geste de compassion sincère.
La suite allait aborder une sorte de testament mais dans ce cas étrangement exécutoire du vivant de la personne. J’avais beau l’avoir lu plusieurs fois, je ne m’y faisais toujours pas.
Je commençais :
« J’ai pris quelques dispositions avec Maître COURIEC que je voudrais maintenant vous expliquer. »
- Tu étais donc informé depuis longtemps des intentions de Jean-Pierre? » coupa Solen
- Non Solen, répondit-il avec une tristesse sincère et un sourire amer. Il est venu me voir jeudi après-midi pour étudier la faisabilité de certaines dispositions et bien entendu je lui devais l’absolue confidentialité. J’en suis vraiment désolé. J’ai essayé – mais vous vous en doutez - mille fois de le convaincre de rester ou au moins de retarder sa décision. Mais celle-ci n’était pas un coup de tête, croyez-moi. Personne n’aurait pu le faire changer d’avis. Personne, répéta t’il en se retournant sur Solen. Personne.
Un silence se fit. Lui, notaire, n’avait pas su argumenter. Lui, notre ami avait dû nous cacher ce projet par devoir professionnel, lui aussi perdait un ami. Je me hâtais de reprendre :
« A toi Philippe, je voudrais te laisser mon bateau La Cavalière . Avec toi il serait entre de bonnes mains. Tu connais bien son caractère, tu sais le bichonner et il devrait pouvoir naviguer encore quelques années autour de notre île. Mais ce bateau n’est à toi que si cela te fait plaisir. Ne te crois surtout pas obligé par je ne sais quel devoir ! N’en fais pas le souvenir d’un mort. Je suis bien vivant ! »

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Message  pierrot Dim 3 Mai 2009 - 0:43

Je voulus commenter :
-Je vais bien sûr y réfléchir mais il me faut du temps pour me faire à l’idée de l’absence de Jean-Pierre. Je ferai de toute façon les petits travaux d’entretien que nous avions prévu pour l’hivernage et je me déciderai ensuite avec vous.
Mais sans attendre des avis qui ne pouvaient pas être immédiats, je continuais :
« Pour ce qui est de la librairie, je propose à Solen d’en reprendre l’exploitation. Trop attachée à son île elle ne supportera pas de la quitter- encore moins pour vivre à Paris. Elle peut ainsi tranquillement démissionner de son travail et j’ai la certitude que non seulement elle développera mieux que moi cette petite affaire à laquelle elle a toujours cru mais aussi qu’elle aura plein d’initiatives nouvelles. Solen, tu m’as trop souvent fait partager avec ardeur tes idées à ce sujet pour ne pas trouver d’épanouissement à les réaliser. Bien entendu j’ai pris toutes les dispositions pour que cette transmission puisse se faire légalement et sans débours de ta part. Maître COURIEC t’expliquera. Entre nous, Gaël est un très bon notaire et je ne le dis pas seulement parce qu’il est notre ami. Voilà pour ce qui est de mes petits biens matériels obtenus sur l’Ile et qui donc ainsi y resteront. »
Je marquais une pose. Déjà beaucoup de surprises en peu de temps. La suivante me concernerait pour l’essentiel- au moins matériellement- mais n’épargnerait pas la pauvre Solen. J’aurais bien voulu la garder pour moi. Mais non, cette lettre ne m’appartenait pas.
Gaël intervint :
« Tu as tout le temps de réfléchir, Solen. On peut trouver quelqu’un pour assurer une gestion provisoire que je superviserai. Mais il me semble- et j’en ai longuement discuté avec Jean-Pierre quand il est venu me voir- que c’est une bonne opportunité pour toi. Je ne dis pas que cette librairie te dédommagera de ton chagrin. Certainement pas. Mais c’est l’occasion après tout –pour toi aussi- d’un changement de vie tout en gardant tes racines. En tout cas je suis certain que monsieur le Maire (Il me regarda avec un sourire complice) serait ravi que tu acceptes et d’ailleurs tous les habitants. »
J’approuvai de la tête et laissai le temps à Solen de répondre mais rien ne vint. Son regard était comme bloqué au-dessus de ma tête. Cette disposition de Jean-Pierre était d’abord la perte d’une brève illusion. Non, il n’allait pas lui proposer de le rejoindre. Alors cette lettre qu’elle tenait en main servait à quoi ? Ne valait-il pas mieux la jeter, là – tout de suite - sans l’ouvrir ?
Oui, il allait lui falloir du temps, beaucoup de temps et de courage. Mais un temps que, dans l’immédiat, je n’allais pas pouvoir lui donner.
- Mes amis, j’ai à finir de vous lire cette lettre. Je vais essayer de le faire d’une seule traite. Je pense que cela vaut mieux. Jean-Pierre est un homme décidemment plein de surprises à se demander si nous le connaissions vraiment. Voilà :
« Mais maintenant Philippe j’ai un service important à te demander.
J’aimerais bien, mon ami, que tu rencontres ma femme … »
- Comment ça, sa femme ? » Solen s’était levée d’un bond. Il était marié et il ne m’en a jamais parlé !
Puis plus fort :
- Mais c’est dégueulasse ! Comment a-t-il pu me taire cela ?
Et avec un temps d’arrêt :
- D’autant que j’aurais compris, j’aurais accepté son passé. Il était comme il était après tout, avec son histoire, comme chacun de nous.
Je ne commentais pas…pour dire quoi ? Je reprenais là où elle m’avait interrompu :
« et que tu lui parles un peu de moi. Ma femme et ma fille. Et oui, Philippe, voilà mon secret. J’ai - à Paris - une femme, Hélène et une fille, Géraldine qui aura bientôt 16 ans. Mais il faut maintenant te raconter toute mon histoire.
J’ai eu bien entendu une vie avant d’arriver ici et en 1995, j’étais directeur marketing d’une importante société immobilière. Une belle situation comme l’on dit, très accaparante aussi et une carrière toute tracée ! J’avais acquis un très bel appartement dans le Marais pour m’y installer avec ma compagne. Nous avions déjà cette petite Géraldine et parlions même d’avoir un deuxième enfant.
Tu vois : J’avais une vie animée, gérée, cadrée, dorée et parait-il prometteuse. Mais une vie toute balisée dont je me sentais totalement prisonnier et dont il m’était impossible de m’échapper. Il m’arrivait parfois d’imaginer des départs sans retour, comme cela, en rêvassant. La fenêtre s’est ouverte un jour de novembre 1995, je m’en souviens comme si c’était hier. Je me rendais à Bruxelles pour une réunion quand - suite à un incendie dans le train - la SNCF nous a fait descendre d’urgence à Goussainville, une gare perdue. Un autre train est bien reparti 2 heurs plus tard mais je ne suis pas monté et je ne suis jamais arrivé à Bruxelles
Ces 2 heures d’attente nulle part, provoquant ce déraillement de mon emploi du temps, étaient un signe, une chance, un instant où le gardien de ma prison détournait la tête… et je me suis échappé.
Bien entendu j’ai rassuré par lettre ma petite famille. Je n’étais pas mort dans l’incendie. Sans préméditation mais sans doute par prédestination, je disparaissais. Je ne pouvais pas expliquer, justifier. Ce n’était pas un acte de raison, mais un besoin quasi physiologique. Je sentais que je devais le faire pour continuer à vivre.
J’ai pris ensuite toutes les mesures financières pour qu’elles ne manquent de rien. J’ai même envoyé quelques courriers, postés par d’autres, de lieux lointains par précaution. Mais - vois tu - j’ai le sentiment que par toi « mes femmes » pourraient mieux comprendre aujourd’hui pourquoi je les ai quittées et pourquoi elles ne pouvaient rien y changer. Car en toute sincérité, et tu leur diras bien : Je les aime toujours. Je les aime pleinement, même si je ne fais pas ma vie près d’elles. Dans beaucoup d’espèces animales, le mâle s’en va après reproduction. Je suis de celles-là et comme un chat je veux vivre toutes mes vies possibles.
Voilà. Adieu Philippe, adieu mes amis. Ne croyez pas qu’il me soit facile de monter sur ce bateau. Il me faut arracher une ancre pleine de sentiments pour vous tous et en particulier pour Solen. Mais je sais qu’il faut que je le fasse. J’emporte de merveilleux souvenirs grâce à vous. Ils sont mes seuls bagages. Ne m’en veuillez pas trop. »

La lettre se terminait là. Personne ne fit de commentaire sur le moment et Solen rentra chez elle lire, seule, ce qu’il lui avait écrit et n’en parla jamais.
Je suis allé à Paris. Que Jean- Pierre soit à nouveau parti confirma Hélène dans l’idée qu’elle n’aurait pu le retenir et Géraldine veut entreprendre des études de journalisme pour acquérir la liberté de voyager. Elle fait davantage que comprendre son père même s’il lui a beaucoup manqué et qu’elle lui en veut un peu et même parfois beaucoup. Il est certain qu’elle construira sa vie autour d’une valise. Qui sait : Pour rencontrer son père au hasard d’un périple ?
Solen resta bien à l’Ile d’Yeu mais refusa de reprendre la librairie. Elle démissionna quelques temps plus tard et travaille actuellement pour un organisme de protection du patrimoine marin. Puisque Jean-Pierre passait d’une vie à une autre, ils n’avaient fait que se croiser dans la sienne, ancrée dans la réalité difficile de ce bout de terre. A t-elle vraiment tourné la page ? Elle seule le sait et elle ne veut plus parler de lui.
Aux premiers soleils de février, le bateau a retrouvé le large. Je navigue en compagnie de Gaël et nous avons convenu que refuser n’aurait été que rancune alors que Jean-Pierre restait dans notre cœur notre ami. J’ai monté un nouveau jeu de voiles qu’il faut roder mais avec lequel La Cavalière pourrait faire une « Transat » dans les 2 sens sans faillir !

Bien évidemment lors de ces sorties nous continuons à essayer de comprendre. De comprendre cette impression qu’il exprimait « d’être prisonnier ».
Il voulait donc s’échapper ; mais s’échapper c’est recommencer. Lui fallait-il sans cesse recommencer pour renaître ?
Sa lettre parle aussi « d’appel du large », mais nous, qui sommes pourtant nés marins, avons besoin d’amarres. Nous ne pourrions pas vivre que d’escales !
Dimanche dernier, pendant une sortie de pêche d’ailleurs peu fructueuse, Gaël a trouvé cette formule qu’il voulait définitive…au moins pour la journée. La quête de Jean-Pierre c’est :
« La vie toujours comme un premier baiser ? »

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Note de l’éditeur : Le 13 septembre 2007, à quelques jours de sa troisième réélection de maire de l’Ile d’Yeu, Philippe partit seul sur « la Cavalière » avec un simple mot déposé sur son bureau.
« Je pars. Ne vous faites pas de souci pour moi. Jean-Pierre avait raison. Nous sommes mortels mais libres de choisir nos vies »

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Message  Invité Dim 3 Mai 2009 - 6:05

Intéressant, intrigant... Une écriture un peu verbeuse à mon goût (j'ai trouvé les dialogues peu naturels).

Une remarque :
"Bien que Gaël en connaisse (ou "connût", "bien que" est suivi du subjonctif) déjà l’essentiel du contenu".

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Message  Invité Dim 3 Mai 2009 - 6:15

La fin est peut-être un peu "balisée", un peu trop bien cadrée, pour chanter la liberté du renouveau ; ainsi (mais c'est tout personnel) je me fiche complètement du devenir de la femme et de la fille du personnage. Cela dit, je trouve que c'est une bonne idée d'avoir dessiné ledit personnage en creux, qu'on ne le voie pas du tout.
Les réactions de la maîtresse (Solen) sont trop détaillées à mon goût.

Quelques maladresses d'écriture, je trouve, ou erreurs de langue, par exemple :
Je marquai (et non "marquais", je crois que le passé simple et préférable ici) une pause."
"Jean-Pierre est un homme décidément"
"Je ne commentai (et non "commentais" ; là, vraiment, il faut un passé simple) pas…pour dire quoi ? Je repris (et non "reprenais" ; même remarque)"

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Message  pierrot Dim 3 Mai 2009 - 8:08

socque a écrit: intrigant...
Ce texte est d'auatnt intrigant que la fin est présentée avant le début ! Une erreur que je saurai éviter la prochaine fois...enfin je pense !
Vu la faute de grammaire. Exact. Merci , je corrige.

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Message  Roz-gingembre Dim 3 Mai 2009 - 9:17

J'aurais bien aimé une fin un peu plus étayée dans le questionnement et puis le départ de jean pierre apporte une réponse, je préférais la mienne.

J'ai lu les deux parties, que tu aurais pu poster à la suite l'une de l'autre comme le fait Hellian par exemple. D'autant plus que lorsque Mentor (c'est notre gentil modo) va voir ça tu risques de te prendre un savon.
Donc, je disais, écriture fluide et agréable, un sens du récit intéressant et une histoire qui nous tient en haleine par le bout des lorgnettes.
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Message  pierrot Dim 3 Mai 2009 - 10:24

Roz-gingembre a écrit:J'aurais bien aimé une fin un peu plus étayée dans le questionnement et puis le départ de jean pierre apporte une réponse, je préférais la mienne.
Je ne voulais pas apporter de réponse. Je suis toujours intrigué par ces personnes qui disparaissent pour reconstruire une nouvelle vie. Là était mon point de départ.
La réponse de jean-Pierre en est une possible et encore une forme de chute à tiroir. Est-elle de trop ?
Pour ce qui est de l'erreur d'envoi. Je me suis planté en envoyant. Je suis un novice et donc en battant ma culpe j'espère réduire les coups de martinet de notre Mentor.:-)

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Message  mentor Dim 3 Mai 2009 - 13:24

Roz-gingembre a écrit:J'ai lu les deux parties, que tu aurais pu poster à la suite l'une de l'autre comme le fait Hellian par exemple. D'autant plus que lorsque Mentor (c'est notre gentil modo) va voir ça tu risques de te prendre un savon.
une savonnée ! la réputation ! :-)))
je fusionne, en espérant que ça restera cohérent
il me semble que oui
;-)

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Message  pierrot Dim 3 Mai 2009 - 13:36

Merci, merci, merci oh grand mentor ! Oui c'est infiniment plus cohérent...dans la présentation, le texte gardant ses autres imperfections y compris grammaticales.

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Message  Invité Dim 3 Mai 2009 - 19:29

C'est drôle, je pensais justement aujourd'hui - à cause de ma lecture du moment- un peu dans le même sens, à ces personnes qui souffrant d'amnésie doivent se reconstruire une vie, un entourage, des relations... Quel défi, quelle épreuve ! La tentation existe-t-elle de se créer une nouvelle identité, une nouvelle vie ? Y a-t-il le choix ? J'ai donc lu ce texte avec intérêt mais sans grand esprit critique, j'en ai bien peur.

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Message  pierrot Dim 3 Mai 2009 - 19:48

"sans grand esprit critique" ne veut pas dire sans critique (s), isn'it ?
Vu hier une pièce avec Arditi jouant un auteur cabotin.Je crois que j'ai un peu de ce personnage. Le (petit) stress de ce que va penser le lecteur puis la gorge qui se gonfle en baudruche au moindre compliment tandis que le cerveau critique la moindre critique de celui qui n'a rien compris de mes intentions. Mais là, que penser du "sans esprit critique". Me voilà désarmé. Un tour qui ne m'a encore jamais été fait. :-) Je plaisante bien entendu. Merci de m'avoir lu jusqu'au bout.

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Message  Sahkti Ven 29 Mai 2009 - 12:59

L'intrigue est bien menée, tu captives l'attention du lecteur avec ces révélations testamentaires. Toutefois, ce serait plus efficace, me semble-t-il, de mieux dissocier les échanges entre les mais des monologues intérieurs proprement dit.

Le personnage de Solen m'a plutôt énervée, à cause de cette façon d'interrompre tout le temps, de parler d'elle, etc. Simple ressenti personnel bien sûr, il faut toujours qu'il y en ait l'un ou l'autre qu'on aime mieux ou moins, c'est selon.

Tu passes beaucoup de temps sur ces lettres, sur certains détails, pour survoler rapidement ce qui a suivi; le déséquilibre se sent beaucoup je trouve.

Quant à la phrase de fin (celle avec le baiser), je la trouve affreuse et bêbête, désolée :-)

Au final, mon ressenti: une bonne base et un bon potentiel, à retoucher quelque peu.
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